Plaine verdoyante séparant les terres humides de ceux arides, la première marquant le départ et bien plus, l’habitation, la vie, la seconde n’avait-elle pas d’autre sens qu’une destination. Destination dont il ne connaissait en rien les véritables raisons, bien sûr il avait pu entendre plusieurs choses sur ce qu’il pouvait être la raison de ce déplacement, mais lui dans tout cela n’avait pas de réel rôle, en tout cas il n’avait réussi à s’en donner un. Pour sûr que ce déplacer sans la moindre motivation comme il le faisait donc à présent ne l’enchanté pas tellement, encore moins en sachant qu’il pourrait actuellement se livrer à d’autres choses, certainement plus intéressante. Mais se plier à la vie qu’il avait choisi était une nécessité, être le plus simple, le plus discret, un atout pour l’avenir. Il fallait savoir quand le moment était le plus opportun pour se montrer, ne pas agir inconsciemment, prendre des risques quant-il ne le faut pas, mais plutôt être patient, quand il sera l’heure, que les cloches tinteront de leur hauteur, à ce moment la musique prendra place, hantant les esprits, n’en laissant pas un seul y échapper, faire passer l’inconnu au commun. D’ici l’homme à l’origine de cette somptuosité serait là tel un chef d’orchestre admirant plus son œuvre, la commentant, plutôt que la contrôlant … Libérer la bête, lui enlever toutes ses entraves de liberté, sans regret à ses actions futurs, aussi redouté puisse-t-ils être.

Enfin, il restait à l’actuel, non pas une bête en cage, mais plutôt une en retenue – ne pas montrer les crocs, ne pas montrer d’hostilité – soit être invisible aux yeux de tous. Même si cela voulait dire se restreindre sur ses capacités, il s’agissait finalement là d’une action assez instinctive, à laquelle on ne pouvait véritablement pas donner d’explication. Certainement que moins on en savait sur lui, plus il serait facile pour lui de s’assurer les arrières. Que pouvait-il donc redouter, lui simple genin ? Ca surement personne ne pourrait le savoir, à moins qu’il ne se révèle. Chose qui ne pourrait certainement pas se produire d’ici peu, lui qui abordait déjà une apparence chétif, loin de sa personnalité. Cacher les apparences extérieur et personne n’ira s’enfoncer en votre vous intérieur. Sous son ensemble noir, cheveux emporté par le vent suite à la course qu’il entreprenait avec le groupe d’homme, ninja de sa patrie, il finit enfin par s’arrêter. Une pause, pour une durée indéterminée, même s’il pouvait être certain que cela serait assez long pour s’extirper de cet endroit. Tout ce beau monde rassemblé ; discutant, partageant leur peur, en commençant par celle de l’inconnu de leur rôle en cette tournée ; lui ne pouvait certainement pas rester avec et partager les même discutions. Faire semblant rester une possibilité, laissant transparaitre qu’une bride de vérité afin de paraitre en toute occasion sincère, au point qu’à force de mensonge, le plus grossier finissait par sembler irréfutable. Mais il n’aurait pas à le faire cette fois, déjà en retrait, il aborder à l’arrêt une place des plus prometteuses. La forêt les entourant, lui à l’extrémité du groupe, soit à proximité de l’immensité verte. Il n’était pas difficile de sentir l’humidité des lieux, bientôt un groupe irait se déplacer pour récupérer de l’eau à la proximité la plus proche. Il lui manquait donc plus qu’à agir de la même manière, sauf qu’il n’aurait pas à faire un simple aller-retour comme le ferait ce dit groupe.

