La réaction de Gaishi me soulagea. Il essuya mes larmes de la manche de son kimono. Il releva ensuite mon menton et le temps se suspendit. Je n’arrivais plus à pleurer, je n’arrivais plus à m’inquiéter et à me sentir coupable. Il me dit de ne pas pleurer, que je devais profiter de cette vie ci juste au cas où je ne pourrais plus le faire plus tard. Il ajouta également que s’il y avait un paradis, alors pourquoi devrions-nous plaindre les morts. Je restai figée, mon regard planté dans le sien. Je ne savais pas comment réagir, personne ne m’avait jamais touchée comme lui le faisait. Personne n’avait jamais réussi à s’insinuer ainsi dans mon esprit, dans ma petite bulle comme on dit. Et il me serra dans ses bras. Je le serrai à mon tour alors qu’il me murmurait à l’oreille. Il me dit de ne plus verser de larmes parce que je n’étais plus seule désormais. Il me promit que ceux qui s’en prendraient à moi n’auraient pas de seconde chance. Pour moi ce n’était qu’une promesse de gamins, mais c’était si réconfortant. Je mis fin au câlin et, de mon visage maintenant plus souriant et plus pétillant de joie que le soleil lui-même, je m’adressai à Gaishi tout en lui tendant mon petit doigt.

« J’ai toujours voulu avoir un ami pour faire une promesse comme ça! Donc…disons….Je te promets de ne plus jamais pleurer si en échange tu restes à mes côtés, d’accord? »

Et nous scellâmes notre promesse avant de retourner en classe, discutant de choses et d’autres, joyeux comme tout.

Fin de la scène 1



**

Deux mois plus tard environ, mois et Gaishi étions devenus d’inséparables amis et nous nous entraînions régulièrement ensemble. Ce jour là, nous avions décidé d’aller nous entraîner chez lui puisque les salles d’entraînements étaient combles. Je le laissai donc me guider dans les rues de Konoha, impatiente de découvrir la résidence de mon ami. Depuis notre promesse, personne n’était plus revenu me dire de bêtises et je n’avais plus pleuré une seule fois à cause de mes parents, et ce même quand je faisais des cauchemars.

« Alors, il y a des choses que je dois savoir avant que l’on arrive chez toi? »

Waa comme il fait beau aujourd'hui ! Je vais pouvoir aller jouer avec grand frère quand il rentrera. J'en étais juste heureuse d'avance. Seulement en attendant il fallait que je m'occupe comme Heiryuu s'amusait dans l'entrée avec Taihei. Je n'avais plus grand chose de bien intéressant à faire à part étudier pour mieux connaître le monde. Je m'installais donc près du bureau de ma chambre sur lequel résidaient quelques bouquins que je lisais ces jours-ci. J'en saisis un de mes petites mains pour ainsi l'ouvrir à la dernière page que j'avais lu. La faune et la flore du monde, j’appréciais vraiment ce genre de littérature. Des heures durant je restais ainsi, livre en mains et j'en apprenais des tas de choses. Une voix à l'intérieur de ma tête m'affirma que la personne que j'attendais venait de rentrer. Il était ponctuel, tous les jours à la même heure. Je remerciais Heiryuu de cette information. Sautant de joie, je fermais précipitamment l'ouvrage que j'étudiais pour descendre en courant saluer Gaishi. De ma gorge s'échappa son prénom que je criais gaiement pour qu'il m'entende et qu'il vienne me saluer à son tour. Seulement en passant la porte du bâtiment, prise dans l'élan de ma course, je trébuchais pour m'écraser lourdement sur le sol lorsque je vis qu'il était accompagné... D'une jolie demoiselle. J'en étais si surprise que je ne fis même pas attention à la douleur du choc qui faisaient monter mes larmes. Quelques secondes de non réaction avant que je ne me redresse doucement, un air désolée sur le visage.

Tatata, ça fait mal, dis-je en me frottant le menton, je... Je suis désolée grand frère, je n'aurais pas dû courir comme ça. Héhé !

Petite voix fluette, une main derrière la tête et l'autre le long du corps. Me connaissant, mon frère savait que j'étais vraiment gênée de paraître ainsi devant une demoiselle qui lui semblait être une amie. Je m'en voulais vraiment.



