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MessageSujet: No name.   No name. Icon_minitime1Mar 8 Mar - 23:21

Une collaboration entre Deidara et moi-même. Nous aimerions, si possible, quelques commentaires.
Sachez que nous préparons une suite. Considérez cela comme une mise en bouche quelque peu imposante. Merci d'avance.

****

On était en octobre, et je ne connaissais encore personne. Pratiquement personne. Ça peut paraitre étrange, j’ai certainement l’air anormal. Je suis simplement toujours le dernier arrivé en cours, et toujours le premier à sortir. Je n’ai pas de place fixe. Sans oublier que je mange toujours seul à midi. Et personne ne s’assoit jamais à coté de moi dans le bus. J’étais assis à une des six grandes tables de la salle. Salle d’art plastique. Pas que j’aime réellement ce cours, mais il fallait choisir une option, et je préfère encore ça plutôt qu’écouter du Mozart en boucle pendant une heure.
Il n’y a pas beaucoup de monde de ma classe à ce cours d‘art. A vrai dire, j’en reconnais deux. Il y a cette fille, là, elle est assise, à la première table près du tableau noir. Elle a des cheveux bleus coupés à peine au dessus des épaules, en carré. Je me demande pourquoi, bleus. Ses yeux aussi, ils sont bleus. Son piercing, juste en dessous de la lèvre inférieur, il est bleu également. Une perle bleue. Elle, c’est une fleur, une fleur toute de bleu. La/Le deuxième, c’est une espèce de blondasse, qui passe son temps à râler, à geindre, à se croire pour le nombril du monde. Il/elle traine avec un type bizarre, de la 3-b. Ce type là, je le connais du club de théâtre, l’Akatsuki. C’est moi qui l’est créé. Enfin, le cours n’est que ce soir. J’ai toute la journée avant de pouvoir m’amuser. Ça va être long. J’aime pas le lycée. J’m’y ennuie.

- Je vois que tout le monde est là, même Nagato! Bonjour à tous et à toutes.

Bonjour à toi aussi…

- Aujourd’hui je veux que vous laissiez carte blanche à votre imagination. Vous avez une heure pour donner vie à un début de projet, vous aurez jusqu’au cours de la semaine suivante pour y mettre un terme.

- Et ça consiste en quoi exactement ce projet, hum?

- Je répète: carte blanche. Dessin, peinture, sculpture, mosaïque, n’importe quoi. N’importe quel support, n’importe quel matériel, tout est à votre disposition. Toute idée est bonne à prendre. Mais il faudra m’expliquer -ainsi qu’à la classe lors d’un bref exposé de cinq minutes- pourquoi vous avez choisis cette idée là. D’autres questions? Non?

Silence dans la pièce. On réfléchissait tous à une idée. La fille de bleue allait certainement utiliser l’art dans lequel elle excelle: les origamis. La blondasse s’était déjà dirigé vers l’atelier terre cuite, l’argile tout ça… Le chinois avait sorti tout son attirail, feuille, pinceau, et s’attaquait déjà à la peinture. Il s’appelle… Sai je crois. Un type -que j‘avais jamais remarqué-, la bouche légèrement entrouverte, faisait tourner son stylo entre ses doigts, l’air profondément concerné. Et moi… je me laissais tomber contre la table. Une idée…

C’est la sonnerie qui m’a tiré de ma rêverie et je suis sorti le première de la salle, encore une fois.


****

Radiateur. Il est froid dans mon dos. Je suis assis par terre, les bras pendant sur mes genoux, les pieds posés sur le sol. Couloir. Il s’étend devant mes yeux. Ces yeux sont aussi noirs que mes idées. Il y en a trop, trop de noir. Oh, la lumière du couloir vient de s’éteindre. Il fait encore plus noir. Il faudrait que je me lève pour la rallumer. Ouais, il faudrait. Il n’y a personne dans ce couloir. Vraiment personne. C’est pour ça que je l’ai choisi, mais, j’aimerai bien entendre le bruit atrocement régulier de pas, ou le bourdonnement désagréable d’une conversation. J’aimerai bien avoir des gens à regarder. A critiquer intérieurement. Des gens dont je pourrai imaginer la vie, les peurs et les envies. Tout. C’est assez bas, oui, je me base souvent sur la première impression et je peux détester quelqu’un d’un simple regard. Il suffit d’un instant, d’un visage, d’un mot, d’un ressentit, d’un rien du tout. Pitié que ça sonne, que je croise du monde. Ça fait combien de temps que je suis là…? Vingt minutes? Quoi, c’est tout? Je veux rentrer chez moi. Ma seule distraction, à part le club, c’est me moquer des gens. Mais je n’aime pas voir la tête des gens, et ici ça pullule. Et ce sont toutes des larves. Ils ont tous l’air si motivés… Faut dire qu’il est bien pourri cet établissement. Le dirlo par exemple: y’a trois ans il a pété son câble. Résultat, notre génération n’a jamais eu l’occasion de s’habiller autrement qu’avec… l’uniforme. Ils sont laids. Ils sont noirs, et y’en avait pas un seul à ma taille. Je nage dedans. On va dire que j’suis pas très « solide » comme garçon. J’ai une image qui me vient en tête, je sais pas pourquoi, j’repense à la tête que j’ai vu ce matin, dans le miroir, à cette joue creuse, à cet unique cerne profond, à ces cheveux raides, ternes, sans la moindre vie qui tombent sur une partie de mon visage qu‘ils tentent vainement de cacher. Je repense à ce regard vide, à ces lèvres gercés, malades, à ce visage blanc, fatigué. Pour sûr… si j’me croisai, dans ce couloir, rien qu’en me regardant, oui: je me détesterai.

****

Je fais des ronds avec ma fourchette. Mon assiette est encore pleine. Il y a trop de monde dans cette cafète. Je n’ai pas faim, jamais, jamais faim. Un gargouillement, c’est juste mon estomac se retourne, je le sens, qui se plie sur lui-même, jusqu’à devenir aussi gros qu’une noix. Et je ne peux plus rien avaler quand c‘est comme ça. J’ai soif. Je me lève et me dirige vers la fontaine, une carafe à la main. Je regarde mes pieds. Il y a trop de monde. Trop de monde assis, alors que moi je suis debout. Je n’aime pas être sur le devant de la scène, ça c’est le rôle de mes poupées. De mes poupées humaines. Je n’ai pas fait attention où j’allais, je regardais mes pieds.

- Hé! Regardes où tu marches, gamin.

Grand. Cheveux gris, argents, des yeux ouverts et ronds, une couleur unique, entre le gris et le marron. Des traits forts, puissants, un visage carré, imposant. Et… juste, cette langue qui dépasse.

- Oh..? Le sorcier?

Mais il n’était plus là, il avait déjà tourné les talons avec son plateau, qu’il tenait d’une seule main.
Je me suis rassis à ma place, j’ai versé de l’eau dans mon grand verre pour au final en boire une gorgée. Je me suis levé et je suis sortit de la cafète. Malgré le vacarme, je l’ai entendu, son rire. Son rire de possédé qui résonnait à mes oreilles. J’ai esquissé l’ébauche d’un sourire. L’est marrant, ce sorcier. Le sorcier du club Akatsuki.


****

Il est 17h. Les cours sont finis. Enfin. Je me balade dans les couloirs en trottinant. Ça fait du bien quand ça s’arrête. C’est l’hiver, il commence déjà à faire nuit. Pfff, affolant. Je descends l’escalier et, quelque chose de chaud semble couler dans mes poumons. C’est bientôt le moment de s’amuser. Il a lieu à 17 heures 30, le rassemblement. Et il prend place dans la salle de spectacle. Elle n’est pas très grande, mais suffisamment spacieuse pour tous nous accueillir. Nous sommes la petite famille d’artistes du coin, en quelques sortes. Ce n’est pas pour me déplaire, au contraire. Ca s’est fait sur un coup de tête, à mon avis. Mais il tient le coup, et ça, c’est plutôt une bonne chose. J’attends près de la porte. J’ai les clés, je pourrais tout aussi bien rentrer. Mais non, j’attends. J’attends, et c’est très bien comme cela. Plus que cinq minutes, le temps passe vite, en réalité. Et pourtant. Le jour s’est couché pour éteindre le monde. Notre siège s’installe, à nous, autistes de l’ombre, artistes. J’aime bien cette notion de la vie. C’est drôle, sympa. J’garde ça en réserve.
Le premier devant la porte, c’est le brun aux yeux violets. Il est là de temps en temps pour les contrôles importants, les examens. Sinon, c’est les cours à la carte. Suivi de très près, c’est la fille bleue. Depuis ce matin, une rose a poussé dans ses cheveux bleus. Une fleur en papier. Blanche. Dès leur arrivée, j’ouvre la porte et les invite à entrer. Ce n’est pas leur présence qui établit le dialogue. Ni la mienne, après tout. La salle de spectacle se compose assez simplement de tout ce dont nous avons besoin pour nos répétitions. Des fauteuils rouges pour le public, tous alignés, qui font face à une scène surélevée que l’on peut fermer à notre guise grâce aux lourds rideaux qui la bordent. Comme à chaque séance, les deux acolytes s’emparent d’une chaise chacun, trouvées dans les coulisses, qu’ils installent sur la scène elle-même. À peine sont-ils assis que la porte du fond s’ouvre délicatement. Cheveux longs noués par une queue de cheval à moitié défaite, lunettes noires sur son nez fin. Jamais je n’aurais cru qu’il viendrait ici un jour. Le ténébreux du groupe. Le trouble fait, celui qui reste calme en toutes circonstances et qui rabaisse les autres quand bon lui semble. Son frère cadet lui ressemble un peu. À quelque chose près. On se ressemble un peu, il paraît. Oui, il paraît. Quand il referme la porte derrière lui, on aperçoit sa veste de cuir et son pantalon criblé de chaînes. Il faut excuser le terme, mais en soi, il ne peut être considéré que comme un masochiste, à ce rythme. Il s’avance, nous salue tout trois d’un signe de tête approbateur, et va chercher sa propre assise. Je reste debout, et attends. Je ne suis là que pour les recevoir, après tout. Déjà trois minutes d’écoulées, que le temps passe vite. Le plus… imposant de tous surgit en trombe pile à cet instant. Ses petits yeux frits et son sourire narquois ne me plaisent guère en temps normal, cependant, je me dois de rester impassible face à ce genre de détails.

