À une certaine époque, avant d’intégrer Konoha no kuni avec des intentions pour les moins uniques, chaque jour était pour moi un jour de chasse. Le village de la feuille n’était pas encore très âgé et notre petit groupe formé de membres du clan Kyofu se faisait un devoir de protéger la forêt du feu contre la sottise des hommes. Nous détestions ce village et tous les gens qui y habitaient. Nous haïssions tous les bandits qui étaient attirés dans la région pour s’en prendre aux commerçants et qui ne se privaient pas pour se faire des chemins nouveaux à coups de machette. Nous haïssions ceux qui tentaient de faire du mal aux animaux pour le plaisir ou qui leur en faisait sans même s’en rendre compte sous simple prétexte qu’ils voulaient bien vivre. Une belle grosse bande d’égoïstes que j’aurais écorchés vifs moi-même si j’en avais eu les moyens. Il n’était donc pas rare que mes journées consistent en une longue traque pour repérer un campement de bandits ou simplement pour en éliminer par moi-même à l’aide d’un de mes puissants amis. Entre autres, mon meilleur ami, un fier puma qui m’accompagnait partout où j’allais, s’inquiétant pour ma protection puisque j’étais du genre à prendre toujours trop de risques pour pas grand chose.

J’étais donc vêtue d’un petit kimono défraîchi qui s’arrêtait à mes genoux, mes cheveux rouges tombaient peu après mes épaules, mes pieds nus et mon regard étaient dignes d’une chasseresse. À ma ceinture, j’avais solidement attaché un kunai qu’un membre plus âgé du clan m’avait offert. Je n’avais que douze ans et j’étais un peu maigre, mais je possédais déjà certaines caractéristiques qui seraient encore observables à mon âge adulte. Entre autres ma détermination, mon air farouche et mon envie incomparable de me sentir meilleure que les hommes. À mes côtés, mon compagnon marchait sans bruit, utilisant ses sens développés pour nous permettre de filer un trio de bandits à distance, sans nous faire repérer. Nous haussâmes le pas, désirant établir un contact visuel afin d’avoir plus d’informations. Par exemple, nous désirions savoir s’ils étaient armés ou s’ils auraient pu être ralentis par un facteur quelconque qui n’était pas repérable à l’odeur. Avec un peu de chance, peut-être même aurions nous une chance de nous débarrasser d’eux sans attendre. Toutefois, nous réalisâmes qu’ils s’étaient arrêtés dans une clairière. Curieuse, je grimpai dans un arbre pour mieux voir.

Le trio de bandit avait encerclé un autre homme, ce dernier étant armé d’un katana et d’un kunai. Apparemment, l’homme aux cheveux d’ébène n’était pas dans le même groupe que nos cibles. Je descendis silencieusement de mon perchoir pour en aviser mon équipier et nous nous approchâmes silencieusement dans le feuillage. J’entendis ensuite deux corps tomber et je vis la lèvre de mon ami frémir, il sentait l’odeur du sang. Nous avançâmes encore un peu et le dernier bandit prit la parole. À ce moment, le puma sortit du feuillage, le ventre frôlant le sol, les oreilles repliées vers l’arrière, sa longue queue tendue derrière lui. Son pelage fauve brillait dans la lumière de l’après-midi et l’on pouvait deviner les muscles développés du félin. Alors que l’homme s’apprêtait à attaquer l’individu aux cheveux noirs, le puma banda ses muscles et se donna un élan, réalisant un magnifique bond d’environ quatre mètres, pour planter ses dents dans la gorge du bandit et l’envoyer au sol. Le bandit laissa échapper une plainte, mais il était mort avant de toucher le sol.

Je pris une grande inspiration et attrapai mon kunai, le serrant bien fort, avant de sortir à mon tour des feuillages. Je me tins droite, le regard agressif et méfiant, essayant d’avoir l’air grande et imposante. Considérant qu’il avait une bonne tête de plus que moi c’était difficile, mais nous étions sur mon domaine dans cette forêt. Le puma délaissa sa proie et vint se placer à côté de moi, la gueule encore pleine de sang, feulant en direction du dernier individu.

