J'aime cet endroit. Si on me demanderait pourquoi, je lui dirais que c'est parce qu'il me ressemble. Il est difficile à connaître tout d'un marais qu'il s'agisse des coins sans danger ou bien des endroits où on peut trouver ce qui peut être comestible. En parlant de nourriture, il est vrai que beaucoup de champignons poussent dans ce coin tranquillement sauvage. C'est en sautant doucement du bout des orteils de branche en branche pour éviter les mauvaises rencontres en bas que mon ventre se manifesta d'un grand bruit qui ne pouvait exprimer que son envie de gourmandise...sanguine.

De mes yeux rouges, j'observe la nature qui m'entoure. Je m'accroupis sur ma branche qui me semble assez solide et attend en silence que quelque chose vienne...

Dix minutes passèrent quand les feuillages entre deux arbres bougèrent. Tenant tout mes sens aux aguets; je me prépare à toute les éventualités; un humain? un chien errant? un raton laveur? Le choix du menu est diverse dans un marais mine de rien... Les feuilles se soulevèrent les unes après les autres avant que mon futur repas apparaisse enfin clairement. Ce n'est qu'un rat. J'avoue que je suis un petit peu frustrée d'avoir attendu pour quelque chose d'aussi peu consistant. Mais j'ai trop faim pour pouvoir attendre encore plus longtemps. Je pose une main sur mon ventre en priant pour qu'il ne fasse aucun bruit avant que je n'attrape mon repas.

Le rat avançait à petits pas prudents. Il doit sûrement savoir qu'il est observé. J'ai un grand respect pour cette qualité animale; le doute, la méfiance... Il est presque en dessous de ma branche. Aller! Encore un peu...

-YAAAAAAAAAAH!

Je saute de ma branche sur le rongeur qui n'eut le temps que de lever sa tête dans ma direction. Les canines et les mains en premier, je le saisi au cou pour qu'il n'aie pas le temps de me mordre pour le mordre au ventre...quelle ironie. Le sang provenant du l'artère du coeur est toujours bien meilleur que celui des pattes ou de l'intestin. L'animal mourut quand je prenais la deuxième gorgée de son sang. Il devait être encore jeune pour avoir un sang aussi... ''goûtu''. Je m'assieds sur le sol et profite de chaque gorgée du met tant attendu.

Soudainement, une espèce de bulle grandit juste à côté de moi. C'est étrange mais il me semble avoir déjà vu une bulle de ce genre dans les environs...des les zones plus marécageuses...

-K'so!

Je n'eus à peine le temps de me déplacer que mes pieds étaient déjà embourbés dans une espèce de sable mouvant. Quelle poisse! J'essaie d'attraper une branche ou tout ce qui pourrait m'aider à me dépêtrer de ce...merdier ,je ne vois pas d'autre mot pour décrire la situation. Mais rien de très utile ne se trouve à portée de main. Je me débats comme je le peux mais je suis déjà embourbée jusqu'à la taille...

*Vais-je mourir pour avoir osé ôter la vie d'un rat !?*

Il n'y a sûrement personne qui m'entendra si je crie, je suis dans un marais! Résignée, je ferme les yeux et ressent la boue qui m'entoure de plus en plus. Je vais être aspirée par la terre et personne ne m'aura vraiment connue...c'est vraiment regrettable.

J'avais fermé les yeux en attendant que le boue ne vienne complètement de submerger et que je disparaisse véritablement de cette planète. Je ferme un à un mes sens pour ne pas souffrir... Le goût, la terre qui ferma bientôt son entrée, je bloque. La vue, même si je veux voir la mort en face, je ne tiens pas à voir la terre en face. L'odorat,... Quel ironie d'être mangée par la terre en mangeant un rat. Soudain, il me semblait entendre un bruit, un murmure. Je n'ai pas encore fermée l'ouïe. Serait-ce un autre rat venu me narguer? Puis, ce fut un bruit de branchage coupé. Non, c'est bien plus gros qu'un rat. Par curiosité, j'ouvre les yeux et ,contre toute attente, c'était deux femmes ,parfaitement identiques et qui me tendaient un branchage à l'air plutôt solide, que je vis.