- Salut la compagnie! Ca va bien?

Tout en finesse et en discrétion. C’est ce qui le caractérise. Je devrais le savoir, depuis le temps… je ne lui souris pas. Il sait que je n’apprécie que peu ce genre d’attention mielleuse. Pourtant, il n’est pas méchant. C’est ce sourire désagréable que je n’aime pas. Bien. Il en manque encore un bon nombre, et je sais que nous nous devons de les attendre. Je lance juste l’introduction.

- S’il vous plait. Aujourd’hui, aucun artifice. J’aimerai… que tout le monde soit le plus naturel possible.

Le dernier arrivé n’a qu’à retirer sa veste et à la déposer sur le dos de son fauteuil. Le grand brun, lui, a un peu plus de difficultés à se défaire de ses innombrables chaînes, clous et surtout, de cette paire de lunettes encombrante. La seule fille du groupe retire l’origami de ses cheveux, garde son gilet ocre, tandis que son voisin tire sa mèche en arrière de sorte à ce que l’on puisse apercevoir ses deux pupilles étrangement pourpres.

- Toute sorte d’artifices. Konan, tes lentilles. Itachi, tes lunettes. Kisame, ton torse.

Dans un soupir, les iris bleus deviennent jaunes. Elle en a honte, mais doit assumer. Elle est là pour cela. Les lunettes retirées, il clot ses paupières, et je comprends qu’il ne changera pas de sitôt. Quant au dernier de la liste…

- QUOI?! Mais-mais… hé, c’est pas juste!
- Ton torse.
- Quoi? Il a quoi, mon torse?!
- Il est rembourré. Ne fais pas semblant d’avoir ce genre de muscles.

Pris sur le fait. Il devient rouge pivoine, et extirpe de sous son tee shirt blanc deux plaques de plastique bien utile pour passer du stade sardine à celui de requin. Mise à part cette tendance morphologique, il nage comme un dieu. Et ça, on ne peut lui retirer. Tout à coup, la porte s’ouvre à nouveau. Cela ne cessera jamais, et nous avons tous pris cette habitude de la laisser ouverte. Entre en hurlant deux singes qui ne mériteraient que la mort pour avoir profaner ainsi notre territoire.

- T’as vu, Kakuzu, on est en retard avec tes conneries!
- La ferme, idiot, tu vois pas que tu déranges à gueuler comme un sagouin?
- Mais je t’emmerde, Kakuzu, je t’emmerde!
- Ca va, j’ai pas besoin d’un dessin!
- Ouais, ouais, j’y crois! Tu dis que Jashin ne doit pas empiéter sur l’emploi du temps, ben c’est pareil pour tes thunes! T’as qu’à gérer ton argent au fur et à mesure!
- J’ai plus de dettes à tenir, imbécile! Ca se fête, non?
- Attends un peu… NON!
- Va chier…
- Non, pas va chier! Hé, j’te cause! Qu’est-ce que tu me fais, là, tu m’ignores? Tu vas voir à la fin du cours comme tu vas m’entendre, espèce de crétin raspace!
- Héééééééééééééééééééé, soyez calmes, les gens… cool… restez zen, sérieux…

Et voilà le drogué. À vouer un véritable culte à ses plantes. Allons savoir lesquelles, d’ailleurs. Les trois prennent place dans le cercle que forment nos chaises. Il ne manque plus que notre retardataire favori, la tête en l’air interplanétaire…

- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!!! J’suis lààààààààààààààà!

La blondasse.

- Encore une fois, je me vois dans l’obligeance de préciser que le cours commence à la demie, pas à dix huit heure moins le quart, Deidara.
- Je sais… C’est juste que. En fait, attendez, j’explique, cette fois…
- Tu nous as fait assez perdre de temps comme ça, et enlèves tes gants.
- Mes… ah non pas question.
- Deidara, tes gants.
- …
- Débarrasses toi en.
- Jamais! Il faudra me passer sur le corps pour…

Il se tait d’un coup, sans que nous n‘ayons à bouger le p‘tit doigt. Tous les membres ont la tête tourné vers lui. Et même le drogué a l’air sévère.

- Me dites pas que vous êtes de son coté…
- Tes gants.

Je souris. Il a l’air si gêné, tellement déçu, et tout aussi crispé. C’est jouissif. Aller p’tite blonde, on doit les voir, tes mains.

- Franchement… J’vous retiens les mecs, merci beaucoup!

Un mouvement sur le coté. Konan s’est levée.

- Oui bon, merci mademoiselle et messieurs!

L’androgyne retire ses gants noirs d’un geste abrupt mais il les range avec précaution dans la petite poche de devant de son sac à bandoulière (sac typique de fille). Il plaque aussitôt ses paumes contre son corps. Plus personne ne le regarde de toute façon, on sait tous qu’elles sont un peu atrophiées ses mains.

- Aujourd’hui je vous propose une activité un peu différente de d’habitude. C’est un peu pour apprendre à se connaitre, en quelque sorte. Vous allez tous jouer un personnage: vous-même. Soyez avant tout naturel. Pas la peine de faire des manières, pas de raison de se cacher.

Un regard vers les mains de la blondasse, puis sur toute l’assistance. Je les dévisage un par un.

- Prenez tous un masque vénitien. Vous êtes dans un bal. Improvisation. Ça tourne.

Voyons s’ils prennent gout au jeu. Le ténébreux au regard de braise est le premier à s’approcher des masques. Il en choppe un. Un vraiment tout simple et noir. Ces masques ont pour but de cacher ce qu’ils font semblant d’être. A l’inverse de ce que l’on pourrait croire, c’est en l’enfilant qu’ils doivent devenir eux. C’est vrai, en l’enlevant, à la fin du cours, ils reviendront comme avant. Ils montreront ce qu’ils ont envie de montrer. Et seulement cela. Leur visage, leur corps, il est constamment voilé d’une drap invisible. Là, ils auront peut-être l’impression de se cacher, mais on va bien voir si ce masque, que je leur ai donné, suffit à faire tomber le voile qu’ils se sont eux-mêmes confectionné. Ce voile qui leur colle à la peau et qui ne leur convient pas.
Ils ont tous un masque, j’ai également le mien. J’appuis sur la touche « play » de la télécommande de la chaine hifi dont nous disposons. Et c’est sur un fond de musique classique que les artistes prennent place.
Itachi est au fond de la salle. La Blondasse se promène, elle semble fredonner une chanson, mais de là où je me trouve, je n’entends pas très bien, elle est beaucoup trop loin. Œil violet s’incline devant Dame de bleu. Elle lui prend la main et ils commencent une valse. Dans la vie, se connaissent-ils? Sont-ils proches? Le garçon sourit, la jeune fille reste de marbre. Que se passe-t-il dans leurs têtes? Se sentent-ils à leur place? Mais, aaaah… le jeu ne durera que quelques minutes. Je tourne la tête, je m’avance vers la blonde. Elle me sourit avec les yeux et me fait signe d’approcher de son l’index. Elle a des doigts fins et longs. Sur ses lèvres je comprends son murmure inaudible: « viens ». Ce n’est qu’un jeu. Ce n’est qu’une pièce. D’ailleurs, dans un coin de la pièce, le sorcier et son acolyte sont avachis près d’une table, sur deux chaises. Ils feintent de tenir chacun un verre. Et à les entendre rire, à la fatigue et à l’excitation (toutes deux fausses évidemment) de leur yeux, on comprend vite ce que contient ces verres fictifs. Le drogué se met à chanter, au milieu de la « piste » de dance. Il a une voix douce, apaisante. Alors, comme ça, il aime chanter. A présent, la fille de bleu sourit au requin. Œil violet se dirige lentement vers Regard de braise. Et moi j’avance lentement vers Blondasse. De quoi ai-je envie…? Ce n’est qu’un jeu. Et ce jeu restera entre nous, entre nous huit. C’est comme dans un film et je dois jouer mon propre rôle. Je n’ai pas besoin de me demander ce que je ferais réellement dans un moment comme celui là: j’ai déjà mon idée sur la question.
Je m’approche, je m’approche. J’y suis presque. Comme pour patienter, Deidara passe une main dans ses cheveux, dans ses longs cheveux blonds détachés. Il attend, et la chaleur de son regard me fait frissonner. Je m’avance et pose une main sur son cou, je la laisse glisser, le caressant, le frôlant à peine en fait. En même temps je rapproche encore un peu plus mon visage du sien, j’entrouvre mes lèvres, et, lorsque l’androgyne a fermé les yeux et sentit mon souffle tiède, après avoir échangé une seule respiration, je m’écarte, je m’éloigne, et je disparais, sans me retourner.
Quelques mètres plus loin, je m’esclaffe littéralement de rire, que voulez vous, je suis comme ça. Ça, c’est tout moi. Un léger coup de tête pour dégager les quelques mèches qui me tombent dans les yeux et j’admire le spectacle. Ils ne sont plus au lycée: ils sont dans une salle de bal.
Le but du jeu était de les distraire. Estimation atteinte, objectif réussi. Enfin, ils redeviennent eux-même. L'unique femme ici présente se mouvoit avec l'élégance d'une ballerinne nouvellement promue. Son cavalier du moment, à l'étroit sous sa chemise d'uniforme, la laisse tournoyer sans lui durant quelques instants, le temps qu'il lui fallut pour défaire l'intégralité des boutons de la camisole. Il était torse nu. Et sa peau était lacérée par de gigantesques cicatrices. Les yeux violets du prince trahi par sa dauphine pleuraient son adultère, et noyaient leur chagrin dans un calice fictif, appuyé au bar illusoire aux côtés du sorcier pendant que celui-ci se perdait dans des discours endoctrinants concernant son Très-Précieux Maître Jashin. À proximité, les iris d'émeraude du plus bazané des acteurs brillaient face à la liasse jade que lui tendait l'androgyne dans l'espoir qu'il accepte de lui coudre ses deux paumes hideuses. Le quatuor est bientôt complèté par la réincarnation de Bouddha, toujours ailleurs et pourtant conscient. Le ténébreux, en retrait, finit par s'approcher de moi. Il m'agrippa les deux mains passionémment, les souleva, plaqua son corps contre le mien. Il me fait danser. Langoureusement. Je me laisse aller, n'ai pas peur de la situation. Tout n'est que jeu. Plaisanterie. Puis les dernières notes griffées sur les cordes tendues des violons sonnèrent. Glas annonçant le décès prématuré de la nuit. Le retour de l'aube. Piano mourrant. Contrebasse à l'agonie. Puis le son cessa. La récréation était finie.