« Qu’est-ce que vous faites sur notre territoire? Êtes-vous un bandit ou un homme de Konoha? Êtes-vous ici pour nuire à la forêt? »

Je dis tout cela d’un ton accusateur, prête à faire ce qui était nécessaire. Mes jambes tremblaient et mes mains étaient moites. Heureusement que mon compagnon était là sinon j’aurais sans doute eu l’air très faible, ce que j’étais bien évidemment. Mais ce n’était pas grave, je devais donner tout ce que j’avais pour mes convictions, pour protéger notre territoire. Ce n’était pas en fuyant le danger qu’on devenait fort et que l’on protégeait sa meute. Malheureusement, nous étions tellement préoccupés par l’homme restant que nous n’entendîmes pas le quatrième bandit arriver dans mon dos, m’attrapant à la gorge. Le puma se retourna vivement et émit un grondement sourd, tous ses sens en alerte, prêt à tuer dès qu’il en aurait l’occasion. Mais j’étais dans son chemin, jeune et faible, facilement désarmée par le dernier homme. Je tentai de me débattre, plantant mes dents dans le bras du bandit. Furieux, il abattit son poing contre ma tempe et m’envoya valser au sol. Je m’écrasai dans la terre fraiche, trop sonnée pour voir la suite.

Lorsque je relevai la tête, je vis mon ami le puma m’offrir son aide pour me relever. Je me cramponnai à lui et me remis sur mes pieds, jetant immédiatement un regard à la scène pour comprendre ce qui s’était passé. Apparemment, l’homme aux cheveux d’ébènes avait achevé mon agresseur dès que je n’étais plus captive. Une bonne chose de faite. C’est alors qu’il me répondit. Il n’était pas de Konoha et il n’était pas non plus un bandit. Il n’était pas important, il ne faisait qu’errer. J’haussai un sourcil.

« Pas important en vertu de quoi? Des critères des hommes? Pour les hommes, mes amis ne sont pas importants, ils les tuent pour leur fourrure. Mais pour moi ils le sont. Les seuls gens qui sont importants pour les humains, ce sont ceux qu’ils utilisent pour arriver à leurs fins. Vous devriez être content de ne pas être important… Les animaux ont une chance de fuir, mais pas les gens importants. »

Il ajouta ensuite ne pas être ici pour nuire au pays, seulement le débarrasser du mal qui le rongeait. Mon expression se modifia pour afficher un large sourire. C’était bien ça, ses intentions étaient sensiblement les mêmes que les miennes. Je remarquai qu’il marqua une pause, en pleine observation du cadavre d’un des bandits. Personnellement, peu importe qui ils étaient, s’ils ne pouvaient plus faire de mal à la nature ça m’allait. Mais lui semblait chercher quelque chose qui lui importait beaucoup…Il continua ensuite en disant qu’il était un shinobi voyageur qui souhaitait rétablir l’ordre sur le monde en éliminant les gens qui y nuisaient. Mon sourire s’agrandit une fois de plus et mes yeux emplis d’étoiles étaient grands comme des bols de ramens. C’est alors qu’il me demanda qui j’étais et pourquoi je me promenais avec un tel animal à mes côtés. Reconnaissait-il là la force colossale et l’agilité farouche de mon compagnon? Je crois bien que oui. Il lui faisait un compliment. Pour cela, je ne tiquai même pas quand il me traita d’enfant.

« Je suis Yume du clan Kyofu. Les animaux sont mes amis depuis que je suis née et nous nous entraidons. Nous aussi nous voulons sauver cette forêt des hommes qui y vivent. Nous voulons rétablir l’ordre, comme vous dites. Et puis il dit toujours que je suis trop téméraire alors il tient à m’accompagner. D’ailleurs….Vous êtes un shinobi si j’en crois ce que vous avez dit….alors euhm….peut-être que… »

Je baissai les yeux, horriblement gênée. Puis, je me penchai pour reprendre mon propre kunai. Je pris ensuite une grande inspiration avant de reposer mon regard sur l’homme aux cheveux d’ébènes, lui désignant mon kunai alors que je commençais à parler.

