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 Progression. [Entraînement I, Terminé.]

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MessageSujet: Progression. [Entraînement I, Terminé.]   Progression. [Entraînement I, Terminé.] Icon_minitime1Dim 15 Mai - 20:49

Progression. [Entraînement I, Terminé.] 110515100815209899
Human factory and artifice.


Apprentissage.

Politiquement correct.

Elle avance à travers la succession de tableaux avec autant d'émotions qu'un jardinier face à une pâquerette. Ses traits faciaux habitués à son manque de plis ne décousent pas de leurs repères. Son pas se fait régulier en tous points. Sa tignasse bouclée du jour navigue entre ses omoplates sans frissonner. Posture droite, cambrure sculptée de la main d'Apollon, de l'excentricité de Dionysos et du goût d'Aphrodite. Mythique comme mystique. Candeur absolue. À croquer. Sa tenue du jour, sa parure nocturne. Nuisette et voilures. Volatile, vaporeuse. Fille de l'air. Psychédélices. Chaussures de fortune enfilées à la hâte. Pensée obscure pour son orteil en sang. Paix. Il pleuvait. C'était de la faute de la pluie. Le réseau n'existait plus à cause de la pluie. Les gens n'étaient plus là. Personne n'était chez lui. Elle non plus. Idylle baroudeuse. La rapidité d'Hermès, la grâce d'Icare. Avait décidée de se perdre quelque part. Dévier le regard de cette vitre teintée de gouttelettes. Enivrante, attirante, toutefois pas très glorieuse. La beauté de l'animation virtuelle. L'aventure des pixels. Remuée. Sa chrysalide envolée. Rebord de fenêtre douillet. Suite à la vérité, aquatique. L'humidité de Poséidon. Flaque. Plus. Personne. Plus. Rien à faire. Seule. Inoccupée. Jusqu'à nouvel ordre. Manque. Ça ne faisait que quelques heures à peine. Manque ressenti. Claquer la porter derrière elle. S'enfuir, courir loin d'ici. Trouver un moyen de lui échapper. Se cacher, fuir. Permutation. Traverser les murs et détruire les vitres. Déguerpir au plus vite. Ne pas se laisser rattraper. Horde. Non. Situation critique. Nouvelle percée entre les pierres. Apprentie. Esquive, saute, dépasse. Voleuse et fuyarde. Question de survie. Liberté.
Retour à la réalité. Regard plongé vers le mur d'en face. Une lourde flaque visqueuse. Hémoglobine. Clairement incorrect.
Le long du mur, une pâte collante. Sur le sol, un mélange glissant. Les poignées de porte dégoulinaient. Les chandelles sur les murs suffoquaient. Terre convulsée. Ambiance poisseuse et morbide. Sombre et dégueulasse. C'était un style. À respecter. Glisse lente. Bouts de doigts crasseux. Vert et rouge. Moisissure et globules. Appréciation catastrophique. Les souillures du couloirs étaient vomitives. Somptueusement immondes. Les barreaux des semblants de fenêtres rouillaient à vue d'oeil, l'amas de roches composant l'endroit s'effeuillait en finesse. Souffle extérieur sur sa nuque. Sensation oppressante d'une bave quelconque sur son épaule nue. Visqueuse, abondante. S'essuie prestement. Gémissement dégoûté et peureux. Sainte malédiction. Crissement des rangers contre les restes viscéraux étalés un peu partout. Contre les murs, un cadavre humanoïde. Il est tellement arraché, défiguré, lacéré, entaillé, qu'il est difficile de savoir ce que c'était avant ce carnage. Massacre. Pas à la tronçonneuse. Parce que même une tronçonneuse ne fait pas autant de dégâts. Dans un coin, ce qui s'apparente à un foie. Ou est-ce l'estomac. Un souvenir étrange de déjà vu. Entrailles jonchant le parterre, quantité abondante de carmin tapissant la pièce, silence pesant, attitude gênée. Ce qui n'achève pas démontre les limites de l'horreur. Les gouttes foncent contre le verre fissuré des ouvertures. Ne pas rester une seconde de plus dans le coin. Atrocité météorologique que cette pluie. Humeur journalière non profitable, il était hors de question de sortir par ce temps. Encore seule. Poursuivie pas son désir codé. Ralenti. Pixels de la taille du poing en guise de décor de fond. Spasmes pour les joueurs à l'arrêt. Que ce monde est laid.
Retour à la réalité. Relais liquide continuellement régulier le long de son bras. Hémoglobine venant du plafond. Venimeusement correct.
