Honnêtement, entre ma faux qui discutait librement et cette jeune femme qui semblait en savoir beaucoup plus que moi sur mes origines, je me sentais un peu mise de côté. J’avais des questions sur mon passé et sur ma famille depuis l’âge de neuf alors que je venais d’arriver à Konoha no kuni et, pourtant, ma faux préférait provoquer le bouclier divin en combat plutôt que de me laisser poser toutes les questions que je portais en moi depuis des années. J’avais passé tant de temps à envier Gaishi qui avait un père et une sœur. Il avait un nom de famille, un vrai. Il avait même une immense maison grâce à son appartenance au clan Ookami et moi, je n’avais été que l’orpheline, tout ce temps. Puis, enfin, elle se tourna vers moi. J’allais commencer à lui pauser des questions lorsqu’elle débuta tout un monologue tout en invoquant son bouclier. Bon ça va maintenant! Je fais confiance à Hisshi sur ce point, je peux parler maintenant? Je ruminais intérieurement, attendant qu’elle ait terminé de me demander de l’affronter. Je fis un signe affirmatif et j’allais enfin me mettre à parler lorsqu’elle décida d’aller ailleurs pour nous battre. Bon, de toute façon je n’avais pas envie de parler de ma vie dans les sources chaudes, ce serait un peu bizarre. Je la guidai donc et, enfin, me retournai vers elle pour parler à mon tour.

« Avant de nous battre, j’ai des questions. Des questions qui sont demeurées sans réponses depuis trop d’années et j’espère que tu comprendras que ça prend le dessus sur mon envie de me battre. Mon souvenir le plus lointain est un incendie. Je devais avoir huit ans et tout brûlait autour de moi. J’ai entendu un cri que j’ai toujours attribué à ma mère et la voix d’Hisshi m’a dit de sauter par la fenêtre. Quand je me suis réveillée, j’étais au beau milieu de nulle part. Je n’ai jamais su ce qui s’était passé, Hisshi n’a jamais voulu me le dire. Je savais comment saluer poliment et comment me tenir devant des gens de haut rang, mon Taijutsu a toujours été en avance sur celui des autres de ma classe et je savais marcher sur l’eau avant même d’être Genin. Où ais-je appris ces choses? Qu’est-il advenu de ma famille? Ma vraie famille? »

Et je restai plantée devant elle, mon regard d’azur plus perçant et plus pressant qu’il ne l’avait jamais été. Dans ma tête, même mon arme n’osait pas faire ses habituels commentaires sarcastiques. Le monde venait de s’arrêter de tourner, attendant avec moi les réponses à mes questions pour continuer à exister. Yukan, c’était un mot qui m’était devenu familier, mais qui ne m’évoquait rien pour autant. Retrouverais-je mon enfance aujourd’hui?

J’appris que, tout comme Gaishi, je faisais partie d’un clan autrefois respecté, aussi imposant que Konoha. Ça, c’était toute une surprise. Elle me parla également de la crainte qu’ils, que nous suscitions chez les autres. Ils ont tenté de nous exterminer? Juste pour ça? Elle continua en me disant qu’elle avait aussi failli perdre la vie, mais je ne l’écoutais plus. Je pensais à Gaishi. Lui qui avait perdu Tahei et qui était parti en maudissant les villages, tous autant qu’ils étaient. Pour la première fois de ma vie, je ne l’appuyais pas, je l’encourageais de toutes mes forces. Elle récupéra mon attention lorsqu’elle évoqua la l‘existence de deux autres Yukans. L’un d’entre eux serait Mizukage? L’un d’entre eux encouragerait les villages? L’une de ces organisations peureuses qui tremblaient devant un clan qui n’avait apparemment rien fait? Je devrais aller le voir, le confronter et lui demander de s’expliquer. C’était devenu quelque chose de vital.

Mon attention fut dirigée vers elle de nouveau alors qu’elle se reculait pour sortir une arme, une épée apparemment. J’avais extrêmement hâte que ce combat commence. Voyez, j’étais furieuse et ça se voyait bien. Un petit combat me ferait le plus grand bien, c’était certain. Plus qu’à voir comment je me débrouille? Me sous-estimait-elle déjà? J’invoquai ma faux, grande de deux mètres de haut et noire comme la nuit. Sa seule présence semblait noircir le jour et son poids dans ma main me faisait me sentir plus forte.