Tous retrouvèrent une chaise. Je les regarde, un par un. Vient l'heure du briefing, comme à chaque fin de séance.

- Konan, honneur aux demoiselles.

Grande inspiration de la part de la jeune fille, qui cachait de ses paupières fardées de bleu ses immenses pupilles soleil.

- Eh bien... Ca détend. Ca fait du bien. Oui. Ca fait un bien fou.

L'autre fille du groupe s'imposa en levant le bras. Sa main avait retrouvé sa précieuse enveloppe.

- Je plussoie, Konan! C'est super agréable, hum!
- Et aussi, hésita la Plante, je trouve ça intéressant comme idée de se retrouver à travers un masque. D'habitude, c'est justement pour se cacher, qu'on le met, et là, inversement, c'est en le mettant qu'on l'enlève...
- Ouais, j'suis d'accord, déclara le Requin de sa voix forte. C'était pas mal, comme idée, le rouge.

Le rouge. Le rouge. Le rouge...

- Hidan, lâche ta putain de faux!
- Kakuzu, fous moi une paix royale!
- Justement, tout les deux, j'aimerai vous poser une question... laissa entendre les pupilles mauves à côté de la fleur de papier.
- On t'écoute.
- Non, moi j'm'en cogne!
- Par pitié, boucle-la...
- Mais merde!
- Pourquoi êtes-vous restés ensemble, à l'écart?
- ... Parce que c'est nous?
- Ouais, disons qu'on aime bien être ensemble, même si on s'envoie dans la gueule tout le temps.
- Non, en fait, Hidan ne peut pas se passer de moi.
- Mon cul, hérétique!
- Ouah. Et c'est moi l'hérétique, hein.

Je sens venir le débat religieux à plein nez. Vite, apaiser la situation.

- Les garçons, s'il vous plait. Itachi, on ne t'a pas entendu. Veux-tu exprimer ton avis?

Au fond, une réaction naturelle. Il repositionne ses lunettes sur ses yeux. Expressif.

- C'était trop court.
- Que cherchais-tu en cet exercice?
- À me retrouver.
- Y es-tu parvenu?
- En quelques sortes. Si tu veux, j'ai apprécié l'idée, mais avec les retards, tout ça, on n'a pas pu le jouer correctement. Du coup...
- Ca nétait pas assez abouti.
- Si tu veux, oui.
- As-tu aimé, tout de même?
- Plus que tu ne peux l'imaginer...
- Mon objectif est atteint, dans ce cas.

Le réveil, posé sur les marches liant la scène et le parterre, se met à sonner.Je me lève, et me dirige vers lui pour l'éteindre.

- Bon, les enfants, c'est fini pour aujourd'hui. N'oubliez pas que demain, nous nous retrouvons ici même, à quatorze heures. Précises, si possible.

On ne se doute absolument pas du destinataire de cette remarque. D'ailleurs, Deidara le sait et jette ses longs cheveux en arrière d'une main, comme pour me dire d'aller me faire voir. Ce qu'il est charmant.

- Hé, Kakuzu, c'est toi qui ramène les gens, ce soir?

Le concerné pâlit face à la question du sorcier.

- Euh... héhéhé... Ah bon?

Silence. On sentait venir le coup de faux meurtrier.

- QUOI?! Mais... Mais j'rentre comment, moi?!
- Ah... je... j'ai laissé passer le dernier bus...
- Nom d'un chien, merde, quoi! Kakuzu, j'te hais!
- J'ai une moto, s'il y a besoin. Je peux prendre quelqu'un.
- Non mais... Je peux en ramener trois, quatre... ouais, quatre. C'est juste que j'avais un truc de prévu, ce soir, mais c'est pas grave.
- Bon ben alors tu me ramènes!
- Ouais, vivement que t'es à nouveau ta voiture, toi, parce que le covoiturage... merci.
- On t'a pas sonné, idiot!
- Kakuzu, tu pourrais nous ramener, aussi, avec Konan?
- Vous habitez ensemble?
- Nous sommes voisins. Tu vois, les immeubles à côté des quartiers friqués?
- Putain, c'est pas ma route, ça... Ouais, t'inquiète! J'me débrouillerai! Donc, ça me fait Konan, Nagato, Hidan... C'est tout?
- Euh... Kakuzu, tu peux bien me r...
- Zetsu. Je sais où tu habites, déjà, et y'a pas de soucis. J'suis complet!
- J'ai une voiture, Deidara. Si tu veux, j'te ramène.
- Non, t'inquiète, j'aime bien marcher... hum!
- Sasori, qu'est ce que tu fais, toi?

Sasori. Mmh. C'est agréable, d'entendre son nom de temps en temps.

- Je rentre à pied.
- Tu ne veux pas que je te prenne avec moi? On prend la même route, non?
- Ne t'inquiète pas. C'est agréable, mais pas ce soir. J'aimerai ranger un peu la salle, avant demain.
- Je vois.
- Hé, les gars, la prochaine fois on se loue un bus, hein?
- Hidan, tais toi.
- Ben quoi? Ce sera plus simple pour tout le monde, comme ça!
- Tu sais conduire un bus, toi?
- ... Ouais ben merde. D'ailleurs, Nagato, t'en es où de ton permis?
- ... Hum, nulle part...

On ne se fréquente pas plus que cela. Mais on apprend à se connaître. Et rien que cette minuscule once de solidarité qui s'installe entre nous n'est pas négligeable. Tout le monde en est conscient. Tandis qu'ils s'occupent de leur moyen de transport, ils rangent les chaises. S'entraident sans même s'en rendre compte. La blonde vient vers moi, alors que je ferme les portes des coulisses après les avoir fait sortir.

- Dis, le rouge, tu veux de l'aide pour tenir la salle?

Sourire narquois sur mes lèvres. Je n'essaie même pas de le contenir. Pas un seul instant.

- Que me vaut cette générosité, Deidara?
- Mais rien, hum! Rien du tout! tenta-il de se défendre, rouge comme une pivoine. J'veux juste t'aider, c'est tout!
- Je te crois. Donc, tu voudrais nettoyer la salle avec moi, c'est cela?
- Ben... Dis toi que si tu as besoin de bras supplémentaires, j'suis dispo.
- Ce n'est en effet pas de refus. Merci de te proposer.
- Ah... Avec plaisir, hum!

Il me sourit de toutes ses dents. Un rictus amusé se dessine sur mon visage. Deidara est hautain, fier, dédaigneux et arrogant. Mais, quelque part, il a de quoi l'être. Au fur et à mesure, chacun regagne la sortie. Il ne reste plus que l'androgyne et moi. Il balaye la scène, je remets les installations en place. Il se prend le rideau dans le visage, de temps en temps, rit à chacune de mes maladresses. Il se sent bien. Je le sais. Il est très théâtral, et cela se voit. Il rit vraiment, n'est pas faux. J'en suis certain. Car si le ciel m'a offert une qualité sociologique, c'est sans aucun doute celle de connaître les sentiments des gens sans qu'ils n'aient à faire quoi que cela soit.
Je me détèste. Je me hais. Mais j'aime mon contact relationnel sous-développé.

*_*_*_*

La moto s'arrêta sur la place de parking, juste en face de l'appartement. Le ténébreux en descendit, fatigué par cette journée. Il avait oublié les cours, les mésaventures, le soleil, les nuages. Ne pensait plus qu'à sa salle de bain, à sa douche, à l'eau chaude. À l'eau bouillante ruissellant sur son corps ankylosé. Cinq étages à gravir. Ascenseur en réparation. Fantastique. Il allait d'autant plus mériter cette détente absolue. Ses cheveux noués se libérèrent d'eux-même. Il soupira, ouvrit la porte d'entrée de l'appartement miteux. Les murs menaçaient de s'éffondrer à tout instant. Les couloirs puaient les cultures hallucinogènes, le tabac, l'herbe. Les toilettes, à chaque étage, sentaient le viol, le sadisme. L'on ne devrait pas laisser son moyen de locomotion ainsi dehors. Dans ce quartier. La tension montait rapidement. Brutalement. Ce n'était pas un endroit répertorié parmi les meilleurs. Mais les logements figuraient parmi les moins chèrs. Ses lunettes furent retirés. Rangées dans une des poches de son perfecto. La porte de son loft était ouverte. Son frère était donc là.

