Makkura était là, appuyé nonchalamment contre le cadre de la porte. Et il me regardait. Il ne dit rien, demeurant silencieux et s’approchant lentement. Je le suivis des yeux alors que mon sourire se résorba et que mon regard marron devenait soudainement plus réservé, plus contemplatif. Puis, il avança sa main vers moi et je me retins de ne pas le mordre alors que son index caressa brièvement ma lèvre inférieure, la frôlant à peine, afin d’y prélever un peu du sang du moine. Je me sentis frissonner. Puis, il le porta à sa bouche et je continuai à le fixer, presque sans respirer dans l’air soudainement plus tendu. Son verdict ne tarda pas à tomber, ce déchet empestait la peur. Et il n’avait pas tort. Je n’avais même pas pu chasser cette proie. Un peu plus et il s’offrait à moi ce pauvre trouillard! D’ailleurs, Makkura ponctua son jugement d’un violent coup à l’épaule du moine qui trouva mystérieusement la force de gémir à nouveau. Après tout ce sang perdu, c’était un miracle qu’il ne soit pas déjà mort. Mais bon, ça ne tarderait pas. Le porteur du Sanbi se dirigea ensuite vers l’un des murs avant de s’y asseoir et de sortir une bouteille de saké. Beurk. Comment pouvait-il boire ce truc? Il me sourit ensuite, un sourire qui en disait long sur son changement d’attitude envers moi depuis l’examen Chuunin. Je l’écoutai attentivement, curieuse de ce qu’il avait à me dire. Il me demanda si ces cadeaux me plaisaient et si le moine avait bon goût. Puis, il enchaîna en me demandant si Yonbi s’avérait suffisamment puissant pour moi. J’allais répondre, mais il s’empressa de continuer, me complimentant alors que cette couleur écarlate me seyait apparemment à merveille. Quel joli compliment. J’abandonnai le moine agonisant pour m’approcher de Makkura et m’asseoir devant lui. Je lui souris alors de nouveau, plongeant mon regard dans le sien.

- Le moine était infect et faible. Il y a sang bien meilleur que le sien… Yonbi sera un bon allié et pour moi, il mérite le même respect que les êtres de la nature, ceux pour qui je me bats. Pour leur offrir un monde parfait et débarrassé de la pourriture humaine. Ne t’en fais pas, je suis une Kyofu, je suis née pour devenir l’amie de ces êtres nobles. Il ne représentera aucune menace pour moi.

Puis, je vis ses yeux. Une pupille maintenant rouge comme le sang, sertie de tomoes. La dernière fois que j’avais eu la chance des les voir, c’était dans l’infirmerie alors qu’il était venu me voir, peu avant que je ne pose ma main contre sa joue et qu’il ne me prenne à la gorge. C’était presque un beau souvenir quand j’y repensais maintenant. J’approchai mon visage un peu plus de lui, sans trop m’en rendre compte. Comparé à ce moine…bon sang. L’odeur de Makmak était…ce que je donnerais pour mordre la nuque de cet être et goûter un peu de toute cette puissance et de toute cette haine. Je ne pourrais même pas le considérer comme une proie, il ne me craignait aucunement. N’étais-ce pas merveilleux?

- Est-ce pour cela que tu as pris ces yeux? Pour mieux m’admirer? Qui est-ce qui disait que je n’étais rien de plus qu’une éventuelle collaboratrice déjà?

Mon sourire s’était fait joueur, mais lorsqu’il désactiva ses pupilles j’éloignai mon visage du sien en prenant une mine légèrement boudeuse. Il dit quand même pour la première fois que j’étais son égal et qu’il était excité à l’idée de massacrer plus de merdes comme le moine en étant à mes côtés. Hmm, quel choix de mot intéressant. Était-ce volontaire? Était-ce une pensée qui lui avait échappé? Dans tous les cas, mon air boudeur avait laissé la place à un sourire légèrement moqueur. Ce fut à mon tour de tendre la main vers lui, l’effleurant de mes doigts ensanglantés, traçant un chemin écarlate qui frôla sa mâchoire et descendis le long de sa jugulaire pour finalement s’arrêter là où ses vêtements m’empêchaient d’aller. Mon regard s’était concentré sur cette trainée de sang et j’avais cessé de respirer durant un instant, celui où j’avais pu sentir le pouls de Makkura contre mes doigts fins. Puis, je fini par reporter mon regard dans celui de l’Uchiha, intensément, sans ciller.

- Tu m’en as laissé d’autres, comme c’est gentil. Mais ce serait mal de les faire attendre, tu ne crois pas?