*Géniaaaaall!!!! Enfin un peu d’action, vas-y Megu-chan, je te supporte entièrement sur ce coup là! J’ai toujours voulu parer la stupide défense de ce bouclier. Il est tellement pas marrant! Tu sais….*

Mais elle s’interrompit pour me laisser me concentrer alors que notre adversaire nous attaquait avec une technique que je n’avais jamais vue auparavant. Sans plus attendre, je formai un mudra d’une main et tins fermement ma faux de l’autre. Une bulle noire, bien que translucide se forma autour de moi pour encaisser le choc du rayon lumineux. Lorsque l’éclat de l’attaque se retira, on me vit donc, indemne. Meilleure chance la prochaine fois. Ce serait bientôt à moi de passer à l’offensive, mais je préférai me préparer à la suite des choses plutôt que d’attaquer bêtement sans trop élaborer de stratégie. Je plantai donc le bout du manche de ma faux, celui sans lame, dans le sol afin d’effectuer des mudras. Le tout ne pris que quelques secondes et aurait un effet positif pour moi, bien que cela dépensait bien du chakra.

« Avec ce que je viens d'apprendre, je crois bien que j'ai besoin de me défouler un peu. »

Elle m’admit que cela faisait effectivement du bien de se défouler un peu. Au moins là-dessus nous étions toutes les deux d’accord. Peut-être pourrions-nous bien nous entendre en fin de compte? C’est alors qu’elle me demanda mon nom et que je me rendis compte de mon impolitesse. Toutefois, j’ignorais comment répondre. Je fus donc la plus honnête possible.

« Quand je suis arrivée ici, une famille m’a adoptée. On me nomme donc Megumi Izuko, mais un jour peut-être, maintenant que je connais la vérité, deviendrais-je Megumi Yukan. »

Elle me laissa le temps de répondre entièrement avant de m’attaquer, ce que je trouvai plutôt respectueux de sa part. D’autres n’auraient pas eu cette gentillesse, mais bon. Il s’agissait tout de même d’un combat plus amical qu’autre chose. Peut-être aurait-elle agit différemment en vrai combat. Honnêtement, ça ne me dérangeais pas de ne pas le savoir puisqu’elle était ce qui était le plus proche de ma vraie famille. Au début, je ne compris pas trop ce qu’Ato allait faire avec son épée. On aurait dit qu’elle me vis…gagné! Tout à coup, une volée de senbon vola dans ma direction. Sans doute cela faisait-il son petit effet sur d’autres, mais pas sur moi. Je m’attendais à quelque chose de plus gros, cette kunoichi m’avait l’air d’être d’un très bon niveau après tout. Si la technique précédente n’avait pas fonctionné, pourquoi utiliserait-elle une technique plus évidente encore à éviter? Ainsi, en accord avec mes habitudes, je laissai l’intégralité des senbons m’atteindre, attendant plutôt de voir son prochain mouvement qui, vif comme l’éclair, ne tarda pas. Une personne autre que moi, une personne ayant peur de mourir, aurait eu peur des senbons et aurait esquivé, pour ensuite être surpris par le bouclier. Ingénieux. Mais j’avais perdu cette caractéristique depuis ma rencontre avec Hisshi no kyouki. Et puis, de toute façon, je ne sentis rien grâce à ma protection énergétique. Ne restait plus qu’à me servir de mes réflexes de Juunin pour éviter le bouclier qui filait vers moi en ligne droite. J’esquivai par la droite, faisant passer ma faux sous le bouclier pour donner un élan à mon prochain coup tout en me rapprochant. Toutefois, je gardai en mémoire la chaîne, je ne devais pas lui donner l’occasion de m’avoir par derrière avec le retour du bouclier divin. J’achevai mon mouvement circulaire et effectuai un mudra de ma main libre. Ma faux devint intangible et, si je n’avais pas raté ma cible, traversa le corps d’Ato pour en expulser son âme qui se retrouva un peu plus loin, hors de son corps. Si la dite manœuvre avait fonctionnée, elle avait donc du sentir son âme être arrachée du plus profond de ses entrailles. Elle devrait avoir froid, confrontée à l’inconfort perpétuel de l’état spirituel.