S’extirpant donc de la foule en se dirigeant vers ce qui lui semblait être le chemin l’amenant à la source d’eau. En partant il fut assez prudent, ne vit personne ne portant de l’intérêt à sa personne ou en tout cas il n’avait pas l’impression d’être suivi à l’actuel. Bien sûr il ne pouvait pas en être certain, s’il l’était vraiment, alors la meilleure chose à faire était de rester naturel, le plus possible. Essayer d’échapper à la vigilance du potentiel suiveur paraitrait trop suspect, bien que rien ne l’empêcherai pour autant de trouver un moyen de contourner ces suspicions, s’il pouvait éviter tout cela ce serait le mieux. Parcourant donc la dense forêt, il ne complexifiait pas plus que de raison son parcours, n’allant pas trop lentement, ni trop vite, tout cela pour finalement arrivé là où coulait gracieusement ce liquide transparent. Fine couche au courant presque insaisissable, il n’était pas inhabituellement de trouver ce genre de chemin d’eau dans ce type de forêt, mais ce qu’il pouvait être sûr de trouver en aval était la finition de l’emporter d’eau. Un lac, ou peut-être qu’un faible étendu, réserve naturelle pour les animaux environnant. Mais sans savoir vraiment pourquoi il voulait simplement suivre cette direction et plus il s’avançait, plus un son hantait les lieux, devenant de plus en plus fort, jusqu’à en devenir assourdissant. Le voyait donc finalement en hauteur, le faible chemin d’eau se voyait avoir bien grandit, se jetant à présent plus bas de par les hauteurs des terres. Le bruit de l’eau des cascades se voyait en réalité assez reposant, assez fort pour nous occuper l’esprit, mais dont le rythme te laissait enclin à la réflexion.

Levant la tête aux cieux, ces derniers à découvert par la perte d’haute verdure environnante, il se laissait éclabousser par les quelques gouttes se faisant expulser par les premières rencontre rocheuse. Dénouant le nœud en son cou, enlevant l’artifice le suivant, le chemin qui suivit assez vite la veste, qui rapidement plié fut déposer sur le côté. Sans quitter le ciel du regard, s’avançant doucement, jusqu’à ce que le pas décisif à la rencontre du vide l’amena à chuter inévitablement. Tel un corps sans vie, les bras ballant, il se laissait emporter vers le bas, se courbant légèrement pour faire dos à l’eau sous-jacent, et garder sa visibilité sur les hauteurs qui de plus en plus s’éloigné de lui. Comme s’il était déchu de son trône, de sa supériorité, envoyé directement vers les abîmes des ténèbres, une chute ne laissant juste entendre que les lourds frottements de l’air à son contact. Fermant à présent juste les yeux en attendant la rencontre de l’eau, ce choc qui aurait pour but de l’amener à la réalité, finissant vite par être emporter encore plus bas, dans les abysses. Lui s’attendant aux ténèbres en ouvrant les yeux, c’était pourtant un entre-deux, ne pouvant pas voir le fond l’attirant, au-dessus de lui se tenait la lumière à l’image du soleil. Se laissant simplement aller à la situation, plusieurs secondes passèrent où il restait entre profondeur et surface, n’attendant plus que sa destiné choisisse ou non de le remonter ou de le laisser sombrer encore plus …

Notre cheminement vers le pays du vent était lent. Ou en tout cas, il était trop lent pour moi. Cette idée, ce rêve de retrouver mon frère perdu de nombreuses années plus tôt, c’eu été suffisant pour me faire pousser des ailes et traverser la distance me séparant de lui en quelques minutes à peine. Mais, ce qui est dommage, le corps ne suit pas toujours l’esprit. Nous nous retrouvâmes donc, moi et mes deux compagnons, à marcher simplement. Courant parfois lorsque le sol était beau et que ma maladresse ne risquait pas de m’envoyer au tapis. Nous venions de quitter le pays de la roche et nous commencions à sentir la chaleur accablante du désert. Ce n’est toutefois qu’au bout de quelques heures que le verdict final de Suika, ma seconde, tomba.

Suika. « Les gourdes sont vides. Il faut sortir du désert et trouver de l’eau avant de poursuivre. »

Ryosuke nous orienta donc pour que nous puissions sortir de cette étendue désertique et nous nous dirigeâmes à l’est, vers les terres du pays du feu. La forêt y était luxuriante et les chances de trouver une source naturelle seraient donc bien plus élevées. Ce détour me rendit morose alors que mes jambes me faisaient souffrir depuis de longues heures déjà. J’attachai ma longue chevelure verte pour laisser l’air se glisser contre ma nuque, espérant ainsi avoir un peu moins chaud.