''Attrapez cela, nous allons vous sortir de ce piège de boue !''

Sûrement des jumelles. Sans la moindre once de panique dans les yeux, j'attrape cette espoir de vie et me laisse traîner jusqu'à la terre ferme. La boue s'était enfoncée dans mes vêtements; mon pantalon, mon pull noir,... J'ai même perdu une chaussure dans cette ''terre mouvante''. Quel merdier! Il y en a même sur le bout de mes cheveux. Je n'ai même pas la force d'enlever la boue qui fait coller mes vêtements à ma peau. Les jumelles vont sûrement voir ma silhouette squelettique ressortir. Elles vont peut-être même avoir peur de moi et partir sans même attendre un remerciement et en priant pour ne jamais me revoir. De toute façon, ce ne serait pas la première fois que ça arriverait. Je suis une erreur de la nature de toute manière. Pourquoi s'occuper de moi alors? Je ne suis pas négative mais réaliste. La plupart des gens censés devraient agir positivement mais je pense que ça se rapproche plus du mensonge...Enfin, chacun sa manière de voir...

Regardant ainsi les deux jumelles, je dois faire pitié à voir à genoux, comme ça, avec mes vêtements crasseux et mon sac à dos presque foutu. Malgré le fait que la terre devrait leur en vouloir, je ne pus m'empêcher de murmurer;

-...merci...

Alors que je m'attendais à les voir déguerpir en toute hâte, l'une des deux jumelles se superposa à l'autre pour qu'elle ne deviennent plus qu'une seule. C'est une bien étonnante technique... à la fois utile et peu rassurante. Il se peut qu'elle ne ressemble, ne fusse qu'un peu. Après tout, parler à quelqu'un ne me tuera pas. Je n'ai pas assez mangé et je parie que je ne tiendrai même pas sur mes jambes. Une main me saisit à la mâchoire pour faire remonter ma tête. Elle a pénétré ma sphère de sécurité! J'ai faillit lui montrer mes dents pour lui dire de ne plus jamais recommencer quand un grand sourire rencontra mon regard couleur sang. Je n'eus même pas le temps de retrousser les babines. Qui est-elle cette fille à l'aura si calme?

Prenant la situation avec humour, elle me dit que je suis loin d'avoir un style à la mode et que ma chaussure est loin d'être sauvée et que mon pied ne sera plus à l'abri des cailloux du marais. Ce n'est pas un problème. Habituellement, je les garde pour éviter d'être brûlée trop vite mais je ne pense pas particulièrement aux cailloux. Dans son monologue, elle me donna son nom; ''Koyuki''. Il me semble que ça veut dire ''neige fragile'' ou bien quelque chose dans ce style. Un nom qui explique la couleur bleue de ses yeux.

- Je suis Arita. Je sais que ma présence dans ses parages peut vous sembler anodine mais la vôtre en en bien plus encore. Vous êtes ninja à en juger à votre bandeau frontal. Seriez-vous en mission, Koyuki?

J'espère que, si c'est le cas, il ne s'agit pas de neutraliser une menace non identifiée. Il est vrai qu'il m'est arrivé de tuer un ou deux civils mais rien de bien méchant...non?

Non, elle n'est pas en mission. C'est de bonne augure sauf en cas de mensonge. Il est rare de tomber sur des ninjas qui prennent la peine de discuter avec les personnes qu'ils croisent. J'ai toujours eu un image très clichée et conditionnée par les légendes des ninjas; sombres et ténébreux, empathiques et froid à l'air hautain et puissant qui vous snoberaient si vous leurs demandez son nom. Mais non, elle, ninja Koyuki, demande même les noms et la raison de la présence d'un personne dans ce genre d'endroit. C'est pour dire si j'ai été éduquée par des empotés ou non...la question ne se pose même pas.