HRP // Kami n'a pas les cheveux verts étant enfant, elle est brune et ses cheveux sont coupés comme en ce moment.

Lorsque nous arrivâmes devant l’entrée, je du m’arrêter un instant. Je vivais avec ma famille d’accueil dans un petit appartement du centre ville de Konoha et lui….lui il avait un pâté de maison consacré entièrement à sa famille. Un peu plus et j’aurais eu honte de l’endroit où j’habitais, mais c’était Gaishi. Je n’avais jamais honte devant Gaishi, juste sereine et détendue. Il ne pouvait rien m’arriver de toute façon quand il était à mes côtés. Il y avait tellement de choses ici que je regardais partout, me faisant toute petite aux côtés de mon ami. Il m’expliqua les règles de bienséance et je fus attristée lorsque j’appris la nouvelle de la mort de sa mère. Toutefois, je vis qu’il semblait en avoir fait son deuil et préférai ne pas trop insister là-dessus. Il ajouta même que ça traînait pour son père et que, là-dessus j’étais beaucoup plus forte que lui. Je m’arrêtai avant de prendre la parole.

« Tu ne dois pas être si dur envers lui, c’est normal que ce soit difficile lorsque l’on perd une personne avec qui on a passé une grande partie de sa vie. Je n’ai pas vraiment de souvenirs de mes parents, c’est pour cela que c’est plus facile pour moi. Et puis…»

Ma petite main, toute douce et délicate trouva celle de Gaishi, déjà plus massive et marquée par les entraînements au katana. Je la serrai dans la mienne, tout en lui souriant. Un sourire innocent et pur, un sourire de joie et de reconnaissance.

« Moi je t’ai toi. Je n’ai plus besoin de m’en faire, puisqu’on s’est fait une promesse. »

C’est alors que, débarquant de nulle part, j’entendis le nom de Gaishi être crié par une petite voix aigue. Alertée, je retirai vivement ma main de celle de mon ami alors qu’une gamine haute comme trois pommes arriva presque de nulle part. Sans doute maladroite, elle tomba au sol à la sortie du bâtiment. Elle se releva avec un air désolé. Elle s’excusa à son grand frère et….son grand-frère? Gaishi avait une sœur? Pourquoi ne m’avait-il jamais rien dit? Et tout à coup de sus. Il ignorait sans doute si j’avais perdu un frère ou une sœur dans l’incendie, il n’avait sans doute pas tenu à remuer le kunai dans la plaie. J’ignorais si c’était la vérité, mais le seul fait de le penser me fit oublier de me demander si effectivement, j’avais déjà eu un frère ou une sœur. Souriant devant sa maladresse, je me présentai comme on me l’avait enseigné. Je mis mes mains devant moi, sur mes cuisses et je m’inclinai respectueusement. Qui m’avait appris cela? Aucune idée puisque ce n’était pas mes parents adoptifs en tout cas. Sans doute dans l’endroit d’où je venais il était important de saluer respectueusement les gens que l’on rencontrait.

« Enchantée, je suis Megumi Izuko, une amie de Gaishi. (Je me relevai et lui souris) Tu dois être le petit monstre dont il m’a parlé? (En me tournant vers Gaishi) Tu dois l’avoir exagéré non? Elle n’a pas l’air si monstrueuse. »

