Depuis que j’étais toute petite, l’entraînement avait toujours fait partie intégrante de ma vie. Je me levais à tous les jours avec l’aube et commençais par manger un bon repas préparé par les aînés du groupe avant d’aller jouer au combat avec les autres enfants. Ou du moins, ça c’était au début. On faisait la course, on grimpait dans les arbres et on jouait au roi de la branche. Parfois, les chutes s’avéraient brutales, mais nous nous relevions toujours, prêts pour plus de combat. Depuis quelques années maintenant, cette routine avait cédé sa place à une autre, bien plus exigeante. Lorsque les autres membres du groupe avaient appris que je désirais infiltrer Konoha pour le bien de la forêt, ils avaient joué de leurs relations dans la forêt pour m’obtenir les meilleurs entraîneurs qui soit et, aujourd’hui âgée de 15 ans, j’allais devoir faire la course avec un puma.

Le début de la journée ne s’annonçait pas si mal. Nous nous contentions de grimper dans les hautes collines, au Nord du pays du feu. Là-bas, les arbres étaient plus gros et plus robustes et il serait plus difficile de ne pas trébucher sur une racine, comparativement aux boisés au sud du pays du feu. Les pieds nus, vêtue d’une petite tunique brune défraîchie et sentant la bonne nature, le grand air et le pin , ma crinière attachée en une haute queue de cheval, j’étais prête. Nous ancrâmes solidement nos pieds au sol, bandant nos muscles, respirant l’air frais à pleins poumons, grattant le sol frais sous nos pieds. Sans nous consulter, nous partîmes en même temps, à la vitesse de l’éclair. Enfin, mon compagnon fila comme une flèche, ayant l’avantage de ses quatre pattes et de sa connaissance plus poussée du terrain. Mais je tenais bon, prenant bien la peine de regarder où je mettais les pieds et réprimant des grimaces de douleurs lorsque des rochers pointus commencèrent à faire saigner mes pieds au bout de deux kilomètres. Mais je continuai à courir, portée par le besoin de devenir plus rapide, plus endurante, plus forte. Je me mordis la lèvre inférieure avant de comprendre que c’était une mauvaise idée, je devais me concentrer sur ma respiration si je ne voulais pas avoir un point sur le côté.

Le félin était déjà loin devant et je le soupçonnais d’avoir pris une pause pour m’attendre. Sans doute le retrouverais-je assis peinard, lichant son somptueux pelage couleur fauve. Et j’y crus réellement, utilisant cette pensée pour me motiver, me donner envie de déranger cette bête magnifique qui allait vouloir se payer amicalement ma tête. Le sourire aux lèvres, j’augmentai le rythme. Ce n’est que lorsque des rires tonitruants et gras parvinrent à mes oreilles que je m’arrêtai net, le souffle coupé par la terreur. Je me jetai derrière un arbre, le dos appuyé contre l’écorce. Je respirais si bruyamment, j’étais certaine d’être repérée. Mon cœur battait la chamade et je le sentais jusque dans mes tempes alors que j’avais l’impression que mon abdomen allait imploser. Puis, un feulement rauque et des rires plus forts, bien que nerveux.

Je regardai autour de moi, cherchant sur le sol une quelconque arme pour me défendre et aider mon camarade. Après tout, j’avais beau être une Kyofu, je ne possédais pas encore les griffes et les dents redoutables de mon enseignant le puma. Je trouvai rapidement l’objet de ma convoitise, une roche de bonne taille aux coins pointus. Assez gros pour fracasser un crâne, mais pas suffisamment pour que j’aie du mal à la manier d’une main. Je m’en saisis et risquai un regard vers la source des bruits. Je ne vis rien, je devais encore être trop loin. Au moins j’étais certaine de ne pas avoir été repérée. À pas de loups, je décrivis un arc de cercle pour arriver de la direction opposée, dissimulée dans le feuillage, et avoir un aperçu de la situation. Trois hommes, tous armés de katana, entouraient mon ami qui semblait blessé à la patte et au flanc. Il tenait encore debout et son regard était féroce, mais ces plaies seraient sans doute longues à guérir.

Me sentant approcher, le puma se mit à feuler plus fort encore, provoquant les hommes pour qu’ils baissent leur garde. Je m’approchai de celui qui était le plus près et me tournant le dos, pierre bien en main. Puis, alors que j’étais à moins d’un mètre derrière lui, il voulu se jeter sur mon camarade. Vive comme l’éclair, j’agrippai son chandail d’une main pour le tirer vers l’arrière et stopper sa progression et, de l’autre, j’abattis avec force et rage ma roche sur sa tête. Il vacilla sous le coup et s’effondra. J’en profitai pour frapper encore et encore, sans me soucier des autres. Je faisais confiance au puma qui avait effectivement déjà utilisé ma petite entrée pour se jeter sur l’un des deux hommes restant, plantant ses longues canines dans la gorge du brigand. Le troisième, nous regardant alternativement moi et mon enseignant, décida de prendre ses jambes à son coup. Nous échangeâmes un regard, pas question que cet homme parte d’ici vivant. Pas après ce qu’ils avaient fait subir à mon ami. Nous le prîmes en chasse, ce qui ne dura pas longtemps. Nous étions à l’aise en terrain forestier, lui pas.

Une fois notre besogne terminée, nous marchâmes vers la maison, nous arrêtant au bord d’un petit ruisseau en chemin où je pu nettoyer ses plaies. Sa blessure au flanc était superficielle, mais sa patte avait été salement amochée. Fort heureusement nous nous en tirions à bon compte au final et mon entraînement avait été plus divertissant que prévu. Et un groupe d’humains en moins pour venir polluer notre belle forêt!