- Sasuke, depuis quand as-tu les clés de l'appart'?

La larve avachie sur le canapé, devant la télévision, daigna à peine pivoter la tête pour le regarder.

- Depuis que tu me les as refilé et que j'en ai fait une copie.
- C'est bien, frérot. Continue à te foutre de moi et tu vas voir où est ce que tu vas finir.

Il se mit à rire, se leva. Les gémissements provenant de l'écran pixélisé ne laissaient plus aucun doute quant au contenu du programme en cours.

- Quoi? Tu veux me foutre dehors? T'oserais pas...

Il déposait ses affaires dans l'entrée, s'en alla vers la cuisine couverte de vaisselle sale.

- Et nettoyer un peu, ça t'arracherait les mains?
- C'est pas moi la gonzesse, ici.

Un temps.

- Hé, tu sais si l'enquête à la maison est finie? J'en ai marre de ton squatt pourri.
- On n'y retournera pas de sitôt, dans la maison, Sasuke. C'est une affaire de meurtre, rappelle-toi.

Il s'enticha du frigidaire, en sortit une boisson pétillante dans un verre jetable. Le jeune homme porta à ses lèvres le nectar apre, l'aîné en fit de même avec une cigarette à moitié pliée trouvée dans un coin du plan de travail.

- Hé, grand frère, t'en aurais pas une pour moi?
- C'est pas tes thunes. Démerde-toi.
- Putain, Itachi, n'me dis pas que je t'ai vexé, j'y crois pas. Allez, passe cette clope, merde...
- T'en as bu combien, avant que j'arrive?
- J'sais plus. J'ai rien touché.
- Tu pues l'herbe.
- Tu pues la perfection.

Ses yeux s'agrandirent. Trois branches recourbées ornaient une pupille parfaitement ronde, sur un décor rouge sanguin. Les perles du plus jeune formaient nombre d'anneaux s'entremêlant en atome. Néanmoins, le plus surprenant, c'était de comprendre qu'il ne s'agissait aucunement de lentille de contact. L'insouciance pivota en direction de la projection pornographique, et se dirigea vers elle. Plus un regard pour le frère à la cigarette abîmée. Comme si l'apparition de ces quatre pupilles devait proscrire tout échange visuel entre eux.

- Bâtard.

Et ce fut fini.

*_*_*_*

- Konan, t'étais où?
- À mon cours de théâtre.
- T'as que ça à foutre de tes soirées, maintenant?
- Ca te dérange?
- Tu me réponds pas, pétasse!

La gifle part sans prévenir.

- Tu te crois où, à la guinguette?! Tu te fous de moi!

Silence.

- J'y crois pas, quelle pute! Dégage! Ton père t'attend!
- C'est pas mon père.

Une autre, plus puissante encore. Elle tombe, dépose ses deux mains contre sa joue écarlate.

- Va le voir, putain!
- C'est bon, j'suis là.

L'autre voix féminine s'enticha d'une cigarette.

- Embarque-la, j'peux plus me la voir, cette garce!
- Viens avec moi.

Il l'attrape d'une main forte, la traîne vers le fond de la maison. Une pièce sombre. Il la jette, s'enferme avec elle.

- Alors, tu prends des libertés, maintenant?
- Tout ce qui m'éloigne de vous est un soulagement.
- Ouais. Et tes putains de pliages à la con, ça aussi, c'est de la liberté?
- Ils t'ont fait quoi? Ils t'ont mordu?

La prend par le col, l'envoit sur le matelas dur. Le lit est défait. Humide.

- Déshabille-toi.
- T'as qu'à le faire, si c'est ce que tu veux.

Sa jupe vola en éclats.

*_*_*_*

Il entendait ses hurlements bestiaux. Elle, comme toujours, restait silencieuse. Il ne pouvait rien faire. Les portes étaient toutes closes. La femme pervertie veillait, rôdait. La fenêtre, hors de sa portée. Il devait aller la secourir, lui venir en aide. Il le savait. Mais il n'y arrivait pas. Il ne pouvait pas. Ses yeux mauves s'embrumèrent. L'eau roulait sur ses joues creuses, s'écrasait sur le parquet poussiéreux. Seul. Chez lui, seul. Ses parents absents. Seul, à devoir supporter ces sons orduriers, ces caresses douloureuses, ses images vulgaires, ces pensées répugnantes. Il la voyait sourire, parfois. Imaginait ses larmes chaudes en cet instant dégradant. Nagato. Lui, son voisin. Peut-être n'attendait-t-elle que lui. Qu'il pénètre l'antre de ses bourreaux, qu'il aille pourfendre les coeurs en décomposition de ces êtres infâmes. Ou alors, n'espèrait peut-être qu'il reste à l'écart. Par pudeur, par honte. Elle savait clairement qu'il était au courant de son châtiment. Elle n'avait sans doute pas envie que cette rumeur s'ébruite. Compréhensible. Son nez sécrètait une pâte gluante qu'il tentait de faire disparaître au moyen de sa manche trouée. Plus de mouchoirs. Les mouchoirs lui faisaient penser au papier. Le papier, à elle. Elle. Elle. Elle.
Et il éclata en sanglots sous les cris rauques d'une furie masculine en rut.

*_*_*_*

Le garçon de la nature rentra dans sa serre. Une espèce de petite maison, à l'écart de la ville, de son bruit. Des lampes à ultraviolet au plafond, des plantes couvrant les murs, les plafonds, les sols. Tout l'espace habitable était couvert de vert. De feuilles. De tiges, de pétales. Le sanctuaire entier était fait de verdure. Tout n'était qu'une immense forêt. Il respirait le bien-être, souriait comme un idiot. Il était heureux d'être dans son élément. Aimait se fondre parmi la nature enivrante. Zetsu, l'homme fleur. L'homme plante. Il roulait sa feuille, allongé sur son tapis de pétales champêtres. Il fumait à sa passion. Etait heureux.

- Tu ne devrais pas faire ça, tu sais.

Il rouvrit ses yeux reptiliens, le dirigea vers le haut. Une créature, mi-homme, mi-plante, se dressait devant lui.

- De quoi...?
- Tu ne devrais pas fumer cela.
- Qu'est ce que ça change, selon toi?
- Tu ne devrais pas, c'est tout. Essaie bien d'arrêter, tu verras ce que ça fait.
- C'est pas super convaincant, tu sais...
- Je n'ai pas à être pertinant. Je n'ose même pas imaginer l'état dans lequel tu me vois en ce moment...
- Quoi? Tu serais quoi, toi, en fait? Tu ressembles à une plante carnivore. T'as deux grosses mâchoires sur les côtés...
- Et bien. En effet, tu ne devrais pas continuer sur cette voie.
- Pourquoi?
- Je suis ton jumeau.

*_*_*_*

- Salut Lulu. Salut Laurent. Salut Sidonie. Salut Bubule. Salut Tourni. Salut Tomb. Salut Raider. Salut Pilou. Salut Algue. Salut Bruce. Salut Dori. Salut Poisscaï. Salut Martin. Salut Raoul. Salut Titi. Salut Maurice. Salut Thierry. Salut Bono. Salut Pixel. Salut Sushi. Salut Plouf. Salut Rocky. Salut Rambo. Salut Gérard. Salut H2O. Salut Azur. Salut Bloup. Salut Vincent. Salut Saucisse. Salut Gladiator. Salut Moumou. Salut Fred. Salut Milou. Salut Spirou. Salut Axtérix. Salut Teddy. Salut Surimi.Salut Filou. Salut Maxou. Salut Oscar. Salut Tic. Salut Tac. Salut Banzaii. Salut Clément. Salut Astro. Salut Bull. Salut Pitt. Salut Eros. Salut Bidule. Salut Michou. Salut Thor. Salut Ken. Salut Conan. Salut Poséidon. Salut Spartacus. Salut Kraken. Salut Ola. Salut Pouet. Salut Bruno. Salut Haddock.

Et le Requin continua comme ça, à chaque fois qu'il voyait un de ses poissons.

*_*_*_*

L'intégralité de la maison était noire. Sombre. Volets clos. Nuit. Aucun murmure. Aucun son. Juste, sa voix si particulère. Son corps autour des bougies sanguines.

- Gloire et louange à toi, Jashin, dans les hauteurs du Ciel, où tu régnas, et dans les profondeurs de l’Enfer, où, vaincu, tu rêves en silence! Fais que mon âme un jour, sous l’Arbre de Science, près de toi se repose, à l’heure où sur ton front comme un Temple nouveau ses rameaux s’épandront!

La lueur de la faux face au yeux exacèrbés du sacrifice.

- Seigneur Jashin, tout puissant roi des enfers et de toutes choses et toutes créatures, que vienne sur moi ta faveur, afin que je sois exhalté par toi, Jashin, pour que tu me défendes devant mes adversaires et que tu me confirmes dans tes faveurs, que tu me protèges par ta griffe toute puissante, Jashin! Je remets entre ton esprit mon âme et mon corps, qu'aucun espoir, ni aucune volonté ne soit en dehors de toi, Jashin, aide moi et par ton immense puissance et ta grande royauté, mets en mon coeur ta connaissance et ton savoir, le désir et les plaisirs de la chair! Toi qui vis et règne sur cette terre pour toujours! Ave Jashin! Jashin qui m'exauce, je t'offre mes sentiments, ma révolte commune à la tienne! Toi qui offre le salut à ma chair infirme dans les plaisirs de la terre! Jashin, seigneur infernal! Majesté des temps anciens et futurs à qui rien n'est impossible, ton serviteur te demande de peupler son sommeil de tes rêves et visions étranges et de m'illuminer un peu de ton savoir, afin que lorsque je mourrai, je revienne dans l'enfer terrestre pour ton ultime combat! O Jashin, fais-moi héritier de la fécondité de tes paroles et de tes préceptes! Toi qui gouverne ce monde sur la terre comme aux enfers, accorde moi avec largesse tes bienfaits, le secret des secrets, dans mon obéisance envers toi! Gloire à toi, Jashin, dont le règne et l'empire durent sans fin dans la suite infinie des siècles! Sois pour moi une tour fortifiée devant la face de mes ennemis qui sont les tiens et que tous les esprits se joignent à moi pour dire à nouveau : Gloria Jashin! Nous te saluons et t'adorons O porteur de lumière!

