Les apparences. Je ne comprends pas ce que vous avez avec ça. C’est tellement insignifiant, tellement inutile. Oui, je suis une femme et je trouve l’apparence physique inutile. Mais puisque vous y tenez. Je ne suis pas belle, je ne suis pas unique comme un flocon de neige. Je suis grande et maigre comme une longue branche de bambou. Non, je n’ai pas de poitrine, juste au cas où votre esprit pervers se posait la question. Je marche la tête baissée et je n’interagis pas avec les autres. Je fais la moue et je détaille les gens d’un air désintéressé et c’est tout. Vous ne verrez pas mes pupilles briller à la vue d’un être soi-disant spécial. Je ne suis pas intéressée.

Mon teint est blafard. J’ai l’air d’un cadavre ambulant. D’une momie plus fraîche que nature. En fait, ma peau est presque translucide, diaphane. Donc, bien sûr, j’attrape des coups de soleil plus fréquemment que n’importe qui. J’adore passer de longues heures à peler ma fragile peau. C’est un passe-temps comme les autres et puis je peux réutiliser le tout pour obtenir mon ADN. Cela mis appart, mon corps est parsemé d’une multitude de blessures chimiques, causées par différents produits que je me plais à manipuler. Mais ça, c’est quelque chose que je ne veux pas montrer aux autres, ils comprendraient ma plus grande force. Ainsi, mes vêtements cachent toujours le plus de peau possible. Si je ne me soucis pas de mon apparence, je ne néglige pas pour autant les capacités d’analyse de mes ennemis. La plupart du temps je privilégie les vêtements noirs, ils font fuir les indésirables.

Mes cheveux sont d’un noir d’encre, couleur qui tranche tout particulièrement avec mon teint. Ils sont d’une longueur régulière. Non mais, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise? Des cheveux ce sont des cheveux. J’ai une frange et je laisse deux mèches encadrer mon visage pointu, tout simplement. Non, ils ne sont pas doux et soyeux. Ils sont secs et ne resplendissent pas au soleil. Suffit les stéréotypes de kunoichis qui se prennent pour des modèles de beauté. J’ai mieux à faire que de me peigner. Là, les brillants qui ont remarqués les auréoles de couleur autour de mes yeux s’empresseront de dire que je me maquille pourtant. Non, ce n’est pas du maquillage. C’est un acide puissant qui a failli m’arracher les yeux et qui a laissé des traces indélébiles sur mon visage. Je ne gaspillerai jamais mon temps avec ce genre d’âneries. Parlons-en justement de ces yeux. Ils sont turquoises. J’ignore de quoi mon regard à l’air, je ne passe pas non plus mes journées devant mon miroir. Ce que je sais par contre, c’est que les gens baissent souvent la tête lorsque je darde mes iris sur eux. Aller savoir, peut-être je suis effrayante. Mes lèvres adoptent un air boudeur en tout temps. Mon expression est impassible, désintéressée. Mes sourcils sont souvent froncés, scandant à tous que, contrairement à eux, je passe beaucoup de temps à réfléchir. Est-ce que ça vous suffit où vous voulez un calendrier?

Ma parole, c’est que vous n’êtes jamais satisfaits. Je suis indépendante, farouche et je me fiche de vous. Vous trouvez ça méchant? Un homme qui n’a pas mangé depuis des jours et qui veut vous disputer une miche de pain, ça c’est méchant. Moi, je suis réaliste. Vous ne valez rien, pourquoi me pauser d’avantage de questions? Sérieusement, vous ne m’apporterez rien. Dans ce monde, chacun s’occupe de soi et fait mine de penser aux autres pour se construire une conscience morale. La différence entre moi et vous? J’ai compris cela et je suis devenue honnête. Mais bon, je ne suis pas que ça. Je suis une brillante scientifique. Je passe des journées enfermée dans le noir et j’expérimente. Les acides sont ma spécialité et pas seulement dans la chimie. Car oui, plusieurs m’ont déjà dit que j’étais aussi acide dans mes paroles et mes actes que mes charmantes concoctions. Bon, mon manque de compassion et d’empathie y sont peut-être pour quelque chose, mais ça reste encore à prouver. Que pourrais-je dire d’autre. Je me considère comme quelqu’un d’intelligent et perspicace. Je suis plutôt douée dans l’analyse et la compréhension, ce qui fait de moi une redoutable stratège.

