L’examen Chuunin s’était enfin terminé et j’étais rentrée au village. Le voyage avait été plutôt pénible, mes blessures étant encore récentes. Le bon côté des choses, c’est que les ninjas médecins faisaient un boulot incroyable. D’ici à peu près une semaine, je serais déjà sur pied selon leurs estimations. Je me promis de leur faire parvenir une carte de remerciement dès que j’en aurais l’occasion. Ainsi, une fois rentrée au pays, on me logea à l’hôpital, en observation. Les médecins de chez nous voulaient s’assurer que les médecins d’Ame avaient bien fait leur boulot. Comme je le croyais, ils avaient bel et bien été extraordinaires. Seul point négatif, je serais en congé de mission tant et aussi longtemps que je n’avais pas l’autorisation des médecins d’y retourner. Un bon repos mérité en somme. Enfin, c’était ce que je croyais. À la place de ça, je me retrouvai cloîtrée à l’hôpital, malheureuse. Je pensai à Nariamo, mon adversaire, et à mon séjour à l’infirmerie d’Ame. J’aurais bien aimé que quelqu’un vienne pour moi, mais l’infirmière en charge avait insisté pour que je puisse me reposer.

Le temps était long et mon livre sur l’histoire des fondateurs de Konoha un peu ennuyeux. C’est alors qu’elle vint me trouver, l’infirmière, avec un fauteuil roulant. Mes yeux s’agrandirent et je la fixai, pleine d’espoir. Il semblerait que mes demandes aient été entendues, j’avais droit à un petit tour d’aération. Je m’installai dans ma chaise, confortablement et elle me demanda où je désirais aller. Spontanément, je lui répondis « L’académie». Elle acquiesça et nous nous mîmes en route. L’air était frais, mais le soleil était chaud. Il s’agissait d’une magnifique journée. Les feuilles gambadaient dans le vent et mes longs cheveux blonds tentaient de voler à leur poursuite dans l’air frais de l’après-midi. Nous arrivâmes finalement et nous traversâmes le corridor. L’une des portes était ouverte et, à l’intérieur, mon ancien professeur donnait un cours passionné sur le genjutsu. Il avait toujours adoré cette matière.

Je ne m’en étais pas rendue compte, mais l’infirmière s’était arrêtée, me laissant le loisir d’écouter la leçon. Il parlait de toutes les possibilités de la métamorphose et comment nous devions nous méfier puisque les ninjas n’étaient pas dupes. Par contre, les civils mordaient très bien à l’hameçon. Malgré moi, je m’entendis rajouter :

« Oui, et il faut toujours prévoir une distraction en combat avant de faire un clonage. Sinon notre adversaire peut facilement nous localiser. »

Tous se retournèrent vers moi et j’eu l’envie de fondre dans le plancher. Le professeur me sourit pour me mettre à l’aise et nous invita à entrer. J’allais protester, mais l’infirmière était déjà en mouvement. Une trentaine de petits visages ensoleillés se tournèrent vers moi à l’unisson, curieux. Je baissai mes yeux d’azur et l’enseignant rit un peu.

« Ne sois pas timide Yui-chan! Si tu nous disais comment tu t’es fait ça? Tu as participé à l’examen Chuunin je crois, non? »

Cette fois, les gamins se dressèrent sur leurs chaises, ouvrant toutes grandes leurs oreilles. Pour eux, l’examen Chuunin était un rêve distant qu’ils désiraient plus que tout atteindre un jour. Déjà que certains peinaient à devenir Genin, imaginez toute la reconnaissance que l’on a quand on monte enfin en grade dans la grande échelle de la hiérarchie. Ils voulaient tout savoir, et ils voulaient le savoir maintenant. Un peu timide, je pris donc la parole, mais au bout de quelques instants, mon monologue coulait tout seul et je prenais en confiance alors que les gamins se pendaient à mes lèvres.

« Nous avons voyagé jusqu’à Ame no Kuni, un petit village pas très différent de Konoha il y a quelques années. Il y mouillait beaucoup, l’air était humide. Et il y avait une arène immense avec tous ces gens qui criaient et qui voulaient….voir du spectacle. Ils étaient là pour regarder les affrontements et nous encourager. Mon premier adversaire à été un homme de Kiri, il était très redoutable. Une vitesse impressionnante, et une force, je ne vous en parle même pas. Il m’a blessé au foie, mais je vais bien, ne vous inquiétez pas! M’enfin…On a passé au second tour et j’ai rencontré quelqu’un, un ninja de Kiri. Il est venu me voir à l’infirmerie pour savoir si j’allais bien, il ne voulait pas me blesser plus que je ne l’étais déjà. Beaucoup parlent de Kiri comme d’un village sans pitié et sanglant, mais j’ai découvert un côté plus humain derrière mon adversaire. Ils sont des gens comme vous et moi avant d’être des ninjas. Ils viennent se battre pour leurs idéaux et pour leur village, mais eux aussi ils ont peur. Eux aussi ils ont sans doute une Académie comme ici et ils veulent rendre leurs parents fiers. C’est pour ça qu’il faut respecter son adversaire, même s’il vient d’un autre village. Parce qu’ils partagent vos rêves et vos envies et que nous devons y reconnaître une similitude pour faire tomber les barrières. Parce que la volonté du feu c’est ça aussi, la recherche de la paix. »

Je balayai la salle du regard pour me rendre compte que tous les aspirants me regardaient avec les yeux brillants, la bouche légèrement entrouverte. Je me retournai vers le sensei et l’infirmière qui échangèrent un sourire empli de fierté. Je rougis un bon coup et baissai la tête, gênée à mort. C’est alors qu’Iruka-sensei se leva et commença à applaudir, suivit par le reste de la classe. Je me mis à sourire bêtement, heureuse que cette journée soit aussi…parfaite! J’allais bien et j’étais bien, chez moi, dans mon village. J’aurais voulu que ce moment s’éternise, ce que je ferais en le chérissant toute ma vie, aussi insignifiant soit-il. D’ailleurs, je pourrais peut-être en faire part dans ma lettre pour les médecins d’Ame, pour qu’ils voient qu’ils n’avaient pas travailler d’arrache-pied pour rien en me gardant du bon côté.