♦ Kumo, Terre d'accueil... ♦

« Le soleil est aujourd’hui en berne, comme le reste d’ailleurs… »

La mélodie de la pluie tombant sur différentes matières est tout à fait singulière, on ne sait jamais quel son elle va émettre, bien souvent l’image de l’averse est associée à quelque chose de maussade voire de funeste et cette fois-là, elle revêt son vêtement de peine. Les nuages grommelaient de colère et sonnait la charge par des lances d’électricité qui zébraient le ciel à maintes reprises. Dans une clairière avoisinante des portes de Kumo no Kuni est allongé un jeune shinobi, face contre terre, on ne sait pas très bien s’il s’est assoupi ou si la Faucheuse a décidé de prendre ce qui lui revenait de droit. La tête longée dans la masse fongueuse, il semble avoir passé un nombre d’heures conséquent dans cette position, il a même pu dormir ici d’épuisement. Son esprit quant à lui est embrumé, les images de sa défunte mère gravitent dans sa tête tout comme le son de sa voix résonnent de part et d’autre de son esprit…

Encore quelques minutes d’inertie jusqu’à ce que l’éclair se mette à tonner dans les environs proches et le voilà sur pied. Hébété et quelque peu surpris, il ouvre les yeux avec difficulté et se frotte doucement le visage pour aider à purger la fatigue présente sur son faciès.

« Wow… Alors je suis comme ça depuis hier… Il est vraiment temps que je trouve une piaule ou une journée vouée à mon repos plutôt que d’aller me balader dans les plaines et à m’entraîner comme un… ATCHOUUUM !! Me voilà enrhumé, c’est génial. Et mes cheveux… Connerie de pluie, manqué plus que ça. Va falloir rentrer à la maison parce que ça devient du grand n’importe quoi cette retraite dans le pays, Kumo me revoilà. »

Le soleil était en berne, comme le reste d’ailleurs. Il pestait contre les conditions météorologiques mais également contre ses cheveux alors que son esprit était complètement happé par les visions qu’il avait eu lors de sa « nuit » de sommeil, il se remémorait sa disparition et de la manière avec laquelle il avait traqué sans relâche les coupables de ce crime. Après un moment d’absence, le Kuméen rajusta son bandeau sur sa taille, vérifia que ses deux lames étaient toujours placées dans l’étui puis il cherchait à se diriger en direction de sa terre natale voire du berceau. Le sens de l’orientation n’est pas le point fort du jeune homme et on peut, pour vous donner une échelle, comparer le sien à celui d’une femme, c’est vous dire à quel point il a des difficultés à se repérer. Le début de l’après-midi s’annonce difficile, la faim tiraille son estomac, ses jambes sont lourdes et le fait d’être resté dans une position inconfortable a créé des engourdissements dans les multiples parties de son corps. Après un étirement atypique, ce dernier se met à courir dans la direction des bourrasques entraînant la cime des arbres dans des anses inconstantes et éphémères.

Quelques heures plus tard…

* Mais j’suis pas déjà passer par là… Et merde. *

Quand je vous disais qu’il ne s’en sort pas, j’avais bien raison mais ne vous inquiétez pas si il prend à gauche il trouvera la porte Sud de Kumo et pourra enfin rentrer au bercail. Ah bah voilà… Quand il veut, il peut. Les ampoules de ses pieds s’étaient mises à faire des leurs et expulsaient leur liquide translucide en gratifiant le jônin d’une douleur supplémentaire. Le héros prit de la hauteur sur un frêne centenaire et aperçut enfin les murs de la capitale du pays de la Foudre. Un soupir de soulagement
sortit de son orifice buccal puis, il s’élança d’arbres en arbres pour atteindre son objectif. Ses acrobaties botaniques durèrent une bonne dizaine de minutes avant que les sentinelles ne signalent sa présence et lui ordonnèrent de décliner son identité. Arrivé près des grands battants de bois, ce n’était plus le jeune ninja maladroit, assoupi dans une clairière mais un véritable guerrier, son visage paraissait éprouvé par la fatigue mais son regard de couleur turquoise crachait des éclairs : Denki, l’éclair, voilà peut-être l’origine de son nom de famille. Ce dernier croisa les bras et se contenta de dessiner un rictus provocateur à ses interlocuteurs avant de prendre la parole, plein d’assurance.