Sortie d'un univers aussi saisissant que handicapant. Il enchaîne, ligote, séquestre. Lui échappe. Le sème. Les sous-sols de la bâtisse. Autant le bruit assourdissant de l'eau contre les vitres était insupportable, autant la légère brise des cachots semblait l'apaiser. Cela faisait un moment qu'elle n'y avait plus mis les pieds. Tant qu'à faire. À présent, seule. Désireuse de rompre le pacte avec le maître du jeu. Ambiance virant à l'asphyxie. Dégénérescence. Démence. Sans logique. Aussi silencieux que tonitruant. D'un extrême à l'autre. Jeu mesquin où tous les coups sont permis. Viens, et fais ce que tu veux de ta proie. Libre maître. Elle. Ingénue créature sans défense. Visiblement pas la carrure d'une Jill Valentine ou d'une Claire Redfield, ni même le quart de leur vécu. Cela dit, elle pouvait surprendre tout autant. Après tout, c'était une joueuse, elle aussi. Son portrait pouvait servir à la couverture de n'importe quel magazine. Un point commun. Sa force n'avait d'égal que son courage. Deux. À peine mieux équipée. Oups. S'aventurer ici, bonne, mauvaise idée. Cette nuit, il pleuvait beaucoup. Trop. Dans l'encadrement de la fenêtre, osmose infime entre l'intérieur et l'extérieur. Minces fils éphémères rampants le long de la paroi transparente. Calmement. Tension. Pompe à sang exerçant son rôle à tout rompre. Implosion viscérale. Dans un monde où tout est parfait, respire le bien-être et la sérénité. Exploser. Ne plus se retenir, devenir fou. Frissons dans tout le corps, crispations insensées. Agir, ne pas rester là à ne rien faire. Au dessus de ses forces. Bouger, bouger, faire quelque chose. Sortir de cet état d'enracinement. Se mouvoir, se remuer. Quelque chose, faire. Excitation palpable, nervosité incristallisable. Descendre de ce rebord, et vaquer à une occupation quelconque. S'amuser. Si ce n'est pas avec la manette à la main, trouver un autre moyen.
Retour à la réalité. Sourire grandiose sur ses lèvres sanguines. Ravie d'avoir su quoi faire. Typiquement incorrect.
Aspiration à la liberté. Résonance des sonorités audibles. Cocon lové dans une atmosphère inquiétante. Gauche, fenêtre condamnée par de longs barreaux de fer. Droite, couverture carmin éventré. Sol, esquive habile pour ne pas glisser sur la potion anatomique répandue sur le chemin. Plafond, nappe morbide instable, se décousant juste sous son passage. En face, Dieu. Moins fier, vu sa couverture visqueuse. Derrière, il valait mieux ne pas y penser. Semelles renforcées contre les gouttes du Seigneur bien mal en point. Il a intérêt à pleurer. Sensation de liberté. Confrontée au pire des supplices. Le manque. Dépendance. Nouveauté alléchante, la réalité comme dans un rêve. Béret et uniforme ou robe rouge et talons hauts, peu importe. Dans une maison hantée ou dans la ville, que faire. Extraterrestres ou revenants, nul intérêt. La porte entière est couverte de griffures, de lacérations profondes. Marquantes. Le bois polémique, crie au scandale. Écharde dans son doigt lorsqu'elle passe sa main contre les rainures. Asile. Derrière cet arche. Asile. Calmer la paranoïa processionnaire. Calmer. Refuge synthétique. Poussée narcotique. Front contre sève. Nutrition. Plante. Réunion botanique. Photosynthèse. Acquisition de l'aliment. Liberté de mouvement. Liberté de penser. Main qui atteint la poignée trempée. Eau. Pâleur lunaire à son apogée. Lumière. L'endroit parfait pour pousser. Diffuse ses rayons dans le couloir, dévoile la noirceur de l'ébène. Ce n'est pas pour rien que les motifs de la robe d'Ada Wong sont des fleurs. Entre autres papillons. C'est pour qu'elles puissent grandir dans cet univers calme.
Retour à la réalité. Crochette la serrure en tournant vers la droite. Confiance un peu trop exhaustive. Irrespectueusement correct.
Entrouverture. Bouclier mis à jour. Phalanges docilement dirigées vers la faille. Virus. Écarte la crevasse un peu plus. À peine plus. Y glisse l'œil. L'unique, celui de Médiévil. Globe taché de gris, injecté de vert. Sang de Sheeva. Aveugle de tout élément. Auxiliaire requise. Camera Obscura, simple téléphone portable. Brise à la provenance inconnue. Talim n'est pas très loin. La protection baille en grinçant. Que se cache-il derrière cette énigme. Douleur dans le cou, toutefois n'hésite pas à pencher le faciès pour apercevoir ce dont recèle la pièce du fond. Chantier comparable à la nouvelle ville de Junk, d'où réchappe seulement un ver de terre. Ce que la rétine voit est indescriptible tellement ignoble. Claque et referme. Neutralité sans précédent. Mad World en vrai. Au