Cela mis appart, je ne suis pas si différente que ça des autres. J’ai été déçue par la vie, tout simplement. J’aimais un homme. Il était brillant et doux et il offrait sa vie aux autres sans réserves. Son bonheur, son énergie, son sourire. Et il en est mort. C’est depuis que j’ai compris que la vie n’était qu’un mensonge. La seule chose que les autres pouvaient m’apporter, c’est un maigre : désolé. Ils ne pouvaient pas me le ramener. Ils ne pouvaient pas m’expliquer. Ils ne pouvaient pas m’aider à me sentir moins coupable. Et je me suis mise à changer. Je me suis mise à détester les autres et à rejeter le blâme sur leur incompétence. J’ai quitté mon village peu après et j’ai poursuivit ma descente. J’ai fini par gagner la vérité. Je suis libre. Rien ne me retient, rien ne m’empêche d’exister. Je n’ai rien à perdre.

Mon but? Je n’en ai pas vraiment sinon peut-être ouvrir les yeux des autres. En même temps, je crois que j’aimerais bien trouver un moyen de le ramener. Mais bon, nous ne sommes pas dans un conte de fée. J’aurais tellement aimé qu’il soit encore là. Peut-être finalement il me reste ça, les regrets. La déception qu’il soit parti sans moi. Une tristesse décadente et secrète qui me hante. Je n’ai pas encore tout perdu. J’ai encore les souvenirs que nous avons créés. J’ai encore une joie secrète, un lieu de rêve que je gagne le soir avant le sommeil. Je ferme les yeux et pense au goût de ses lèvres. Puis, je me souviens de la perte. C’est tout ce qu’il me reste. Un goût amer à la bouche et une sensation déchirante dans mon abdomen.

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Je suis née à Konoha no Kuni, dans le pays du feu. Je suis fille unique depuis maintenant 21 ans. Mon père était un homme tout à fait normal, même pas un ninja. Ma mère, quant à elle, était une redoutable jounin qui maîtrisait très bien notre kekkei gankai. L’usage de l’acide. En fait, ça ressemble beaucoup à du suiton, à la différence que nous insufflons notre chakra dans l’eau que nous produisons pour la transformer en une substance au pH beaucoup plus acide. Simple et très efficace.

Nous vivions dans une petite maison. Simple, douillette et coquette. À l’époque je croyais encore que c’était important de posséder une belle maison. Je croyais que les décorations qu’aimait ajouter ma mère étaient importantes, quelles avaient une valeur. Je me trompais totalement. Toutes ces possessions n’étaient que frivolités. On s’y attache, on croit que cela va faire une différence et au final ce sont nos objets qui nous possèdent, qui définissent qui nous sommes. Quelle plus grande plaisanterie?

Je suis entrée à l’Académie à l’âge normal. Je m’y suis fait des amis, enfin, c’est comme ça qu’on les appelle. Ceux avec qui on s’entraîne, on rivalise. Au final, on perd la plupart de vue et on ne sait plus trop ce qui nous pousse à leur parler de nouveau. Toutefois, ils n’étaient pas tous comme ça. Il y en avait un qui était différent. Un qui riait toujours, qui écoutait les autres, qui offrait de l’aide pour les devoirs et l’entraînement. Il n’était pas le meilleur de la classe, mais il adorait aider les autres. Le professeur disait souvent qu’il prendrait sûrement sa place un jour. Je l’admirais car je savais qu’il était différent. Je savais que lui voyait le monde autrement et ça me fascinait. Malheureusement, je n’étais pas la seule qui l’avait remarqué et j’étais déjà plutôt solitaire. Il tomba amoureux d’une autre fille. Marrante, se peignant les cheveux plus souvent qu’elle ne s’entraînait. Belle, entourée de faux amis. Je la détestais et mes yeux turquoise le lui faisaient bien sentir.

