Des souvenirs enfouis dans le sable... | Rp Flashback | Haosha

Je me tenais au beau milieu de la rue, à Suna no kuni, devant la tour du Kazekage. Ou devrais-je dire, devant la tour d’Hao-kun. Je jouait nerveusement avec les pans de ma jupe, transférant mon poids d’un pied à l’autre et me mordant la lèvre. Une vraie caricature de shojo manga. Je n’osais pas mettre les pieds dans cette tour et aller le voir, ne serait-ce que pour lui demander une mission. Les choses avaient tellement changées depuis qu’il était revenu. Une partie de moi me poussait vers lui, mais une autre me rappelait ce jour là, dans un petit bâtiment d’un avant-poste de Suna alors qu’il m’avait sauvé. Et qu’il m’avait vu alors que…

Je fermai les yeux et serrai les paupières, prenant une grande inspiration. Je devais réfléchir à des choses plus positives, des choses qui me rendaient heureuse et qui me donneraient envie d’aller voir mon ami d’enfance, de prendre de ses nouvelles et de lui demander comment il prenait son poste de Kazekage. J’évoquai donc de vieux souvenirs à mon esprit, songeant tout d’abord à notre première rencontre…

Scène 1 : La Première Rencontre

J’étais âgée d’à peine sept ans à l’époque. Moi et ma mère ne vivions pas à Suna no kuni depuis longtemps et nous avions de très modestes moyens. Je me retrouvais donc à faire toutes sortes de commissions dans l’espoir que les gens me donneraient quelques ryos. Aujourd’hui, je me demandais si ça ne valait pas la peine de fouiller les poubelles alors que marchand de ramens n’avait aucun restants pour moi. Je repartis la tête basse, mes pieds trainant contre le sol.

C’est alors que je passai devant une ruelle empli de bruits d’exclamations et de rires tonitruants. Je m’arrêtai, intriguée. Je vis un groupe de gamins, entre 6 et 12 ans je dirais, entrain de se raconter des histoires, de lutter un peu et d’échanger des billes. Je m’y avançai de plusieurs pas pour mieux voir et l’un d’entre eux me repéra. Il était grand et ses cheveux étaient d’un brun foncé, on aurait presque dit un adolescent et je reculai d’un pas, effrayée. Il me surplombait de presque deux têtes et il m’agrippa par le poignet, m’empêchant toute fuite.

« Tu sais que tu es sur notre territoire? Tu fais quoi ici? »

Je restai paralysée par la peur, incapable de lui répondre. J’étais toute petite et je tremblais, me demandant bien dans quel pétrin j’avais encore pu me fourrer moi et ma curiosité. J’entrouvris la bouche, mais aucun son ne sortait et sa prise sur mon poignet commençait à se faire douloureuse.

Je me souviens encore de ses traits, de son visage, de ce jour, ce premier jour...

Le groupe était au complet, tous assis au milieu d'une ruelle, le terrain de chasse par excellence. Oh, ils n'étaient pas des brigands, juste des enfants qui s'ennuyaient, et qui trouvait comme seul intérêt le fait de déranger, histoire de s'amuser. Aujourd'hui, ils n'avaient pas fait grand chose, mais, l'ambiance était là, les éclats de rire volaient, ils étaient réunis, c'était l'essentiel. Un jeune garçon de neuf ans se trouvait au milieu du groupe, racontant l'une de ses fameuses histoires. Lui, Haosha, était un peu devenu le leader du groupe, sans trop le vouloir, sans jamais le demander, mais, c'était assez plaisant, de se savoir apprécié, de posséder une bande d'amis. Ils aimaient se dire qu'ils se connaîtraient toute leur vie, à la vie, à la mort. Mais, aujourd'hui n'était pas une journée comme les autres. Des bruits de pas attirèrent l'attention de tous les jeunes garçons, et, l'un d'eux se leva. Il était surement le plus imposant du groupe, le plus grand, si l'on ne savait pas son âge, on pourrait aisément croire qu'il était un adolescent. Celui-ci s'avança vers la personne qui venait d'entrer sur "leur territoire", et qui risquait maintenant tous les périls. Le jeune Mizutirigi tendit l'oreille, et se fraya un chemin afin de voir qui avait osé venir ici, après tout, peut être que cette histoire serait la première de la journée, très intéressant. Mais, rapidement, ses yeux se posèrent sur la silhouette svelte qui était en face du "colosse", une petite fille, bien plus petite que lui. Son visage était si fin, et ses yeux, quoi que marqués par une certaine peur l'intriguèrent, ils étaient d'une couleur si pure, il n'en avait pas encore vu jusqu'à ce jour. La jeune fille semblait démunie, toute tremblante, aucun son ne sortant de sa bouche. Doucement, Haosha s'avança sans un mot, posa une main sur l'épaule de son ami, le tirant légèrement en arrière, et se positionnant devant lui, maintenant face à la jeune fille. Lui offrant un large sourire, il se retourna vers son ami,

"Ne te fie pas à lui, il a des drôles de manière de se présenter. Moi, c'est Haosha, mais tu peux m'appeler Hao ! Et toi, c'est quoi ton nom ?", dit-il d'une voix suave, emplie de confiance.

La réaction du jeune chef avait surpris le groupe entier, qui, déjà, les regardait étrangement. Habituellement, il n'avait pas ce genre de réactions, ni pour une fille, ni pour qui que ce soit.. Mais là, c'était.. différent ?

J’avais tellement peur. Que pouvais-je faire face à un tel colosse? Surtout qu’il était accompagné d’une grosse bande d’enfants. J’étais persuadée que c’était le jour de ma mort, jusqu’à voir une main. Cette main. La main d’un individu qui changerait ma vie. Qui deviendrait pour moi plus qu’un ami, qui me ferait perdre mes moyens et qui me ferait me sentir toute drôle quand il me souriait. À cet instant, je savais déjà que cette main appartenait à mon sauveur. C’était ridicule, mais je le savais. Il écarta le grand comme si de rien n’était et se glissa entre lui et moi, un sourire sur les lèvres. Je vis ses cheveux, blancs comme la neige, et ne pus m’empêcher de sourire également malgré la peur qui me rongeait. Je trouvais cela…mignon? Il s’adressa à moi, toujours aussi souriant, me disant de ne pas faire attention car son ami avait de drôles de façons de se présenter. Il semblait tellement confiant. Puis, il se présenta. Haosha. Mes lèvres bougèrent, me répétant silencieusement son nom pour l’encrer dans mon être au fer rouge. J’étais maintenant condamnée à ressasser ce nom chaque soir, avant d’aller m’endormir, alors que je me disais que j’avais hâte de le revoir. Condamnée à le ressasser chaque matin devant mon miroir en me demandant s’il me trouvait jolie. Mais ça, je ne le savais pas encore.