moins, on savait ce qu'il y avait dedans. Adossée aux épines forestières. Souffle modéré, tension artérielle stable. Le patient est entre vos mains, hurle Caduceus. Observation du lieu de l'accalmie. Encore, fascinant. Souterrain gothique d'un castel sans nom. Rencontre entre le métro 2033 et la demeure du comte Dracula. Liberté d'y trouver quelconque détail susceptible de plaire à chacun. Cours, Faith, cours secourir ta sœur. Colonne dorsale s'enfonçant de plus en plus au creux du seuil brun. Écoulement extra-veineux trop important. Il y en a de partout. Sur l'ardoise des dalles jusqu'au vieux lustre détaché à moitié. Hurlement sanglant, sans le hurlement. Gémissement apparenté plutôt à un soupir feint. Héritage laissée par Lara Croft. La patte droite s'aventure dans sa nuque. Picotements et sournoise envie de se gratter. Légères coupures. Griffures. Le symbole de Vega. Propulsion vers l'avant. Besoin d'évoluer sur cette arène putride. Labyrinthe dont se souviendra mademoiselle Aran. Antre mémorable, se fit aux entrailles suspendues pour se dire qu'il ne valait mieux pas traîner par ici trop longtemps.
Retour à la réalité. Avance un pied devant l'autre. Puis un son loin d'être rassurant. Absolument incorrect.
Volte face. Intrigue pesante. Ses sourcils se froncent. Ça ne peut paraître comme une coïncidence. Pas dans un lieu pareil. Visualise spirituellement les revenants qu'ont créés Umbrella. Lui et sa longue langue gluante et ses quatre pattes crochues capable de crapahuter sur les murs, le plafond. Surtout. Lui, celui qui avait mis du cœur à arracher horizontalement tout les corps humains qui se mirent en travers de sa route. Celui-là pouvait sans doute effrayer. Pas l'aventurière. Certes, le fait qu'elle ne possédait aucune armes ne la confortait pas dans son utopie. Pourtant existait le système improvisation, qui consistait à se servir de tout élément prompt à l'attaque. Version Franck West, augmentation mortelle. Accélération sous impulsion céleste. Pivot sur jambe droite. Visite cruellement appréciable. Dégustation câline. Regard jeté contre divers points du décor. Rebonds à la Quake. Excursion au sein des dédales sous-jacent, poursuivie par on ne sait quoi, et cherchant les points à ajouter à son score dans les tripes disséminant l'allée. PAC-MAN géant. Substitution nécessaire. Mode Grand Theft Auto activé. Bruit de course. Respiration saccadée. Main sur la poitrine. Ce n'est pas la sienne. Stoppe son avancée. Gauche, droite. Recule. Écrase un coeur, dégage le surplus sanguin, s'entrave dans les boyaux. Charme inégalé. Se retourne. Sortie droit devant. Question de secondes. Gouttelette dans l'encolure, gênantes. Se dirige vers elle, sauveuse. Temps ennemi. Les pas se rapprochent. Heurte le bouton de porte glissant. Secoue. Fermé à clé. Râle, injure. Stoïcisme improbable. Demi tour, quelques pas en avant. Il arrive en trombe. Sifflement propre à son espèce. Non, Licker.
Non.
Retour à la réalité. Il la percute, et ils tombent tous deux à la renverse. Jackass, fais toi l'plus mal possible. Assiduement correct.
Sa chute est amortie par son dos. Plaquée au sol. Licker est au-dessus d'elle. Lui maintient le corps contre le carrelage froid. Quelque chose ne tourne pas rond. Sur l'échine, aucune sensation visqueuse, ni même humide. Les bras écartés, rien de sensiblement humanoïde. Ni hémoglobine, ni viscères. Iris sombres dirigés vers le blanc de Licker. S'attend à ce que sa salive venimeuse vienne percuter sa peau d'albâtre. Non. Pas de mucus, même après quelques instants. Licker. Ses ongles acérés pourraient la trancher aisément. Il pouvait l'empoisonner sur-le-champ. Il ne le faisait pas. Licker. Techniquement insensible, créé pour se nourrir. À disposition, la chair de cette nuit. Sa capture. Bowser devant la reine de la niaiserie à sa merci. Qu'attendre de plus. Licker. Épargne lui cette absence de réaction. Licker. Mange, que l'on n'en parle plus. Licker, agis, vite. Licker. Fais un effort. Démons, ils l'étaient. Jin et Kazuya. C'était ce qu'il le repoussait, peut-être. Ce qui le freinait. Ne pas dévorer ses semblables. Code d'infectés. Pourquoi pas. Licker avait un semblant de compassion, après tout. Allez, trêve de pensées incongrues. Bouffe.
Retour à la réalité. Ils tombent tous deux à la renverse, et le mâle s'écroule sur le torse de la femelle. Inversion.