« Ce que je ne t’ai pas dit, c’est que mon arme est une petite difficile. Ainsi, pour la manier, j’ai dû apprendre à ne plus craindre la mort, puisqu’elle est devenue ma plus intime compagne. De simples senbons ne m’impressionnent pas, malheureusement. Je dois toutefois avouer que c’était plutôt astucieux, beaucoup se seraient laissés prendre. »

Elle tenta d’arrêter la faux à main nue, mais ça ne fonctionna évidemment pas. Vu le niveau qu’elle semblait avoir, je me demandai d’ailleurs si elle n’avait pas fait exprès de se laisser toucher. Dans tous les cas, ma faux continua sa course et l’âme d’Ato en fut violemment éjectée de son corps. Étrangement, son corps ne s’effondra pas au sol comme il l’aurait du une fois l’âme hors du corps. Non, elle resta droite, bien solide sur ses jambes. Et elle parla, enfin, son corps parla. Ainsi, elle n’était pas seule dans son corps, intéressant. Le fait qu’Ato le nomme Shichibi l’était encore plus. Cette Yukan était donc une Juunchiriki? J’aurais du le savoir plus tôt grâce à mes talents sensoriels, j’aurais du vérifier plus tôt. Quoi qu’il en soit, celle qui devait être une cousine éloignée me certifia qu’il n’interviendrait pas et me demanda même de poursuivre ce que je faisais. Elle ignorait ce qu’elle me demandait. Cette technique se nourrissait de l’âme de la victime et les effets pourraient être dévastateurs sur un juunchiriki s’il ne contrôlait pas son démon. Quoi qu’il en soit, j’avais déjà extirpé son âme et le démon n’en avait pas profité. Peut-être pourrais-je le faire. Après tout, s’il s’agissait d’un test, il était normal que je lui montre le plus de mes capacités possibles. Et de toute façon, elle était également une Yukan, quelque chose me disait que je pouvais lui faire confiance.

« Si tu insistes. »

J’effectuai donc un mudra de ma main libre et abaissai ma faux pour que la pointe de la lame touche le front de ma cible, l’âme d’Ato. Puis, je laissai Hisshi no kyouki faire ce qu’elle aimait le plus, se nourrir des âmes d’autrui. Je n’avais jamais été soumise à cette technique et j’ignorai donc ce que les gens devaient ressentir pendant celle-ci. Toutefois, si comparaison il devait y avoir, cela ressemblerait sans doute au baiser d’un détraqueur. Froid et lugubre, aspirant une partie de votre être, vous l’arrachant d’une poigne de fer alors que tout espoir de vivre heureux un jour s’envole. De mon côté, Hisshi me partageait une partie de l’énergie qu’elle aspirait et je me sentais revigorée. Il n’y avait sur moi plus une seule trace du passage des senbons, si traces il y avait eu. Toutefois, je relevai la faux avant la fin. Un simple aperçu suffisait amplement. Ce n’était pas le genre de techniques que j’aimais employer à son plein potentiel sur des gens qui pourraient, éventuellement, devenir des alliés.

« Vaut mieux s’arrêter là avant, ce n’est pas le genre de chose qui se fait entre gens de même famille. Réintègre ton corps. Je n’aime pas savoir ce qui le tiens encore debout libre de faire ce qu’il veut.»

Ato réintégra son corps et me demanda de continuer. Il est vrai que, pour une personne normale, cette demande aurait été incongrue. Moi? Je ne voyais pas du tout le mal. Je la laissai donc effectuer une série de mudra qui, comme je l’avais anticipé, allaient créer un justu de soin. Je sentis mon énergie être effleurée et une part en fut arrachée, exactement celle que je venais de lui prendre. De son côté, Ato semblait resplendissante. Toute cette lumière venait de la soigner et, je du l’admettre, elle avait bien raison lorsqu’elle affirma que nous étions presque exactement l’opposée l’une de l’autre. Elle ajouta ensuite vouloir tenter une technique sur moi. Évidemment, j’approuvai d’un signe de tête et la regardai faire ses mudras. Puis, ce fut le noir.

