Dernièrement, je me demandais réellement si j’étais un pigeon voyageur au service de l’hôpital ou si j’étais une kunoichi à pars entière. Oui, au moins c’était fini les services à la bibliothèque et je pouvais sortir du village sur une base régulière. J’avais donc été demandée d’urgence à l’hôpital de Konoha, une fois de plus. Je commençais à croire que je courrais vachement vite pour que ce genre de missions tombe encore et toujours sur ma personne. J’entrai donc dans l’hôpital, me dirigeant vers le comptoir des admissions, ordre de convocation en main. Cette fois, la secrétaire me fit passer à l’arrière sans même vérifier mon papier. Il semblerait que ma chevelure écarlate était devenue à elle seule un gage suffisant de mon identité pour qu’on me laisse passer partout où je le désirais.

J’arrivai dans une salle de conférence où plusieurs ninjas médecins se disputaient, jouant à qui parlerais plus fort que qui. Un véritable capharnaüm s’élevait des quatre médecins réunis autour de la table, penchés sur leurs livres et débattant de la meilleur procédure à suivre pour traiter je ne savais pas trop quoi. La seule femme présente possédait une chevelure de la couleur du blé et son doigt se faisait accusateur, s’agitant sans cesse sous le nez de ses collègues afin de dénoncer quelconque fait qui s’avérait ici important. Je restai bouche-bée, légèrement laissée de côté de tout ça. Mais bon, il était de mon devoir de faire tout ce qu’il fallait pour que ma mission soit un succès, y compris forcer cette bande de médecins orgueilleux à s’entendre.

« Eh! Quelqu’un va mourir si vous calmer pas vos putains d’égos et que vous ne vous mettez pas d’accord maintenant!! »

Tous les regards convergèrent vers moi, leurs propriétaires tétanisés. Puis, je leur fis signe de se dépêcher et ils replongèrent dans leurs bouquins, modérant à présent leur ton de voix. Je ne comprenais pas grand-chose à tous les termes techniques qu’ils employaient, mais j’étais assez perspicace pour voir à mon grand soulagement que la conversation était enfin devenue constructive. Puis, la blonde fini de tout consigner par écrit et scella le parchemin avant de s’avancer vers moi, un air solennel peint sur le visage. Je pu tout de suite voir qu’elle allait me forcer à écouter toute une série de mise en gardes, mais je pris simplement le parchemin et la coupai dans son élan.

« Taki no kuni, je sais. »

Je quittai ensuite la pièce, laissant le silence derrière moi. Peu importe ce qu’elle avait à me dire, ça n’avait pas un très grand intérêt pour moi. J’étais persuadée que je pouvais réussir de toute façon. Mon katana bien en place, je m’élançai à l’aventure. Je quittai Konoha telle une flèche filant dans le vent. Ma mission était une priorité absolue et j’ignorais qui était le patient cette fois, mais chose certaine, valait mieux pour les intérêts du village qu’il ne perde pas la vie. Je me mordis la lèvre inférieure, accélérant le pas. Il me fallu presque une heure de course pour finalement quitter le pays du feu, m’enfonçant en des terres inconnus pour le bien de mon village. Je tentai de ne pas trop penser, je devais agir, me concentrer sur les muscles de mes jambes et courir aussi vite que le vent. Je devais prendre mon envol, traverser des terres infinies et trouver ce satané village!

Puis, il se dessina au loin et je laissai échapper un sourire de soulagement. Mais je me réjouissais beaucoup trop vite apparemment. Un groupe de trois ninjas apparurent derrière moi en formation triangle, rapides et bien organisés. Un sourire démoniaque prit place sur mon visage et je déposai ma main sur le manche de mon katana. Malheureusement, je ne pouvais pas me permettre de m’arrêter pour me battre, mon patient mystère du jour avait besoin de cette procédure au plus vite. De quoi nous faire prier pour l’invention des emails. Je parcouru donc le village à la course, esquivant les obstacles et passant par les toits. Je pu enfin franchir les portes doubles de l’hôpital, me retrouvant dans le hall d’entrée.

« Livraison spéciale en provenance de Konoha! »

Une femme se leva pour venir chercher le rouleau à la course et c’est le moment que choisirent mes trois poursuivants pour faire leur apparition. Je lui lançai le rouleau et elle l’attrapa, disparaissant ensuite par une autre porte que je bloquai sitôt qu’elle fut passée avec un mur de Doton. Je me retournai juste à temps pour voir le poing d’un des bandits me frapper en pleine tronche. Je me sentis partir, projetée contre le mur. Mais le plus gros du travail était fait! J’avais livré le parchemin en bonne et due forme, plus qu’à me battre un peu contre ces salauds pour les empêcher de saboter l’intervention et ma mission serait un succès. Je me tournai vers eux, mon regard marron devenu fou furieux, ma main sur le manche de mon katana.

« J’espère que vous savez ce que vous faites, vous risquez de ne pas survivre à une confrontation directe contre moi! »

Les hommes se mirent à me rire au nez et j’attendis, patiemment, qu’ils me partagent la raison de ce petit rire nerveux.

« Ouais c’est ça ma belle! Ils sont tellement cons, je parie que t’es même pas Juunin. On est trois et on va t’éclater!! »

Pauvres cons, ils ne savaient pas que le grade n’était pas tout dans la vie et que, même malgré cela, rien ne m’empêchait de leur en coller une bonne. Trève de bavardages, me dis-je en dégainant mon sabre, les invitant à s’avancer. Le premier, si sur de lui, fonça droit sur moi. Il me suffit d’un mouvement sur le côté pour esquiver son énorme poing et répliquer avec le coup de pied éclair de Konoha. Il fut donc aveuglé et complètement désorienté, me donnant l’occasion de planté mon katana dans sa chaire sous le regard horrifié des gens présents dans la salle d’attente de ce petit hôpital. Il s’écrasa au sol en un fracas monumental et je retirai ma lame de son gras, essuyant son sang contre le chandail de mon défunt adversaire. Je me tournai ensuite vers les deux autres, un sourire morbide sur le visage. Ils échangèrent un regard, hésitants quant à la suite. Leur camarade venait quand même de se faire envoyer au tapis en moins de temps qu’il n’en fallait pour l’écrire. C’est cet instant d’hésitation qui me permit de m’occuper du second bandit. Le troisième voulu prendre ses jambes à son coup, mais je le rattrapai sans grande difficulté.

Les ninjas de Taki arrivèrent après coup, désirant comprendre ce qui venait de se passer. Je rangeai donc ma lame, leur confiant mon ordre de mission, porteur du sceau de l’Hokage. Ils l’étudièrent à peine avant d’acquiescer et de me remercier pour mon excellent travail. Puis, je leur demandai qui était donc ce patient mystère et c’est avec joie qu’ils me répondirent. Mon intervention venait de sauver l’un des plus importants marchands du pays qui devait signer un important contrat d’importations avec le pays du feu. S’il était mort, la transaction n’aurait pas eu lieu et les deux pays en auraient mangé tout un coup. Ainsi, en faisant preuve d’autant de zèle, je venais de promouvoir ce système perfide que j’haïssais tellement. Mais bon, c’était un mal pour un bien puisque cela me permettrais de gagner la confiance de la Kage et de monter en grade, et donc en influence. Mon plan était encore vague et lointain, mais je sentais que j’étais sur la bonne voie. Bientôt, je pourrais grimper encore un peu l’échelle sociale et le pouvoir serait à ma portée. Le pouvoir de mettre en œuvre le destin des Kyofus, la destruction des villages ninjas et, ultimement, l’apocalypse.