Il me demanda mon nom. Timide, j’hésitai, passant mon regard sur la petite foule de gamins qui semblaient surpris. Qu’y avait-il de si surprenant à ce qu’une jeune fille s’égare dites-moi? Je reportai mon attention sur Haosha et je me sentis plus en confiance. Je pu donc avaler ma salive et prendre mon courage à deux mains.

« Sora….je m’appelle Sora. (Pause) Je suis désolée…je ne voulais pas vous déranger…je peux repartir tout de suite et je ne reviendrai pas, je le promets! »

J’avais baissé les yeux, toujours aussi intimidée par tous ces regards qui convergeaient sur moi. Sans m’en rendre compte, j’avais même fait un pas vers l’arrière. Je me sentais tellement petite, tellement faible. Mon poignet était devenu tout rouge et il me faisait mal, j'avais donc mise mon autre main par dessus sans m'en rendre compte pour tenter d'apaiser la douleur en y faisant une petite pression. J'avais toujours peur et j'avais hâte que cette situation prenne fin. J’espérais seulement que ce Haosha s’avère aussi bienfaisant qu’il en avait l’air.

Il y a de ces visages dont vous vous souvenez encore, et vous souviendrez encore, qui ne quitteront jamais votre esprit, malgré le temps, malgré les erreurs.

Les yeux du jeune gamin se plongèrent dans ceux de la jeune demoiselle, il paraissait tellement plus confiant qu'il ne l'était. A vrai dire, derrière sa carapace de "dur", se cachait le petit enfant, qui abordait une jeune fille. Le fait qu'elle fut si fragile l'avantageait, elle ne disait pas un mot, son corps tremblait, et de ses lèvres, qui parfois semblaient s'animer, ne sortaient aucun mot. Il ne la connaissait pas encore, mais, son esprit et son corps agissaient seuls, comme si le destin même les forçait à se connaître plus. A cette époque, il ne savait pas encore qui elle serait pour lui, cette amitié, qui les lierait. La jeune fille sembla déglutir, puis se lança, d'une traite, Sora, elle s'appelait Sora. Le jeune garçon reporta son regard sur l'ensemble du corps de son interlocutrice. Un sourire, voir un léger rictus sorti de ses fines lèvres, en voyant le frêle corps de Sora reculer de quelques pas. Avait-elle si peur que ça ? Un sentiment de compassion embauma le coeur du jeune Mizutirigi, qui, en un instant fit un pas en avant, tel un jeu, fuis moi, je te suis.. La situation le faisait tout aussi rire qu'elle, en quelque sorte, le rendait joyeux. Doucement, il tendit son bras vers l'avant, allant jusqu'à avancer son main jusque devant Sora, lui faisant signe de le prendre par la main, et d'approcher. Les yeux rivés sur les deux jeunes protagonistes semblèrent s'écarquiller. Le chef du groupe proposant à une fille de venir avec eux ? Tss.. Mais, le jeune de Suna s'en fichait, il en avait envie, rien de plus. N'attendant pas que la jeune Sora lui prenne la main, il l'attrapa, doucement, mais surement, et la tira tout doucement vers lui, afin qu'elle approche légèrement plus près du groupe. Du bout des lèvres, Haosha prononça quelques mots, à la limite du murmure, après tout, quitte à se mettre le groupe à dos, autant aller jusqu'au bout, non ? C'est donc d'une voix suave, et presque inaudible qu'il prononça ses mots :

« Tu ne me déranges pas... Sora, et tu ne déranges personne ici, dit-il, l'habituel sourire aux lèvres. Viens plutôt t'asseoir avec nous... »

La fin de sa phrase parut plus hésitante, peut être que sa carapace de "dur à cuire" n'était pas si épaisse que cela..

J’étais effrayée, réellement. Jusqu’à ce qu’il me tende la main. Il me fit signe de lui prendre la main. J’approchai donc ma frêle petite main, timidement. Je ne savais pas si c’était une bonne idée, mais je ne me sentais pas non plus obligée d’être méfiante. J’avais l’impression qu’il ne laisserait aucun de ces jeunes derrière lui me faire du mal, c’était une certitude. Il fit le reste du chemin, saisissant ma main avec douceur. Il me tira vers lui et s’est gênée que j’avançai d’un pas, détournant mon regard du sien. C’est alors qu’il me murmura quelque chose, me disant que je ne dérangeais personne ici et m’invitant à venir m’asseoir avec eux. Je le regardai avec de grands yeux surpris, l’air de dire « tu-ne-me-fais-pas-une-blague-là? ». Mais il semblait tout ce qu’il y avait de plus sérieux. Je souris timidement, sentant mes joues rougir légèrement.

« Je peux? Vraiment? »

Mon sourire c’était élargi. Peut-être pourrais-je enfin avoir des amis à Suna. Jouer avec eux et parler à quelqu’un d’autre que ma mère. C’était une idée vraiment attirante, me dis-je en le suivant dans le cercle de gamins. Ils me regardaient tous avec un regard bizarre et c’est là que je compris pourquoi. J’étais la seule fille ici. Qui plus est, Haosha *hum!* Hao-kun semblait assez important dans le groupe. Je baissai les yeux et rougis encore un peu, consciente de la chance qui s’offrait à moi. Je m’assis donc avec les autres, passant mon après-midi avec eux à rire de leurs blagues et à écouter leurs histoires.

Scène 2 : Déjà la fin?

C’était une journée pas comme les autres. J’étais assise sur mon lit en train de regarder mon cadran, les yeux rougis par mes pleurs qui avaient du occuper une bonne partie de ma nuit. Il était encore très tôt et le soleil n’était pas levé. Je n’avais pas réussi à trouver le sommeil. C’était aujourd’hui le grand départ d’Hao-kun vers des contrées lointaines alors qu’il désirait parcourir le monde. Je n’avais que treize ans et lui quinze, n’était-ce pas un peu jeune pour laisser son village derrière lui et partir à l’aventure? Et s’il croisait des bandits? Et s’il ne revenait jamais à la maison? Je sentis ma tête commencer à tourner et j’enfouis mon visage dans mes mains, sentant des larmes naître dans mes yeux.