-Disons que...je sillonne les routes au hasard et que je suis tombée dans ses environs... Je ne trouvais pas d'autre chemin plus rapide vers le pays de la pluie et on m'a dit que l'air y était plus frai. Voyez-vous, je viens du pays du vent et les températures ne sont pas très bénéfiques à long terme et sans y être habitué. J'aurai voulu ne pas perdre mes maigres possessions mais on ne peut pas tout avoir...

...et j'aurai voulu que personne ne me voie manger un rat aussi mais c'est pas le plus important...ou presque. Rien à voir avoir ces petites campagnes toutes tranquilles mais je ne vois rien d'assez divertissant dans ce genre de contrées...même si il y a pas mal de vaches assez nourrissantes, on se fait plus facilement repérer par les fermiers qui ont souvent le malheur de poser des pièges. Je me souviens de la fois ou j'ai failli me prendre dans un piège à ours. Je crois que j'aurais même pu y laisser une jambe si la personne qui me traquait l'utilisait pas de torches qu'il s'amusait à lancer dans ma direction. Sans vouloir faire de mauvais jeux de mots, j'ai eu vraiment chaud.

-Et puis, je ne trouve pas cet endroit si déplaisant. Après tout, il ne semble pas si peu fréquenté et votre présence le prouve.

''Une simple coïncidence de se retrouver dans cet endroit au même moment, quand on m’a dit de venir voir ici, je ne m’attendait même pas à croiser qui que ce soit il faut dire. Une chance pour vous que je soit passé par là d’ailleurs, qui sais ce qu’il vous serait arrivé. Sinon, que diriez vous d’aller manger un morceau, j’ai vu une auberge sympa dans le coin, j’y ai mangé un bout un peu plus tôt, c’est pas mal du tout, qu’en pensez-vous ?''

Une coïncidence? C'est bien possible. Bien que ce soit en quelques sortes une chance qu'elle soit passée. La terre allait enfin se débarrasser de l'erreur de la nature que je suis. Manger? Je ne pense pas que les restaurants servent le gibier sans le cuire. Je peux peut-être demander un steak bien saignant voir au bleu. C'est peut-être bon du sang chaud mais pas du réchauffé, j'en suis sûre! Je sais qu'il est inutile de demander un steak pas cuit, j'aurais l'air très maline sur ce point-là.

-Heu...j'ai déjà mangé, c'est gentil...

J'ai quand même toujours faim mais ce que j'ai dit n'est qu'un demi-mensonge; ce n'est pas parce que on a déjà mangé que on n'a plus faim...
Tout ça commence à me mettre mal à l'aise; je n'ai pas l'habitude de converser aussi longtemps avec la même personne et on dirait qu'elle fait tout pour rester un peu plus longtemps ici. Elle est belle, jeune et forte. Pourquoi risquer sa vie tout les jours alors qu'elle pourrait vivre une vie saine, à l'écart de tout danger avec un mari qui l'aime et deux beaux enfants? Moi, je dis ça, je dis rien.

J'eu soudainement l'envie de courir à toutes jambes, loin et disparaître aux yeux de l'humanité toute entière. Subsister seule à tout mes besoins. Sans maîtres ni lois! Retour aux source, à la nature mère, à ma nature. J'ai envie de lui dire qu'elle peut tout choisir elle aussi, qu'elle peut aller où elle veut, quand elle le veut si elle croyait un peu moins aux ordres régis pas ses ancêtres et qu'elle oublie complètement son passé. Cueille le jour comme disait un grand homme qui est mort il y a des siècle et je trouve que c'est le seul qui ai raison dans ce bas-monde. Les humains sont une erreur, ils se disent proches de la nature mais la détruisent pour construire des murs qui permettent de ne plus la voir et se disent ensuite en ''sécurité''. C'est une notion qui n'existe pas! Nous sommes constamment en danger, quoi qu'il arrive...et je le sais mieux qu'elle...je pense...

