[Flashback]La rencontre [Hana]

Le temps passe….Pas la haine.

J’ai dix-sept ans. A peine deux ans que je suis seul. Juste deux années se sont écoulées depuis la mort d’Hotaru et Nozomu. Deux putains d’années. Depuis que j’avais…pardon, nous avions trouvé notre village en cendres et que nous nous étions lancés dans une folle aventure, je m’étais convertit totalement à la religion de ma mère adoptive, cette religion devint ferveur, cette ferveur dévotion pour enfin devenir fanatisme. J’en avais conscience mais, je pensais que c’était mieux ainsi, ça faisait taire une partie de la souffrance. Par contre depuis ces deux années...c’était différent, je ne souffrais plus. Maintenant j’étais un tortionnaire qui avait brulé son passé contenu dans son journal intime, j’étais un démon purificateur, un esprit salvateur.

Cette journée avait débuté sans encombre, je maintenais mon petit régime de six, sept morts par jours assez bien. Villageois, gardes, racailles…Peut m’importer en réalité tant que je tuais. Mais ce matin j’avais tué quelques membres d’une bande de jeunes malfrats et ils m’avaient poursuivi. Je les avais semés en passant par les bois. Une fois dans ces lieux de nature je me sentis calme, comme à chaque fois. Il faut dire j’avais passé une partie de mon enfance à voyager dans des lieux comme celui-ci, chassant, pêchant et cueillant en compagnie de mes frères d’armes. Ces jours où rien ne comptait que notre survie, là où avons tué pour survivre de temps en temps mais, pas comme je le faisais maintenant. De plus la sérénité que je ressentais maintenant était dû à ma foie. Je voyais le monde comme le cadeau de ma déesse et les gens qui la foulaient comme la plaie de son monde. L’engeance à abattre.
Je m’enfonçais de plus en plus dans les bois, débouchant sur une petite clairière. Celle-ci pas très grande et très au fond des bois avait dû être créer par le temps, véritable trésor naturel. M’arrêtant sur une branche, j’arrivais pile à l’heure pour assister à une scène des plus rare : une enfant seule. Me direz-vous : Que vas-tu faire ? La tuer évidemment. Commençant à façonner une arme avec ma limaille je stoppais quand je vis ce que faisais la fillette. La jeune fille aux cheveux roses et aux yeux rouges, tenait un lapin dans ses mains. Ce pauvre rongeur saignait abondamment, jusque -à rien d’anormal sauf que l’inconnue buvait son sang. M’asseyant sur une branche je me mis à observer à la scène avec curiosité, attendant de voir la suite avec une incroyable impatience. Quelque chose avait résonné en moi, un sentiment de…non pas un sentiment, une impression de déjà-vu, comme si cette scène était extirpé d’un lointain passé. Je me mis à sourire dans les ténèbres des feuilles, réfléchissant à ce que j’allais éventuellement faire. Mon sourire démoniaque devait presque luire dans la pénombre tellement j’étais heureux de trouvé une adepte du sang comme moi au milieu de nulle part. C’était assez excitant et très interessant. Allez ma petite boit, le sang de cette animal est peut être ton seul moyen de survivre à moi ou à la faim qui doit te tirailler, au vu de l’état de ton yukata.

Puis à voix basse je murmurais :

« -Savoure… »

♫ Imaginary ~ Evanescence

La Rencontre"Just a tiny little girl..."