Lorsque j’ouvris les yeux, je portais une belle robe d’un magnifique bleu ciel. J’étais assise devant une coiffeuse, grand meuble surmonté d’un miroir. Et, si j’étais maquillé, ce l’était beaucoup moins. Les marques de brûlures avaient disparu de mon corps, me rendant ma peau lisse et douce avec un léger teint de pêche. Je tendis la main vers le miroir et le touchai, me validant que c’était vrai. Puis, un mouvement attira mon attention. Dans le miroir, je pu voir la porte de la pièce où j’étais. Il était là. Appuyé contre le cadre de la porte, il m’admirait lui aussi, en silence. Gai-kun. Lorsqu’il vu qu’il avait été repéré, il me sourit et s’approcha de moi. Je le regardai faire par l’intermédiaire du miroir. Son sourire était tellement doux, tellement amoureux. Puis, il se pencha vers moi et écarta mes cheveux de mon cou. Tendrement, il embrassa mon épaule nue, puis mon cou et il remonta ainsi jusqu’à ma mâchoire. Je me tournai vers lui et il s’assit à mes côtés sur mon large banc. Sa main était sur ma joue et je ne pus m’empêche de m’emparer du col de son kimono pour l’attirer vers moi et l’embrasser. C’était un tendre baiser, comme celui que nous avions échangé plusieurs années plus tôt alors qu’il venait me rendre visite à l’hôpital. Puis, il mit fin à notre baiser et me souris.

« Megu-chan, tu crois que tu pourrais venir m’aider? Il ne veut toujours pas s’endormir et je sais que tu y arrives mieux que moi… »

Radieuse, je lui répondis en souriant. Mon cœur était léger et mes soucis n’existaient plus.

« Peut-être que si tu sentais moins le saké notre fils dormirait mieux! »

Il me regarda avec un air coupable, bien que rieur. Je lui donnai un petit coup sur l’épaule tout en l’encourageant à se lever. Ce qu’il fit pour sortir de la pièce. Et, au moment où je m’y attendais le moins alors que je me levais pour le suivre jusqu’à notre plus belle réalisation, tout redevint noir. Lorsque les couleurs revinrent, je fus surprise de voir Ato qui me faisait face. J’étais immobile, bouchée bée. C’est alors que j’entendis la voix d’Hisshi qui s’égosillait dans mon esprit, et qu’Ato devait sans doute entendre également.

*Megumi!! Reviens avec nous Megumi! Tu dois surmonter ça, reviens à la réalité!*

Mais je demeurai figée. J’avais l’impression qu’une main invisible me tordait le cœur. Mon souffle s’était coupé. Tous mes membres étaient de plombs et ma vision s’embrouillait. C’est alors que je compris que je pleurais. Et je retombai dans la réalité comme une roche lancée du haut de la vallée de la fin. Tout d’un coup, sans que je m’y attende, j’avais recommencé à vivre dans la vraie vie. Et je n’arrivais plus à respirer, j’avais tellement mal. Ma main lâcha Hisshi no Kyouki qui tomba et se désinvoqua avant même d’avoir touché le sol. Et puis, sans crier gare, j’explosai. Je me laissai tomber à genou, serrant mes bras contre moi-même comme pour me réconforter. Et je me mis à pleurer plus que je n’avais pleuré depuis mon acceptation du départ de Gaishi. Je souffrais, je souffrais tellement et je n’arrivais pas à pleurer assez pour que cette douleur atroce ne me quitte. Je n’aurais jamais pu imaginer qu’il me manquait à ce point. Jamais je n’avais fait plus cruel cauchemar.

L’instant suivant, Ato était à mes côtés et tentait de me réconforter. Dans ma tête, Hisshi restait sans voix. Je n’avais pas peur de mourir. En fait, c’était surtout parce que je n’avais plus rien à perdre. Gaishi était parti, me laissant derrière à Konoha. Et maintenant, toute cette souffrance que j’avais enfouie dans mon être ressortait d’un coup, devant une cousine éloignée qui ne m’avait jamais vue avant. J’aurais sans doute du avoir honte, mais encore une fois, je n’avais plus rien à perde. Qu’elle me déteste et me méprise si elle voulait au fond, ce n’était pas mon problème. Mais Ato n’avait pas l’air de le prendre comme ça. Elle releva ma tête et mes yeux d’azurs croisèrent son regard. Je cessai de pleurer et la regardai. J’ignore ce que mes yeux exprimaient cette fois. Peut-être de la tristesse, peut-être la rage que je ressentais encore envers Gaishi? Il nous avait fait perdre tellement de choses. Tellement d’opportunités.

