J’étais couchée sur mon lit, regardant le plafond en songeant à mon passé. À Gaishi, notamment. Dans mon esprit, une petite voix aigue et fort désagréable claquait la langue au rythme des secondes pour me faire comprendre à quel point mon comportement passif l’exaspérait. Je la laissai faire, elle allait bien se lasser un jour ou l’autre. Toutefois, ce n’est pas le temps qui mit fin à son attitude déplaisante, mais bien un oiseau de proie qui cogna à ma fenêtre. Je me levai d’un bond et ouvrit ma fenêtre pour lui permettre d’aller se percher tout en haut de ma commode. Un peu plus et je n’aurais pas été surprise de l’entendre vociférer des « jamais plus » à tous vents. Je tendis le bras vers lui et, saisissant l’invitation, il vint de poser juste en bas de mon poignet. Je saisis alors le papier attaché par sa patte avant de le laisser sortir. Bien évidemment, c’était un ordre de mission.

*Une mission? On va enfin sortir de ce trou à rats! Tu crois qu’avec ça tu pourras postuler pour devenir Anbu?*

Mais, comme à l’habitude, j’ignorai Hisshi et lu l’ordre de mission. Des cadavres s’en étaient pris au gens de Taki avant de poursuivre leur route jusqu’à Tanzaku. Je devais prendre sous ma charge une équipe de dix juunins et arrêter la vague de morts vivants. Ma faux émit un petit rire aigu dans ma tête.

*C’est qu’il est drôle l’Hokage, envoyer la faucheuse pour s’occuper de remettre les morts à leur place. Ça ne devrait pas être trop difficile pour moi en tout cas! *


Pour cette partie là, mon arme avait bien raison. Toutefois, ce qui m’inquiétais le plus, c’était de devoir donner des ordres à une équipe de Juunin qui était le pire. Allaient-ils m’obéir ou devrais-je user de force pour leur montrer à tous que j’étais digne de respect et qu’ils pouvaient me faire confiance? Depuis que j’étais arrivée ici, mon seul ami avait été Gaishi. Depuis qu’il était parti, je méprisais ouvertement tout le monde et ils me le rendaient bien. Je du toutefois mettre mes doutes de côté et me rendre au bureau de l’Hokage pour y rencontrer mon équipe. Nous devions partir de toute urgence parce que les zombies ne nous attendraient pas. J’enfilai donc mes habits noirs à toute vitesse et je sautai par la fenêtre, passant par les toits pour gagner du temps.

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J’entrai par la porte pour trouver dans une grande salle vide neuf individus tous en habits de Juunins qui discutaient avec fébrilité. Lorsque j’entrai, le silence se fit et tous se tournèrent vers moi. Ils me détaillèrent et je n’avais pas besoin de lire dans leurs pensées pour savoir ce qu’ils se disaient. Je n’avais pas mis l’habit officiel. Je m’étais permis de transgresser l’importance de la mission en mettant mes vêtements habituels et ils ne voyaient pas en moi un chef, mais un clown qui ne prend pas les choses au sérieux et qui va les conduire tout droit dans un mur. J’allais commencer à parler lorsque, derrière moi, la porte s’ouvrit à la volé. Je me retournai pour arriver nez à nez avec un jeune Juunin. Il avait les cheveux en bataille et sa veste ninja n’était pas fermée. Il venait sans doute tout juste de se réveiller. Lorsqu’il tomba nez à nez à moi, il pâlit et ouvrit la bouche pour commencer à se justifier. Je lui évitai se trouble et lui désignait une place assise. Il s’y précipita en regardant le sol, me rappelant mes propres actes le jour de ma rentrée à l’Académie. Lorsqu’il fut assis, je m’adressai à l’équipe de Juunins que j’allais devoir mener.

« Je sais que vous ne m’aimez sans doute pas et que vous tueriez pour commander une mission de rang A à ma place, mais la vie de gens innocents est en danger à Tanzaku au moment où nous parlons. Ainsi, je veux deux équipes. Cinq juunins dont trois avec des capacités médicales et deux offensifs qui aideront à évacuer les habitants. Celui ayant le plus d’expérience sur le terrain prendra la charge de cette équipe. Dans l’autre, je veux un médecin et des attaquants. Vous serez sous mon commandement et nous devrons mettre hors combat le plus de morts-vivants possibles, des questions? »

Tous firent un signe affirmatif. J’avais au moins réussi à leur faire comprendre les enjeux de la mission. Toutefois, je le voyais dans leur regard, ils ne m’écouteraient que parce que l’Hokage le leur avait ordonné. Ils douteraient sans doute de moi jusqu’à ce que l’on atteigne le champ de batailles, mais je ne m’en formalisais pas. Je donnai donc le signal et nous nous dirigeâmes vers Tanzaku sans attendre.