****

C’était l’heure du départ et je sentais mon cœur se serrer de plus en plus. Pourtant, sur mon visage, on ne voyait plus qu’un sourire. Sans doute un peu triste certes, mais il était là, fidèle à son poste. Je n’avais pas le droit de le laisser me voir pleurer, pas aujourd’hui. Si je le faisais, il porterait ce souvenir avec lui tout au long de son voyage et ce n’était pas envisageable. Je voulais qu’il conserve un beau souvenir de moi, qu’il puisse partir le cœur léger. Dans mes mains, je tenais l’une de mes deux boucles d’oreille, l’autre encore à son poste. C’était sans doute ridicule, mais je me disais que si je lui offrais, il aurait toujours une partie de moi avec lui et vice-versa. Que c’était une façon de garder un lien entre nous deux.

J’étais arrivée la première aux portes, avec le soleil, et j’attendais nerveusement jusqu’à ce que finalement, je le vis arriver avec d’autres membres de notre petit groupe. Certains avaient décidé de le suivre dans son périple, ce que je ne pouvais malheureusement pas faire. Ma mère avait trop besoin de moi ici et j’avais décidé de m’inscrire à l’académie ninja. Mais j’aurais tellement aimé pouvoir y aller… Je marchai vers Hao-kun d’un pas décidé, me battant résolument pour que mon sourire ne cède pas sa place à des larmes amères. Puis, lorsqu’il fut suffisamment prêt, je le serrai dans mes bras, en profitant pour bien sentir son odeur une dernière fois et remarquer qu’il avait bien grandi. Presque une tête nous différenciait maintenant et je pouvais sentir qu’il n’était plus un enfant.

« J’espère que ce voyage t’apportera tout ce que tu recherches. Mais n’oublie pas de revenir me voir de temps en temps d’accord? »

Les souvenirs sont les seules choses que l'on conserve toute une vie. Qu'ils soient lourds à porter, qu'ils nous entaillent au plus profond, ils nous accompagnent jusqu'au trépas. Pourtant, on aimerait tellement en oublier, ne plus vivre avec, que cette hantise disparaisse à jamais. Ce souvenir était encore si profondément ancré dans son cerveau, et, jamais il ne le quitterait. Ce jour-là, sa vie prenait une nouvelle dimension, une erreur qu'il faisait, une grave erreur. Après tout, il était si jeune, il n'avait conscience de rien, et encore moins de ce qu'il laissait derrière lui, de qui il laissait derrière lui. Devant ses yeux, ne se profilait qu'un paysage, celui de l'aventure, celui d'une nouvelle vie. Il était déjà si grand, si différent de l'époque où il l'avait rencontrée, elle, qui deviendrait rapidement l'une des personnes pour qui il avait envie de se réveiller chaque matin. Cela faisait déjà six ans, si ce n'étaient plus, et, il n'avait jamais regretté ce jour-là, de lui tendre la main. Mais, le jeune Mizutirigi était aveugle, et son désir de voyage, de changer, surpassait de beaucoup tous ses sentiments. Un jour, il reviendrait, il le savait. Mais, dans quelle position reviendrait-il ? Celle d'un envahisseur, celle d'un ennemi ? Oh, il ne savait pas, et, à cette époque, il ne s'en souciait pas. Il n'avait pas envie de penser à ça, préférant se dire que jamais cela n'arriverait. Pourtant, il n'était pas dupe.. La réalité du monde ninja était telle, qu'il était obligatoire qu'il revienne en tant qu'ennemi, et qu'un jour, il se retrouverait à se battre face à ses anciens amis, face aux hommes et femmes qu'il avait pu aimer. Peut être qu'il devrait même faire couler leur sang. Ce jour-là, dès son réveil, il savait que tout n'irait correctement, son coeur faisait de chacun de ses pas un enfer, le faisant douter à chaque instant. La route lui parut tellement longue jusqu'aux portes de son propre village. Cette grande avenue, ce sable, ces lieux, qu'il ne foulerait peut être plus jamais. De nombreuses images traversèrent son esprit, le rendant comme inconscient, et un visage prédominait, celui de Sora. Il savait qu'il la laisserait derrière lui, sans défense. En quelques années, il s'était donné comme mission de la protéger, de faire que personne ne puisse la toucher, que jamais elle ne soit blessée. Elle était l'une des rares du groupe à ne pas le suivre, elle ne pouvait pas, jamais elle ne ferait ça à sa mère.

Cette fille était forte, il ne cessait de se le répéter. Tiendrait-elle toute seule, là ? Dans cet enfer ? Il préférait croire que cela était possible, que même loin d'elle, il pourrait la protéger. A vrai dire, il espérait en quelque sorte qu'elle ne soit pas venue lui dire au revoir. Mais, tandis qu'il approchait les portes du village, une fine silhouette se dessinait, et il put reconnaître ses traits en un instant. Tandis qu'il s'approchait encore, il la vit marcher jusque devant lui, et, dans un élan, le serrer de ses bras. Le jeune Haosha fut littéralement foudroyé, et son corps s'emplit de cette même sensation. Un manque naissait en lui, alors qu'il n'était pas encore parti. Doucement, il regarda la jeune fille de treize ans sous ses yeux, s'efforçant de lui livrer le plus beau de ses sourires. L'amertume qui l'envahissait commençait déjà à le consumer de l'intérieur, mais, du long de ses bras, il l'entoura à son tour, la serrant fort auprès de lui. Ce câlin avait plus de sens que n'importe quelles paroles. Il n'avait d'ailleurs pas envie de parler, pas du tout. Mais, l'usage voulait qu'elle lui souhaite un bon voyage, et qu'il lui promette de la revoir. Cela n'était qu'illusoire, ils le savaient tous deux. Mais, peut être qu'ils voulaient que l'espoir reste, tandis qu'ils seraient séparés. Ils étaient seuls, le monde alentour ne les concernait plus. C'est à peine si le jeune homme aux cheveux ivoires se rendait compte de la présence de ses autres amis. C'est alors que la voix frêle et douce de Sora rompit le silence. Elle lui souhaitait un bon voyage, espérant que le jeune homme trouverait ce qu'il cherchait au plus profond de lui. La dernière question de Sora lui provoqua un second électrochoc. Il ne savait pas quoi répondre, il était perdu.. Mais, le jeune garçon n'avait jamais voulu lui montrer une seule part de faiblesse en lui, il voulait qu'elle pense qu'il était si fort qu'elle ne serait jamais en danger, qu'il serait toujours là pour elle. Un silence pesant se mit en place, et Haosha déglutit avant de prononcer quelques mots, dans son habituelle voix, si suave et qui paraissait tellement confiante. Il ne l'était pourtant si peu, mais, jamais elle ne devait le savoir.

