Nous avions déjà quelques missions à notre actif. Nous commencions à bien travailler en équipe et j’appréciais mes coéquipiers et mon sensei de plus en plus. Il m’arrivait de leur cuisiner des bentos pour les jours d’entraînement et je me donnais à fond pour celui de Souji. Oui, il continuait à m’exaspérer de temps en temps, ou du moins était-ce ce que je laissais paraître. Mais, à l’intérieur de moi, je priais pour qu’un de ces petits moments revienne. Je priais pour qu’il me fasse soupirer et détourner le regard, un vague sourire sur mes lèvres. Je lui décochais alors un regard en coin et je le voyais qui souriait fièrement, son regard croisant le mien. Kaito restait pour sa part dans son livre et le sensei nous regardait avec une espèce de sourire de…de jeune père? Il nous chérissait, ça en tout cas c’était certain. Et nous l’aimions beaucoup également.

Ce jour là, nous célébrions la réussite d’une mission importante qui nous avait été confiée. Nous étions donc de sortie au restaurant, tous frais payés par notre cher sensei et sa compagne. J’avais donc enfilé un joli yukata bleu et j’avais remonté mes cheveux. Avec moi, je portais un petit éventail et je me sentais comme une vraie reine. J’avais toujours du mal à croire que mes parents avaient réussi à me payer quelque chose d’aussi beau pour les occasions comme celle-là.

J’arrivai devant le restaurant, les yeux remplis d’étoiles. Ce n’était pas un petit restaurant, c’était un vrai beau et grand restaurant avec des gens qui avaient de l’argent. C’était tout un endroit pour fêter, il n’y avait pas à dire. Il devait y avoir autre chose derrière tout ça. M’enfin, j’allais entrer lorsque…

- Megumi-chan!

Je me retournai, surprise. Je le vis, toujours aussi désordonné, qui remontait la rue à la course. Ses cheveux se voulaient coiffés pour une fois, mais son empressement avait déjà rendu la liberté à ses espiègles couettes de jais. Son regard se posa sur moi et brilla plus encore qu’à l’habitude, je devins soudainement gênée alors que je compris qu’il m’admirait et que, sans doute, il me trouvait belle. Je rougis légèrement, mais soutint son regard. Il s’arrêta finalement devant moi, le souffle court.

- O..hayo...Meg-chan. Il me servit un splendide sourire de nouveau et je le surpris à s’attarder du regard sur ma nuque découverte, puis sur mes yeux légèrement rehaussés par un léger maquillage. Tu es jolie ce soir.

Je piquai instantanément un fard et détournai le regard, tentant de m’exprimer en balbutiant pour lui dire « qu’il-n’était-pas-obligé-de-me-faire-de-faux-compliments-pour-me-rendre-heureuse ». C’est alors qu’arriva mon sauveur, Kaito. Il avait la mine boudeuse, les mains dans les poches, ses grosses lunettes rondes traînant sur son nez comme à l’habitude.

- Kaito-kun, pourquoi cet air d’enterrement?

- Sensei m’a interdit d’emporter un livre…mais il ne me restait qu’une cinquantaine de page à l’histoire de la première guerre mondiale du monde shinobi édition illustrée!

- Tu ne l’as pas déjà lu la semaine dernière?

- Il ne faut pas tout confondre Megumi-chan, la semaine dernière j’ai lu l’édition revue et augmentée de la première grande guerre shinobi du point de vue des…

- Vous êtes là! On vous attendait.

Nous nous retournâmes à l’unisson pour voir notre sensei, arborant un immense sourire et portant également un kimono chic. Il nous entraîna à l’intérieur et nous vîmes sa charmante femme dont le ventre avait bien grossi ces derniers mois. Elle était une jeune femme douce et très belle, j’aimerais devenir quelqu’un comme elle un jour. Quelqu’un qui mériterait un homme aussi formidable que sensei…

**ou que Souji**

Je ravalai ma salive, me plongeant soudainement dans l’exploration du menu qui était, ma fois, assez exorbitant. Je me décidai finalement pour un truc pas trop cher et nous engageâmes la conversation, parlant joyeusement de tout et de rien. Nous étions heureux dans ce petit moment entre nous, presque en famille. Tout ce passa sans incidents et, entre le repas et le dessert, Sensei se racla la gorge, s’essuyant de sa serviette avant de la remettre sur la table. Sa main trouva celle de sa compagne qui le regardait avec des étoiles dans les yeux. Ils avaient quelque chose à nous annoncer. Voilà enfin le vrai but de cette sortie.

- J’ai quelque chose à vous annoncer. Petit moment de pause stressant où nous cessâmes de respirer. Nous allons nous marier, le mois prochain, juste avant l’arrivée du bébé. Souji-kun, Kaito-kun, vous serez mes garçons d’honneur.

- Et toi ma demoiselle d’honneur, Megumi-chan.

Nos visages s’éclairèrent d’un coup, nous étions tous heureux d’apprendre cette magnifique nouvelle. Le reste de la soirée se passa sous le signe de la bonne humeur et je remarquai que Souji et moi échangions souvent de petits regards. Comme ça, l’air de rien. Juste le temps de partager un sourire et de continuer à discuter.