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Nous avons couru toute la nuit, sauté de branche en branche, tendant l’oreille dans le lointain. Lorsque nous fûmes à environ un kilomètre du village, j’ordonnai un arrêt complet. Nous nous reposerions jusqu’au matin afin d’être en forme et de ne pas se lancer dans la mêlée dans le noir complet. Certains des Juunins semblaient prêt à contester ma décision, mais après une petite réflexion semblèrent se contraindre au fait que ce n’était pas une si mauvaise idée que ça. Je m’installai donc dans mon coin, m’emmitouflant dans ma cape après avoir établi l’ordre de garde. Je m’endormis en deux temps trois mouvements et ne rêvai à rien.

On me réveilla deux heures plus tard pour que j’entreprenne mon tour de garde avec le Juunin qui était arrivé le dernier à la salle de réunion. Il s’assit à mes côtés, fébrile et gêné à la fois. Il avait les cheveux et les yeux foncés, rien qui sortait de l’ordinaire. De plus, il semblait avoir froid. Il me regarda, puis le sol, puis encore moi et encore le sol.

« Qu’est-ce qu’il y a? »

Il sursauta comme si une mouche l’avait piqué et me regarda avec un air désolé. J’attendis qu’il se justifie, attente qui ne fut pas très longue.

« Les autres disent que vous êtes vraiment très méchante. Et que comme si ce n’était pas assez, que vous êtes…..faible. Ils n’aiment pas l’idée d’être dirigés par une femme. »

Et il attendit ma réaction, apeuré. Il pensait peut-être que j’allais déverser sur lui ma rage et ma frustration et prouver du même coup à quel point j’avais un mauvais caractère. Il allait être déçu le pauvre. Je haussai les épaules, comme pour signifier que de toute façon je ne pouvais rien y faire. Dans mon esprit, Hisshi s’amusait à me titiller, sans doute pour me fâcher et rire un peu du jeune homme qui devrait subir ma colère. Mais je n’embarquai pas dans son jeu et je continuai à monter la garde, sans lui adresser la parole.

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Lorsque le temps de repos fut écoulé, les deux équipes que j’avais formées la veille se séparèrent de manière à encercler le village. Ainsi, nous espérions que le groupe offensif fasse diversion pour que le groupe de sauvetage évacue le plus de gens possibles. Je leur répétai mes instructions une dernière fois et nous fûmes prêts à nous engager dans la bataille. La distance qui restait à parcourir fut la plus longue de tout le voyage. Nous entendîmes au loin les bruits d’une ville mise à sac. De gens qui hurlaient, des morts-vivant qui râlaient et de braves hommes qui luttaient pour protéger leur famille.
Le champ de bataille était affreux et les paysans tombaient les uns après les autres. Il devait bien y avoir une centaine de zombies qui gémissaient et qui grattaient et qui mordaient. Un frisson d’horreur me parcouru devant cette atroce odeur de décomposition et mes yeux n’en pouvaient plus de voir ces pauvres hommes se faire arracher de grands lambeaux de peau.

*Il faut les renvoyer de l’autre côté. Si on libère leurs âmes des corps, je crois qu’ils ne se relèveront plus.*

J’effectuai les mudras nécessaires et ma faux, Hisshi no kyouki, apparu dans ma main. Grande et solide, noire et luisante comme l’eau d’un lac en pleine nuit. Je me tins droit et m’adressai à mes hommes d’une voix forte et confiante.

« Ils ont attendu depuis suffisamment longtemps. Il est temps de renvoyer ces choses dans l’au-delà et de protéger les villageois avec toute la force de notre volonté! »

Et sans jeter un regard à mes hommes pour voir s’ils étaient prêts à me suivre, je m’élançai dans la bataille. Les zombies ne se retournèrent même pas pour me voir arriver. En fait, ma présence semblait leur importer bien peu. J’agrippai ma faux solidement et commençai à effectuer de grands mouvements circulaires qui ne manquaient pas de faucher plusieurs zombies à la fois. Ils semblaient souffrir sous les coups de mon arme Yukan, mais ils se relevaient et, bientôt, comprirent que j’étais moi aussi une cible. Je me battais comme une furie, ne pensant à rien d’autre qu’à tout ravager sur mon passage à grands coups de faux, mais ça ne marchait pas. Ils se relevaient sans arrêt et, du coin de l’œil, j’aperçu une détresse similaire parmi les rangs de mes ninjas. Il n’y avait rien à faire sinon continuer. Mais Hisshi ne sembla pas de cet avis alors qu’elle s’empressa de me donner un conseil.