Son rire couvrit le hurlement macabre. Jashin exigeait un sacrifice humain.

- Ave Jashin!

*_*_*_*

Après avoir ramené tout le petit monde, l'homme à la peau matte alla prendre une douche des plus revigorantes. Il se vêtit de ses plus beaux apparats. Une chemise blanche, très sobre, un pantalon de costume élégant, une cravate noire. Il dissimula ses yeux clairs avec deux lentilles de contact brunes. Ses cheveux furent brossés, et noués en une queue de cheval simple. Il devait paraître le plus neutre possible. Et sa peau composait déjà un certain handicap. Il était presque noir. Lorsqu'il n'y avait pas de lumière, il l'était. Et cela, ce n'était que peu recommandable dans cette partie de la ville. Il finit de se préparer. Son parfum enveloppa toute la pièce. Senteurs boisées. Virilité affligeante. Il prit une malette, soigneusement posée sur ses draps repassés, et sortit s'enfermer dans son véhicule.
Quelques minutes à peine de route. Les éclairages de l'endroits suffisaient à eux seuls à illuminer l'ensemble de la rue. Les musiques défilant en discothèque se portaient jusqu'à ses oreilles. Les filles de trottoirs les quittaient progressivement pour des suites d'hôtels ou des grosses berlines. Les couples se formaient, se déformaient. Le luxe draguait la misère. Et le casino était l'un des points de recontres entre ces deux extremités les plus marquants. L'homme aux yeux d'émeraude stoppa le moteur de sa voiture non loin de l'entrée. Il ne devait jouer que le contenu de l'attaché-caise. Uniquement cela. Il serait largement suffisant pour toucher une coquette somme. C'était évident, étant donné le poids de la valise avant d'être allé jouer. Il s'engouffra dans le bâtiment, s'excusant auprès des robes de soie rouges et des costumes richement décorés.
Il n'avait pas assez d'une malette pour contenir la totalité de son butin après une seule heure. Sa chance était incommensurable. Son amour de l'argent l'était tout autant.

*_*_*_*

- Tu veux bien arrêter de te payer ma tête, toi?

Et elle lui tira la langue.

- Hé! C'est pas poli, ça!

Il s'empara d'un énorme morceau d'argile, et lui enfonça entre les dents.

- Tiens, pour la peine, mange ça!

Elle mastiquait difficilement. Recrachait la moitié de la cargaison.

- Et prends soin de t'étouffer avec, surtout.

Il sourit. Et lorsqu'elle pu resserrer les lèvres, lui sourit en retour. L'androgyne comprit qu'elle n'avait pas de gorge. Donc, par déduction, qu'elle ne pouvait s'étouffer.

- Merde.

Il récolta la sécrétion ainsi obtenue, tout en prenant soin de bouder la langue narquoise qui s'amusait à le provoquer. Il commença à la malaxer, à lui faire prendre plusieurs formes. Longue et fine, petite et large. Il ne savait pas quoi créer.

- Tu verrais quoi, toi...?

Elle saliva en guise de réponse.

- Ouais, j'vois que t'es super concernée. Merci.

Elle saliva à nouveau.

- Non mais pas besoin de me noyer la main, aussi!

Cependant, elle ne chercha pas à s'arrêter.

- Mais bordel, tu peux pas être sympa, pour une fois?!

Elle le lécha.

- Rhaaaaaaaaa! Saleté! J'vais aller te coudre et je sculpterai après!

Il essaya. C'était sans compter la jumelle lovée dans la paume d'en face qui cherchait à manger l'aiguille.

*_*_*_*

Elles étaient, toutes, sans exception, très belles. Très bien armées, aussi. Mais surtout très belles. Elles dormaient toutes à mes côtés. Toutes. Parce qu'elles étaient magiques. Merveilleuses. Je les aime beaucoup. Alors elles dorment avec moi. Et parfois, je les embrasse. Parce qu'elles sont magnifiques. Splendides. Elles sont plus vraies que nature. Somptueuses. Elles sont à moi. Divines. Elles sont au nombre de deux cent soixante six. Rapides et agiles. Se reproduiront vite. Je les aime, et quelque part, elles m'apprécient énormément. Je n'habite pas seul, car elles sont avec moi. Mais je ne peux les exposer. Car elles ne respirent pas. Elles sont considérées comme inférieures, alors qu'elles seraient capables de ravager tout un pays. Elle ssont plus puissantes que n'importe qui. Et elles m'apprécient. Moi. Leur géniteur. Leur créateur. Leur paternel. Elles sont rassemblées, tout autour de mon corps allongé sur les draps. Tout autour. Là, voilà. Et elles me serrent dans leur bras. Toutes autant qu'elles sont. Toutes, qu'importe leur visage. Qu'elles soient de fer ou de bois. Qu'elles viennent du sang ou de la sueur. Des hurlements ou de la douleur. Toutes.
Je les aime.
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MessageSujet: Re: No name.   No name. Icon_minitime1Mer 9 Mar - 16:09

Bah quelques petits commentaires, vu que vous semblez tous deux y tenir ^^

Positives : Disons qu'en quelques mots, c'est le premier texte aussi long que j'arrive à finir sans ennuis. J'aime bien ce changement de situation par rapport à la série Naruto (spécialement Sasuke ici, j'aime sifle). Les descriptions sont très présentes, ce qui fait que (personnellement) j'arrive assez bien à m'imaginer la scène et les personnages, sans même que tu cites de noms. Donc je trouve ça super, vu que j'arrive généralement jamais à m'imaginer les personnages des livres d'auteurs célèbres, même avec des descriptions de deux pages x). Enfin, félicitation pour ma part, j'aime beaucoup ^^.

Négatives (même si c'est plus des conseils ^^ ) : Je pense que le seul truc que je pourrai reprocher, c'est le surplus de points généralement. J'vais donner un petit exemple pour illustrer cette avis, ce sera plus compréhensible : "Plus que cinq minutes, le temps passe vite, en réalité. Et pourtant."
C'est un exemple parmi tant d'autres, ce n'est pas la seule fois que tu le fais, vu que c'est aussi dans tes RP, enfin ... Le truc, c'est qu'il y a des "phrases" ne comportant qu'un ou deux mots grand maximum, et il y en a pas mal. Ce qu'il faudrait faire par exemple, si je remodèle ta phrase, ce sera quelque chose qui donnerait du genre : "Plus que cinq minutes, le temps passe vite en réalité, et pourtant ...".
Ce genre de chose pourrait éviter ces phrases pointilleuses et ça accentuerait la fluidité. Enfin, ce n'est que mon avis après tout, et ça augmenterait encore plus la compréhension et la fluidité de tes textes, même s'ils sont déjà très compréhensibles.


Ps : Prend ça pour un conseil, pas comme une obligation, peut-être que je me trompe, enfin ...
Ps2 : La partie négative est certes plus longue que la partie positive, sauf qu'elle ne comporte qu'un seul argument, tandis que la positive en a deux ou plus (je ne me souviens pas du chiffre exact ^^). Autrement dis, il y a plus de points positifs que de négatifs Smile .

Mon avis est donné, et félicitation à toi et à Dei' pour cette première fic Smile
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Nazu

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MessageSujet: Re: No name.   No name. Icon_minitime1Jeu 10 Mar - 16:52

A moi x)

Positifs :
- Moi j'aime le style télégraphique de ce texte ... je trouve que ca donne une certaine angoisse. Pas une angoisse dans le sens négatif mais positif ; c'est comme si, chaque mot se retenait dans notre corps : Sensation très étrange mais que j'aime tout autant qu'elle le soit. Smile
-L'humour est dénonciateur ! La situation grotesque des deux zetsus donne une nouvelle vision des zetsus et réalise de même le grotesque d'un tel personnage. ^^
- J'adore les quelques phrases très imagées du genre : " Le jour s’est couché pour éteindre le monde ". On ressens l'ambiguïté : a la fois dépité d'une telle œuvre et tout aussi ... joyeux.
- Les descriptions sont très belles, mais il y a encore des choses a améliorées pour moi. (Par contre je ne serais dire lesquels ^^). Puis les points nous permettent de marquer des pauses et ainsi ; Mieux imaginer. ^^


Négatifs :
- Ne pas faire trop d'insistance du genre " Mais non, j’attends. J’attends, et c’est très bien comme cela. " , ca donne un mauvaise effet du style : " L'auteur n'avait pas d'inspiration." ^^ Un auteur doit toujours avoir de l'inspiration ! :O
- Il faudrait aussi éviter les deux phrases de narration entre parole. C'est ceci que je trouve le plus dommage. ( moi-même j'essaie toujours d'avoir le plus de phrases entre chaque paroles.)


PS : Attention je ne dénonce pas ! Je me permet de juger seulement pour vous faire avancer. Et j'en profite puisque j'ai plus de facilité a juger les écrit des autres que les miens ; une certaine frustrations ...