« Je te le jure, Sora-chan. Tu me manqueras, et je ne cesserais jamais de penser à toi, sache que la distance n'est rien, et que je serais toujours là pour toi. »

Il marqua un arrêt, lourd de sens, tandis que les autres membres du groupe avançaient plus loin que les portes. Il était l'heure de partir, mais, c'était bien dans les bras de la jeune fille qu'il voulait être, à ce moment précis.

Je m’étais littéralement jetée dans mes bras pour le serrer contre moi et je le senti se raidir. Durant un instant, je m’en voulu. Cette preuve d’affection était-elle de trop? L’avais-je mis mal à l’aise? Mais non, c’était idiot! C’était un au revoir et mon geste avait été tout à fait normal. Du moins, c’était ce que je me répétais pour ne pas me sentir mal. C’est alors que je sentis ses propres bras m’enlacer et que je me sentis toute petite, toute fragile alors que lui commençait déjà à avoir son corps d’adulte. Je fermai les yeux, encrant ce moment au plus profond de mon être puisque jamais, au grand jamais, je ne voudrais l’oublier.

Je m’adressai ensuite à lui de ma voix la plus confiante possible, ce qui n’était pas des plus impressionnants. Je remarquai une fois de plus que je le mis mal à l’aise, avec ma question cette fois. Je me mordis la lèvre, légèrement inquiète. Peut-être en fait il ne savait pas quoi répondre car il ne comptait tout simplement pas revenir. Que j’étais un fardeau et qu’il avait hâte de m’abandonner derrière lui avec tout ce sable pour aller découvrir le monde avec plusieurs membres de notre petit groupe. D’ailleurs, je remarquai qu’ils avaient continués leur chemin, nous laissant un petit moment pour nous dire au revoir, comme respectant ce besoin d’être ensemble une dernière fois.

Il me répondit enfin, me jurant qu’il reviendrait me voir. Il ajouta que je lui manquerais et qu’il ne cesserait pas de penser à moi. **Menteur**, me dis-je. Bien sur qu’il ne penserait plus à moi. Il aurait le monde en entier qui s’offrirait à lui, ne demandant qu’à être découvert. Et il voulait me faire croire qu’il penserait à moi? Mais bon…au moins il tentait de me rassurer. Au moins, il tentait d’être là pour moi en cet instant précis. Il conclu en disant que la distance n’était rien et qu’il serait toujours là pour moi. J’acquiesçai, un sourire mélancolique sur mon visage.

« Je sais. Tu as toujours été là pour moi Hao-kun. (Pause) Ça va te paraître stupide, mais…j’ai quelque chose pour toi. »

Sur ce, j’ouvris ma paume et lui montrai ma petite boucle d’oreille rouge, copie conforme de celle qui se trouvait encore à mon oreille, puisqu’elle était son autre moitié. Je me sentis un peu gênée, mais j’avais commencé alors je devais finir.

« Comme ça, une partie de moi sera toujours avec toi et vice-versa. Ce n’est pas grand-chose…mais j’espérais que ça ne te dérange pas que je te l’offre. »

Sur ce, je m’approchai de lui lorsqu’il m’y eut autorisé pour mettre la boucle d’oreille en place, à son oreille gauche. Je fis très attention pour lui faire le moins mal possible avant de me reculer un peu et d’admirer le résultat. Un sourire fier empli mon visage, bien que je sentais toujours un picotement dans mes yeux, une envie folle de pleurer. Puis, je regardai mes souliers, me sentant rougir.

« D’ailleurs, Hao-kun…Avant que tu partes, je voulais te dire que… »

« Hoy!! Haosha!! Il ne manque plus que toi mon vieux! »

Je m’arrêtai, coupée par l’un des compagnons de voyage d’Hao-kun. Je n’osai plus reprendre la parole, le visage empourpré. De toute façon il valait mieux comme ça. Lui avouer maintenant n’aurait donné rien de bon. Il partait de toute façon et cela laisserait sans doute une tâche permanente sur notre amitié, ce dont je ne voulais pas. Je voulais conserver tous ces souvenirs intacts. Je voulais que lorsqu’il penserait à moi là-bas, sur la route, il soit heureux.

Ses sourcils s'arquèrent alors qu'il voyait la petite fille vouloir lui offrir quelque chose. Elle était si mignonne, qu'étonnamment, une faible larme sembla apparaître le long de ses deux yeux, qu'il effaça d'un revers. Non, il ne voulait pas que cela se voit. Même, s'il savait qu'elle était plus intelligente que ça, qu'elle savait très bien qu'il mentait en partie, qu'il la laissait seule, seule face aux dangers qu'il avait tant voulu écarter d'elle. Quand elle ouvrit sa main, dévoilant une petite boucle d'oreille rouge, celle qu'elle portait, son coeur fit un bond, semblant s'arrêter un instant. C'était si symbolique, si beau.. Elle sembla hésiter un instant avant de l'accrocher à son oreille, mais le jeune Haosha la laissa faire, comment pouvait-il refuser après tout. Il s'abaissa d'ailleurs un instant, afin qu'elle atteigne facilement son oreille. A jamais ils seraient liés, c'était ça qu'il s'était promis. Ils ne se reverraient pas avant des années, peut être dix ans, peut être plus, mais, une chose était claire, ils se retrouveraient, quelque soit le contexte, quelque soient les conditions. Le jeune enfant ne prononça aucun mot, comme muet face aux évènements qui se déroulaient devant ses yeux. Il n'était plus maître de grand chose. Soudain, la jeune fillette commença à parler, encore plus gênée qu'à l'habituelle. Oui, cela était possible.. Mais, elle fut très rapidement coupée par l'un des compagnons de route d'Haosha, qui lui demandait expressément de les rejoindre. Après cela, Sora ne semblait pas vouloir continuer sa phrase. A l'heure d'aujourd'hui, il regrettait encore de ne pas être resté, de ne pas avoir attendu, de ne pas l'avoir forcé à prononcer ces quelques derniers mots. Mais, il n'était qu'un gamin, et, on l'attendait. Alors, il mit son sac bien haut au niveau de son dos, se pencha doucement, laissa un baiser sur la joue de la petite Sora. Il ne voulait pas rendre ce souvenir trop douloureux pour eux deux, il voulait juste qu'il soit comme il est, ni trop dur, ni trop facile à surmonter. Il voulait se rappeler à vie de cet instant, afin, d'un jour, savourer son retour. Le jeune Haosha ne savait pas pourquoi, mais il ne lui demanda même pas ce qu'était la fin de sa phrase, peut être parce qu'au fond de lui, il savait ce qu'elle voulait dire, et en parler la ferait souffrir. Et, faire souffrir cette fille qui comptait tant pour lui, lui paraissait improbable.