La demoiselle s'approcha de moi avant de s'abaisser gracieusement pour me saluer. Megumi ? Quel beau prénom. Je souriais comme à mon habitude lorsqu'un mot me fit rester toute bête. Ainsi donc j'étais un petit monstre ? Mon regard interrogateur se posa sur Gaishi en même temps qu'elle lui parlait. Je n'étais pas méchante, j'avais juste un bon petit caractère. Mais ça c'était de famille je crois. Néanmoins ma joie et ma bonne humeur revinrent rapidement lorsque mon frère s'amusa à me tapoter le crâne gentiment. Je savais qu'il ne me ferait jamais rien de mal et que jamais il ne me critiquerait ou se moquerait de moi. C'était pour cela que je l'adorais tant. Parce qu'il m'aimait. Et je l'aimais aussi. C'était mon frère, mon grand frère à moi simplement. Néanmoins, il fût vrai que j'aurais pu faire un effort et rester sur mes deux jambes mais c'était bien plus facile de le dire que de le faire. Je tentais d'enrouler mes petits bras autour de lui pour m'excuser une dernière fois et lorsque sa dernière phrase sortie, je fis une mine faussement renfrognée. Je n'étais pas bien méchante lorsque l'on me contrariait. J'hurlais. J'hurlais juste. Pourquoi je n'sais pas mais c'était comme ça. Enfin... Me détachant de Gaishi, je courais ensuite de nouveau vers Heiryuu et Taihei qui n'étaient pas très loin de nous. J'adorais jouer avec eux mais cette fois je devais les présenter à Megumi. Alors après les avoir caresser tendrement tous les deux, je criais à Megumi de nous rejoindre tous les trois. Pour que l'on joue un peu avant qu'ils ne partent étudier ou travailler leurs armes. D'ailleurs lorsqu'ils arrivèrent vers nous j'osais poser la question.

Dis grand frère, quand vous irez travailler je pourrais venir avec vous ?

Il y avait à cet instant dans mon regard quelque chose de suppliant. J'admirais grand frère lorsqu'il s'entraînait. Cela faisait parti des nombreuses choses que j'aimais faire par-dessus tout. Après tout, j'aimerais devenir comme lui plus tard alors...

Megumi ne semblait pas triste à cette idée et accepta donc. Mon frère quand à lui j'hésitais. Il lui était déjà arrivé quelques fois de me dire non, parce qu'il désirait être seul pour s'entraîner tranquillement. Mais à mon grand bonheur, aujourd'hui il acceptait ma compagnie. J'en sautais presque de joie et ce fût avec un grand sourire aux lèvres que je répondis quelques chose ressemblant à : "D'accord, c'est promis !" avant de le suivre pour nous rendre sur le terrain. En y allant on passait devant le Dôjo des Chefs comme je me plaisais à l'appeler, là où Gaishi irait quand il serait un peu plus grand. Au fond de moi je redoutais ce moment car nous étions légèrement draconiens dans la famille et cela voulait dire que je le verrais bien moins souvent qu'en ce moment, peut-être même plus du tout ! Et cela m'embêtait vraiment. Mais vraiment vraiment ! Seulement nous n'en étions pas encore là alors il fallait profiter. D'ailleurs le paysage du bois qui nous entourait était simplement magnifique, comme toujours lorsque je venais dans le coin avec grand frère. Des arbres partout, des écureuils et tout. C'en était absolument trop mignon ♥ Puis après cela nous arrivions enfin. L'endroit où je m'entraînerais plus tard n'était autre qu'un terrain terreux d'une vingtaine de mètres carrés avec un graand fossé rempli d'eau l'entourant. Le genre de fossé que je traversais habituellement en passant sur le petit pont de bois crée il y avait de cela quelques années par Gaishi pour je puisse venir l'encourager quant il travaillait.

Quééééé ? Euh... Fut ma seule réponse lorsqu'il me défia de traverser toute cette eau d'un simple petit bond.

Meg' et lui étaient déjà passés avec une extrême facilité, ce qui ne me surprit pas vraiment en vérité. Des étoiles dans les yeux, j'étais déterminée. Et puis même si je tombais dans l'eau, je savais nager même avec ma petite taille. Il n'y avait pas bien grand et j'avais lu une fois dans un livre comment il fallait faire. Alors je faisais comme ils avaient dit. Je pris de l'élan et je concentrais le peu de chakra que mon corps d'enfant possédait avant de sauter par-dessus l'eau. Seulement... Je retombais dedans. Juste au bord de du terrain. Et hop ! Je buvais la tasse. Cela ne m'étonnerais pas qu'ils rigolent de bon coeur tous les deux. Mais ça n'était pas grave, j'aurais d'autres occasions de recommencer, nee grand frère ?

Me redressant donc sur la terre ferme, je fis cette mine gênée avec ce grand sourire que je faisais si souvent. Héhé, tant pis hein !