Elle fut mise dans la même équipe que lui. J’étais furieuse. J’ai demandé à ma mère de m’entraîner d’avantage. J’attendais mon heure. Elle m’apprit à concocter divers poisons, m’en injecta même certains. Son but était de me construire une immunité au plus grand nombre de poisons possibles. Déjà que mon kekkei gankai me procurait un avantage certain, mon système pourrait assimiler ces poisons et m’en protéger. Je passais mes nuits à étudier à la lumière de ma lampe de chevet. Je voulais apprendre et devenir meilleur qu’elle. Je voulais la faire disparaître de mon chemin. Mes parents là-dedans? Ils savaient que l’examen chuunin approchait et qu’il n’y avait rien de plus naturel que mon envie soudaine de m’améliorer. Moi aussi, je l’attendais cet examen.

Avec mes coéquipiers, nous nous sommes préparés de pied ferme. C’est dans la forêt de la mort que j’ai pu mettre en pratique mon funeste projet. J’ai enduit l’un de mes senbons de poison et je l’ai mit de côté, dans ma botte gauche. Nous devions trouver le parchemin qui nous manquait et j’étais bien décidée à aller voir si elle en avait un. Nos deux équipes se sont croisées, comme je l’espérais tellement. Durant le combat, je l’ai touché d’une vague de senbon dans plusieurs endroits stratégiques pour qu’soit immobilisée. Elle penserait ainsi que c’était le véritable but de la manœuvre, et non pas de lui injecter un poison qui lui serait mortel. Je devais faire bien les choses car si on m’attrapait, il le saurait et il ne m’aimerait jamais. Le secret? Le poison utilisé devait tout simplement la rendre malade et ne terminer son travail que plusieurs jours plus tard. Juste assez pour qu’on oublie de venir me poser des questions.

Le lendemain de sa promotion au rang de chuunin, elle mourrait des suites de mon poison. Bien sûr, ils sont venus me poser des questions, mais je leur ai dit que je ne connaissais pas les poisons, seulement l’acide. N’étant que chuunin, ayant réussi l’examen, ils n’ont pas questionné mon manque d’habilité. Le jeune homme que j’aimais toujours fut dévasté. En âme charitable que j’étais, je lui ai offert mon épaule. Au début nous n’étions qu’amis, mais sa proximité me rendait heureuse. Il est le seul à avoir vu mon bon côté. Après trois ou quatre mois, nous étions en couple. Un jeune couple passionné et heureux. J’en oubliais mon devoir de ninja, mon entraînement, mes soucis. Seul notre bonheur importait. J’ai même voulu cesser d’être une kunoichi, mais c’était quelque chose qui ne plaisait pas à tout le monde. Ma mère, entre autres, ne pouvait pas permettre que sa fille unique et en possession de son kekkei gankai puisse tout simplement le laisser disparaître. Elle me voulait ninja jusqu’au bout.

Après environ deux ans de fréquentation, nous atteignîmes l’examen juunin. Je ne voulais pas le faire, mais ma mère m’y a obligé. Jugeant que peut-être elle me laisserait vivre ensuite, j’ai accepté, naïvement. L’amour m’avait ratatiné et m’a mère s’en était rendu compte. D’ailleurs, cette dernière se proposa pour accompagner le jeune homme que j’aimais dans sa mission. Je fis la mienne, que je réussi d’ailleurs avec brio. Je me hâtai chez lui pour lui annoncer la bonne nouvelle. Ce fut sa mère qui m’accueilli, en pleurs. Il avait échoué et il était mort. Ce scénario m’était bien trop familier.

C’était elle. Je ne pouvais en douter. Un peu prompte à l’accusation? Voyons, c’est elle qui m’a élevé, je sais comment elle raisonne. Je savais que ma relation lui déplaisait, mais de là à passer à l’action? Je n’étais plus que rage et colère. J’aurais pu pleurer, mais ce n’était pas comme ça que je me sentais. Je voulais me venger. Encore une fois, je devrais avoir recourt aux poisons. Ma mère, tout comme moi, y était devenue insensible depuis bien longtemps. Œil pour œil, dent pour dent. C’est mon père qui devint ma cible. Mon père qui était si gentil, qui tentait de me consoler autant qu’il félicitait ma récente réussite. J’empoisonnai la nourriture et l’air. Les réserves d’eau potable, tout. Moi et ma mère avions une santé de fer, mais lui toussait, n’arrivait plus à faire ses nuits et bientôt, crachait le sang. Ma mère, paniquée, tenta de découvrir ce qui se passait. Elle lui administrait un antidote, je changeais de poison. Je réussirais.