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MessageSujet: Re: No name.   No name. Icon_minitime1Ven 11 Mar - 1:32

Si je puis me permettre, en grande amatrice de fanfictions, je donnerais bien mon humble avis sur cette histoire...

Premièrement, je dois dire que j'ai adoré la partie avec les différents points de vue après la réunion au club de théâtre, ça donne un peu l'effet que ce qu'ils montrent en société n'est rien comparé à ce qu'ils peuvent vivre dans leur quotidien. Sincèrement, il y a un message, je ne saurai l'expliquer, mais je peux dire que j'en ai trouvé un... Sur ce point, rien à redire.

Deuxièmement, le fait que le début soit du point de vue de Sasori est intéressant, je trouve que ça renforce le côté "paraitre" de la vie. Toutefois, sans les couleurs de dialogue, je n'arrivai pas toujours à identifier le personnage qui parlait...

Troisièmement, et sûrement dernier point à souligner, j'aime le caractère que vous avez donné aux personnages, en tant que fan des fanfictions, je trouve que c'est agréable d'avoir l'interprétation personnelle de l'auteur du caractère originel du personnage... Cependant, je trouve que Sasuke se retrouve souvent le mouton noir des histoires, enfin c'est mon avis...

En gros, bravo à vous deux, je suis contente de voir une histoire qui n'est pas basé sur un quelconque couple, style le trop présent SasuSaku (encore une fois, je parle des personnages du manga, ceux du fow n'ont rien à voir)

Je retourne me coucher, moi \o/
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MessageSujet: Re: No name.   No name. Icon_minitime1Dim 13 Mar - 20:13

Et, histoire que ça soit pas Sasori qui s'occupe de tout poster, voici le premier chapitre.
****

Il leur demande encore aujourd’hui des choses qu’ils ne savent pas, qu’ils devraient savoir mais qui n’essaient pas de savoir. A vrai dire, ils ne cherchent même pas.

- Allons bon… Personne?

Bah tu vois un doigt levé, imbécile?

- Même pas toi, Sasori…?

Et merde… J’aurai bien aimé répondre « non, même pas moi, Monsieur ».

- Exponentielle de 3. Elle tend vers exponentielle de 3, votre fonction.
- Si tu connais la réponse pourquoi ne la dis tu pas?

J’hausse les épaules. Parce que je n’en ai pas envie? Qu’es ce qu’il veut que ça me fasse, que je connaisse la solution? Comme si j’y pouvais quelque chose que personne n’écoute pas le moindre fragment de son cours.

- Et maintenant quelle technique vais-je utiliser..? Aller! Réfléchissez un peu!
- Une technique suiton?
- Non Kisame, pas une technique suiton…
- Ah bah dans ce cas je ne vous serais d’aucune utilité.
- Vous autres, vous avez vraiment pas une idée…? Toute toute petite idée…? … Une ébauche d’idée…? Une bribe? Un… fragment? Un atome de réponse… Un noyau, d’atome?… Hum… Sasori…?

A cet instant, ses yeux brillent d’espérance et demandent miséricorde et charité. A croire que je suis sa roue de secours, la seule, et qu’il a crevé quatre fois sur la route. Je suis son unique espoir. Que ferait-il si seulement je n’étais pas là… Il doit prier pour moi tous les soirs avant de dormir, me vénérer… Et, du plus profond de son cœur, de son âme, de tout son être, souhaiter que je ne sois jamais absent à ses soporifiques cours de maths.

*_*_*_*

Ils sont tous les deux dans le même couloir. Il l’a repéré depuis le fond. Il a peut-être senti son parfum. En tout cas, il l’a vu. Il attendait impatiemment de croiser son regard… Elle est passé devant sans le voir. Ou alors elle n’a pas daigné le voir. Lui s’est mordu la lèvre. Il n’a pas su se retourner. Il n’a pas osé l’appeler. Il ne la connait, au fond, pas vraiment. Il souhaite de tout son cœur l’aider. Mais il ne sait pas comment. Il l’entend tous les soirs se faire agresser. Et il passe ses nuits à pleurer. A la pleurer. Dans le couloir, un bruit de papier froissé. Il s’arrête, surpris, a un haut le cœur. Une boule de papier jeté par terre. Un brouillon, une feuille raté, jetée, comme un déchet. Il ne la quitte pas des yeux. Puis des pieds l’empêche de la fixer. Ils ont marché sur la feuille de papier recroquevillée. Il ne comptait pas aller en cours aujourd’hui. Alors pourquoi ne la suit-il pas? Il en aurait le temps, la possibilité. Mais surtout, le plus important, c’est qu’il n’en a pas le courage. Ne sait pas quoi lui dire. La nuit dernière semblait plus forte que toutes les autres. Mais était-ce ce qui s’était produit qui était plus horrible? Ou simplement ses images? Ses images à lui? Il sait qu’elle sait. Il sait que ce n’est pas elle qui viendra en parler. Mais, ce n’est pas lui non plus. Ça n’avance à rien tout ça. Il se sent seul, perdu. Un peu comme lorsqu’il est chez lui. Il aurait aimé que les murs soient insonorisés. Il aurait aimé ne jamais entendre… ce qui se passait. Derrière le mur. Derrière le mur. Un mur aussi épais qu’une simple feuille de papier…

*_*_*_*

Il y a des arbres dans la cour. Des fleurs qui grimpent le long des murs de briques. Ce sont souvent des roses avec leurs ronces et leurs épines, de la glycine aussi, parfois. Un palmier les domine tous, au centre. Et actuellement, si on regarde bien, on peut même trouver une toute autre espèce, au sommet du dit palmier. Cette espèce est spéciale et ne ressemble à aucune autre, elle est représenté par un seul être vivant. Il est unique. Cet être vivant ne pense pas être sur un palmier. A vrai dire, il n’est pas en état de penser. Non, il est certainement allongé, sur une plage, à regarder danser les filles des îles au dessus de sa tête. Il regarde certainement leur fins vêtements de soie onduler au rythme de leurs hanches et la sueur perler sur leurs ventres dénudés. Il voit sans doute les flammes se balançaient, de droite à gauche, puis de gauche à droite. Le vieil indigène chante, et ça l’apaise certainement. Il doit trouver ça beau. Il doit s’y sentir bien. Oui, il s’y sent bien. C’est son jardin d’Eden à lui. Il sirote un cocktail qu’il s’est sans doute confectionné lui-même un peu plus tôt. C’est un expert dans le domaine. Il y a un feu pas loin. Parce qu’il a vu les flammes virevolter et parce qu’il sent de la fumée lui caresser le bout du nez. Mais… avec quoi ils font leurs feus de camp sur cette île? Il ne vaut mieux pas savoir. Mais l’être unique a une idée sur la question. Une idée pas totalement fausse, car, après tout, il ne s’en rend pas compte mais cette fumée c’est lui qui l’a créée. C’est de lui qu’elle vient. De ce qu’il tient encore entre deux doigts et qui se consume lentement. Il ne se rend pas compte non plus qu’un surveillant s’égosille en bas. En bas du palmier. Bientôt, il va aller le secouer. Le palmier. Comme ça, l’être endormi tombera. Et le rêve s’envolera peut-être. S’il n’est pas trop embaumé encore. Si le parfum n’est pas trop fort et ne le retient pas. Il aura peut-être une bosse sur le crane après. Mais tant qu’il ne ressemble pas à son jumeau… Il a oublié, qu’il avait un jumeau. Là, tout de suite, il l’a oublié. Mais hier aussi, il ne s’en souvenait plus. Avant-hier pareil, le jour d’avant encore, et toute la semaine, et le mois qui venaient de s’écouler. Il ne les a même pas senti passés, ces journées, et ces nuits. Il les a peut-être toutes passés sur cette île, peut-être pas. Il ne sait pas quel jour on est. Il n’y a qu’une chose qu’il sait. Qu’une chose à laquelle il peut se fier. Qu’une chose qui rythme ses journées. Il sait que cette fois, que ce jour là, peu importe lequel, il sait qu’il doit s’y rendre à deux heures de l‘après midi. Il sait donc qu’il lui reste quelques minutes encore pour rêver…

*_*_*_*

- Mais connard laisse moi t’expliquer! C’est comme les arabes et le porc, tu comprends?
- Déjà le terme le plus approprié serait « musulmans ».
- C’pareil! J’te dis: comme les arabes et le porc! Les tomates: je-peux-pas.
- Il se passe quoi si t’en manges? Tu les régurgites illico? Ça te donne des frissons, des spasmes? Tu te liquéfies? Non mieux tu te vaporises! Comme ça j’aurai la paix! Une paix monumentale! Royale! Divine! Jashinine même!
- Jashin n’apprécie pas que tu te moques Kakuzu…
- Tu sais ce que j’en penses, moi, de ton Jashin…
- Si tu savais ce que lui penses de toi! T’es pas autorisé à parler de lui de la sorte, hé, connard!
- Hidan, rassis toi.
- Non! Toi, lève toi!
- Hidan… tout le monde te regarde.
- Et alors?!
- Tu me fais honte.
- Jashin n’a pas honte de moi! Je suis son plus fidèle servant! Il lui arrive même de me parler! Je suis un prophète!
- Mais oui, mais oui. Aller, fais moi plaisir et rassis toi.
- Et pourquoi j’me rassiérais d’abord, hein?
- Parce que tes frites refroidissent.