"Je ne t'oublierais jamais Sora, tâche de ne pas m'oublier toi.. Protège toi, le monde est dangereux, sois forte, et deviens la meilleure, aies confiance en toi."

Puis, il commença à avancer, afin de rejoindre le groupe doucement, laissant derrière lui et la petite fillette, et une partie même de son être.

J’allais finalement me lancer lorsque l’un de ses compagnons de route l’appela. Comme je ne fis pas mine de continuer ma phrase, Hao-kun plaça son sac sur ses épaules et mon cœur se serra, se comprima, se fissura. Puis, il s’approcha de moi et je figeai sur place, le laissant déposer un baiser sur ma joue. Je rougis plus que je ne l’avais jamais fait de toute ma vie, détournant le regard, ne me sentant pas capable de le regarder en face après ça. Mais je le du alors qu’il m’adressa des paroles importantes. Des paroles que je me promis de ne jamais oublier.

« Promis Hao-kun! Je vais être forte pour toi, tu verras! Et tant que nous porterons tous deux notre boucle d’oreille, je ne pourrai pas t’oublier puisque nous serons ensemble! »

Je le regardai ensuite s’éloigner. J’avais envie de crier, envie de le suivre et de lui demander d’y réfléchir encore un peu. Mais c’était quelque chose que je n’avais pas le droit de faire. À la place, je laissai libre court au flot de larmes qui n’attendait que ma permission pour inonder mon visage. Je me retournai, quittant l’entrée du village à la course, fuyant vers les bras de ma mère où je pourrais pleurer sans retenue.

Scène 3 : Le cauchemar
Avertissement de scène potentiellement choquante

Des souvenirs enfouis dans le sable... | Rp Flashback | Haosha Kyhygg10

L’avant-poste était à feu et à sang. J’étais moi-même penchée sur l’un de mes alliés, tentant d’appliquer la paume mystique sur une plaie béante, les mains plongés dans ses entrailles. Mes mains étaient couvertes de sang jusqu’aux coudes, sans compter les multiples taches sur mes vêtements et sur mon visage. J’avais du sang jusque dans les cheveux. Je tremblais de tout mon corps, incapable de prononcer le moindre mot devant une telle horreur. Autour de moi, j’entendais de cris paniqués sur un fond d’explosions violentes. Je levai lentement le regard, voyant un camarade courir vers moi, hurlant de peur. Je voulu me lever et courir vers lui, mais mes jambes s’y refusèrent et je le regardai se faire transpercer par un katana ennemi.

Un grand homme sombre, couvert de sang, qui posa son regard malveillant sur moi. Il abandonna son katana dans l’homme qui m’avait accueillit à l’avant-poste deux semaines plus tôt. Je compris alors qu’il venait vers moi, les bras tendus, son regard avide et sale. Je me levai, sentant mes jambes molles qui menaçaient de céder sous mon poids. Et je tentai de courir, chaque bouffée d’air teintée de fumée me donnant un peu plus envie de tousser, de me gratter la gorge jusqu’à l’arracher. J’avais du mal à faire un pas devant l’autre, sentant le sol se dérober sous moi à de nombreuses reprises. Un autre homme apparu de presque nulle part, me barrant la route et m’attrapant par ma longue chevelure d’ébène. Je me débattis avec rage, mais il semblait prêt à me tenir jusqu’à ce que ma tête s’arrache. L’autre homme arriva ensuite, m’immobilisant avant de me jeter sur son épaule. Je continuai de me débattre avec l’impression d’être plongée dans de la mélasse. Chaque mouvement était plus exigeant que le précédent et j’étais à bout de souffle. C’est alors qu’ils se dirigèrent vers une petite remise, accompagnés d’un troisième homme qui se joignit à eux.

Ils entrèrent et fermèrent derrière nous avant de me plaquer au sol. S’en suivit une lutte verbale pour savoir qui commencerait. Je me mis à pleurer, secouée de sanglots, les implorants de me laisser partir ou, au moins, de me tuer. Pour m’encourager au silence, l’homme qui me maintenant au sol sortit un kunai et traça une profonde entaille le long de mon bras. Je criai, criai. Un son de profond désespoir qui n’avait même plus l’air humain. Il approcha sa lame de moi une nouvelle fois et je le suppliai de ne plus recommencer. Mais il continua, encore et encore jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que des sanglots étouffés. J’étais couverte de mon sang, ne sentant plus mon bras. Ma vision était tâchée de point noirs et j’avais l’impression d’essayer de respirer sous l’eau. Lorsqu’ils m’arrachèrent mes vêtements, je ne m’en rendis même pas compte tout de suite.

Celui qui m’avait repéré aurait l’honneur de commencer pendant que les deux autres me maintiendraient au sol, se faisant une joie de me rappeler à l’ordre si je pleurais trop fort. L’un tenait donc mes bras pendant que l’autre plaça la lame de son kunai tout près de ma gorge, n’hésitant pas à le faire mordre dans ma chaire. Et puis vint la douleur. Une douleur atroce et sans nom qui me transcendait autant physiquement que mentalement. Je sentais le sol froid de la remise sous moi et je le sentais lui. Suant à grosses gouttes, couvert du sang de mes amis, en train de se faire le plaisir du siècle grâce à moi. Chacun de ses mouvements me faisait atrocement souffrir, comme un éclair qui m’aurait frappé. Je continuai à pleurer, les implorant d’arrêter. Mais ils étaient trois et ils n’arrêteraient pas avant d’avoir été satisfaits tous les trois. Ma voix était faible et plaintive, mais n’échappa pas aux oreilles de mes bourreaux. L’homme par-dessus moi me saisit par les cheveux et fracassa ma tête contre le sol.