Soudain, un petit bruit dans les buissons à ma droite me fit frémir légèrement mon oreille la plus proche de la source de ce son. J'y jette un regard en coin et vois un autre rat. Tant pis, j'ai trop faim. Je bondis rapidement de ma position jusqu'au buisson et l'écrase de ma main à la gorge; entre le pouce et l'index dont les ongles se sont enfoncés dans la terre. Je referme encore plus mon étreinte jusqu'à ce que le rongeur arrête de bouger faute d'air. Et sans même faire attention à Koyuki, je mords dans le cou du malheureux et me mit à aspirer le sang pour la deuxième fois de la journée...

Je me rendis compte de ma grande quand j'eus terminé d'aspirer l’hélixir de vie du petit rongeur. J'écarquille les yeux dans le vide en espérant de ne pas recevoir un dard métallique dans le dos...mais rien ne vint. Et voilà! Moi qui m'attendais à avoir enfin une relation peut-être mieux construite qu'habituellement avec un humain ''normal'' aussi bien en apparence que en habitudes quotidiennes, voilà que mes habitudes fondées sur la loi de la jungle reprenne. Cependant, à ma grande surprise, Koyuki eut l'air de prendre ce fait de manière objective en relevant oralement que c'était ''insensé''... Et alors? Pourquoi ne court-elle pas à toutes jambes? Dans un second plan, il est préférable qu'elle ne coure pas comme une folle. La dernière fois, c'était un enfant qui m'avait pris en flagrant délit de ''repas'' et qui c'était enfui. J'avais encore très faim et j'étais bien placée pour savoir que un enfant ira tout dire à ses parents ou à ses amis. Même si personne ne le croirait, il y aurai sûrement une personne objective pour vérifier ses dires et c'est là que je devrais à nouveau tout faire pour disparaître des mois durant...et ça, c'est une chose que je refuse d'expérimenter à nouveau. Koyuki termina sa phrase en disant que mon accident serait plutôt le fruit de la vengeance de dame nature.

-Une vengeance? Je ne sais pas qui est blâmer entre quelqu'un qui tue l'animal pour se nourrir de sa chair et de quelqu'un qui se contente seulement du sang... Je pense plutôt qu'elle cherche a effacer ses erreurs...un peu comme chacun d'entre nous...ou presque.

Je remarque que j'ai toujours le rat en main. Je m'agenouille, pose la dépouille du rongeur et commence à creuser à pleins ongles un creux dans le sol. Koyuki se remit à parler de la solitude que je dois sûrement éprouver et du dégoût que doivent éprouver les autres à ma vue... Elle semble me comprendre...il semble que les personnes objectives dans tout les sens du terme existent. C'est étonnant... Elle termina comme conclusion que ce qui ne tue pas rends plus fort. Selon moi, tout dépend des circonstances...Je pense que ce qui nous tue pas tend à nous rendre plus...bizarre. Cependant, je suis trop heureuse d'avoir trouvée une personne qui me considère comme une humaine à part entière. Elle doit être folle ou incroyablement civilisée... Je ne pus m'empêcher de sourire et de dire en hochant la tête;

-Oui!

