Je me réveille d'un sursaut dans mon lit, en nage. Encore ces mêmes espoirs que je crois atteindre... mon réveil me déçoit à chaque fois. Dans cette petite pièce blanche décorée de meubles en bois trouvés ci et là, l'obscurité me donne légèrement l'impression d'être tombée dans un nouveau rêve. Je sais tout de même que je suis dans la réalité mais j'aimerais tellement atteindre ce rêve en vrai.
Passant une main dans mes cheveux dénoués, je les ramènent vers l'arrière et tends mon bras libre pour atteindre l'interrupteur. La lumière finit de me réveiller. Je retrouve cette chambre de seconde main car le maigre que je possédais me m'a pas permis plus. Je tourne ensuite la tête vers le réveil sur la table de nuit juste à côté de mon lit. Je ne pus que sortir qu'un soupir de lassitude, il n'est que deux heures du matin.
On pourrait dire qu'une personne normale se serrait recouchée aussitôt pour se réfugier dans ses beaux rêves une fois de plus mais je ne suis pas du genre à me réfugier, cela me donne l'impression d'être faible. Hors, pour mon futur maître, je me dois d'être forte. Cela peut paraître stupide de ce point de vue-ci mais je me dois de me faire entrer cela dans la tête dans toute les circonstances.
Sans me précipiter, je me douche, mets mes habits de combat habituels et réveille sans trop le faire exprès Katon, mon aigle qui est encore un peu petit pour être appelé comme cela. Mes deux katanas dans le dos, je me sens beaucoup mieux. La faim n'a pas encore eu le temps de se manifester. Autant sauter un repas quand on a pas énormément les moyens. J'ouvre l'unique fenêtre de la pièce et laisse partir Katon s'aérer. En le regardant s'élancer dans les airs, je ne pus m'empêcher de rêver me réincarner en aigle...quand j'aurais une existence accomplie comme je compte le faire dans cette vie.

-Dans la nuit que personne ne se dévoile,
La vie ne reprendra que ses droits,
Jamais je ne verrais fruit à ma foi,
Tant que je serais prisonnière de ma toile...

Cette petite comptine qui résumait poétiquement la particularité de ma famille me donne envie de voler. Je tourne le dos à la fenêtre avant de prendre la clé de ma maison. Je m'appuie contre la table en refaisant face à ce morceau de ciel. Je finis par courir vers celle-ci et à bondir au travers.
L'air frais me fait du bien, je cours sur les murs comme si de rien n'était. Tout est calme, je me sens vivante.

Ce n'est qu'après quelques heures plus tard que je remarque que le brouillard ne s'était pas levé contrairement au soleil. Curieux...
Je redescends des toits et me balade dans la ville en regardant les passants. Peut-être aurait un déclic? Mais je suis consciente qu'il ne faut pas trop rêver.
C'est donc à cette heure maintenant avancée que mon ventre se décida enfin à exprimer sa faim. C'est ainsi que je me dirige donc vers les quartiers d'où j'élève déjà une douce odeur de nourriture à ces heures avancées. Cependant, je sais très bien que les heures ne sont pas assez avancées pour pouvoir déjà se poser pour dîner.
J'entre dans le premier bar sur ma droite, assez vide et morne...je préfère ne pas trop parler aux gens tant que je suis encore nouvelle dans le village...
Je m'assieds au comptoir et demande un rafraîchissement en cette étrange journée ensoleillée. Quand le serveur posa le verre devant mon avant bras accoudé au bord de la table, je ne pus m'empêcher de lâcher un soupir, presque inaudible. Sans trop savoir pourquoi, je ressens comme un ennui profond sans la moindre raison. Peut-être est-ce parce que ma vie ne cesse de prendre des tournants inattendus ou bien est-ce parce que j'ai l'impression que je ne rencontrerai jamais ce maître que j'attends depuis le début... peut-être... si seulement je pouvais voir un côté plus positif dans cette situation...

Voyons...