C'est pas vrai. Rien de tout cela n'est réel.

Il l'écrase sous son poids, mais est conscient. Il serait temps de rompre le lien virtuel.

Globalement incorrect.

[Manque vidéoludique ressenti. Pardon. Syndel Vungh.]

Enchaînement de coups au corps à corps. L'écorce s'en trouve arrachée. Le tronc, sur le point de céder. Un moyen de passer le temps. Un roi sans divertissement. La mathématique futile, et pourtant nécessaire. Il s'éloigna, reprit son souffle court. Il n'avait plus la force de continuer pour l'instant. Une technique bien à lui consistait à se créer des histoires tout en se musclant. Il partait dans un pays où les princes et les comtesses vivaient en harmonie alors qu'il suait à finir sa série de tractions. Un pas, deux, vers l'arrière. Respiration saccadée. Reculons. Son dos rencontra un autre tronc. Les arbres, ici, bordaient les rives du lac. C'était un bel endroit pour errer, seul. Il glissa le long de la sève, calmement. Lorsqu'il toucha le sol terreux, le Scorpion laissa pendre son faciès vers l'avant. Les yeux clos. C'était éprouvant. Une main vient récupérer son front, le projeter contre l'écorce. Irrigation des veines. Cervicales douloureuses. Ses jambes ne lui obéissaient plus. Il tremblait légèrement. Sous l'impulsion d'une nouvelle bouffée de chaleur, il ne trouva de force que pour retirer son haut de maille. Les bandes de son torse servaient à préserver son derme imberbe de toutes agressions oculaires ou tactiles. Il ne faisait pas spécialement chaud, aujourd'hui. Mieux, l'hiver menaçait de plus en plus, les températures s'en ressentaient. Les nuits dans la tente se faisaient plus rudes encore. Deidara saturait de cette vie nomade. Il passait le plus clair de son temps à sculpter, tandis que le natif du Sable infiltrait le premier village alentours pour piller eau, nourriture, premiers soins et autres accessoires indispensables. Ils se permettaient, très peu, le luxe d'une auberge. L'or venait à manquer, et cet extra fut vite oublié. L'androgyne, lassé, parlait souvent de rejoindre l'un des pays influents. Le marionnettiste le lui interdisait tant qu'ils seraient ensemble. Bien que précaire, ce mode d'existence était plaisant. Ils n'avaient guère besoin de plus en ces temps de discorde. De plus, la Lune Rouge était tapie, non loin, les violait du regard. De plus, leur réputation de criminels n'était pas inconnue aux puissances de ce monde. S'ils se montraient, ils signaient leur acte de décès sur-le-champ. Testament léger, ils n'avaient guère de richesses à léguer. Quel soulagement. Le bellâtre des Roches semblait contrarié, depuis quelques temps. L'illusionniste n'y prêtait pas attention, crainte d'une pudeur trop prononcée pour être déclarée. Alors il sculptait. Taillait des pierres en apparence immuables pour en former des pièces à l'architecture élaborée. Son argile, mastiquée mieux que quiconque, entrait en scène lorsqu'il s'agissait, régulièrement, de les faire se mouvoir. Ainsi, une nouvelle faune vit le jour près de ce qu'ils appelaient l'étang du péché. Aigles et tarentules. Centipèdes et vipères. Occasionnellement, une ou deux hirondelles. Rarement, un scorpion. Exceptionnellement, un papillon qu'il s'amusait à peindre en noir avec son vernis à ongles ridicule. L'artiste lui servait une boisson chaude en le regardant faire. Il avait le don d'arriver exactement à l'instant où le jeune homme s'amusait. Les modèles de pierre, d'argile ou d'asphalte, alignés les uns à côté des autres. Régularité effrayante, fascinante. L'enfant les entourait d'un câble immaculé, nouait l'extrémité à un oiseau de plus grande taille, né de la glaise enchantée. Puis, il jetait ce dernier dans les airs. Il virevoltait avec aisance, emportant avec lui les immobiles rocailleux. Jusqu'à ce que, les yeux turquoises aimants, il prononce un mot. L'explosion, splendide, lui déclenchait un rire nerveux. Le maître des pantins déposait la tasse tiède sur sa table de travail et s'éloignait en évitant les débris les plus imposants. Les jours heureux étaient morts.