Koyuki ne put s'empêcher de s'offusquer quand elle comprit que je me désignais comme erreur de la nature. Je ne pus m'empêcher d'esquisser un léger sourire avant de reprendre mon air habituel, froid et sans répartie. Me rabaisser? Non, ce n'est pas mon genre. Selon moi, je me dirais réaliste. Quelle idée qu'à eue la nature en créant une créature qui fait fuir celles qui lui ressemblent le plus ou essaient de la tuer? Peut-être suis-je un simple test, peut-être un vulgaire essai, un premier exemplaire de ce que pourrait être une nouvelle race d'humain. Cette pensée ne put m'empêcher de me faire rêver, durant l'espace d'un instant, que d'autres personnes pourraient aussi se nourrir du sang des animaux les entourant. Koyuki termina par me dire que je ne devrais plus jamais penser à ce type de réflexion. J'ignore si je peux contrôler le fil de mes pensées mais je suis sûre que celle-ci ne s'effacera pas de si tôt. Puis, la kunoïchi se posa au sol et sortit quelques dards en métal qu'elle se mit à travailler. Je termine de creuser le trou qui me parut assez profond. Je reprends en main le cadavre du rat qui m'a offert son sang pour repas et le dépose au fond du trou en murmurant de faibles paroles que moi-même j'ai du mal à entendre;


Koyuki m'adressa à nouveau la parole alors que je rempli le trou de terre fraîche. Elle me demanda comment je me défends. C'est assez compliqué comme question et je ne sais pas trop comment répondre. Je me gratte l'arrière de la tête avec ma main droite.

-Disons que... je ne sais pas ce que tu veux dire par ''talents de ninja'' mais...

Je repose ma main au sol et termine la petite tombe improvisée du rongeur en y inscrivant plus au moins comme il le faut 天国 (ciel). Histoire que sa petite âme y parte au plus vite tout en achevant ma réponse.

-...J'ai appris à me défendre avec les animaux. Vous savez, ça m'arrive souvent de me battre avec un ours ou un chien errant mais il faut aussi apprendre à se fier à ses intuitions et pas seulement aux muscles. J'ignore si un ninja a le même type de réflexes mais, si c'est le cas, je pense que j'ai des ''talents de ninja''.

J'accentue le ''talents de ninja'' en dessinant des petits crochets avec mes deux index et mes deux majeurs dans les airs. Ce petit jeu de question réponse commence à devenir agaçant. On dirait qu'elle cherche à savoir quelque chose en particulier. Si elle m'a menti en disant qu'elle n'était pas en mission, c'est que soit elle cherche à connaître le cause de mes actes ou bien qu'elle cherche à endormir ma vigilance. Je dois rester aux aguets...

Elle termina son travail de dards métalliques et les rangea soigneusement dans une pochette tout en écoutant ma réponse mais leva légèrement les yeux quand je lui ai dit que j'avais appris à me défendre grâce aux animaux. Je me demande dans quel sens elle l'a comprit. Puis, comme si elle avait lu dans mes pensées, elle me demanda de la pardonner de l'effet ''interrogatoire'' de la conversation puis ma demanda avec quel type d'animaux j'avais appris à me battre. Elle aurai apparemment eu le même genre d'apprentissage. Curieux... L'aurai-je déjà croisée une fois? C'est peu probable mais ça reste possible...

-Et bien...c'est grâce à ceux qui m'attaquaient en quelques sortes. J'ai appris à me déplacer sans bruit quand je chassais les rats. J'ai appris le corps à corps grâce aux loups et aux ours pour la ruse. C'est que c'est pas très malin un ours. Puis, il y a les chiens errants qui jouent plus souvent des crocs et...quelques fois les humains qui m'attaquaient qui m'apprirent la fuite et...

Je préfère me taire quand à la suite des explications. Je ne sais pas si elle pense comme moi que les humains sont des êtres vivants au même titre que les animaux. Je ne peux pas tout lui dire tout de suite. Je viens à peine de la rencontrer et, même si elle sembler montrer beaucoup de point commun au niveau du passé, elle serait encore capable de penser que je suis un monstre. Parce que j'aime boire le sang. J'aime ressentir cette fierté d'être chasseur et le fait de faire peur à ma proie me procure un plaisir impossible à mesurer. Une personne censée sait quand quelque chose est mal et doit se sentir mal une fois la faute commise mais je ne ressens rien de tout ça...rien du tout! Je me donne une couverture d'âme sensible pour masquer la bête qui n'aime pas avoir de la conversation et qui n'aime pas être en position défensive. Durant toute ces années, j'ai appris à vendre chèrement ma peau quand la situation me semblait désespérée et je suis encore là!