« Vous pourriez m’apprendre à m’en servir comme il faut? Je ne suis même pas certaine de comment je dois le tenir. Et à quoi ça sert ce trou au bout du manche hein? Et puis il aurait bien besoin d’être aiguisé, mais on n’a rien pour ça ici, du coup il ne me sert pas à grand-chose et je ne peux pas aider mon ami à combattre les bandits… »

Le jeune homme aux cheveux d’ébène se présenta sous le nom d’Itachi Uchiha. Je savais avoir déjà entendu le nom de son clan quelque part, mais il ne m’évoquait rien de bien particulier. Un homme restait un homme et la seule différence c’était s’il devait mourir maintenant ou s’il pouvait nous être utile avant. Dans ce cas ci, eh bien il appartenait clairement à la seconde catégorie. Je cru d’ailleurs remarquer que lui non plus ne désirait pas trop s’attarder là-dessus. Sans doute avait-il des choses à me cacher, le propre des êtres humains. Il enchaîna donc directement sur l’utilisation d’un kunai et je devins soudainement très attentive. Le puma alla d’ailleurs faire la sieste plus loin, estimant que cette leçon ne le concernait pas puisqu’il ne possédait pas de pouce opposable.

J’appris donc que le trou servait essentiellement à attacher quelque chose, comme un explosif ou un fumigère, au projectile. Un projectile? Ainsi cette chose se lançait plus qu’elle n’était utilisée au corps à corps? C’était une bonne chose, peut-être que cela me permettrait d’être moins désavantagée en combat. Dans tous les cas, je n’en avais qu’un et je ne voulais pas non plus le lancer et ne plus jamais le retrouver. Il me montra ensuite comment tenir le kunai. Il semblerait que ma méthode n’était pas tout à fait au point, me dis-je en replaçant l’arme blanche de la bonne façon. Puis, il le lança avec l’air d’un habitué qui avait fait ça toute sa vie, juste en haut de la tête d’un oiseau. J’ouvris la bouche pour m’indigner avant de la refermer aussitôt. Cet homme savait ce qu’il faisait. Il désirait simplement appuyer ses propos qui allaient suivre. Il savait très bien, tout au long de la manœuvre, que l’oiseau n’aurait rien. Il conclu en me disant que je ne devais pas combattre en utilisant une arme tant que j’étais certaine de ne pas en être devenue la maîtresse. Il me désigna ensuite un arbre à environ cinq mètres de distance et m’invita à essayer par moi-même. Il s’assit ensuite sur un rocher, attendant pour voir ce dont j’étais capable. J’avalai difficilement ma salive. Son regard était profond et sa présence imposante, comme celle d’un jeune loup puissant déjà passé chef de meute et qui savait se faire respecter. En gros, j’avais horriblement peur de ne pas être suffisamment douée et qu’il passe simplement au prochain numéro. Je devais assurer sur ce coup là!

Je pris une position qui me semblait propice à la concentration et au transfert de poids pour faire un beau lancé. Je mimai à quelques reprises le geste effectué par mon sempai, respirant profondément pour bien me concentrer. Le puma leva les yeux, curieux de voir mon premier lancé. Puis, j’effectuai un mouvement du poignet soigneusement calculé qui se voulait aussi réussi que celui d’Itachi. Mon arme quitta ma main à une vitesse moyenne et se planta dans la terre, un mètre avant l’arbre. Désintéressé, le puma retourna à sa sieste, battant l’air de sa longue queue pour m’encourager paresseusement. J’allais chercher le kunai et revint me placer à la position initiale. Encore une fois, je me repassai mentalement le moindre mouvement effectué par mon mentor du jour et visualisai le kunai se planter dans l’arbre en une belle ligne droite suffisamment puissante. J’effectuai mou mouvement et cette fois, l’arme blanche fila dans l’air, passant à un bon mètre de l’arbre sur la gauche pour aller finir son chemin dans les boisés plus loin, à au moins trois mètres de sa cible originale. Je soupirai, mais ne me laissai pas abattre, et je retournai chercher l’arme blanche avant de me remettre en place. À mon quatrième essai, mon kunai se fracassa contre l’arbre, mais ne s’y planta pas. Il fallu attendre mon septième lancé pour que la lame morde dans l’écorce et y reste plantée, environ à un mètre du sol. Je me tournai vers Itachi, un sourire resplendissant sur le visage et les yeux emplis d’étoiles.