Les nuits se prolongeaient, et l'astre nocturne représentait un guêpier potentiel. Il était de plus en plus rare de s'attarder autour du feu honteusement rudimentaire que l'androgyne s'amusait à allumer. La cuisine, il y avait renoncé. L'aîné probable y était assigné. Les plats n'étaient guère gastronomiques. Quelque morceaux de viande dans un bouillon de ramens suffisaient amplement la plupart du temps. Les loisirs, les bentos retirés dans n'importe quel restaurant au sein d'un village. Ils étaient précieux malgré tout. Parfois, l'homme bombe réclamait une portion plus importante. À ces occasions, son compagnon de voyage lui offrait son propre bol à peine touché et allait se perdre dans la forêt de bambous un peu plus loin dans la végétation. Sélection naturelle.
Cette vie n'était autre qu'un jeu provisoire. Si l'artificier ne s'y complaisait aucunement, tout cela ne durerait qu'un temps. Il fallait que tous deux y trouvent une part de bonheur. La vie cachée les protégeait sur le moment des quelques ennemis qui les guettaient en ces temps de crises. Sale Lune vermeille. Les nuits étaient longues et peu dociles. Il fallait rester dans l'ombre plusieurs nuits durant. Le danger en serait écarté, la voie libre. Le prince de la Terre avait du mal à l'accepter. Pour lui, tout cela n'était qu'une punition de plus. Il voulait échapper à cet ennui critique qui les submergeait, tous les deux, petit à petit. Sonnet gourmand, l'embuscade était close. Naïveté. Celui aux multiples semblables à la mécanique performante se moquait bien de cette atmosphère. L'ennui ne lui était pas encore tout à fait fatal. Il se plaisait dans un univers qui n'était pas le sien. Découverte en suspension. Le calme de la forêt de bambous lui suffisait. Non loin, les feux d'artifice de l'illuminé le tirait de ses rêveries. Il oubliait la mort en la donnant aux éphémères. Le Faucheur de menhirs. Et dissimulé sous les feuilles maigres des plantations, il taillait un nouveau bois. Fécondait un nouvel œuf. L'un tuait, l'autre couvait. C'était pourtant un cycle parfait.
Or, tout cela était bientôt fini. Terminé. Un épisode en plus à ajouter au carnet de route. Ses yeux écarlates se révélèrent encore actifs. Il souleva ses paupières, se noya dans le bleu sombre du ciel nocturne. D'ici, la Lune paraissait rouge. Le Scorpion les ferma, avant de les rouvrir instantanément. Elle ne paraissait pas seulement vermeille, elle l'était. Un tonnerre effroyable fit fuir quelque nuage de corbeaux patients. Les éclats et les cendres retombaient en brouillard épais à l'endroit où avait été établi leur campement. La rondeur opaline se voyait offrir sa couleur séductrice par les millions d'étincelles que les cieux pleuraient. Son rire retentit dans les plaines vierges. Les feuillages tremblaient d'horreur. L'allégorie de la sérénité, de la distinction et de la discrétion. À n'en plus douter. Il soupira sous les branches lourdes du saule pleureur qui lui servait de dossier. Il était indéniablement rongé par l'ennui. Qu'il se rassure. Cet état ne serait que plus éphémère que son art.