La différence de température ne mit pas longtemps avant de se faire remarquer. L’humidité était bien plus présente que quelques minutes plus tôt et l’air était presque froid en comparaison de celui du désert. Soudainement, mes forces semblaient me revenir et l’envie de trouver un endroit pour me reposer les pieds était des plus encourageants. Ainsi, lorsque le grondement sourd de la cascade gagna mes oreilles, je ne pu m’empêcher de courir vers cet endroit de merveilles qui représentait pour moi les rêves de tout un voyage en cet instant présent. Puis, une percée dans les arbres et l’apparition de cet environnement merveilleux. Suika me rejoint, les gourdes déjà prêtes. Ryosuke arriva à sa suite, la main sur le manche de son katana. Inquiète de cette attitude soudaine, je décidai de m’informer.

« Qui a-t-il Ryo-san? »

Ryosuke. « Il y a eu passage d’un groupe de personne ici, récemment. Je n’aime pas ça. »

Suika se gratta le menton et adopta un air résigné avant de me tendre les gourdes.

Suika. « Va les remplir, on va faire le tour de la zone pour s’assurer qu’il n’y a aucun danger. Soit prudente, Hime-chan. »

J’acquiesçai et n’attendit pas plus longtemps avant de les abandonner pour dévaler la petite pente qui me séparait des rives du petit lac en contrebas de la cascade. Son eau était belle, miroitante, brillant sous les éclats de l’astre solaire. J’en oubliai les gourdes et le danger potentiel, de toute façon je faisais confiance à mes compagnons pour ça. Je défis donc ma chevelure verdoyante et laissai tomber les gourdes sur la berge avant d’y délaisser également mes bottes. Mes pieds nus pouvaient enfin goûter à un peu d’air libre et la surface lisse et rocheuse sous moi était fraîche. J’espérai un instant que ce n’était pas un mirage et, sans plus attendre, pris mon élan et me jetai tête la première dans le lac.

L’eau fraiche s’insinua en un instant partout sur moi, m’immergeant de fraîcheur et de pureté. Je pensais m’enfoncer dans l’eau, y nager et y flotter, profitant d’un moment de répit. Mais non. À la place, je frappai un obstacle. Un obstacle qui semblait vivant. Un poisson pouvait-il être si gros? J’ouvris les yeux, remarquant la silhouette d’un individu, un homme apparemment. Un peu paniquée, je remontai à la surface et m’éloignai un peu de lui dans l’eau, attendant de le voir remonter à son tour. Mes yeux d’ambres étaient légèrement paniqués et mes joues rosées, mais c’est d’une voix forte et déterminée que je m’adressai à lui.

« Qui êtes-vous et…..et que faites vous ici? (Silence.) Enfin…appart nager…. »

Alors qu’il se laissait désespérément entraîné vers les tréfonds de la mer, retournant au bras de celle-ci, il alla vite être sorti de son état de léthargie. Un retour à la réalité si l’on puis dire, assez violent ou plutôt inattendu. Lui qui se croyait seul en ce lieu, emporté par le calme marin, alla être heurté par une autre personne arpentant les lieux. A croire que le monde et cette étendu bleu n’étaient pas assez grand, qu’on était toujours assez à l’étroit pour être obligé d’entrer en contact avec les autres. La solitude fait certainement partie de ces sentiments que l’on redoute, redoute assez pour l’expier, la rejeter et la combattre à tout prix. Ne pouvait-on pas vivre heureux en son nom ? En tout cas, tant que le monde sera peuplé ainsi, le nombre l’empêchera toujours, alors même que ce dernier vient à être l’origine des ségrégations des Hommes. Un jeu bien hypocrite auquel s’amusé l’humanité, toujours vouloir être avec quelqu’un, mais toujours à être prêt à rejeter l’autre. Enfin, cela n’avait pas plus d’importance que de simples mots, rien ne changera tant que personne ne sera prêt à donner son âme pour cela, le combat universel de l’égoïsme contre l’idéologie. Peu importe maintenant, si le monde à présent l’appelé à l’ordre, il se devait bien de s’éveiller à nouveau. Se ressaisissant en laissant lentement son corps parcourir le chemin inverse vers la surface. Alors que cela semblait si dur de ne pas sombrer au plus bas, à présent il était facile, presque totalement naturel de remonter sans montrer le moindre effort. Se voyant à présent entre eau et air, la partie supérieure de son corps faisant face au soleil au forme si parfaite, à la fois harmonieuse et abstraite. Amenant son regard à sa gauche, il pouvait enfin admirer l’origine de son éveille. Une femme aux longs cheveux vert, une apparence peu commune, elle paraissait si faible et la peur à son visage marqué par sa dernière rencontre sous-marine amplifié cet aspect. Pourtant, sans réellement savoir pourquoi, elle paraissait précieuse, en quoi précisément, il ne serait le dire. Il ne s’agissait pas de lui, il ne pourrait donner une réelle importance à celle rencontré par le fruit du hasard, mais une certaine lueur semblait émaner de sa personne, une détermination lui étant supérieur l’abrité. Assez intéressant il fallait dire, un mystère qu’il était toujours bon à résoudre lui était apporté, en valait-il la peine ?