À mon plus grand bonheur, Gaishi accepta. Il s’empressa toutefois d’ajouter que s’il me filait une raclée, elle ne devait pas intervenir. Je répondis à la provocation avec un immense sourire rehaussé d’un air de défi. Je l’ignorais pour l’instant, mais quelques années plus tard je serais formée au ninjutsu médical. Mes réserves de chakra n’étaient pas les plus fournies, mais je savais déjà m’en servir, presque naturellement. C’était comme si, avant l’incendie, quelqu’un m’avait appris cela aussi. De plus, j’avais une facilité déconcertante, pour une jeune fille, au taijutsu. Ce qui était également un cadeau des entraînements de mon clan avant l’incendie, mais je l’ignorais. Ainsi, à l’époque où nous étions Genin, j’arrivais très bien à suivre Gaishi, voir à le dépasser niveau théorie puisqu’il dormait presque toujours en classe. Tout cela pour dire que nous nous dirigeâmes vers le terrain d’entraînement. En chemin, nous vîmes un grand bâtiment à l’immense porte en métal. Impressionnée, je voulu demander à Gaishi ce dont il s’agissait, mais sa mine soudainement plus sombre m’en dissuada.

C’est alors que nous arrivâmes au terrain d’entraînement. Non seulement était-il grand, mais en plus il était entouré d’une large douve pleine d’eau. Sans doute était-ce pour le suiton. D’un bond agile, Gaishi se retrouva de l’autre côté et qu’il mit Kami au défi de traverser. Elle me laissa passer la première et je pus donc tester une technique que j’avais déjà pratiquée auparavant. Ainsi, au lieu de sauter comme l’avait fait mon camarade, je marchai tout simplement. Grâce à mon chakra, je ne coulai pas. Toutefois, je du m’y prendre précautionneusement et fini avec un petit bond pour me retrouver sur la terre ferme avant que mon pied ne cale. C’était quand même un bon début pour une gamine qui n’était même pas genin. Je me retrouvai donc de l’autre côté, entièrement sèche. Toute souriante, je me retournai pour voir la tentative de Kami qui se solda en baignade forcée. J’ouvris grand les yeux. Un peu plus et j’intervenais, mais la jeune sœur de Gaishi s’en tira toute seule. Lorsque je vis qu’elle allait bien, je me permis un petit rire que je camouflai derrière ma délicate main. Une fois ce petit moment d’hilarité passé, je me tournai vers Gaishi.

« Alors, à quoi dois-je te battre aujourd’hui Gaishi-kun? »

Le temps avait passé ainsi, aisément. Puis, à mes dépends, j’avais appris la véritable nature de ce grand bâtiment qui avait donné une mine si sombre à Gaishi. À l’âge des douze ans, il débuta son entraînement pour devenir chef de clan. Nous pûmes nous voir, mais beaucoup plus rarement. Parallèlement, je commençai à apprendre le ninjutsu médical. Ce n’est que quelques années plus tard, alors que la puberté avait élargit mes hanches et créé ma poitrine pour me faire devenir la femme voluptueuse que je suis aujourd’hui que nous avons pu enfin recommencer à faire des missions ensemble. Il y avait bien longtemps que je n’avais plus parlé de notre promesse et les choses allaient bien, nous étions de simples amis. Mais je le regardais différemment. Il était devenu plus grand, son visage s’était allongé et sa carrure plus imposante. Mais avec moi, il demeurait au fond le jeune garçon doux et gentil, toujours. Toutefois, je dois admettre que parfois, lorsque je le regardais combattre, il me faisait peur tant il semblait plein de haine et d’une colère sans bornes. Quoi qu’il en soit, j’étais si heureuse de recommencer à faire des missions avec lui.