Une durée indéterminée.
Il fut un temps où le temps n'avait plus d'importance. La notion du temps passait en son temps de l'importance capitale à la futilité la plus totale. Le temps, en son sens premier, tentait sa percée dans le temps comme force majeure. Malheureusement, le temps ne s'arrêta pas à cette débouchée, et ne se contentant que du maximum, il s'essoufflait de temps en temps. Arriva un temps dans lequel le temps se complaisait bruyamment. Les douze coups retentaient par tous les temps. Joyeux, le temps décida de s'y installer pour la nuit des temps. Toutefois, un certain temps plus tard, le temps se trouva démuni face à une puissance venu d'un autre temps. Le temps, au temps de son apogée, s'écria que nul être en son temps ne possédait pareille supériorité. Détrôné, le temps manqua son temps d'or. Une armée de taons avait foncé dans le temps. Le temps n'était plus ce qu'il avait été. Il s'essouffla tant qu'il devint incompétent. On ne le voyait plus autant. Peut-être que, par désespoir, le temps avait fini dans l'étang. Non, il n'était pas un débutant, même si c'était tentant. Le temps passait son temps reclu. Attendant son nouvel espoir déroutant. Pendant ce temps, le temps, dans l'intégralité de son temps, était devenu un mot tant utilisé que dérivé en plusieurs temps. Le temps avait évolué, et sans l'entendre, avait réussi son pari révoltant. Le temps était devenu autant une légende qu'un moyen de passer le temps. Conte pas excessivement important.
Quelle perte de temps.


[Compte conté. Syndel Vungh.]