Je laissai s’échapper une plainte souffrante. Je sentais les pulsations régulières de mon cœur dans le moindre recoin de ma tête et je sentais un liquide poisseux et encore chaud imbiber ma chevelure. J’eu envie de pleurer de plus belle, mais je du me retenir. Je me mordis la lèvre inférieure, priant pour que ma mort vienne au plus vite. Peut-être que si je criais assez fort, ils me frapperaient jusqu’à me tuer? C’est donc ce que je fis, criant jusqu’à ne plus avoir d’air. Implorant les autres ninjas de Suna qui étaient en poste avec moi. Mais c’était ridicule, complètement ridicule. Ils étaient tous morts, je le savais, je les avais vus agoniser. L’homme qui me chevauchait perdit patience et me frappa sans ménagement au visage, me réduisant au silence. Mon nez était sans doute brisé, déversant un flot sanguin qui se déversa dans ma gorge, me faisant toussoter. Je respirais mon propre sang, j’allais me noyer dedans!

C’est alors qu’un autre des bandits le força à me lâcher, m’agrippant fermement pour me retourner. Ventre contre le sol froid, je souffrais atrocement, chaque parcelle de mon corps implorant pour la délivrance. Mon nez saignait toujours, créant lentement mais surement une flaque écarlate au sol. Mais la mort ne viendrait pas de si tôt, me dis-je alors que le second commença son œuvre, tirant ma chevelure d’une main pour me faire relever la tête et plaçant un kunai à ma gorge de l’autre, histoire de me forcer à être plus coopérative. Je devais crier plus fort, crier à nouveau pour qu’il se fâche. Pour que je sois enfin libérée de ce cauchemar atroce. Je devais être forte dans cette épreuve, je le lui avais promis. Je ferais ce qu’il fallait pour écourter leur plaisir. Je combattrais jusqu’au bout pour ma liberté, je me battrais jusqu’au bout pour mourir.

L'ambiance était terrible, le sable prenait des teintes si rouges qu'on aurait pu croire que des centaines d'hommes avaient été tués. A vrai dire, c'était peut être le cas. L'homme ne savait pas réellement de combien de personnes il avait quitté la vie. Il était habillé de son habituel long kimono, surplombé d'une sorte d'armure traditionnelle. Sur son long kimono blanc, de nombreuses traces de sang étaient visibles. La tornade qu'était le village de Kiri avait strictement tout dévasté. L'enfant qu'il était quelques années plus tôt était revenu, mais revenu en tant qu'ennemi. Haosha ne pouvait se résoudre à remplir ce rôle, c'est pourquoi il frappait ses anciens compagnons avec mesure, tâchant de les éliminer sans pour autant les tuer, juste de manière à ce que l'on croit qu'ils soient morts. Cela marchait peu, et les personnes qui l'accompagnait avait déjà massacré une bonne partie de l'avant poste. Parmi ces ninjas, il avait l'impression d'en connaître tellement. Ils étaient des visages qu'il avait déjà croisé dans le village du sable. Et, ces mêmes visages étaient au sol, gisant dans des marres de sang, ou totalement inanimés. Cependant, le jeune Mizutirigi ne montrait aucune émotion, il n'avait pas le droit. Voilà ce qu'était la guerre, elle n'avait rien de noble, surtout quand elle tournait au massacre. Ils étaient tellement nombreux, et si hargneux. Dans ce monde qui était le sien, chacun cherchait à se positionner dans les bonnes grâces de ses supérieurs, en tuant s'il le fallait. L'homme qui reviendrait avec la lame la plus rouge serait surement celui qui gagnerait en estime. Il y avait encore quelques courageux, fonçant sur les shinobis de Kiri. Suna était un peuple si courageux, une nation qui ne faiblissait jamais, et ce, dans toutes les occasions. Les légendes disaient que ce village était celui qui créait les ninjas les plus courageux, ceux qui ne reculent jamais, et qui n'hésiteraient jamais à perdre la vie pour sauver leur village. C'était respectable, après tout.

Alors qu'il était plongé dans ses pensées, un shinobi s'avança rapidement vers lui, kunaï à la main. Il était l'un des survivants de Suna. D'un regard, il remarqua que son état était des plus pitoyable, il semblait souffrir à chaque pas, son sang s'épongeant dans le sable du désert. Le jeune Mizutirigi n'eut aucun mal à dégainer son katana, avant qu'il n'arrive près de lui. D'un geste ample, il esquiva le kunaï, qui vint frôler son visage, récoltant quelques mèches de ses cheveux. Rapidement, il fit danser son katana dans l'air, tranchant l'arrière des deux jambes du shinobi, qui s'était retrouvé par maladresse dos à lui. Sans un cri, ni un regard, le shinobi de Suna tomba au sol, paralysé par la profondeur du coup. Dans son geste, Haosha lui avait surement littéralement découpé les tendons. Il n'accepta pas pour autant de le tuer. Il était trop faible maintenant, et ce serait si lâche d'achever une vie ainsi. Son adversaire n'avait pas été en état de combattre dans les règles de l'art. Ils étaient donc tous à terre, tous éliminés. Il ne restait plus personne dans l'avant poste. Observant les alentours, il ne vit aucun homme se battre, mais, un cri perça le silence naissant. Et, cette voix le transperça, lui envoyant un puissant électrochoc. L'homme ne put se résigner à ne rien faire, c'est pourquoi il avança vers l'endroit d'où semblait venir le cri. C'était un cri féminin, et ce qui lui arrivait semblait être terrible. Cependant, l'homme était encore loin de sa plus grande surprise. Dévoilant le lieu de l'horreur, ses yeux s'écarquillèrent, plusieurs shinobi de Kiri semblaient se donner le plus grand des plaisirs avec une jeune demoiselle, très certainement une shinobi de Kiri. Sans un bruit, le jeune Haosha pénétra le lieu, sans avoir dégainé son Katana. D'un geste rapide, il frappa l'homme qui s'amusait du plat de sa lame. Sa surprise fut telle qu'ils se retournèrent tous, en même temps, vers lui.