Un jour, nous dûmes nous rendre dans un petit village éloigné pour mettre fin au contrôle qu’y exerçait un groupuscule de vendeurs d’armes. En théorie, la mission était très simple, mais en pratique les choses ne se passèrent pas comme nous l’avions crû. Tout d’abord, une fois sur les lieux, il fut décidé que mes coéquipiers s’occuperaient des bandits et que, de mon côté, j’allais faire une petite visite dans la forge, histoire d’arrêter la production et d’empêcher nos cibles de prendre la porte de derrière avec des armes de contrebande. Nous nous séparâmes donc à notre arrivée sur les lieux. J’entrai par une porte de côté, me faufilant discrètement dans le noir de l’entrepôt pendant que mes coéquipiers menaient un féroce combat dehors. Curieusement, il n’y avait personne, je pensai donc qu’ils avaient déjà eu le temps d’évacuer et me dirigeai vers la sortie. C’est alors qu’un bruit se fit entendre. Un bruit sourd, lourd. Un bruit signifiant que les lourdes portes métalliques de la forge venaient d’être barrées, toutes à l’exception d’une seule. Elle était grande ouverte et découpait un rectangle lumineux dans lequel se tenait une grande silhouette, sans doute un homme. Il rit et me promis que j’allais être morte d’ici peu. Je voulu m’élancer férocement contre lui, mais il effectua des mudras et une immense katon fut projetée dans la forge. Je me figeai de terreur alors que la lourde porte se refermait. Les flammes m’entouraient et je ne savais pas quoi faire. Je revivais cette affreuse scène de mon enfance et je ne savais pas du tout comment réagir.

Bientôt, je toussai affreusement fort et mes yeux me piquaient. Je devais trouver une sortie, mais j’étais entourée de feu et je tremblais. J’étais piégée dans mon pire cauchemar, ma plus grande phobie. La charpente du bâtiment était maintenant consumée par les flammes. Je me fis toute petite, roulée en boule le plus loin du feu possible. Je ne pouvais rien faire de plus, je tremblais, je toussais, je pleurais et j’hoquetais à force de chercher de l’air sain à respirer. J’étais en train de sombrer dans l’inconscience et c’est alors qu’une poutre enflammée se détacha du plafond pour me tomber dessus. Les flammes léchaient mon épaule gauche et tout mon bras, ainsi qu’une partie de mon dos. Je hurlai si fort que je ne me rendis même pas compte que c’était de moi que provenais cette plainte d’agonie. Une odeur dégoûtante de chair humaine enflammée me sauta à la gorge et j’en vomis presque. Mon bras était engourdi, je ne le sentais plus. J'avais froid, tellement, tellement froid. Je réussi à repousser la poutre, mais le feu se rapprochait de plus en plus et ma vision se teinta de noir alors que mes vêtements prenaient feu et qu’une partie de mon visage était livré en pâture aux flammes. Et je m’évanoui en murmurant le nom de la personne que j’aimais le plus en ce monde.

« Gai-kun… »

Et je le vis apparaître dans les flammes dans une vague d’eau. J’eus un sourire, heureuse d’avoir pu admirer le visage de mon ami d’enfance avant de mourir. Je l'ignorais, mais un combat sans merci était sur le point de débuter entre moi et mon arme, Hisshi no kyouki. L'arme de la mort certaine.

Mon état était critique. Dans un autre monde, j’aurais sans doute succombée à mes blessures avant l’arrivée de Gaishi. Mon bras gauche était à vif, la peau ayant toute été brûlée, et ma chair suintait de sang. Dans ce paysage écarlate, on distinguait même l’os de mon coude. Mon dos était mis à nu, révélant d’affreuses cloques qui déformaient ma chair auparavant douce et lisse. Mes jambes étaient noircies et puaient la chair brûlée. Il me manquait des cheveux par plaques et mon sourcil gauche avait disparu. Mais le pire, c’était mon visage. Charcuté, brûlé, fondu. Heureusement que j’étais encore inconsciente puisqu’autrement j’aurais souffert atrocement. Ils me portèrent jusqu’à l’hôpital de Konoha sans perdre une seconde, fort heureusement.

**

Ils pratiquèrent de nombreuses interventions.Les capacités des ninjas médecins étaient exceptionnelles, ce qui sauva non seulement ma vie, mais également l'apparence que j'allais avoir pour le reste de mon existence. Mon bras gauche serait sans doute marqué à jamais par cet événement et je devrais certes protéger ma peau du soleil continuellement, mais je vivrais. La première fois que je me réveillai et que je m’en souviens encore pour en parler, les infirmières tentèrent de me retenir au lit, mais il n’y avait rien à faire. Et je me retrouvai face à un miroir qui me fit souffrir plus que toutes les piqures et tous les coups d’épée. Son ma mince chemise d’hôpital, mon corps presque en entier était recouvert de bandages et mon visage….Mon visage était méconnaissable. Je refusai que Gaishi ne vienne me voir durant longtemps. Ce n’est qu’au bout de deux mois de chirurgies reconstructrices quotidiennes que je l’autorisai à me rendre visite. Mon visage était encore rougis et enflé, mais mon corps n’était plus recouvert de bandages, à l’exception de mon bras gauche. Mes cheveux, quant à eux, avaient été coupés très courts pour qu’on ne remarque pas tous les endroits où mes cheveux étaient partis en fumée. Je n’étais pas belle, mais je n’avais plus l’air d’un monstre.