Au bout d’un mois entier d’empoisonnement courant, il mourut dans un sommeil aisé par les drogues. Ma mère avait décidé qu’elle ne voulait plus le voir souffrir. Mon père a été euthanasié comme on euthanasierait un chien trop fatigué. Je ne pensais pas qu’elle en aurait le courage, mais oui. Elle a mit un terme à la souffrance de l’être qu’elle aimait le plus au monde. Même moi je n’aurais pas pu faire ça. Ma mère a pleuré et est venue me voir. Alors qu’elle demandait mon épaule pour pleurer, j’ai avoué. Je lui ai dit que j’ai empoisonné mon père pour me venger de la mort de mon amour.

Ses yeux se sont agrandis et sa bouche est demeurée entrouverte. Elle me regardait comme si j’étais démente et le temps s’est figé. Ma mère ma décrit très précisément comme l’homme de ma vie était mort. Lorsqu’elle eut fini, elle demeura silencieuse, me dévisageant. Elle attendait ma réaction. Je me suis mise à hurler et à pleurer. Je l’ai regardé avec le regard le plus mauvais que je possédais et je lui ai crié : « Tu mens! ». Je me suis saisie d’un kunai et je lui ai sauté à la gorge. Elle s’est laissé faire. Elle avait perdu sa raison de vivre et elle m’a laissé faire. Je lui ai craché au visage, ma salive était plus acide que jamais et je crois bien qu’elle a perdu son œil gauche à cause de moi. La peau de sa joue à fondu sous mes yeux alors qu’elle émettait une plainte venant de l’Hadès.

Je l’ai lâchée et je me suis écartée. J’étais terrifiée et tous mes repaires me fuyaient comme la peste. Je suis partie en trombe, la laissant seule en pleurs au milieu de la cuisine. Sur mon chemin vers les portes de Konoha, j’étais une vraie furie. Je pleurais des larmes si acides que leurs traces se sont creusées autour de mon visage, me laissant de jolies marques à perpétuité. Depuis, j’utilise du maquillage pour camoufler le tout, un maquillage bleu. Je ne sais pas pourquoi, sans doute parce que j’ai honte de ces marques.

Quoi qu’il en soit, ma fuite. Sur mon chemin, j’ai poignardé un homme, j’en ai défiguré deux autres, je crois bien que j’ai brisé le cou d’un poupon. Je ne m’en souviens plus. Cette nuit là a disparu de ma mémoire. La seule chose dont je me souviens, ce sont des paroles marquées au fer dans mon esprit. « Je ne l’ai pas tué! C’est une technique raiton surpuissante qui a fait arrêter son cœur! Malgré mon ninjutsu médical, il est mort dans mes bras! J’ai tout fait pour le sauver! »

Je suis partie de Konoha, semant la destruction sur mon passage. Pourquoi? Je gouttais peu à peu à une liberté nouvelle. Je me sentais différente, sans attaches d’aucune sorte. Mon monde s’était effondré et maintenant, plus rien ne m’importait. Passer des jours sans se laver ou manger, lancer des pierres au visage des passants, me baigner nue dans une rivière sans me soucier du regard des autres. Toutes les pressions sociales qui m’enfermaient se sont relâchées d’un coup. Les gens se sont mit à me regarder comme si j’étais folle. J’étais laide, j’étais repoussante. J’étais dangereuse. L’avis des autres ne m’importait pas. Je les tuais avant de voler leur nourriture et de poursuivre mon chemin.

J’ai appris que j’étais à présent recherchée. Pas étonnant, je menaçais leur petit nuage de bonheur. Ils avaient beau être des ninjas, ils avaient peur de toucher le fond comme moi et ma présence les titillaient. J’étais comme une blessure au creux de leur joue, une blessure qui aurait disparu s’ils avaient cessés de la titiller du bout de la langue. Mais non, ils me poursuivaient, voulaient se battre contre moi. S’ils ne m’auraient pas motivé à vouloir leur faire comprendre ma façon de vivre, je me serais laissée mourir.