"Qu'est-ce que tu fous, c'est notre récompense, nous nous sommes battus pour le Mizukage, et c'est son cadeau pour nous récompenser. Si tu oses t'approcher plus, je te plante ma lame dans le coeur."

Sans un bruit, et dans un geste si rapide que l'homme ne put réagir, il planta la lame de son Katana dans le trapèze du shinobi, avant de le frapper d'un coup de genou surpuissant au nez. Un bruit roque se fit entendre, il lui avait surement brisé en deux le nez, et le violeur tomba au sol, inanimé. D'un regard intense, il reporta son attention vers les autres acteurs de l'horreur. Pointant sa lame vers eux, il leur fit comprendre qu'il leur réserverait le même sort s'ils ne partaient pas rapidement. Alors, ils s'exécutèrent, sans se plaindre, très certainement apeurés par le jeune shinobi, à l'air si déterminé. Puis, tandis qu'ils quittaient la place, l'homme se retourna, sans porter un regard au corps frêle de la demoiselle. Retirant son armure et la jetant au sol, il tira son kimono, qu'il lui lança dans un geste.

"Tiens, prends ça, et garde-le sur toi", dit-il en se retournant, d'une voix limpide, sans émotion.

"So.. Sora ?!"

Les dernières paroles du jeune homme furent si difficilement prononcées, emplis d'un sentiment d'horreur qui le consommait de l'intérieur. Était-ce bien elle ? La petite fille qu'il avait laissé quelques années plus tôt..

La porte s’ouvrit et je vis un homme, grand, à la stature rendue plus imposante par une armure. Et je vis sa chevelure dans la lumière filtrant par la porte. Une chevelure d’ivoire qui me rappelait tant cette d’Hao-kun. Je me sentis défaillir, effrayée. Puis, il frappa celui qui s’acharnait sur moi et un soulagement indescriptible vint. La douleur était encore présente, mais maintenant qu’il était éloigné de moi, elle était moins vive. J’étais nue contre le sol, me recroquevillant sur moi-même en fermant les yeux, retenant ma respiration, pleurant à chaudes larmes. J’étais encore couverte de mon sang et j’avais des vertiges affreux. Alors que je sentis mes assaillants rendre leur dernier souffle, je vomis par terre, m’éloignant ensuite de cette flaque immonde et noyée de sang. C’est à ce moment que je le vis retirer son armure et me lancer son kimono blanc, déjà maculé de sang. Je le serrai contre moi, m’en servant pour préserver un minimum de ma dignité, portant naturellement la main à mon oreille gauche, là où je portais encore mon unique boucle d’oreille.

Il s’adressa à moi et mon cœur s’arrêta un instant. Cette voix. Cette voix à laquelle j’avais rêvée jour et nuit depuis son départ, ce pourrait-il que ce soi…. Et j’entendis mon prénom. Je fondis en larme, retenant le kimono contre moi de mes petits bras frêles, tremblants et plein de sang. Ma longue chevelure noire était poisseuse, salie par le sable et le sang, et tombait sur mes épaules et devant mon visage. Je tremblais, n’osant pas regarder ni les cadavres de mes agresseurs, ni mon sauveur. Je sanglotais, tordue de douleur et de honte. Il me fallu longtemps avant de pouvoir parler entre deux sanglots, juste assez pour dire ce que j’avais sur le cœur en cet instant.

« Pourquoi….pourquoi…Tu n’au…Tu n’auras pas du….POURQUOI TU M’AS PAS LAISSÉ CREVER?!? »

Au début, ma voix avait été faible et hésitante, interrompue par mes sanglots. Puis, elle s’était faite sur-aigue, criarde, paniquée et accusatrice. Je lui en voulais tellement. J’étais prête à mourir, je l’avais accepté, je l’appelais de toutes les fibres de mon corps. Je voulais mourir! Et il était arrivé à ce moment là pour me sauver, pour préserver ma vie et me forcer à vivre chaque jour avec le souvenir atroce de cette journée. Non, je ne le voulais pas. Et, maintenant, en cet instant précis, je me suis mise à haïr ce jeune homme que j’avais pourtant aimé presque toute ma vie.

Son souffle était court, presque haletant. L'atmosphère ambiante le compressait, l’entraînait dans une sorte de transe, qu'il essayait, visiblement très mal de contenir. Il était entre la rage que lui provoquait ces hommes, qui avaient osé, ils avaient osé la toucher, lui faire du mal. D'autre part, l'impuissance le bloquait, il ne savait que faire, cela faisait des années qu'il l'avait perdue, qu'il l'avait laissée, aux mains de ce perfide monde. Il n'avait pas oublié ce visage, mais, il savait que leur rencontre serait dure, trop dure. Mais, le jeune shinobi n'aurait jamais pu penser à la situation dans laquelle ils se trouvaient, eux deux. Lui, debout, face à elle, transpirant, marqué par les meurtres, marqué par la guerre, mais surtout marqué par sa vision. Elle, souillée par la guerre, déchirée, extérieurement comme intérieurement, ses yeux laissaient transparaître un sentiment qu'il n'avait jamais vu auparavant. Son habituel doux visage, innocent, semblait lui montrer une terrible violence. Elle était là, et pourtant, en ce moment, il n'avait pas envie de la voir. Il avait tant espéré une belle rencontre, aux portes du village, là où il l'avait quittée, où, dans un élan de joie ils se seraient retrouvés. Mais, les mots qui sortirent des lèvres de la jeune demoiselle transpercèrent son esprit, son corps tout entier, qui devint tout à coup si frêle, et si faible. Sa voix le découpa de l'intérieur, elle fut si faible, mais si forte dans les mots choisis, dans le ton. Elle lui en voulait, terriblement, et le seul fait qu'elle eut préféré mourir enflamma son esprit, développant une haine si instantanée, si forte. Le jeune homme n'aurait jamais dû quitter le village du sable, et, il s'en rendait compte. Doucement, et par des pas contrôlés, malgré le fait qu'il soit submergé par ses sentiments, il s'écarta un peu d'elle, lui tournant le dos un instant, s'asseyant plus loin. Puis, lorsqu'il se sentit assez fort, quand il se sut capable de ne pas dévoiler la réalité de son esprit, si tourmenté, presque détruit de l'intérieur, il commença à parler, d'une voix qui se voulait calme mais qui ne cachait finalement pas si bien son état d'esprit.