Voyant que j'étais un peu dérangée par le manque de confiance que je lui accorde, Koyuki me demanda d'abord pourquoi je ne termine pas ma phrase mais elle reprit tout de suite sa question en me demandant ce qu'elle devrait faire pour que je puisse lui accorder ma confiance. Elle n'a rien contre moi et sait ce que c'est la vie entourée par la nature.

-Ma foi...la réponse à ta question me paraît assez complexe à expliquer...

Il est vrai que j'accorde peu de confiance aux êtres humains mais le pourquoi est tout simplement parce qu'ils n'aiment pas la différence. Surtout quand il y a des tendances au ''cannibalisme'', ça les fait tous flipper. Mais pourquoi pas à elle? Je prends une grande inspiration. Elle semble peu belliqueuse, je sais que je peux tout lui raconter. Et puis, étant en quelques sortes ''cousines de nature'', on ne peut que s'entendre.

-Disons que...au départ, j'ai été adoptée à ma naissance avec une famille qui m'a toujours craint sans que je ne sache la raison. J'avais toujours du mal à me nourrir parce que mon alimentation n'était pas adaptée à mon corps. C'est le jour une bête errante m'a attaquée que j'ai compris comment je devais me nourrir. Tout le village était témoin de ce repas. Ma mère m'a ensuite chassée du village...

Je regarde dans le vague tout en me remémorant en détail les dernières images de ma mère adoptive qui m'avait lancé le maigre sac à dos que je possède toujours avant qu'elle ne me dise de partir. Elle avait l'air ni inquiète pour mon sort, ni pensive, ni compatissante. Je n'étais qu'une créature qui devait disparaître de sa vue, de sa vie.

-Je me contentais toujours de sang animal comme les rats ou bien celui des animaux qui m'attaquaient. Je parle au passé parce que je n'aurais jamais pensé que le sang humain serait entré dans mon menu...

...en plat de choix même. Le petit enfant qui m'avait surpris l'autre jour a été sûrement déjà été retrouvé avec ma signature dans le cou à savoir deux petits creux sanguinolents. Ce fut mon dernier repas consistant. Je regarde mes mains posées au sol quand je remarque qu'une goutte venait d'humidifier le sol juste à côté de moi. Non, il ne pleut pas. Une larme venait de couler.

-J'ai déjà tenté de voyager avec une personne me ressemblant mais... je lui avait accordé ma confiance, mes services, je pilais les passants pour elle, je chassais pour elle... Jusqu'au jour où elle voulu me récompenser d'un coup de poignard dans le dos. Je...je n'avais pas le choix...

Comme ça, elle devrait comprendre pourquoi j'ai autant de mal à accorder ma confiance à n'importe qui... Même si c'est assez douloureux pour moi.

-Koyuki... peut-être que nos chemins se recroiseront mais je ne tiens pas à ce que l'un coupe l'autre. Promettez-moi de ne rien dire à personne...s'il vous plaît...

Cette fille est...étrange. Je sais parfaitement que je suis mal placée pour dire cela mais d'une manière objective, je pense qu'elle n'a que en partie confiance en elle. Sûrement à cause de cette ''jumelle'' en elle. Elle me promit que notre rencontre restera dans sa mémoire et qu'elle n'en parlera pas. C'est déjà une bonne chose. Apparemment, dans son monologue, j'ai compris qu'elle venait de Kiri no Sato. Si mes souvenirs sont bons, ça le village caché de la brume...ou du brouillard. Elle se méfie toujours de son village malgré qu'elle y soit intégrée. Je pense pouvoir comprendre ça. Elle me dit aussi qu'elle m'aidera si les Hommes tentent de m'éliminer. Je ne pense pas que je l'appellerai à l'aide si c'était le cas. Je ne veux surtout pas la déranger dans ses plans. Je ne sais plus trop quoi penser de la situation. Je me demande si je devrais survivre quoi qu'il en coûte, peut-être pour narguer ce monde ou bien si je dois me laisser guider et tenter de garder un comportement normal et correct. Seulement, est-ce possible? Voilà encore une question à laquelle je ne trouve pas de réponse. C'en est presque agaçant.