Il devait donc venir me voir pour la première fois depuis la mission, survenue deux mois plus tôt. J’étais nerveuse, mes jambes ramenées contre moi dans mon grand lit d’hôpital. Je tremblais et je n’avais rien réussi à garder depuis deux jours, soit le moment où j’avais dit à mon infirmière que j’acceptais de le voir. J’étais maigre et mon état de santé avait chuté à cause de mon stress grandissant proportionnellement à l’approche du moment tant redouté. J’étais si terrorisée que je cru bien m’évanouir lorsque la porte s’ouvrit. Je tournai mes grands yeux d’azurs vers lui et, incapable de me maîtriser plus longtemps, éclatai en sanglots. Je me détournai de son regard, camouflant mon visage dans mes mains. J’hoquetais et j’avais du mal à respirer. J’avais si peur que je tremblais et que je cru que j’allais vomir. Je n’arrivais pas à accepter ce qui se passait. Je n’arrivais pas à le laisser me regarder ainsi.

« Va t’en…Va t’en!! »

Ma voix avait tout d’abord été faible, confondue dans mes sanglots d’agonie. Elle s’était ensuite faite ridiculement aigue et forte, témoignant de toute la détresse à laquelle j’étais en proie. Un cri de désespoir, de haine envers moi-même et de peur indescriptible, profonde et viscérale. Je ne pouvais pas accepter que Gai-kun, la personne qui comptait le plus pour moi, me vis dans un tel état. Mais avais-je le droit de l’appeler Gai-kun? Moi qui venais de rompre notre promesse alors que je pleurais avec toute l’énergie qu’il me restait?

J’avais peur, tellement peur. Il y avait longtemps que j’admirais Gaishi dès que j’en avais l’occasion. Que mon cœur se serrait lorsque j’apprenais ne pas pouvoir le voir avant plusieurs jours. Que je rêvais de lui, souvent. Et toujours, je me demandais comment lui me percevait. J’avais commencé à modifier ma garde-robe et à me maquiller, histoire de faire plus femme. Je surveillais presque au jour le jour la formation de mes formes que j’essayais de mettre en valeur et, même si j’étais une belle jeune femme, j’avais toujours peur, je me demandais ce qu’il pensait de moi. Et maintenant, me voilà mutilée, mes beaux cheveux de jais étaient courts et mon visage encore rougis. Comme si ce n’était pas assez, je n’avais pas pu m’empêcher de pleurer. Je n’avais pas su conserver ma dignité devant lui. Étrangement, cela me faisait pleurer encore plus fort.

Je ne le sentis même pas approcher, jusqu’à ce qu’il écarte mes mains de mon visage et qu’il essuie mes larmes de la manche de son kimono. Puis, avant que je ne puisse parler, il me serra contre lui. Il était grand et fort maintenant, et je me sentais protégée dans cette étreinte. Je me sentais sereine, apaisée et je cessai de pleurer. Je m’accrochai à son kimono et déposait mon oreille sur son torse, écoutant les battements de son cœur. Nous n’avions jamais été aussi prêts l’un de l’autre. Puis, sa voix s’éleva et je l’écoutai, ne pleurant plus. Ce qu’il dit me surprit. Je mis fin à l’étreinte et m’adressai à lui d’une voix maintenant calmée et douce.