Lui laissant le temps de poser ses questions avec difficulté, lui posait juste un regard simple, essayant simplement de comprendre ce que son regard pouvait bien transmettre. Une fois qu’elle eut fini de parler, il quitta des yeux la jeune femme, alors qu’enfin il se redressait à présent. Restant une petite seconde avec le regard perdu dans la cascade tombant à plusieurs mètres devant lui, laissant les gouttes tomber en dose le long de ses cheveux pour finir dans le vide et enfin rejoindre leur origine. Gardant toujours son regard simplet, il se tourna enfin vers la femme, lui disant simplement, les yeux fermé, sans le moindre embarra « Nager n’est-il pas une raison suffisante d’être ici. Je me demande surtout ce que vous faisiez ici maintenant que vous avez arrêté cette activité ? ». Se rapprochant maintenant d’elle lentement, ne prenant pas trop d’effort à se déplacer sous l’eau, son avancé vers le bord faisant peu à peu apparaître un peu plus de sa personne. Ses vêtements complètement trempé se voyant alourdi par l’eau, son haut lui blanc et fin au contact du liquide devenait assez transparent. Laissant ainsi apparaître les traits les plus grossiers de sa corpulence. Alors qu’à priori il semblait assez faible, son corps se voyait finalement plus travaillait qu’il ne semblait l’être. Mais plus que cela, la transparence nouvelle de son vêtement laissé voir une énorme cicatrice parcourant son torse en sa hauteur. Des traits assez marqué pour être vu de cette manière, montrant ainsi la gravité de ce qu’avait pu être cette blessure. Mais lui-même ne semblait plus y faire attention, n’essayant même pas de la cacher aux regards des autres, habitant maintenant complètement avec elle. A présent s’avançant de pas ferme sous la terre sous-eau, il ne s’en voyait pas plus rapide, ayant une allure pouvant aspirer confiance comme redouter plus d’un. Allant bientôt arrivé à la hauteur de la dame, il s’arrêta à quelque mètre d’elle.

« Ne vous préoccupez pas de ma présence et continuez donc de nager … je peux aussi vous quitter si vous le souhaitez. ». Son sourire et son regard se faisant à présent accompagner d’un geste de la main. Bras tendu vers la femme jusqu’ici à la fois paniqué et embarrassé, il agissait tout compte fait comme face à un animal effrayé, prêt à sacrifier son bras pour donner un peu plus de confiance à celui lui faisant face. Enfin ça en resté tout de même bien différent, ne sachant pas s’il risquait plus ou bien moins à présent, ni ce qu’était vraiment cette personne, s’attendant alors sans trop d’étonnement à un rejet ou plus encore, ce qui ne serait pas vaine perdu pour autant.

Il s’agissait en effet d’un jeune homme aux traits, ma foi, tout à fait ravissants. Pour moi, il n’en était que plus effrayant. Ce type d’individu était souvent plus fourbe que les autres et les jeunes femmes se laissaient si facilement abuser par leurs sourires charmeurs. Ce n’était donc qu’une raison de plus de me tenir sur mes gardes. Maintenant que la surprise était passée, je reprenais de l’assurance. Bien sûr, le fait de savoir que Suika et Ryosuke accouraient au premier signe de combat qu’ils repéreraient m’aidait un peu à me tenir plus droite et à durcir mon regard. Il me demanda alors surtout ce que moi je comptais faire ici, maintenant que je ne nageais plus. Je désignai les gourdes laissées pêle-mêle sur la berge avec mes bottes, elles aussi à l’abandon.