« Je ne peux pas Sora, je ne peux pas. Je m'étais fait la promesse de ne jamais t'exposer aux dangers de ce monde, que personne ne te toucherait jamais, que jamais tu ne serais blessée, ni moralement, ni physiquement. Et, tu m'as promis que tu serais assez forte, que tu serais là à mon retour. Je n'ai jamais cessé de t'avoir à mes côtés.. », marquant un temps d'arrêt, perdu dans ses pensées. Oui, elle l'avait toujours suivie, à travers cette petite boucle d'oreille, qu'encore il avait auprès de lui. En un instant, il dévoila la petite boucle rouge, la serrant finalement dans son poing. « Comment aurais-je pu te laisser mourir ? .. Je ne l'aurais jamais supporté. ». Il conclut ses paroles dans une voix si faible, qu'elle fut presque inaudible. Comme à son habitude, quand elle le suivait, à Suna, il plongea ses deux yeux directement dans ceux de Sora, malgré la haine, malgré la peur, malgré tout ce qui le rendait si faible.

J’essayais de ne pas le regarder. Je tentais d’oublier qu’il était là et de me dire que ce n’était qu’un cauchemar, que rien de tout ça n’était en train de se passer. Tout cela était réel. Tout cela était horrible et beaucoup trop lourd à porter, mais c’était totalement réel. Affreusement réel comme le bruit d’ongles qui grugent un tableau ou comme l’eau brûlante qui nous coule sur le dos le temps que l’on réajuste l'eau. Sauf que dans ce cas ci, je ne pouvais rien y faire. Je devais subir. Ce flot de honte brulant et strident qui m’écorchait vive et me donnait envie de me tordre de douleur, de crier jusqu’à m’étouffer. Je cru qu’il allait partir et j’en fus heureuse, il m’avait écouté, il me laisserait mourir au bout de mon sang et de mon malheur. Me vider comme un vulgaire œuf échappé sur le plancher d’une cuisine. Me répandant sur le plancher pour y finir mes jours horriblement courts. Mais non, il ne me fit pas se plaisir. Il alla seulement plus loin pour s’effondrer plus que pour s’asseoir, comme frappé par la situation tout à coup, sans qu’il ne s’y soit attendu. Nous restâmes ainsi longtemps, lui me tournant le dos, moi pleurant jusqu’à l’épuisement. Était-il possible de pleurer jusqu’à me déshydrater? Pleurer jusqu’à en mourir?

Mais il s’adressa à moi, sa voix perçant mes tympans et martelant ma tête. J’avais envie de me boucher les oreilles et de crier aussi fort que je le pouvais, jusqu’à en perdre l’audition. Entendre sa voix me faisait mal. M’arrachait lentement le cœur et me donnait la nausée. Il n’aurait pas du être là. Pas du me retrouver comme ça. Il aurait du être bien sage, me laisser mourir et pleurer devant une belle petite photo à mon enterrement et déposer une fleur pour moi. Une marguerite, j’aimais bien les marguerites.

Il me dit qu’il ne pouvait pas. Tant pis pour lui, je n’avais jamais eu autant envie de quelque chose et j’étais décidée à le lui faire savoir, mais plus rien ne sortait de ma gorge écorchée à vif d’avoir trop crié. Il me dit s’être fait une promesse, celle de ne pas me laisser être exposée aux cruautés du monde. Alors pourquoi être parti! Pourquoi avoir quitté le village? S’il voulait tellement me protéger, pourquoi ne pas l’avoir fait!? Il poursuivit en me rappelant ce que je lui avais dit, que je serais assez forte. Voulait-il me faire porter le blâme en plus maintenant? J’eu envie de crier, mais seul une plainte faible fraya son chemin dans ma bouche pâteuse et tâchée de sang. Je tremblais et les larmes continuaient de couler sur mon visage, se frayant un chemin dans la poussière. Il me montra la boucle d’oreille que je lui avais offerte, me dis que j’avais toujours été avec lui. Et une fois de plus, j’eu envie de crier rageusement, de lui dire d’aller se faire foutre parce qu’il n’avait jamais été là et que tout ça ne serait pas arrivé s’il était resté. En ce moment précis, je le haïssais plus que je n’haïrais jamais quiconque dans toute ma vie. Il fini en disant qu’il ne supporterait pas de me laisser mourir et, cette fois, j’éclatai en sanglots plus forts, plus incontrôlés. Le sol bougeait sous moi et des points noirs revenaient pour brouiller ma vision et me vider de mes forces.

- Alors…pourquoi es-tu parti? Je sanglotai de nouveau, serrant son kimono contre mes épaules nues pour tenter de me protéger du monde. Tu le savais. Je ne suis pas forte, moi. Je voulais être avec toi et tu le savais, alors pourquoi tu es parti? Pourquoi es-tu parti alors que… je sentis le sol se mouvoir de nouveau et je failli m’effondrer, me retenant d’un bras tremblant pour ne pas aller embrasser le sol. Alors que tu savais que…

Je levai mon regard pour croiser le sien. Mes yeux verts qui brillaient habituellement de mille feux étaient devenus ternes, teintés de larmes et de désillusions. Ses yeux foncés trahissaient son trouble et son désespoir et, à cet instant, j’en fus presque heureuse. Heureuse de voir qu’il s’en voulait et que, peut-être, il arriverait à être miséricordieux et à m’accorder mon vœux. Qui sait? Il était mon ami après tout. Peut-être mon bonheur passerait-il en premier? Peut-être comprendrait-il que je ne désirais pas que mes rêves soient constamment hantés par cette journée? Que je n’arriverais plus à regarder ma mère en face, et encore moins lui? Comprenait-il que je ne serais sans doute plus jamais heureuse?

- Pourquoi avoir choisi de me condamner alors que tu savais que je t’aimais…

Et cette fois, je me sentis partir pour de bon. Mes yeux se révulsant, mon corps ne désirant plus lutter pour ma misérable vie. Me laisserait-il partir? En souvenir de tout ce temps où je l’avais chéri de tout mon cœur, me laisserait-il la liberté de choisir?

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