Mentalement, je me fais honte parfois. Je ne suis pas une ninja, je ne l’ai jamais vraiment été. Tous les gens qui me connaissent à Suna s’entendent pour dire que je suis une jeune femme douce, saine et aimante. Les gens recherchent ma compagnie quand ils sont tristes ou quand ils veulent des conseils et me font confiance assez facilement. C’est quelque chose dont je suis fière. Il y a toujours beaucoup de satisfaction à ce que les gens vous saluent quand vous marchez dans la rue. Je dois admettre que l’idée de combattre m’angoisse particulièrement, je déteste ça et je tremble toujours un peu.

Toutefois, je ne suis pas toujours cette jeune femme fragile. Je me suis spécialisée dans le ninjutsu médical et ceux qui m’ont déjà vu à l’œuvre me respectent. Quand les gens de mon entourage se blessent, c’est toujours moi qu’ils viennent voir. Je deviens alors pleine d’assurance, prête à accomplir mon devoir à tous prix. Plus rien ne compte sinon la vie du patient qui repose devant moi, blessé et espérant vivre. Dans ces moments, personne n’ose jamais me contredire, encore moins se mettre dans mon chemin. J’espère seulement arriver à faire la même chose lors des combats et mettre à profit l’entraînement rigoureux au katana imposé en secret par mon père.

Quant à mon apparence, il n’y a pas grand-chose qui me différencie des autres. Je ne suis pas très grande, ni très petite. Je ne suis pas grosse, mais je ne crois pas non plus être maigre de façon maladive. Je possède une belle cascade de cheveux bruns que j’aime bien attacher en une tresse basse lorsque je ne veux pas qu’ils me nuisent. Mon seul signe distinctif, c’est mon regard. Mes iris sont d’un mauve plutôt rare. Personnellement, je n’ai encore jamais croisé qui que ce soit avec des yeux semblables. Ils font ma fierté depuis qu’un garçon m’a dit que la façon dont ils brillaient le rendait admiratif. Bon, ce garçon c’était mon petit frère, mais est-ce vraiment important?

Cela mis appart, j’adore porter des kimonos aux couleurs douces, les habits ninja je ne m’y ferai sans doute jamais. À ma ceinture, j’accroche toujours mon katana, bien si précieux pour moi. N’ayant rejoins l’Académie qu’assez tard et ayant une certaine réticence au combat, je n’ai pas beaucoup d’autres moyens de me défendre. Je me promène aussi en permanence avec mon immense sourire qui réchauffe les cœurs. Je ne suis pas du tout menaçante, malheureusement pour moi.

Je suis née à Suna no kuni, jusque là rien d’étrange. Mon père était un simple chuunin, ma mère une civile. Je suis née la première et mon petit frère, Fuji, est arrivé deux ans plus tard. Nous avons toujours été une famille normale, calme et aimante. Notre différence majeure? Ma mère ne voulu pas que j’intègre l’Académie. Cette pauvre femme était toujours terrifiée. Chaque fois que mon père partait en mission, elle s’enfermait dans sa chambre et je l’entendais sangloter durant des heures. Sa plus grande peur était de nous élever seule. Elle n’était pas la seule à nourrir une telle crainte. Mon père qui n’avait jamais passé Juunin pour ne pas inquiéter d’avantage ma mère songeait également à l’éventualité d’une guerre ninja. Il voulait qu’au moins moi, l’aînée, je puisse défendre le reste de la famille au cas où il ne reviendrait pas. Secrètement, deux fois par semaine, il m’initia à son style de combat. En quelques mois, je devins une bonne kendoka, bien que je n’avais aucune envie de tester mes capacités en combat réel. Mon petit frère, jaloux, me convint de lui enseigner ce que je savais. Notre relation, bien que très compétitive, a toujours été excellente. Je ne crois pas que le temps nous séparera jamais, nous sommes trop proches, trop importants l’un pour l’autre. Pas étonnant avec un père en mission et une mère pleurnicharde.

Ce qui devait arriver arriva. J’avais douze ans quand un ninja vint cogner à notre porte, le visage terrassé. Ma mère est partie dans sa chambre et s’est enfermée pour ne plus en sortir. Il est venu nous voir mon frère et moi, assis à la cuisine. Fuji, plus jeune, s’est précipité dans mes bras en pleurs. Je restai impassible, retenant mes larmes pour plus tard. C’est dans la soirée, inquiète, que je m’y Fuji au lit avant d’aller forcer la porte de ma mère. Je la trouvai étendue par terre, le bras en sang. Un kunai était non loin, m’indiquant la sinistre vérité. Ma mère n’avait pas pu supporter le départ de mon père. Ma mère était une femme lâche qui avait préféré fuir ses responsabilités plutôt que d’accepter l’inacceptable. Je me suis effondré. C’était la première fois que je voyais la mort et ce serait la dernière. Je me dirigeai jusqu’à l’hôpital en pleurs, trainant son cadavre dans mes bras avec une force que je ne me connaissais pas. Je me souviens être arrivée, puis j’ai perdu connaissance.

À mon réveil, Fuji était à mon chevet. Un ninja enquêteur est venu me voir et m’a posé des questions auquel j’ai tenté de répondre du mieux que je pouvais. Mais j’ai craqué, j’ai pleuré de nouveau, encore et encore. L’enquête en est venue à la conclusion la plus évidente, ma mère s’était suicidée. Une semaine plus tard, je pus quitter l’hôpital pour rentrer avec Fuji. Nous fûmes placés sous la tutelle de chuunin nommé Masato. Je demandai à suivre des cours à l’académie ninja, demande que mon jeune frère fit également. Maintenant, quatre ans plus tard, je suis une jeune genin spécialisée dans le ninjutsu médical et je ne compte plus jamais voir la mort, pas si je peux l’éviter.