*_*_*_*

Nous nous cherchons tous. Bêtes de foire, nous comportons chacun une ou plusieurs anomalies. Pour ma part, on va dire plusieurs. Bien entendu, nous en avons honte, nous nous cachons. Mais ça se voit. Tout le monde le voit. Sinon, on ne nous regarderait pas comme ça. Il y a des rumeurs qui courent dans les couloirs, qui rampent sur les murs, qui circulent entre les étages. Ça se propage vite, ces saletés, comme un virus, et on doit faire avec. Comme s’il s’agissait d’une maladie incurable, on fait et on fera toujours avec. Et puis, ils ne savent rien, ils ne font que répéter ce qu‘ils entendent. Il ne savent rien! Rien! Rien de ce qui a bien pu se passer, alors ils devraient arrêter de parler! De murmurer sur mon passage! Je ne veux pas être celui que l’on surnomme l’assassin. Et j’en ai ma claque de ces messes basses!

- C’est l’Uchiwa…
- L’Uchiwa!
- … Il fait peur…
- L’Uchiwa, c’est lui? Je le voyais pas comme ça.
- Il a un beau visage, pour un meurtrier.
- Il ressemble à son frère, tu trouves pas?
- L’Uchiwa, l’Uchiwa…!
- Hé! Uchiwa, regardes: si on change une seule lettre de ton nom ça donne Uchiha. Tu sais ce qu’il veut dire, ce mot: uchiha?
- Uchiha!
- Uchiha.
- UchiHA!


Tiens? Ça évolue? Ils passent à de la franche provocation maintenant. Mais s’ils étaient sûrs que je sois bel et bien le meurtrier ils ne viendraient pas me parler de la sorte. Ils n’oseraient pas me cracher leur venin au visage comme ils le font. Ils auraient bien trop peur. Ou alors ils sont simplement stupides. Hypothèse tout à fait probable entre nous. Je ne dois pas perdre mon temps avec eux. Assassin. Si on change une lettre, ça donne assassin. Enfin, c’est fou ce qu’un couloir peut paraitre long. Il faut faire abstraction et ne pas se soucier de ses raclements de gorge, de ces chuchotements horripilants et indiscrets. Il ne faut pas voir ces visages et encore moins les regarder. Ça leur ferait trop plaisir. Je suis désigné comme étant leur bête sauvage, ici, dans ce cirque, dans cette plaisanterie qu’est le lycée. Le couloir dans lequel je suis enfermé me sert de cage. Ils attendent quelque chose de moi, que je m’énerve, que je tape sur quelque chose ou sur quelqu’un, que je cri, que je me ridiculise, que je me donne en spectacle. Et bien: ils n’auront rien. Je bougerai pas d’un cil, je ne leur ferais pas ce plaisir. S’il faut à présent attendre qu’il n’y ait plus personne pour pouvoir respirer… Je suis presque tout au bout du couloir quand ça sonne, il est treize heure et ces petits crétins rentrent tous dans leur salle respective. Pas moi, je n’ai pas cours maintenant. Sans que je ne sache pourquoi je n‘ai pas réussi à le contenir, ce cri plein de hargne fonce vers le fond du couloir. Il a même dû s’élancer dans les escaliers, après avoir tourné à l’angle. Sans doute, car je l’entends encore qui dévale les marches et qui devient plus grave à chaque seconde. Mon pied s’éprend soudainement d’un amour non réciproque et violent avec le mur. Le mur n’a pas vraiment l’air d’apprécier une telle proximité et une telle démonstration… d‘affection. Un prof se plaint du bruit qui règne dans le couloir puis s’en attendre, il referme la porte de sa salle de classe. Je ne sais même pas s’il m’a regardé, il était derrière moi, dans mon dos. Si il faut, ils sont encore tous dans mon dos.

*_*_*_*

Il trottine joyeusement dans l‘escalier, l‘androgyne.

- T’es dans ton bateau qui tangueeeeee. T’as mal dans tes tongueeeees! Tu vois des orang-outans. Ta tête fait ping-pong. Ping! Chang boit du thé. Et du sa…

- Raaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah!

-… ké.

Le blond manque de se louper une marche et de tomber à la renverse mais il se rattrape tant bien que mal en se plaquant élégamment contre le mur à sa droite. Un bruit sourd fait alors trembler le mur sur lequel il est appuyé. Interpelé, le blond s’écarte et décide de monter les dernières marches précautionneusement. La main gauche posée sur la rambarde il pose un pas après l’autre lentemeeeeeent.

- Oh?! Hey Ita…! chi..?

Le brun relève la tête et plante ses yeux dans ceux du blond l’espace d’un instant avant de continuer sa décente. Un rictus mauvais déforme son visage. Il a l’air furieux. Le blond, préférant ne pas avoir affaire trop longtemps avec ces deux pupilles rouges sanguine, lui cède le passage. Le brun passe à coté de lui comme un courant d’air. Un courant d’air froid qui lui glace le sang à l’intérieure même des veines.

- A… a tout à l’heure Itachi!

Mais Itachi continue de descendre les marches d’un pas féroce. L’autre se demande s’il les descend dans un but précis, s’il cherche quelqu’un, et il se dit qu’il est heureux de ne pas être à la place de cette personne là. Il hausse les épaules et grimpe les trois dernières marches.

- Chang à Pékin, dans son jardin, cueille du jasmin tous les matiiins!

Des gens le regardent d’un œil mauvais, mesquin. La scène est comme… figée. Seul un léger courant d’air fait onduler quelques cheveux. Quoi? Connaissent pas Chang? Et pourquoi y’a-t-il autant de monde alors que les cours ont commencé? Les cours ont commencé?!!!!

*_*_*_*

Réalité évidente des aiguilles malignes sur le cadran du bracelet animé. Elle avait le chic pour retarder, cette garce. Et de ce fait, le sorcier était, tout le temps, absent les premières minutes de ses cours. Cette fois-ci, rien d'important. Ce n'était que le japonais. Pffff. Jashin était bien plus imposant, et Hidan se devait coûte que coûte l'honorer comme il se devait de l'être. Ainsi, le vieillard s'occupant de la langue du Soleil Levant pouvait aller se faire voir. Jashin-sama était plus puissant que lui. Jashin-sama méritait l'attention de son plus fidèle disciple. Et après tout, cette montre était la propriété du Tout-Puissant Jashin, et faisait donc en sorte de lui obtenir ce retard. Tout était prédestiné. Il n'avait aucunement le choix de son destin. Petit lapin blanc en retard. Jeune prêtre marqué du sceau de son Dieu dirigeant sa si pure lumière en direction des hérétiques, des athées, des pieux et des saints. D'ailleurs, en parlant de saint.

- T’es dans ton bateau qui taaaaaaaaaaaaaaaangueuh. T’as mal dans tes tooooooooooooooongueuhs!

Deidara. En retard lui aussi, semblait-il. Pourtant, inquiet le moins du monde, il ne semblait pas être pressé pour rejoindre la salle. Et ses longs cheveux blonds dénoués carressant ses reins, ses yeux d'un turquoise interstellaire, sa hauteur impostante, sa finesse cadavérique, sa pâleur fantômatique... Si seulement il n'avait pas été un homme, il aurait été la concubine parfaite. Hidan s'approcha de lui, qui lui tournait le dos. Il était... une cible de choix, après tout. Plus il se rapprochait, plus il sentait sa voix mélodieuse s'accoupler avec sa grâce insoupçonnée. Jashin adulait cette beauté virginale. L'homme aux cheveux argents sourit de toutes ses dents. Il ferait un parfait membre du culte. Aposa sa main froide sur son épaule. Un parfait sacrifice.

- Hé, salut la blonde!
- Nééééééééééééééééééé!!!

Il sursauta, se défit de son emprise. Son interjection finie, il soupira de soulagement, et posa une main sur son coeur. Il avait l'air d'être sous le choc. Pourtant, ce n'était pas comme si le jeune homme avait voulu l'agresser...

- Bon Dieu, Hidan, tu m'as fait une de ces peurs!

Oh oui, bon Dieu, tu peux le dire, songea le fidèle. Et Deidara ne savait pas à quel point il avait raison.

- Haha! T'en fais pas, va, j'vais pas te bouffer!
- Il ne manquerait plus que ça, tiens...
- Tu vas en cours?
- Ouais, j'suis à la bourre. Toi aussi, d'ailleurs.

Quelle perspicacité. Hidan, pour éviter de lançer cette remarque à voix haute, baissa les yeux vers la cadette de la famille des aiguilles.

- Mmh, pas besoin de le remarquer. Il est et quart, Deidara, le vieux nous laissera jamais entrer sans mot d'absence. Tu viens? On va en chercher un ensemble?
- Oui, pourquoi pas! acquiessa le blond, naïf. Allons-y!

Et il partit, tout sourire, en direction de l'escalier. Il chantonnait comme une jeune pucelle au milieu d'un champs de fleurs. De pâquerettes. De tournesols. L'or de ses fils de soie était éclatant. Hidan, submergé par cette créature mystique, cette nymphe florale, cette muse parfaite, la laissa partir. Loin devant. Le sculpteur ne comprit même pas qu'il s'était arrêté, et entama sa descente. Il était la clé. Cela paraissait évident, à présent.
Des pas résonnaient derrière lui, obnubilé par la foudre soleil qui disparaissait de son champ de vision. Il n'y prêta strictement aucune attention.

****

La tête passe, les écouteurs dans les oreilles. L'esprit ailleurs. Voguant, déambulant dans le couloir sans se préoccuper de l'extérieur. Sans aucun doute en retard, aucun soucis à se faire. Se balader, ignorer le reste. Admirer ses ongles bleus, se féliciter de l'aisance avec laquelle elle avait accomplit cette tâche. Rêver. Penser à autre chose.

****

Si tentante... Son sang sur la lame le faisait bouillir de rage. Il avait envie de hurler. De rire, à s'en perforer les poumons, le thorax. Il le voulait, ce sang. Cette hémoglobine carmin. Le carmin. Sa beauté n'avait d'égale que la tendresse qu'il aposait partout où il mettait les doigts. Ses pas, ces pas.