« Hey, je m’appelle Rei Denki, je suis également un habitant de Kumo, z’avez pas regardez ma ceinture où l’on peut y voir notre bandeau et en tant que shinobi, je souhaite tout simplement vaquer dans mon village. »

Bien obligé de devoir obtempérer devant la preuve de l’appartenance au village, les deux gardes firent signes aux sous-fifres d’enclencher le mécanisme d’ouverture. Un dernier regard sur les deux soldats et Rei avait déjà les yeux concentrés sur tout ce qui l’entourait, cette magnifique cité qu’était Kumo, un flot ininterrompu de hauts dignitaires des pays voisins, des shinobis de renommée mondiale, des marchands véreux, des princesses à la beauté divine mais également des types de bas étage tout comme des courtisanes occupées à aguicher les passants masculins. Voilà ce qu’était cette métropole, un florilège de toutes les classes sociales. Et dans ce décor se trouver notre protagoniste qui jetait son regard avide sur les restaurants où des bols de nouilles étaient échangés contre une poignée de Ryos. Sa contemplation fut littéralement interrompue par un obstacle…

« Hey, fais gaffe où tu mets les pieds où ça pourrait mal aller pour toi mon gars ! »

Le porc-épic avait lancé cette phrase au hasard sans pour autant avoir remarqué à qui il s’adressait et c’était peut-être ça le plus inquiétant… Un ninja aguerri, un vieux vicelard ou bien une simple gamine ? Qui était donc cet être qui avait empêché l’extase de Rei sur les mets du pays ?

Rei continuait de chercher qui lui avait rentré dedans mais il ne trouvait toujours pas l'origine jusqu'à ce que son regard s'abaisse d'une trentaine de centimètres et tombe sur un être chétif. Bredouillant quelques mots incompréhensibles, le garçon semblait être à peu près apeuré par tout et n'importe quoi et d'après la posture qu'il avait opté, il n'était pas d'une nature farouche. En même temps il est normal pour un môme d'une dizaine d'années d'avoir peur en rentrant dans un shinobi arborant fièrement les couleurs du village et étant muni de deux lames. Ce qui était assez drôle c'était d'observer son visage enfantin en forme de chat, sa mère s'était peut-être fait violer par un chat gonflé aux OGM... Je m'égare, revenons au plus important, c'est-à-dire l'intrigue. Le ventre gargouillant il ne se sentait pas près à lui passer un savon surtout qu'il venait tout juste de pénétrer dans l'enceinte de son village après une longue absence et se faire remarquer dès le premier jour ferait mauvaise figure auprès du Raikage si cela lui venait aux oreilles. Le visage de notre jônin se teinta un instant de pourpre avant qu'un sourire sublime vienne dessiner les lèvres de Rei, il gratifia le garçon d'une tape sur la tête avant de prendre la parole.

« Hey, tu vas où comme ça pour être si pressé au point de ne pas voir ma superbe silhouette d'Apollon... Un instant, je vois que t'es kuméen toi aussi mais tu ne m'as pas l'air d'y connaître grand-chose étant donné que je t'ai vu parler avec les gardes là-bas. Je crève la dalle... Ce te dit un bol de nouilles ? C'est ma tournée mais t'as intérêt à m'en dire un peu plus sur toi petit être inférieur. Mais ne te méprends pas sur mes intentions, je ne suis ni un violeur, ni un gay simplement vu l'état de tes habits, ton visage crasseux et cet air de chien battu m'ont motivé à t'aider, c'est ce qu'on appelle la pitié. »

Notre héros n'avait pas eu bien besoin de temps pour tirer un portrait psychologique du garçon, tout son tempérament se lisait pas le simple fait de la manière, anxieuse, avec laquelle il frottait ses pieds contre le sol ou encore comme il jetait de nombreux regards en biais pour éviter toute confrontation avec l'interlocuteur. Le plus hilarant était ses petites larmes qui emplissaient le blanc de ses yeux, pauvre petit, il ne méritait pas tant de brimades ou ce dernier allait mourir, littéralement, de peur. Entre temps, Rei observait toujours la cité avec autant de plaisir et d'excitation, le soleil s'effeuiller légèrement en laissant transparaître quelques rayons de soleil, peut-être que le gamin y était pour quelque chose. Allez savoir... Interrogatif, il croisa les bras et lui relança une nouvelle fois son invitation à diner..