Il effectua une nouvelle série de dix. Un, tout allait pour le mieux. Deux, il était d'une aisance non dissimulée de poursuivre l'enchaînement. Trois, il en riait intérieurement. Quatre, comme une colonie fourmillante d'helminthes absorbées par leur comédie culinaire. Cinq, il avait désespérément faim. Six, la voie qu'il s'était fixé semblait lointaine. Sept, le chiffre exécré. Huit, le but allait être atteint. Neuf, le bon nombre. Dix. Il lâcha la branche. Ses semelles gravement usées amortirent sa chute rebelle. Lorsqu'il fut de l'ordre de se remettre en état, le natif du Sable se complut à mirer l'anneau satellite. Elle était d'une symétrie parfaite, de tous points, de tous côtés. Les parallèles prohibées n'existaient que dans sa fantaisie la plus précoce. Vint l'heure d'y retourner. Il ne protesta aucunement, se mit en tête qu'elle deviendrait l'ultime sous cette pluie d'argent. Tonnerre grondant. Monsieur V s'ennuyait à en mourir pour créer toutes ces panoplies. Les pleurs cendrés le poussèrent à se réfugier sous une branche plus solide afin de poursuivre la séance d'exercices. Artificier grandement inspiré par ce soir hanté par les percussions. Aussi élégant avait-il été, le saule de la plaine n'était guère attribué à de telles bassesses. Un regard furtif vers celle qui gémissait son nom à n'en plus pouvoir. Svelte, il sauta sur place, attrapa la miséreuse au vol. Ses jambes ne touchaient plus terre. Et il se hissa une fois, traditionnelle. Deux, le souffle rude. Trois, les yeux clos. Quatre, l'exquise sensation de facilité. Cinq, liberté conquise. Six, âpreté absolue. Sept, le banni. Le renégat. Il s'arrête, se laissa pendre. Ses bras, pris de spasmes. Sept. Mauvais chiffre. Ne plus y penser, reprendre. Difficulté plus intense qu'il n'y paraissait. Il avait trois mouvements, pas davantage, pour parvenir à ses fins. Inspiration. Huit, neuf, dix. Le marionnettiste se démembra à s'enrouler autour de la branche sur laquelle il s'était accroché. Son corps bascula vers l'avant, et passant ses jambes par-dessus l'obstacle, il se retrouva sur le bois. Semelles n'épousant qu'à peine sa forme arrondie. Fraction de seconde décisive. Il ne s'attarda pas dans cette position, glissa à nouveau. Ce fut l'angle formé par l'un de ses genoux qui le maintint, tête à l'envers, retiré du sol. Il lâchait, il ne survivrait pas. Et là, stoïque, il ne bougea pas. Resta comme cela, inversé, raccrocha sa seconde jambe. Rien d'extraordinaire, question d'habitude. Il fallait tenir le plus longtemps possible. Détendu, le jeune homme du Désert extirpa de l'une de ses poches une des précieuses génératrices de bonheur, un créateur de flammes. La porta à ses lèvres en poussant un soupir à fendre l'âme. L'alluma tout aussi naturellement. Il ferma les yeux, expira sa propre cendre, et croisa les bras sur son buste.
Un accessoire qui, éventuellement, pourrait lui permettre de se tenir exactement de la même façon qu'à ce moment, et ce, sans qu'il n'ait à recourir à son propre cadavre. Qu'il puisse subir de lourds dégâts, ne jamais saigner. Ne pas souffrir. La beauté juvénile écarlate. Le Vent troublant, perdu dans un trou noir. Fermé à l'amour. Une échine solide, carapace impénétrable. Pouvoir fixer le soleil sans s'arracher la rétine. Du plus haut somment de son sommeil. Plaisirs, vulgaires plaies ouvertes, inoffensives. Écriture des cris, au grand jamais pourfendues. Ne plus douter de son endurance. Compter sur une autre carcasse que sur la sienne. Ainsi soit-elle, il n'y a d'yeux que pour elle. Ouverte à tant de souvenirs. Savoir défoncer tous les murs en travers de son sentier. Plus de ratures, plus d'écorchures. Ne plus jamais attendre. La patience est faite pour les mortels. Ne plus avoir à subir les méfaits du temps. Une ride de plus, corrigée. Une peau impeccable, épargné par les ravages d'une adolescence permanente. Appel manquant. Défroisser d'un revers de la main les stigmates de la mémoire. L'ennui, enterré. Immunisé. Être ébloui, puis oublier. Une dépouille aux traits asiatiques. Des yeux transperçant de clarté, sanguins. Une pâleur lactée, une joliesse inconcevable. Plus vrai que nature. Une taille non exhaustive, une morphologie mince et frêle. Aucun charisme, or une aura plaisante. Une magnificence indéniable, et pourtant repoussante. Une mécanique encore plus complexe que celle de l'organisme humain. Vendre des enfants pour de la nourriture. Pourquoi pas non plus changer la lune. Rejeter les plans traditionnels, établir de nouvelles normes. Pourquoi pas. L'oiseau et son envol rend fou de jalousie. Fermer les volets pour ne pas se prendre pour lui. Des cheveux plastiques, oscillant au gré de la chaleur. Immunité à la sueur. Occis de désir. Lèvres sanctuaires, prières blasphématoires. C'était une volonté comme une autre. Ce n'était pas un cauchemar. Ce n'était pas une horreur. Un corps insensible. Une vulgaire enveloppe, ni de chair, ni de sang. Quelque élément carapace, protection plus fiable que n'importe quelle autre. Lutter contre le temps était, pour l'instant, trop ambitieux. Autant recouvrir cette apparence délicate de la plus parfaite des armures. Une création sous la lueur d'un reflet. Font de l'étang. Le passé, la préhistoire. C'est cela, le temps qui passe. Le brillant d'une lame souillée par l'hémoglobine d'un inconnu. Ou par le tranchant d'un ustensile opératoire rangé dans son fourreau après avoir tranché de multiples veines. Il ne fallait pas y voir un crime, non. Trop connu des ANBU pour se risquer dans toute cette mesquine farandole. Soit, il faudrait la créer. Un nouvel enfant né d'une hémorragie sylvestre, d'un assassinat forestier. Il serait généré à partir des bambous de cette place. Il serait le bouclier ultime. Et il s'appellerait Hiruko.


- Sasori!

Un œil puis deux. L'arbre convulse, se fend. Perte d'équilibre. Le Scorpion se décroche de son perchoir. Figures dignes d'un gymnaste. Se contorsionne rapidement, retombe sur les genoux. Les paumes au sol, la tête basse. Un peu plus, et sa nuque en aurait prit un sacré coup. Quelques instants acides. Une pupille curieuse qui se dresse vers cette voix masculine, qui aurait mieux fait de ne jamais exister.