Durant ma phase de réflexion, je remarque que Koyuki semblait aussi réfléchir de son côté. Il ne me semble pas que je ne l'ai jamais vue auparavant... elle me rappelle quelqu'un provenant d'un lointain passé. Peut-être l'aurais-je seulement aperçue ou bien entrevue mais son visage, en pleine réflexion, me ravive une petite partie de ma mémoire enfouie au plus profond de mes souvenirs. Mais peut-être que je l'ai rêvé, peut-être que je me fais tout simplement des illusions...

Puis, quand elle sortit de sa petite méditation, elle me demanda si je serai capable de vivre avec mon aversion pour les humains ''normaux'' et avoir malgré tout une vie sociale. Non, je ne crois pas. La solitude m'apporte une sérénité et une sécurité que je n'aurai avec aucune personne vivante de ce monde. Je me redresse et me mets à genoux en m’asseyant sur mes talons et reprends mon air sérieux.

-...excusez-moi mais j'ai menti.

...du moins en partie. Je reprends une forte inspiration. Elle semble avoir vécu le même type d'histoire que moi. Je pense pouvoir tout lui confier...

-Je ne suis pas assez humaine pour avoir ne fusse qu'un semblant de vie sociale. La personne dont je vous ai parlé, n'a pas tenté de me tuer. Elle ignorait que je me nourrissais exclusivement de sang et ça faisait plus de deux semaines que je n'avais pas eu autre chose que du sang de rat ou bien je me contentait de ce qu'une pièce de viande saignante pouvait me fournir...

Je sais que je devrais toujours me méfier mais il dégage de cette fille une...espèce d'aura qui respire la sincérité, la confiance en soi et le calme. Ai-je tord de tout lui dire, je ne sais pas. Mais le vent m'appelle et je ne tarderai pas à reprendre la route avec lui.

C'est assez compliquer de se confier à quelqu'un. Mais sachant qu'il n'y a que très peu de chances de se recroiser, je ne crois pas que grand monde pourra savoir qu'elle a parlé avec moi. La personne en question était très attentive à ce que je disais. Si la moindre chose la choque, ça se lirait certainement sur son visage. Le temps que j'eu terminé ma phrase, elle me demanda ce qui c'était passé. Ce n'est pas assez évident? Je l'ai tué, il ne faut pas être ninja médecin pour le comprendre. Bon, il faut que je me calme, que je respire. Je ne vais pas la laisser sans réponses quand même?...Quoique...

Je me penche légèrement en arrière jusqu'à avoir mes fesses à terre et mes pieds à plat au sol. J'entoure mes jambes de mes bras et les serre contre moi tout en penchant ma tête contre mes genoux...ça réchauffe un peu mais ça me permet de cacher un peu mon visage qui afficha un grand sourire. Je l'ai bien tué, oui. Il était exaspérant et il avait une blessure au poignet que j'avais soignée. Je n'avais pu m'empêcher de goûter son sang au passage. Il était exquis et gorgé d'oxygène. Il avait mal, oui. Mais je n'en avais que faire. J'y ai pris un plaisir incroyable. Si j'étais ne fusse qu'un peu ''normale'', je l'aurai regretté par après mais il n'en fut rien. Je ne regrette rien ,non ,rien. Constatant qu'elle cherche sûrement ce que mon visage cache, je me mords la langue pour forcer une larme à couler pour la seconde fois. Ce qui ne pris que très peu de temps. Je relève ensuite la tête vers Koyuki.