*Utilise le Kokoro ryukudatsu! Ils n’auront plus d’âme et ne pourront donc plus se relever. Et comme ils sont déjà morts, je ne pense pas qu’ils réintègrent leur corps après coup. *

Décidant de suivre son précieux conseil, j’effectuai le mudra d’une main et continua à exécuter de grandes frappes circulaires de l’autre. Ma faux, maintenant devenue intangible, passait à l’intérieur des corps pour en faire sortir les âmes qui se dissipaient aussitôt. Les corps tombaient alors lourdement et ne se relevaient plus. J’arrivais à toucher quatre zombies avec un seul coup de mon immense faux. L’issue du combat n’était peut-être pas réglée d’avance finalement. Je me concentrai, il était hors de question de faire un faux pas et de laisser une seule de ses créatures me mordre. J’accélérai donc le rythme afin de me retrouver entraînée dans une danse macabre, mais vive. Je marchais sur des cadavres pour en faire tomber plus, et encore plus. Je manquais de tomber à force de m’empêtrer dans ces masses inanimées qui meublaient le sol. Mais je ne devais pas arrêter. Mes hommes n’avaient pas d’arme semblable à la mienne et j’étais donc la seule capable de mettre un terme à toute cette folie. Il me fallu donc redoubler d’ardeur alors que mes coéquipiers rabattaient les zombies vers moi, ayant compris que quand je les transperçais de ma faux, ils ne se relevaient plus.

Je commençais à fatiguer et Hisshi commença à me râler des insultes, supposément destinées à me motiver. Cela me fit sourire et je pris un instant pour jeter un œil aux juunins. Ils se débrouillaient bien et il n’y avait plus qu’une quinzaine de mètre entre moi et eux. Nous n’aurions peut-être pas tous les zombies, mais la plupart ne se relèveraient jamais en tout cas. En tout, il me fallu une vingtaine de minutes, abattant ma faux de tous les côtés, pour détruire l’armée de zombies. Lorsque je donnai enfin le dernier coup de faux, je regardai le champ de bataille. Tous étaient au sol à présent. Morts. Je recommençai enfin à respirer normalement et je ressentis les effets d’une telle dépense de chakra. Je dus m’appuyer sur Hisshi comme sur une canne pour ne pas m’effondrer.

Le jeune Juunin de la veille vint à ma rencontre et m’offrit de l’aide, que je refusai d’un geste de la main. Il me regardait maintenant avec un regard admiratif, rien à voir avec l’air de doutes et de reproches de la veille. Dans mon esprit, Hisshi me félicita avant de glisser un petit commentaire sur mon manque d’endurance énergétique. Le reste de l’équipe s’approcha, prenant bien soin de rester à environ trois mètres de distance quand même. Personne ne disait mot, ils me regardaient tous avec admiration et envie. Ils auraient tous voulu être à ma place. Être la Juunin qui avait mené à bien cette importante mission de rang A. Mais je n’en avais rien à faire.

«On doit aller aider l’équipe de sauvetage. Il y a encore beaucoup de boulot. »

Ils se mirent donc tous en route sans m’attendre, sauf le plus jeune. Épuisée, j’avançais plus lentement. Il avait décidé de me tenir compagnie, juste au cas. Nous gagnâmes le campement en retrait de la ville environ dix minutes plus tard et un comité d’accueil se pressa vers moi pour m’offrir un endroit pour me reposer et manger un peu. J’allais refuser poliment, mais mes sens m’abandonnèrent et je m’effondrai de fatigue. J’avais poussé un peu trop loin cette fois.

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À mon réveil, il faisait nuit noire. Je tentai de me relever, mais une main s’apposa sur mon épaule, me forçant à me recoucher. C’était le jeune Juunin qui veillait sur moi, encore. Je m’endormis en lui souriant et en le remerciant.

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Le lendemain matin, nous nous levâmes de bonne heure et un repas digne de rois nous attendait. Je ne me fis pas prier pour engloutir mon assiette en demander d’autre. Mais en même temps, j’imagine que je le méritais bien. Le chef du village vint même s’asseoir à mes côtés pour me remercier personnellement et me dire que j’étais la bienvenue ici, à Tanzaku. Je m’inclinai respectueusement en le remerciant pour cet honneur et nous parlâmes d’autre chose. Nous ne partîmes pas avant midi pour le village de la feuille. Nous avançâmes plus lentement et ce n’est que deux jours plus tard que je pus enfin voir les contours de Konoha, dans la bruine matinale. Je remerciai chacun de mes hommes et les libérai pour qu’ils puissent aller vaquer à leurs occupations. Moi, je devais aller faire mon rapport devant l’Hokage. Je parcourus les rues de Konoha en profitant de tout ce qui s’offrait à moi et je fus très heureuse de constater qu’il n’y avait ici aucun morts vivants pour mettre en péril la sécurité des habitants.