« Je venais me reposer les jambes et remplir les gourdes. »

L’inconnu commença à avancer vers moi, se découvrant lentement alors que l’eau faisait adhérer ses vêtements à sa peau. J’eu un petit regard pour ma propre personne, heureuse de porter du noir aujourd’hui. Je reportai mon attention sur lui, remarquant une immense cicatrice poindre le bout de son nez sous le tissu. Il n’y avait pas des milliers de façon de se faire une telle blessure, ça non. Cet homme ne pouvait-être qu’un combattant. À priori un ninja. Konoha peut-être? Ou un membre de l’armée Kirienne, de retour de Suna, qui faisait une petite halte santé? Il tendit ensuite le bras vers moi, comme on le tend à un animal pour le laisser nous sentir. Je fronçai légèrement les sourcils. C’était donc ainsi qu’on se comportait envers une dame, hors des terres civilisées? Tant pis, je n’avais pas d’autres choix que de faire avec. Il me dit de ne pas me préoccuper de sa présence et de continuer à nager. Qu’il pouvait même me laisser seule ici si c’était ce que je désirais. J’haussai les épaules, détournant mon attention de l’inconnu pour contempler l’eau miroitante.

« Une telle beauté, je ne puis me permettre de la garder pour moi-seule. (Je reportai mon attention sur lui.) Restez donc, je ne voudrais pas vous priver de ce repos sans doute mérité. Maintenant que je sais que vous êtes là, je ne devrais plus vous heurter de la sorte. (J'ajoutai ensuite, d'avantage pour moi-même. ) Mais avant de l’oublier, les gourdes!»

Je soupirai et gagnai la berge pour y attraper mon précieux butin qui nous serait vital pour traverser le désert. Je me dirigeai ensuite vers la chute pour les y remplir, reportant mon attention à nouveau sur l’inconnu.

« D’ailleurs, pendant que nous cohabitions ici, comment désirez-vous que je vous appelle? »

Oui, j’aurais pu lui demander son véritable nom directement. Mais, s’il était effectivement un ninja, il ne me le donnerait certainement pas de toute façon, tout comme je ne lui donnerais pas le mien.

J’étais donc en train de remplir les gourdes et d’attendre la réponse à ma question. J’en eu effectivement un début, mais il s’arrêta en chemin et je tournai donc mon regard ambré vers lui, soucieuse. Il regardait vers le haut de la chute et, effectivement, des bruits alarmants trouvèrent mon oreille. Je reculai vivement d’un bond, en direction de la berge, alors qu’un premier corps venait de tomber et qu’un enfant ne tarda pas à vouloir le suivre. L’assaillant s’en prit alors à lui. J’aurais voulu réagir, mais je n’aurais pas été assez rapide. Par réflexe, je plaçai mon bras gauche devant moi, prête à faire apparaître de quoi me défendre. Heureusement, ce ne fut pas nécessaire. Kuroro fut plus vif que moi et, sans perdre une seconde, prit la place de l’enfant. Je le laissai donc s’occuper de cet homme aux intentions meurtrières et me ruai vers le gamin.

Une fois à sa hauteur, je pu entendre des sanglotements et une plaie semblait le faire souffrir atrocement à son abdomen. Je le relevai et appliquai une pression sur la blessure tout en l’emmenant vers la berge, hors de l’eau. Le pauvre, si seulement je pouvais faire quelque chose pour l’aider à se remettre. Moi qui avait vu tant d’horreurs dans mon pays, je ne désirais certainement pas les emmener avec moi. Cette traînée de cadavres devrait bien prendre fin un jour. C’est à ce moment que le nageur s’adressa à moi de nouveau, me demandant ce que nous devrions faire de l’assaillant surprise. Toujours occupée à préserver le jeune garçon au meilleur de mes capacités, je ne pris même pas la peine de lui répondre. De toute façon, il ferait sans doute ce qu’il lui plaisait et pour s’en être pris à un enfant et à son père, l’autre le méritait bien. C’est alors qu’un cri familier se fit entendre, un cri angoissé, courant par ici.

Suika « Hime-chan! »

Suika, elle devait avoir entendu le cri provenant d’en haut de la cascade et se ruait à mon secours. Elle dévala la pente de la clairière et se dirigea vers moi, jetant un regard aux deux autres au passage. Puis, elle se précipita à mes côtés avec un air paniqué.

