Le lac et sa fraicheur étaient bien loin derrière les pas de notre nomade adorée... La chaleur étouffante du désert de Suna et son sable brulant irradiaient sous les sandales de la jeune femme, et son ombre n'était plus qu'une mince tache grise derrière elle. Lylya leva la tête et une rafale de vent brulant lui explosa carrément au visage, projetant des milliers de grains de sable tels des minuscules braises ardentes. Elle détourna la tête, se protègeant de son mieux, sa tunique ample battant au gré des caprices du désert. Elle l'avait achetée à un marchand jadis, et elle était heureuse de cet investissement. Le tissu vaporeux bleu clair enveloppait son corps d'une couche protectrice, et une ceinture sertie de quartz retenait la robe. Un voile de même couleur entourait sa tête, et cachait ses cheveux azurés... Lorsque la rafale cessa, Lylya mit sa main en visière pour se cacher du soleil et examina l'horizon... Le désert lui rappelait son village, avant qu'il ne soit détruit...

Elle scruta longuement l'horizon, et l'air chaud qui montait du sable brouillait la ligne séparant le ciel et la terre. Aucun nuages à l'horizon, pas la moindre petite oasis en vue... Et la gourde qui commençait à s'assécher plutôt rapidement... Lylya plissa ses yeux célestes, et miracle ! Un petit palmier apparut au loin ! Qui dit arbre dit source non loin ! La jeune femme accéléra le pas, et quand le soleil fut bien bas dans le ciel, elle parvint à l'oasis. Une petite mare d'eau claire, pure, entourée par deux ou trois palmiers, quelques buissons verdoyants, et une petite cascade s'écoulant d'un rocher...

La chaleur et la déshydratation avaient fait leurs oeuvres, la jeune femme commençait à délirer... Elle se mit à entendre un chant diffus, et les arbres se couvrirent de petits points roses et violets... Un sourire béat sur les lèvres, la nomade observa le ballet des points avec une fascination incroyable... Elle se dit qu'elle aussi pourrait être libre comme les petits points colorés, il lui suffisait de se libérer de tout ce qui lui pesait... Ce qu'elle fit, envoyant valser sa tunique, et restant seulement en jupe et camisole. La jupe battait au vent, et la peau claire de Lylya brillait sous le début coucher de soleil... Délirant toujours devant ses points colorés, elle ne remarqua pas l'arrivée d'une ombre... Ou si, elle vit une masse verte lime s'avancer vers elle et elle éclata de rire !