« Ce n’est pas de ta faute Gai-kun, comment pourrais-je t’en vouloir? Tu m’as sauvé la vie. »

Et je vis qu’il pleurait. Mon cœur se serra et je me maudis de ne pas avoir de manches assez longues pour essuyer ses pleurs. Je voulais lui dire quelque chose, le consoler. Mais la façon dont il me regardait m’empêchait de réfléchir clairement. Jamais il ne m’avait regardé ainsi. Et il s’approcha de moi. Je le laissai faire, mon cœur battais à tout rompre et j’étais bien heureuse que l’on m’ait retiré la satané machine qui émet un bruit chaque fois que votre cœur bat. Mes mains étaient moites et je me demandais. Je me demandais tellement de choses, que je n’arrivais plus à me demander. Ses lèvres touchèrent les miennes et je ne pensai plus à rien. Je fermai les yeux et l’embrassai à mon tour, accrochant mes mains devenues tremblantes à son kimono. Durant cet instant béni, j’oubliai mes multiples blessures, j’oubliai à quel point j’étais laide. Plus rien d’autre ne comptait que ce baiser. Puis, nos lèvres ce séparèrent et je retombai sur terre. Je n’avais pas besoin de me voir pour savoir que je devais être entièrement rouge et que je devais sourire niaisement comme une idiote.

« Je….Oh! Gaishi ! J’ai eu si peur dans le feu. Je ne te remercierai jamais assez pour m’avoir sauvé la vie. (Pause) Je ne voulais pas te voir à cause de mes blessures. Je me sens si affreuse.»

Et je baissai les yeux, honteuse et et puis zut! Je le regardai de mes grands yeux d’azurs remplis d’espoir. Je n’avais jamais eu si peur de toute ma vie, mais en même temps je n’avais jamais été aussi heureuse.

« Je t’aime Gai-kun. Je t’aime.»

Nous nous étions avoué nos sentiments et, bien évidemment, nous commençâmes à nous fréquenter dans les temps libres de Gaishi. Nous étions heureux et les choses allaient à merveille entre nous deux. Ma mère d’adoption me narguait parfois en me demandant si j’avais hâte de devenir la femme du chef d’un clan important pour Konoha. À chaque fois je rougissais en lui rappelant que ce ne serait, en tout cas, pas pour tout de suite. Malheureusement, notre bonheur ne dura qu’une année alors que Tahei mourut. J’ignorais comment le réconforter et, vu sa mélancolie ainsi que ce que cela pouvait signifier pour son avenir dans le clan, je ne pouvais plus ignorer que notre couple en était grandement affecté. Je devins mal à l’aise lorsque j’étais à ses côtés. Il venait de perdre un être si cher à ses yeux que même moi je passais après.

Scène Finale :

Ce soir là, j’étais triste. Je me disais que je devais en parler avec lui. Lui demander comment je pouvais l’aider à surmonter cette épreuve. Je me fis couler un bain d’eau chaude et y mis beaucoup de mousse, un vain effort pour noyer mes peurs. J’attachai mes cheveux et m’installai, relaxant dans l’eau chaude. Je fermai les yeux et m’endormi, apaisée. À mon réveil, l’eau était devenue froide et mes doigts plissés. J’évacuai donc l’eau et m’enveloppai d’une épaisse serviette. Je me rendis à ma chambre et enfilai un peignoir s’arrêtant à ma mi-cuisse. Je me fis ensuite du thé, heureuse de vivre seule dans mon appartement. Mes parents ne pourraient plus me dire d’aller me coucher, j’étais libre. Je m’assis ensuite sur un confortable fauteuil, au bord de la fenêtre et je commençai à lire un livre. J’étais détendue, pour l’instant.

Environ une heure plus tard, on frappa à ma fenêtre et je sursautai. Je n’arrivais pas à voir ce qu’il y avait de l’autre côté à cause des reflets causés par la lampe et je du donc ouvrir. C’est alors que mon Gai-kun s’engouffra dans mon appartement. Instantanément, je devins souriante. On ne devait pas se voir avant quelques jours et cette visite surprise me rendait heureuse. Je n’avais pas réalisé que, au contraire, c’était un très mauvais présage.

« Gai-kun! Tu aurais du me le dire, je t’aurais attendu pour le bain. »

Et je m’approchai de lui pour l’embrasser amoureusement, comme à l‘habitude. J’ignorais que, d’ici moins d’une heure, mon monde en entier serait détruit.