« J’ai réussi Itachi-san! J’ai touché ma cible! »

Le puma releva paresseusement sa tête, tapant lassement sa queue contre le sol en guise d’applaudissement. Bravo pour le support hein! De ce côté il assurait mon compagnon! J’allai récupérer mon arme pour l’extirper de l’arbre, ce qui me demanda un réel petit combat de force qui testa ma détermination, mais je réussi. La lame était maintenant couverte de sève et la lame était plus abimée que jamais.

« Je crois que je vais devoir m’en trouver un nouveau bientôt…la lame de celui-là est toute abîmée. Au moins je pourrai m’en servir pour continuer à m’entraîner. »

Je marchai vers Itachi, un immense sourire de fierté sur le visage. Je repensai ensuite à ce qu’il m’avait dit plus tôt. Étant de nature très curieuse, je décidai de le questionner de nouveau.

« Tu as l’air de venir des villes. Mes parents m’ont toujours dit que les hommes étaient à redouter et qu’ils étaient dangereux, fourbes et cruels, pires que des serpents. Est-ce qu’ils disent la vérité? Est-ce que les hommes sont réellement les animaux les plus cruels qui peuplent ce monde? Est-ce qu’ils sont tous comme eux? Dis-je en désignant les quatre bandits au sol. Et puis, moi je veux me battre contre eux car on m’a toujours dis que je devais le faire. Mais toi, pourquoi tu veux le faire? Pour qui tu te bats? »

Encore une fois, Itachi répondit à mes questions, patiemment. Je l’aimais bien, il avait l’air différent des autres, plus gentil, plus ouvert d’esprit. Il me dit que la majorité des hommes n’avaient aucun scrupule et qu’il n’avait encore jamais rencontré quelqu’un de bon, bien qu’il laissa place à une telle éventualité dans son discours. Il marqua ensuite une pause, l’air de réfléchir avec soin à ce qu’il pourrait bien me dire ensuite. Il dit se battre pour le monde. Il désirait l’offrir à quelqu’un, le purifier pour quelqu’un. Je buvais ses paroles, ayant presque l’impression de passer un moment avec un membre de mon propre clan. Il poursuivit en disant que la dernière fois qu’il avait vu cet individu, il était encore un bébé. Un immense sourire s’afficha sur mon visage.

« Ah! Itachi-san est un papa alors! C’est pour ça que tu veux te battre pour lui. Mon père aussi se bat toujours pour moi. Et puis tu es un bon professeur et j’aime bien ta façon de voir le monde, elle ressemble à celle de mon clan. Il deviendra surement un homme bien. (Pause) Mais euh…ce ne serait pas une bonne idée de le protéger directement au lieu de le laisser seul? Les hommes sont cruels quand même. Peut-être en restant avec eux il en deviendra un lui aussi… »