Elle était encore toute petite, toute jeune, quatorze-ans à peine, la puberté n’ayant pas encore frappé à sa porte. La jeune fille marchait au hasard, ses pieds nus couverts de crasse et de sang, le bas de son yukata déchiré et couvert de boue. En fait, sa personne en entier dégageait le même constat. Sale, crasseuse, ensanglantée, sous-alimentée, déchirée, sans avenir. Elle ne faisait qu’errer au fil de ses envies, son regard cramoisi jugeant le monde d’un air absent. De temps à autre, un animal passait par là, la tirant de sa torpeur le temps d’une courte chasse, d’une saignée et, parfois, d’un court repas, lorsqu’elle arrivait à allumer un peu de feu. Elle poursuivait ensuite son chemin, comme si rien ne l’en avait détourné. Sa destination? Inconnue de tous, incluant d’elle-même. Oh, parfois elle croisait aussi des humains, des gens qui la regardaient avec de grands yeux effrayés, se demandant d’où pouvait bien venir tout ce sang. Une fois ou deux des paysans avaient bien voulu l’héberger, tenter d’en faire quelqu’un de bien, mais l’expérience s’arrêtait généralement quand ils comprenaient, cette petite était un cas lourd pour quiconque n’avait pas de bonnes capacités à lire les esprits malades. Et pourtant, comme elle aurait aimé, peut-être, changer d’existence. Quoi qu’il en soit, ce n’était pas donné à tout le monde et, pour l’instant, sa vie se résumait à la poursuite d’un lapin blanc, sautillant dans une forêt sans nom qui était là bien avant Hana et qui serait encore là, longtemps après.

Aller petite Alice, dépêche toi, nous sommes en retard! Mais pas tant que ça il faut croire puisqu’elle réussit à l’attraper entre ses petites mains faiblardes, serrant sa nuque avec énergie alors que la pauvre bête tentait de se défaire de son emprise. Il ne lui fallut que quelques instants pour créer un senbon du sang qui coulait encore de l’une de ses plaies aux jambes, l’utilisant pour mettre un terme à la vie du rongeur. Le sang chaud coula sur ses doigts, sur le pelage d’ivoire et, bientôt au sol. Non, elle ne voulait pas le perdre, elle voulait gouter. Ainsi, l’enfant porta l’animal à sa bouche et, timidement, lécha la plaie qu’elle venait de créer. Ses lèvres s’humectèrent de rouge et, durant un instant, elle se demanda si elle ressemblait aux femmes de son clan qui se peinturaient les lèvres d’un rouge sanguin. Hana y porta les lèvres de nouveau, laissant le sang couler dans sa bouche, sans pour autant l’avaler. Elle ne désirait pas le boire, seulement le goutter, s’en imprégner. Il se mit à déborder à la commissure de ses lèvres, glissant jusqu’à son menton avant d’aller tâcher le yukata, comme tant de sang déjà l’avait fait. Au final, ses petites mains ensanglantées posèrent le cadavre sur ses cuisses alors qu’elle le regardait, pensive. Qu’en ferait-elle maintenant? Le manger? Le processus serait long et elle ne savait pas si elle arriverait à faire un feu, il avait plu la veille et les chances de trouver du bois bien sec n’étaient donc pas extraordinaires. Hana entendit alors deux oiseaux prendre leur envol à tire d’aile, maugréant dans le vent. Le regard écarlate de la jeune fille chercha du regard les oiseaux et, par mégarde, repéra la silhouette, celle qui n’avait rien à faire là.

Elle se leva lentement, tenant toujours le lapin dans sa main gauche, d’une patte seulement. De loin, l’animal ressemblait à s’y méprendre à une vieille peluche qu’elle emporterait partout avec elle, sans trop y penser. Et hop, on saute dans le terrier et on tombe jusqu’au pays des merveilles. Hana le jaugea du regard, conservant son air impassible, jaugeant la menace. Elle avait déjà tué des humains lorsque nécessaire et elle n’hésiterait pas à le refaire s’il devait la menacer ou tenter de lui voler son lapin. C’est alors qu’elle prit la parole, sans sortir de son mutisme apparent et sans laisser échapper une once de sentiment. Elle n’était qu’une page vierge, tâchée de sang. Une enfant qui n’attendait que d’être façonnée par le monde qui, pour l’instant, n’avait fait que la souiller.

- Ce sang lui appartient. Il n’en aura pas une goutte.

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