Ato s’excusa, même si ce n’était pas nécessaire. Je cesserais d’y penser dans deux jours et je continuerais à vivre sans problèmes. Puis, gentiment, elle me demanda de lui expliquer pourquoi je pleurais. Elle voulait savoir ce que j’avais vu. J’eu envie de lui mentir. De lui dire que ce n’était rien et de tourner les talons. Je ne pouvais toutefois pas faire ça. Elle était la seule famille qui me restait. Je serais folle de l’envoyer promener. Et puis, Gaishi était parti non? Il n’avait qu’à rester si ça ne lui plaisait pas, ou alors à m’emporter avec lui.

« C’est un coéquipier. Nous nous sommes rencontrés à l’Académie et nous nous aimions. Mais….Quelque chose est arrivé. (Pause) Il a déserté. »

Je pris une grande inspiration pour me calmer et essuyai mes yeux avec précautions. Heureusement que mon maquillage résistait à l’eau. Puis, je me relevai et lui fit face. Je continuai sans honte ni gêne. Je ne lui faisais pas particulièrement confiance, mais je ne craignais pas de représailles et ce, même si je savais qu’il y en aurait sans doute.

« Ça c’est passé il y a trois ans. Il me manque encore parfois et je me demande où il est. Mais c’est du passé maintenant. Je ne devrais plus me laisser influencée par ça, mais il me manque. »

Et je détournai le regard, songeant à mon passé. J’avais hâte de rentrer chez moi pour pleurer un bon coup avant de me faire couler un bain. Mais, pour l’instant, je réfléchissais encore trop pour trouver la paix. Est-ce que la vision que ce genjutsu m’avait offerte aurait vraiment eu une chance de se réaliser? Moi, fondant, une famille avec Gai-kun? Était-ce vraiment quelque chose que nous aurions pu faire ensemble? Mais son rôle dans le clan des Jins ne nous aurait-il pas nuit? Peu importe, ce n’était pas arrivé et ça n’arriverait sans doute jamais maintenant qu’il était parti.

Je me détournai d’elle après ce que j’avais dit. Elle était de ma famille et je me fichais des conséquences, mais je lui donnais par le fait même un accès privilégié à ma personne. N’était-ce toutefois pas la moindre des choses entre gens de même famille? Surtout quand le reste de la dite famille a été exterminée des années plus tôt. Puis, elle me donna un coup à l’épaule qui me fit presque sursauter. Niveau contact humain, ça faisait un bout de temps que c’était le calme plat. Cette altercation avec mon être physique me tira donc brusquement de mes rêveries. Elle se mit à me parler d’une voix sincère qui me toucha droit au cœur. Elle me dit que s’il me manquait encore, alors ce n’était pas terminé. Nous étions des Yukans, et des femmes en plus. Ato me dit que nous devions être fortes car sans nous, les hommes ne sauraient que faire. C’était une affirmation erronée quant à moi, mais je savais qu’elle le disait pour me remonter et cela me fit plaisir.

Elle se plaça ensuite à mes côtés et glissa derrière son oreille quelques unes de ses mèches de cheveux. Ato me sourit et prit la parole de nouveau, se confiant à moi comme je m’étais confiée à elle. En toute sincérité, sans crainte. Elle m’avoua avoir été amoureuse, mais cet homme était mort. Souvent, elle pensait à lui et s’il était vivant, elle ferait tout ce qu’elle pouvait pour le retrouver. J’avalai ma salive. Ato s’empressa d’ajouter que le mien n’était pas mort, qu’il n’était pas trop tard. S’il était mort, je le sentirais. Et c’était sans doute vrai. Elle continua sur sa lancée en mentionnant que nous étions peu, mais que ce n’était pas une raison pour demeurer solitaire. Ma seule famille me proposa également de m’aider à le retrouver et à lui remettre les idées en place. Elle conclut en me disant que s’il avait la moitié des sentiments que j’avais pour lui, il réaliserait son erreur. Ato me donna un coup d’épaule, comme pour me motiver, me remettre d’aplomb. Je dois l’avouer, j’y pensai sérieusement. Je commençai même un raisonnement à voix haute.