Toutefois, il enchaîna en me proposant de viser une autre cible. De plus, il m’autorisa à prendre son kunai pour m’entraîner. Mes yeux devinrent plus grands encore, emplis d’étoiles alors que je gambadais presque pour aller chercher l’arme blanche. Je me remis à l’endroit de départ, environ à une dizaine de mètres de ma cible. Je respirai, étudiant les mouvements, me rappelant ce que j’avais fait au premier essai pour atteindre l’arbre. Je n’avais qu’à y mettre plus de force, simple non? Du moins, en théorie. Je pris mon élan et fis mon transfert de poids, lançant le kunai du mieux que je le pouvais. Il passa à une trentaine de centimètres de l’arbre, à toute vitesse, pour aller se planter dans un autre arbre plus loin. Je maugréai légèrement, me dépêchant d’aller récupérer le kunai de mon sempai. Je l’essuyai pour retirer la sève, je devais prendre soin du kunai puisque ce n’était pas le mien, et revint. Je me plaçai de nouveau et mon petit manège demanda quatre lancés. Le kunai mordit l’écorce s’enfonçant presque jusqu’au manche. Ma force était bonne, mais ma précision restait plutôt mauvaise et il me fallait presque un coup de chance pour atteindre ma cible. Ce n’était pas demain la veille que je serais une aussi bonne lanceuse qu’Itachi. Je continuai donc à m’entraîner sur cet arbre tout en discutant. Il fallait que je l’atteigne volontairement, pas par chance. Je devais profiter de cette occasion pour être la meilleure possible.

« Et ton bébé, tu vas lui apprendre à lancer le kunai aussi? Et puis! Tu pourrais lui dire de ne pas avoir peur des animaux, qu’ils sont ses amis, comme ça il pourra peut-être devenir mon ami à moi aussi. Je n’ai pas de frère ou de sœur, juste les animaux et les gens de mon clan….D’ailleurs on est beaucoup moins maintenant…c’est à cause du village, les humains là-bas sont méchants. Ils ont rasé une partie de chez nous pour vivre, alors des plus vieux du clan se sont battus pour notre territoire, pour tous les animaux qui vivaient là. C’est pour ça que je veux apprendre à manier un kunai, parce que moi aussi il y a des gens que je veux protéger. Tu as beau être un humain et moi une Kyofu, on se ressemble assez finalement. »

Sur ce je souris, continuant de m’entraîner jusqu’à ce qu’atteindre l’arbre devienne aisé, ce qui pris en tout une dizaine de lancés. Plus qu’à attendre pour voir ce que mon mentor me réservait ensuite. Et après, qui sais, peut-être que ce serait moi qui aurait l’occasion de lui apprendre quelque chose. Je serais tellement fière de pouvoir faire ça.

Une fois de plus, Itachi répondit à toutes mes interrogations. Sa seule réponse qui ne me satisfit pas était lorsqu’il dit qu’il ne comptait pas le revoir avant un bon moment. Je fis la moue, mais continuai donc mes lancés. Puis, lorsque j’estimai avoir réussi cet exercice, il décida de me faire passer un prochain niveau. Une cible en mouvement. Aie. Il me demanda donc d’aller chercher des lianes pendant qu’il s’occuperait du reste. J’y allai donc d’un pas joyeux, accompagnée de mon fidèle ami le puma. Il ne nous fallu par longtemps pour trouver l’objet de notre convoitise et…de petites roches presque identiques qui étaient très jolies, brillant dans le soleil qui filtrait par le feuillage. Je les ramassai pour les mettre dans mes poches avant de me tourner vers le puma et de m’adresser à lui dans la langue des animaux.

« Tu crois que tu pourrais aller au clan demander du fil? Du fil mince, comme celui pour la pêche. »

Mon ami accepta et partit au trot. Souriante, je revins avec mon butin dans la clairière, donnant mes lianes à Itachi. Il l’attacha à un arbre avec un gros bout d’arbre mort au bout. Il pu ensuite le faire bouger de gauche à droite et je sentis ma détermination vaciller. Comment allais-je pouvoir frapper ce truc? Bon, une grande respiration, on se remonte les manches et on fait ce qu’on peut. Je suivis ma cible du regard, les muscles bandés tel une chasseresse. J’avais envie de courir et de m’élancer sur le bout de bois, ce serait tellement plus facile que de lancer le kunai. D’ailleurs, pourquoi ne pas calculer ma trajectoire comme ça? Comment, et quand, m’élancerais-je sur une cible du genre? C’est dont avec cette réflexion que je commençai mon entraînement, lançant encore et encore. Il me fallut vingt-trois essais pour réussir une première fois, mais ce ne fit qu’au trente-deuxième que je me dis que je pouvais y arriver autrement que par la chance. Je me tournai vers Itachi, le même sourire triomphant qu’à l’habitude sur le visage.