J’en avais marre, vraiment. Je suis donc retournée à Konoha et j’ai décidé d’en apprendre plus. Je voulais qu’ils me lâchent. Avec toute la subtilité qui est mienne, j’ai réussi à m’introduire dans l'hôpital de Konoha. J’y ai découvert que ma mère, leur témoin principal. Celle qui les guidait. Si je la tuais, ils n’auraient plus de preuve et encore moins d’indications sur mon kekkei gankai. C’est ce que j’ai fait, sans une seule once de regret.

J’aurais sans doute continué ma funeste descente si je n’avais pas croisé cet individu. Il a dit qu’il avait entendu parler de moi, qu’il voulait me tester. Je lui ai tourné le dos, disant que je n’étais pas intéressée. Que tout ce que je voulais faire, c’était détruire quelque chose de beau. Il a dit que c’était parfait et m'a offert de nouveaux habits et de quoi me laver. Il m’a donné rendez-vous et est parti. Je me suis lavée pour la première fois depuis mon intrusion à Konoha et j’ai entouré mes yeux d’une jolie poudre bleue créée à l’aide de plantes. Je ne sais pas pourquoi, peut-être il me rappelait quelqu’un pour qui j’aurais voulu être belle.

Ils me poursuivent depuis des jours, je n’en peux plus. Je ne demande qu’à vivre librement et seule, loin de leurs pressions. Mais eux, ils veulent que je disparaisse. Ils veulent ma tête pour rassurer les voyageurs et montrer l’exemple à ceux qui voudraient me suivre. Tout ça, c’est comme une entreprise bien montée qui ne veut rien d’autre que son profit. Je suis le squelette dans le placard de Konoha. Je suis le spectre qui rôde dans les bois et qui attaque les gens pour les arracher à leur moule bien confortable. Je veux leur rendre la liberté originelle.

Le moyen que j’ai trouvé? Je vais me rendre au village et je vais faire en sorte qu’ils m’oublient. Ainsi, je me suis préparée. Je me suis isolée près d’un étang tranquille. Seul le sifflement des oiseaux bienheureux parvenait à mon oreille fine. Je me suis trempée dans l’eau glacée. J’ai tremblé et j’ai serré les dents. Il fallait au moins que mon odeur sauvage disparaisse si je voulais m’infiltrer dans Konoha. Je laissai mes longs cheveux noirs valser dans l’eau alors que je sentais ma peau s’engourdir. Je ne devais pas non plus rester trop longtemps si je ne voulais pas attraper un rhume. Je me suis extirpée de l’eau, trempée jusqu’à la moelle. J’ai ensuite tenté de laver mes vêtements pour ensuite attendre qu’ils sèchent. Ça ne ferait pas de merveille, mais c’était mieux que rien.

Je peignai mes cheveux à l’aide de mes doigts, ce qui s’avéra plus ou moins efficace. Prochaine étape? Je trouvai des fleurs que je traitai pour obtenir un joli parfum. Il ne sentait pas beaucoup, mais c’était assez pour camoufler le reste des odeurs qui s’échappaient de moi. Je pris d’autres fleurs, rouges et jaunes cette fois, avec lesquelles je maquillai le pourtour de mes yeux. Cette nuit là, mes larmes avaient ravagé le contour de mes yeux et si je voulais éviter les regards, je devais au moins camoufler ça. Une fois terminé, ma peau avait l’air aussi lisse qu’avant. Mon apparence c’était nettement améliorée, mais ça ne suffisait pas. J’ai continué à attaquer des voyageurs afin de me trouver de nouveaux vêtements et un kunai bien aiguisé. Je préparai également plusieurs herbes qui devaient servir à différentes choses. Mon plan allait bon train et je m’employais à éviter mes chasseurs. Au bout d’environ une semaine, j’étais prête.