****

Déhanché en rythme avec la musique. Comme si de rien n'était. Se noyer dedans, ne plus penser à cela. Passer une main assurée dans ses cheveux marines. Sucer avec la lèvre supérieure le percing sous la lèvre inférieure. Tâter sa fleur de papier. Une fleur, de saison.

****

Si pur... Une vraie fleur de saison.

****

Et un choc, qui brisa l'osmose.

****

Un choc, qui entremêla toutes ses pensées. Il bascula en avant, se rattrapa de justesse. Volte face.

****

- Hé, tu peux pas regarder où tu vas?!
- Ah... Désolée.

Elle avait faillit tomber. Le papier, lui, avait glissé de sa cheveulure frêle, était à présent au sol, à la mercie de toutes les âmes vagabondes. Elle ne songea même pas à la ramasser. Trop confuse pour cela. Ses joues blanches se tintèrent d'un rose fade. Elle ne savait où se mettre.
Il lui saisit les mains. Enfin, elle redressa le visage, aperçut son sourire. Il étaiti sincère. Doux et apaisant.

- Ah, Konan, c'est rien, tu sais. Désolé, je me suis emporté.

Il la lâcha. S'en alla. Lui adressa un pli de bouche radieux, une main amicale.

- Aller, à tout à l'heure, princesse!

****

- Qu’es tu fabriques Hidan?!

Le jeune homme abandonné à quelques mètres derrière sort brusquement de sa rêverie. Eperdument choqué il ne sait carrément plus où il se trouve et ce qu‘il doit faire. Ce n’étaient donc que des songes? Non, ce n’est pas possible… Il l’a pourtant… Il l’a… Il n’y pas de cela une minute… On l’aurait tromper…? Abusé? Il faudra punir ces mystificateurs! Mais… qui sont-ils? Es-ce lui-même qui s’est bercé de fantasmes désespérés, d’illusions…? Es-ce le charme de l’androgyne qui l’a ainsi berné? L’an… l’andro… il est… resplendissant. Il sourit… Il ne devrait pas. Il devrait être… Il sourit… Jashin… Il sourit. Ton disciple ne comprend pas. Une seule phrase traine dans sa tête, en boucle: « il devrait être saigné ».

- Hidan? Il faut aller chercher le mot de retard. Hidan… Hého? Tu m’entends?

****

Il n’avait pas remarqué tout ce bleu. Il n’avait pas sentit sa présence avant qu'elle ne lui rentre dedans. Il s’en ait voulu de l’avoir laissé si vite. C’est étrange, il l’avait cherché toute la matinée, et il la croise lorsqu’il ne s’y attend pas. Pire: elle le bouscule sans le voir. A quoi pouvait-elle bien penser…? On aurait dit que leur collision lui avait fait perdre le fil, que ça l’avait perturbé. Cela l’avait-elle perturbé parce que c’était lui? C’était à son tour de perdre le fil de ses pensées. Lui, en fait, cela l’avait juste surpris. Agacé au début, lorsqu’il n’avait pas remarqué que c’était elle, puis surpris. Agréablement surpris. Il avait su réagir de façon amicale, de façon à lui faire comprendre qu’il était là, mais cela ne faisait nul doute qu’il était parti trop tôt. Et il ne devait pas se retourner. Résister… « Ne te retourne pas Nagato ». Elle, elle ne se retournera pas. Elle ne t’appellera pas. Elle ne te demandera jamais de l’aide. Alors n’ais pas pitié, tu la vexerais.

****

- Bordel!

Il était encore énervé et faisait le tour du lycée. Quatre fois depuis tout à l’heure, il en était donc à son cinquième tour, et il l’effectuait en un temps record. Il n’avait trouvé que cela. Ne désirant nullement s’assoir dans un coin de peur de ne pas se relever. Faute de motivation. Il restait dans l’enceinte du lycée de peur également: peur de ne pas revenir pour le cours qui devait normalement se dérouler dans… 35 minutes. Cours qu’il attendait avec une impatience frustrante. Alors il marchait dans les couloirs. Il croisait du monde, mais ne voyait personne. La tête haute, seul le décor se reflétait dans ses yeux. Les êtres humains étaient devenu prohibés. Ils n’avaient plus le droit d’exister. Du moins pendant quelques minutes. Il n’y aurait personne pour le déranger. Personne pour souffler sur son chemin. Personne qui lui reprocherait quoique se soit. Personne pour respirer son air. Personne pour…

- Konan? …Ça va pas?

Elle relève la tête vers le grand brun. La pyramide de papier s’effondre, la fleur se fane, la fille se brise, le visage se noie. Il n’aime pas ça. Il ne peut se résoudre à la prendre dans ses bras. Ce n’est pas son rôle à lui. Et il l’a connait à peine. Mais… il la connait bien assez pour savoir qu’en plus de deux années de lycée, personne ici ne l’avait vu pleurer.

****

- Et béh moi je te dis que je vais très bien!
- Tu plaisantes? Y’a trois secondes tu bavais le regard dans l’vide. J’ai bien cru que t’étais mort debout!
- Deidara racontes pas n’importe quoi! J’bave pas!
- Et c’est quoi toute cette flotte par terre, hum?
- Rah! Va l’chercher si tu veux ton mot de retard moi j’me casse!
- Ouais bah à tout l’heure! … Crétin.

Il avait pris le soin d’attendre que le sorcier soit trop loin pour entendre le dernier mot. D’abord Itachi, maintenant Hidan, ils ont tous leur règles aujourd’hui ou quoi?

- Chang est assiiiis… Il mangeuh du riiiiz. Ses yeux sont p’tits! Riquiquiiiis…

****

On est vendredi. Y’a du poisson à midi le vendredi. C’est dégueulasse. Alors j’suis allé manger au fast-food du coin. Il était rempli d’étudiants alors j’ai pris à emporter et j’ai dégusté mon repas dans un coin de la grande place. Le ciel était bien bleu aujourd’hui.

****

- Heeeeey Zetsu! Tu devrais descendre de lààààà!

Qu’es ce qu’il me veut, lui? Et depuis quand il se préoccupe d’autre chose que de sa beauté de bleu?

- C’est pas encore l’heure que j’sache, non?
- Certes, mais t’es pas rassurant, là haut.
- Comment ça pas rassurant?
- Imagine un peu que tu tombes sur un innocent…
- Comme toi par exemple.
- Ouais, comme moi… Un pauvre type qui n’a rien demandé et qui ne saura pas comment se dépêtrer de son problème.
- Tu parles de quel problème au juste?
- A ton avis? Puis merde, reste dans ton palmier si ça t’chante.

****

- Encore toi, Deidara?
- Bah oui madame…
- Mais tu as accumulé un total de douze retard cette semaine…
- Si peu?!
- Peu? T’essaierai pas d’établir un record par hasard?
- Oh non, madame. Hum! J’peux avoir mon billet?
- Tiens, et ne traine pas dans les couloirs!
- Nan nan!

La porte claque et la surveillante soupire, un air désolé peint sur le visage elle prend en charge un parent qui attendait déjà avant que tête en l‘air n‘arrive et ne reparte.

- C’est regrettable mais nous avons quelques cas comme celui-ci dans l’établissement…

****

Dieu merci elle s’est vite reprise. Je lui ai juste posé une main sur l’épaule et je l’ai regardé dans les yeux. Plusieurs fois, elle a fuit mon regard pour le chercher de nouveau. Elle a plaqué le bout de ses doigts sur son front, pincé sa lèvre inférieure, puis elle s’est arrêté de pleurer. Comme ça.

****

Lui non plus n’a rien trouvé d’autre à faire que de marcher pour faire passer le temps plus vite. Il a cependant soigneusement évité d’emprunter l’aile dans laquelle il l’avait croisé. Sans s’en rendre compte, ses pieds l’ont guidé jusqu’à la salle de théâtre. Il ne restait plus que quinze minutes.

****

On venait de lui claquer la porte au nez.

- Je le croooooooooois pas! Il m’a pas accepté l’vieux japonais! Pour la peine je lui chanterai pas Chang!

****

Quatorze heures. Enfin. Je glisse mon porte vu et mon stylo dans mon sac et je fonce (sans courir) jusqu’à la salle. Ma salle. Notre salle. Je suis étonné de voir que l’un d’entre eux est là avant moi. Il s’agit d’œil violet. Il n’a pas eu un signe envers moi pour me montrer que ma présence n’était pas sans effet. Je lui ouvrais les portes du paradis et il ne daignait même pas me saluer. C’est du joli.

- Tu peux entrer si tu le désires.

Il était toujours assis, à coté de la porte, il n’était pas entré lorsque j’avais ouvert la porte, il y avait de cela trois à quatre minutes.

- J’attends quelqu’un.
- C’est un choix.

****

S’il n’était pas assis par terre, il se serait bien effondré. Que faisait-elle avec… lui? Depuis quand ils se parlaient en dehors des séances? Il n’a pas eu sa réponse en les regardant marcher, et, lorsqu’ils sont arrivés à sa hauteur, aucun des deux ne lui a tendu une main pour l’aider à se relever. Ils sont rentrés tous les deux, rejoindre le rouge. Le laissant contre son mur derrière la porte qu’ils n’ont pas refermée, avec ses pensées. Il venait de se prendre une belle claque. D’une main pâle aux ongles vernis de noir… Une main… Une main? La fixer sans comprendre, puis lever les yeux. Se bruler la rétine au contact de ce soleil aveuglant.

- Non…? Tu… tu es à l’heure Deidara?
- Pourquoi ça étonne toujours tout l’monde quand ça m’arrive…

****
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