« Il a déserté il y a trois ans…Il peut être allé n’importe où en trois ans. Peut-être même a-t-il changé d’apparence. Dans tous les cas, il est un criminel recherché. Même si je le retrouve….Et comment faire avaler ça à Konoha? Ne deviendrais-je pas aussi une criminelle? Et mon équipe de Genin? Je ne peux pas les abandonner ici. J’ai fait serment de les pro…. »

Et je me remis à pleurer. Je venais de me souvenir de ce matin de la rentrée. Gaishi m’avait défendu d’une gamine qui, sachant pertinemment que j’étais orpheline, tenta de me faire passer pour une meurtrière devant toute la classe. J’étais partie en pleurant et Gai-kun m’avait rattrapée. Il m’avait promis que je ne saurais plus toute seule, et en échange, j’avais promis que je ne pleurerais jamais plus. Gai-kun. Depuis combien de temps ne l’avais-je pas nommé Gai-kun, ne serait-ce que dans mes pensées. Je me tournai vers Ato avec un regard déterminé. C’était une idée complètement folle. Je risquais tellement à vouloir le rechercher. Mais que pouvais-je faire d’autre? Continuer à attendre dans cette vie qui ne me convenait pas? Me dire que peut-être, un jour, il reviendrait effectivement à Konoha pour moi? C’était ridicule et, surtout, c’était faible. Faible de lui laisser le temps et de le pardonner plutôt que de le retrouver et le confronter une bonne fois pour toutes.

« Je ne devrais pas, mais je veux le faire. Je veux le retrouver et le confronter, lui demander les vraies raisons qui ont motivées sont départ. Je vais lui faire savoir tout ce qu’il m’a fait endurer. (Je me tournai vers Ato) Ookami Gaishi. Il se nomme Ookami Gaishi. »

Elle m’écouta parler respectueusement. C’était si agréable de pouvoir se confier à quelqu’un de ma famille, ma vraie famille. Elle était si gentille, si compréhensive. Elle avait vécu des choses similaires à moi et désirait m’aider. Je n’aurais rien pu demander de mieux. Je le lui dis finalement. Le nom de l’homme que j’aimais plus que tout, Ookami Gaishi. Tout de suite, elle me dit vouloir avertir Suna et même Kiri. Sans attendre, je la saisis par le bras.

« Non! Surtout pas! »

Je me mordis la lèvre. Je réagissais beaucoup aujourd’hui, mais était-ce si mal que cela? Peut-être cela prouvait simplement que mon cœur existait toujours malgré le départ de mon aimé.

« Soit je ne peux le ramener et, dans ce cas, il est de mon devoir de mettre un terme à ses jours. Je n’ai rien pu faire pour l’aider, mais aujourd’hui je me dois de protéger ce qui me tient à cœur. Et si jamais il accepte de revenir, je ne veux pas que tous les villages l’aient dans leur ligne de mire. De plus, j’ai quelque chose à te demander. »

Je risquais gros. C’était une demande importante qui pourrait changer ma vie, mais la simple résolution de tuer Gaishi si cela était nécessaire était une décision plus importante encore. Mais, la vision qu’Ato m’avait montrée planait dans mon esprit. Je n’arrivais plus à chasser cette utopie de mon esprit. Je n’arrivais plus à penser à autre chose et, dans mon esprit, la voix d’Hisshi no Kyouki s’était tue. Et je savais pourquoi. J’avais un but, j’avais une chance. J’avais quelque chose à perdre à cause d’Ato et maintenant, je ne voulais pas mourir. Je voulais vivre et le retrouver. Je n’aurais pas pu regarder la mort en face et l’inviter en une danse macabre. Un simple genjutsu et l’espoir était retrouvé.

« S’il accepte de revenir, je ne pense pas que l’Hokage acceptera qu’il revienne habiter à Konoha. J’aimerais…ce serait bien si, s’il revient, tu pourrais nous aider à nous installer à Suna? Mais bon, je dois déjà le retrouver et le convaincre avant mais, ce serait vraiment bien… »

J’avais lâché son bras et, pour la première fois depuis des années, je souris. Je souris comme la jeune fille douce et aimante que j’avais été tant d’années auparavant. Mon regard s’était adouci et, je dois le dire, j’y croyais vraiment. Pour la toute première fois depuis son départ, j’y croyais. Et tout le bonheur que j’avais entrevu me faisait tellement envie que je me battrais corps et âme pour l’acquérir. Je pouvais avoir une famille. Habiter dans le même village que ma cousine de sang et vieillir avec mon aimé. Je me devais de faire tout mon possible pour que cela fonctionne.