Je me suis habillée avec les vêtements miteux de la fille d’un voyageur, tuée trois jours plus tôt. Je l’avais tuée d’un coup de kunai dans le ventre, ce qui faisait en sortes que le haut était plutôt abimé. Toutefois, je n’avais plus aucune limite. Je savais d’expérience que ma mère serait à l’hôpital. Je l’avais blessée gravement et ils voulaient la garder sous surveillance. Je me plaçai à l’extérieur des murs de Konoha, le plus proche possible de ma cible. Je pris une grande inspiration. Dans ma main moite, je tenais fermement mon kunai. Puis, j’ai planté l’arme blanche dans mon ventre, exactement à l’endroit où j’avais attaqué la fille. Je l’ai senti faire son chemin alors que je souffrais de plus en plus. La moindre respiration était difficile. J’avais l’impression de m’enliser dans un brouillard dense et boueux. J’utilisai un jutsu médical pour minimiser l’étendue de la blessure. J’ai beau ne pas avoir de limites, je ne voulais pas non plus me suicider.

Une fois cela fait, alors que mon sang suintait hors de moi, je me suis mise à marcher vers Konoha. Pour faire plus réaliste, je trébuchai plusieurs fois et salis mes mains. Mes cheveux étaient déjà dépeignés et le reste de mon état habituel était amplement suffisant pour plaider à mon mensonge. Malheureusement, ma respiration était réellement difficile et je souffrais. J’aurais voulu me soigner d’avantage, mais ce n’aurait pas été à mon avantage. Mes pas étaient lents et je crû bien passer une éternité à faire mon chemin jusqu’au village. Heureusement pour moi, ils me repérèrent. Il faut dire, ils ne sont pas totalement incompétents dans ce village, encore heureuse.

Un homme tout à fait anonyme portant l’uniforme de Konoha se précipita vers moi. Dans mon rôle de victime, je poussais une longue plainte qui provoqua une immense sensation de brûlure dans mon ventre. À cela s’ajoutèrent des larmes. J’espérais simplement que mon maquillage demeurerait en place. Il me demanda si j’allais bien, je ne répondis pas et fermai les yeux, comme si je m’abandonnais à sa responsabilité tout entière. Il m’a parlé pour que je reste éveillée, ce pour quoi je n’ai pas voulu me donner trop de mal. Je me suis laissé dériver et j’ai perdu connaissance.


« …perdu beaucoup de sang…….au moins pas……guérison sans doute rapide. »


Je me réveillai en pleine nuit, c’était exactement ce que j’avais espéré. Je me concentrai et plongeai dans mon rôle. Après ça, ils comprendraient que j’étais un peu perdue. La chambre et le couloir étaient plongés dans l’obscurité. Le gémissement d’un autre patient hantait l’air. Je déglutis et fit mine de porter la main à ma blessure qui était presque refermée. Je l’aurais bien guérie tout de suite, mais j’avais trop peur que les caméras ne me voient faire.

Me cramponnant aux murs, je marchai lentement dans l’espoir de trouver la salle de surveillance de mon étage avant de croiser un surveillant. Je vis au loin, sur le carrelage, un carré lumineux. Je déduis qu’il devait s’échapper d’une pièce trop importante pour que l’on ne ferme les lumières la nuit. Je saisis ma chance et marchai dans cette direction. Je gagnai le cadre de porte pour surprendre un gros ninja somnolant devant plusieurs écrans de contrôle. Dans mon dos résonna une voix au même instant. Une voix féminine et ferme, mais pleine de compassion.

« Hé là! La patiente mystérieuse! Tu dois retourner dans ta chambre, on ne voudrait pas que tes blessures s’ouvrent à nouveau! »

Je la dévisageai avec de grands yeux effrayés. Sans blague, j’avais espéré que quelqu’un comme elle ne se pointe pas à ce moment là. Heureusement, le garde prit la parole, venant à ma défense en espérant sans doute que je ne lui avouerais pas qu’il s’était endormi.

« Elle n’arrivait pas à dormir, je lui ai dit qu’elle pouvait discuter avec moi pendant que je surveillais l’établissement. »

Et il me jeta un regard entendu. Ce ne devait pas être la première fois qu’on le surprenait et il tenait dur comme fer à son emploi. J’étais définitivement si chanceuse que ça en frôlait le coup monté. Je me suis retournée et j’ai acquiescé d’un signe de tête. J’ajoutai même pour bien paraître.