-Avez-vous déjà sentit cette nécessité de vous convaincre d'une chose absurde pour vous sentir plus...vivante?

Zut! En me mordant la langue, une goutte de sang filtra à travers une petite plaie. Elle glisse sur mes papilles gustatives qui en frémissent de plaisir. Il ne faut pas que je n'aie pas de pulsion maintenant. Je ne veux pas la tuer. J'approche ma main de mon visage et fait mine de m'essuyer la bouche pour enlever la goutte en question.

Koyuki leva la tête et me dit qu'elle profite de la vie comme elle le peut. Jolie philosophie... Dommage que je n'adhère pas. Je n'ai qu'un bonheur qui me permet d'être égoïste; courir entre les arbres et me nourrir de sang me suffit amplement. Après tout, c'est ce que je fais chaque jour et je suis loin de m'en lasser. De la à dire que je prends la vie comme elle vient... Disons que je la vis comme je l'entends ou plutôt comme je veux qu'elle soie. Je choisis de jouer avec mes proies ou non, je choisis de courir ou de marcher et aussi combien de temps. Je suis le rythme de mes battements de coeur qui me dirigent vers ce futur que tout le monde essaie de comprendre. Seulement, je ne veux pas savoir de quoi demain sera fait ni pourquoi à moins que ce soit en rapport direct avec ma situation actuelle. Mais comme je suis assez éloignée de toute civilisation en général, il n'y a que très peu de chances que cela m'arrive un jour de manière directe. Mais bon, je ne suis jamais dans des situations gênantes mis à part aujourd'hui avec cet espèce de sable mouvant en plein marécage. C'est un peu étrange maintenant que j'y pense...

-Chacun sa vie, chacun son chemin et sa manière de le voir... Le vôtre était-il sinueux?

Autant changer de sujet de conversation. J'ai l'impression d'avoir trop parlé de moi et cette jeune femme m'a l'air bien trop compréhensive à mon égard pour avoir les mains propres. Je n'ai jamais dit que je la soupçonnais d'être comme moi, loin de là, il faudrait vraiment que j'aie de la chance pour être tombée sur une personne ainsi sauf si elle tente de m'amadouer d'une quelconque manière. Il est vrai que tenter de suivre quelqu'un qui me comprend parfaitement et l'aider quoi qu'il arrive peut être quelque chose d'intéressant voire même que ça pourrait donner un sens, un but à mon existence que je ne cherche même pas pour le moment. Cependant, je ne suis pas un toutou qui obéit pour n'importe qui et je finirais sûrement d'une manière ou d'une autre de tenter de tuer cette personne en question. Non, autant que je n'aie pas à me faire une blessure psychologique de plus tant que je le peux. D'autant plus que c'est déjà arrivé une fois par le passé. Reproduire une erreur à l'identique serait comme ne rien avoir apprit et ce serait le signe d'une intelligence décadente. En attendant la réponse de Koyuki, je fais tourner mes jambes sur la droites en les décalant l'une de l'autre, les genoux touchant le sol et la main gauche stabilisant ma position. J'espère qu'elle a pas mal à me raconter aussi, elle me doit bien ça après tout. Une petite comptine me trotta en tête...


Je ne sais même plus d'où je l'ai retenue mais ce n'est pas l'important. Il se pourrait...non, il est presque certain que je suis en partie jalouse de cette fille. Elle semble si parfaite, si compréhensive, si...heureuse de ce qu'elle est...
Non, je ne dois pas être jalouse. Elle n'est pas libre, elle doit obéir telle une asservie par un pacte confirmé par son bandeau frontal qui sert de plaque d'immatriculation. Non, je ne dois pas être jalouse d'avoir un devoir qui ne me regarde pas. Je suis peut-être égoïste mais libre...libre comme le vent!