« Moi qui pensais ne jamais y arriver! Finalement avec de la persévérance on peut tout faire! »

C’est à ce moment que le puma revint, tout fier de lui, un beau morceau de fil de pêche entre les dents. Je courus vers lui pour m’en saisir et le remercier, avant d’aller m’asseoir sur la roche où était assis Itachi plus tôt.

« Ça risque de prendre un peu de temps, tu m’as offert la maîtrise du kunai aujourd’hui alors je veux t’offrir quelque chose aussi. Ce n’est pas beaucoup, mais bon… »

Je commençai donc à fixer les petites roches sur la ficelle de pêche, à intervalles réguliers. Travaillant avec une minutie qui ne me ressemblait pas. Il me fallu environ une demi-heure de pleine concentration avant de pouvoir enfin le brandir avec un sourire plus fier encore que tout à l’heure. Je le tendis vers Itachi, espérant qu’il l’aimerait.

« Voilà! Comme ça, eh bien tu…tu pourras te souvenir de moi disons! Je sais que ce n’est pas le plus beau du monde…mais je l’ai fait moi-même! »

Il avait pris le collier et m’avait dit que ça n’en valait pas la peine, mais qu’il le porterait tous les jours pour se souvenir de celle qui lui avait sauvé la vie, soit moi. Mon sourire se fit immense, une fois de plus, faut dire que j’étais bien fière de mon coup. Il dit ensuite que la nuit allait tomber bientôt et que nous allions conclure avec un dernier entraînement et qu’ensuite, ce serait à moi d’apprendre seule. J’acquiesçai avec un air plus sérieux, se voulant solennel. Il parla ensuite de toucher un cible vivante…j’eu peur un instant, allait-il me demander de tuer un animal juste pour un entraînement? Heureusement non, il se proposait lui-même comme cible. J’avais bien moins de problème avec ça, même si j’avais un peu peur de passer en quelques instants de celle qui l’avait sauvé à celle qu’il l’avait précipité dans la tombe. J’acquiesçai néanmoins.

Il se mit donc à l’autre bout de la clairière et fonça vers moi en une trajectoire irrégulière, en zig-zag. Je me concentrai, tentant de lancer sur lui, mais je n’osais pas. Il pu donc se rendre jusqu’à moi sans même que je lance mon kunai. Il reprit sa place et recommença. Cette fois je lançai, mais il lui suffit de lever le bras pour esquiver habilement et m’atteindre. S’en suivirent deux autres essais. C’est au quatrième que je faillis bien lui planter mon kunai dans l’œil et qu’il du dégainer son katana au plus vite pour ne pas se faire transpercer. Pour une fois, je n’eu toutefois pas cet air si fier. J’avais eu peur pour Itachi-san pendant un instant et je n’avais pas aimé ça. Il n’était pas comme les autres et je m’en serais réellement voulu de le blesser. Je récupérai le kunai qu’il m’avait prêté, maintenant au sol, et le lui tendis.

« Merci beaucoup de m’avoir enseigné tout ça, je t’en serai toujours reconnaissante Itachi-san. J’espère qu’on pourra se revoir un jour et que cette fois, ce sera moi qui pourrai t’enseigner quelque chose. »

Je lui décochai un immense sourire. Puis, mon compagnon le puma vint se poster à mes côtés, m’offrant de me porter pour rentrer au camp puisque mes parents s’inquiéteraient si on ne revenait pas au plus vite. J’aurais quand même aimé rester encore un peu, parler avec lui et en apprendre plus. Mais j’imagine que je devais apprendre à poser une limite à ma curiosité.