« Il m’indiquait d’ailleurs le chemin pour aller lui faire une autre tasse de thé pour bien rester éveillé. »

La garde sourit, semblant accepter notre excuse. Je devais avoir repris assez de couleurs pour la tromper. Elle décida néanmoins qu’elle voulait m’accompagner. Sur le chemin nous chuchotâmes. La femme se demandait si je me souvenais de mon agression. Feignant un grand choc, je lui dis avoir tout oublié. L’inconnue m’aida à préparer le thé et m’escorta de nouveau jusqu’à la salle de surveillance. Alors qu’elle me tournait le dos, je déposai un puissant somnifère préparé au préalable dans le breuvage chaud. D’ici une minute, il n’y en aurait plus trace. Je déposai la tasse sur la table devant le surveillant qui somnolait déjà. J’aurais pu ne rien faire qu’il aurait continué à dormir, mais je ne voulais pas tenter le destin. J’avais déjà eu suffisamment de chance.

« C’est encore chaud, il serait préférable de le laisser refroidir une minute ou deux. »

Il opina du bonnet et me remercia pour l’avoir couvert plus tôt. Je lui dis que c’était naturel puisque je n’avais pas non plus envie de rester étendue dans mon lit. Nous discutâmes durant un moment, puis il commença à boire son thé. De mon côté, j’observai les écrans qui m’en révélaient beaucoup sur la disposition de l’étage. Au bout d’un moment, je repérai enfin la chambre de ma mère. Alors que le garde sombrait, je définissais mentalement l’itinéraire que j’emprunterais. De plus, j’en profitai pour mémoriser l’emplacement de la génératrice de l’étage. Je n’aurais que peu de temps pour agir. Je débranchai les fils de courant de chacune des enregistreuses de la pièce et je sortis dans le noir. Je me doutais qu’un autre poste de sécurité remarquerait la brèche, je devais donc créer ma propre diversion. Je traversai le couloir au pas de course et m’introduit dans la pièce électrique. J’abaissai tous les leviers, coupant le courant de l’étage en entier, sections par sections. Je poursuivi mon chemin.

Je crois bien avoir croisé une garde-malade, mais je réussi à me camoufler dans l’ombre sous une civière juste à temps. Un bourdonnement lointain se rendit jusqu’à mes oreilles. On venait déjà. Je suis entrée dans la chambre de ma mère et, sans plus attendre, me suis avancée vers le lit où elle reposait doucement. J’ai soulevé sa tête et elle a ouvert son œil restant de stupeur. Trop tard. J’avais déjà retiré la taie d’oreiller et y crachait mon acide. Je la lui enfonçai ensuite dans la gorge pour la faire s’étouffer. Elle se débattait en convulsions et son œil unique m’implorait. Ma mère tentait de crier, mais le son était étouffé. Je vis ses yeux devenir vitreux. Je relâchai ma prise avant de placer ses mains, son corps et l’oreiller maintenant nu afin de faire croire à un suicide. Ma tâche accomplie, je devais retourner à la salle de surveillance.

Je courrai nerveusement dans le corridor, utilisant les ombres pour dissimuler ma maigre présence. En deux temps trois mouvements, je me retrouvai à ma place initiale, feignant le sommeil sur ma chaise, à côté du surveillant et d’une tasse de thé vide. Peu de temps après, le courant revenait et les caméras s’allumaient. Un ninja quelconque ouvrit la porte à la volée, réveillant le surveillant.

« Nous avons eu une panne, tous les patients doivent retourner à leur chambre. » Lança-t-il dans ma direction. J’acquiesçai et me dirigeai vers ma chambre à petits pas de souris alors que toutes les lumières s’allumaient. Un flot d’une dizaine d’infirmière s’appropria le corridor, vérifiant les chambres unes à unes. On me pausa des questions et je répondis tout simplement que je m’étais endormie dans le local du surveillant. Il ne voudrait pas que l’on sache qu’il dormait et ne pourrait donc pas avouer qu’il ne m’avait pas du tout eu à l’œil. J’avais mon alibi.

Le lendemain, une infirmière me signait mon billet de sortie tout en me racontant qu’une patiente avait profité de la panne de courant la veille pour s’enlever la vie. Elle mentionna aussi que ce n’était pas une surprise vu ce qu’elle venait de traversé. J’écoutai une inconnue parler de la fin de ma vie à Konoha sans broncher. Une demi-heure plus tard, je franchisais les portes de Konoha no Kuni pour aller vers ma nouvelle vie.