Suika « Ce sang? Est-ce le vôtre? »

Je fis non de la tête et continuai d’appliquer une pression sur la plaie de l’enfant. Mais rien à faire, il saignait beaucoup trop et il pleurait, secoué de sanglots, en hurlant à la dépouille de son père pour qu’il se lève, pour qu’il aille bien. Je me mordis la lèvre inférieure, consciente que la mort l’appellerait bientôt à elle et qu’il n’y avait plus rien à faire. Je levai mon regard implorant vers Suika, qui avait sans doute également compris cette vérité. Nous n’avions aucune connaissance du ninjutsu médical et ce petit allait sans doute mourir ici. Je me plaçai donc à genou, déposant sa tête sur mes cuisses. D’une main, je lui jouais dans les cheveux et lui caressait le front et, de l’autre, je tenais sa petite main tremblante. Je ne portais que peu d’attention aux deux autres, laissant Suika s’en charger pour moi. Si quelqu’un tentait un assaut contre ma personne, elle m’en protégerait.

Cette personne était vraiment intéressante, presque drôle, plus le sérieux prenait place en lui, plus la situation en devenait hilarante. Alors qu’il déplaçait le corps du père, Kuroro lui parlant, pouvait ainsi suivre ses déplacements d’un œil admiratif, en vrai il ne faisait qu’agir de la même façon que son interlocuteur un peu plus tôt. Peut-être avait-il été vexé par l’action de celui ayant mis fin à l’enfant et qui dans son acte l’avait complètement ignoré, voulant donc à présent agir de la même façon. A la différence certes que Teiichi lui semblait tout de même l’écouter, après tout chose normal quand on sait que l’intéressé était ce dernier et non pas l’autre prenant juste cette rencontre tel qu’elle était vraiment et simplement : un jeu. Un vainqueur s’en verrait-il désignait, il était difficile de le dire, rien que le fait que ce jeu constituerait un gagnant et un perdant n’était tout sauf sureté. Mais quand le destin t’es favorable, alors il ne faut en rien le quitter, rester son premier compagnon, quitte à se faire doubler par ce dernier. Jusqu’où sera pousser le vice, voilà la simple déterminante derrière tout cela, il était impossible de déterminer les limites de l’Homme quand il s’agissait de mal, ce dernier n’étant que sa première représentation matériel. Et face à lui se dressait l’une des premières caractéristiques de cette représentation, celui de l’être à l’utopie illusoire, dont sa présence n’est que prétexte aux plus abjectes comportements. Peut-être irait-il jusqu’à tuer celui qu’il essayait de faire se joindre à lui, un lien pouvant se construire lentement n’était que plus rapidement brisé par la peur.

Mais pour l’instant le risque ne l’amenait pas vers ce chemin, mais à l’inverse vers le recrutement. Fais de ton ennemi ton allier, évites ainsi de te faire broyer par les forces extérieurs ... Mais risque toi à mourir de l’intérieur. Pourquoi pas après tout, cela marchait dans les deux sens, seul deux facteurs se voyaient inconnu. Le qui et le quand, qui finira par franchir le pas en premier et quand le fera-t-il. Ce simple doute, cette possibilité promettant un avenir bouleversant, un détail pouvant mettre fin à tout, voilà ce qui faisait briller l’envie de Kuroro. Admirable en effet, presque jouissif de pouvoir participer à une telle chose ... Bouge, bouge, fais de toi ton destin, à jamais fais de ce monde l’objet de tes désirs. Mais sautait à la fosse au lion directement pour atterrir à sa gueule n’avait que peu d’intérêt, quand l’on sait que ce n’est pas l’objectif mais la recherche qui fait le bien, alors étendre au maximum une situation plaisante était une première chose à faire. Alors que l’autre énoncé son envie de voir son interlocuteur le rejoindre dans sa quête assez clair en ses bases, mais bien trop flou en ses faits, concluant cela par le biais d’un pacte de sang via son arme, Kuroro saisit la dites armes sourire aux lèvres. Attirant le manche en sa main, faisant d’un souple geste trancher l’air au contact de la lame, allant effleuré le visage de son propriétaire de base ... Et non, cela n’allait pas être si simple et bien plus dangereux que tu puisses le penser. Es-tu réellement prêt à côtoyer la mort ?

« J’ai à faire, viens donc cela sera plus simple ... »