- Pour quelle raison es-tu venu, Deidara...
- Ce que je veux?! Mais tu te fous de moi! Ça fait dix heures que t'es exilé à côté de la flotte, abruti! J't'attends, moi! Le pire, c'est que j't'attends comme un pauvre con, j'aurai pu plier la tente, me barrer de là, que toi t'en aurais rien eu à foutre! J'y crois pas! Non mais oh, hm! Puis même, y'en a un qui a faim! Toi, tu te barres comme un voleur à faire j'sais pas quoi perché à ton arbre, en plus tu t'endors, et moi, j'peux bien crever! C'est ça, hein?! Égoïste!

Il s'était relevé, désorienté et errant. Il s'était approché du sculpteur, avait collé son front au sien. Regard intense, malsain. L'androgyne n'osait plus dire quoi que cela pouvait être. Attente. Le prince du Vent rompit le silence pré-établi. Sous les grandes hésitations du jeune homme aux yeux lapis-lazuli.

- Je sommeillais...?
- Tu... Ouais, et plutôt bien, en plus, hm! T'en as laissé tomber tes clopes...

Ustensiles qui lui tend, après l'avoir légèrement repoussé. Les iris s'affaissent vers les mains cousues du bel. Le marionnettiste lui arracha ses précieuses, les garda en main. À nouveau, l'atmosphère se confondait.

- Tu as mangé quelque chose?
- Ben... j'ai fais la bouffe, vu que tu ne revenais pas.
- As-tu touché à tes plats?
- Quoi, t'as peur que j'l'ai ai empoisonné pour te buter?
- Il me reste une gourde de saké.
- Pardon?
- Cela ne se déguste pas avec n'importe quel mets.
- On a encore du saké?! Mais quel radin! T'aurais pu me le dire, hm!

Il s'abaissa, attrappa le haut de son compagnon torse nu, le lui jeta à la figure. Une défense pour le moins navrante.

- Franchement, j'te faisais confiance! Et toi, méchant, tu... Tu m'as caché l'alcool! Peuh!

Volte face, il s'enfonce dans les bambous. Retour aux sources.

- Dépêche-toi de revenir, saleté!

Et il disparut.
Un temps. Il garda son vêtement sur l'épaule jusqu'à ce qu'il glisse de lui-même. Sur l'herbe verdâtre. Il alluma l'un des cylindres qui lui restait. C'était peu dire que le manque restait insasiable. Rangées, le Scorpion tendit une main faible pour ramasser le tissu qui jonchait la verdure. Le ciel était calme. Il ne pleuvait plus. Un geste déplacé lui coûta une égratignure sur le bras, râpé contre l'écorce du végétal enfoui dans la boue. Le terrain d'entraînement improvisé vidé, il suffisait de rebrousser chemin et de retrouver le jeune homme des Roches. Terriblement aisé. S'enfoncer entre les rayons boisés, observer la drôle de faune qui peuplait ces feuillages. Des arachnides blanches comme le lait, des oiseaux, immobiles, pendus aux branches. Un détonnateur qui se disputait contre quelque brindille enroulée dans ses cheveux d'ange. Une barrière qui se révèlerait efficace en cas d'attaque. Un pauvre sourire en coin, narquois. Plus il s'avançait, plus les anneaux enfilés ses les cannes de bambous lui semblaient convenir à merveille pour Hiruko.


Rayure sur le disque. Sonorisation coupée. Délire muet. Triste. Mélancolie accablante.
Les deux sont de marbre. Pièces de l'échiquier inébranlables. Lui, quelque part entre le fou et la tour. L'inconscience et la sagesse. À la fois malicieux, presque loufoque, mais d'intérieur calme et simple. Elle, une Reine. Trônant sur son siège d'ivoire, d'ossements et de pierres luisantes. Puissante et inconcevable. Modeste et égoïste. Les deux, fictifs. Néanmoins bien réels.

Il n'était pas un gueux, pas non plus un seigneur. Sa fonction se trouvait quelque part entre la paysannerie et la noblesse. Ni le labeur d'un esclave, ni la plénitude du monde bourgeois. Qu'à cela ne tienne. Son rêve, accéder au bonheur. Rien de plus, rien de moins. Une entente parfaite. Une vie qui lui convenait. Il savait juste qu'il fallait de la patience pour arriver à un tel résultat. Et de la patience, il en avait à revendre. Chaque jour, il travaillait. Il suait. Il attendait. Il faisait selon le même modèle. Toujours. Ne pas détourner le plan. Surtout pas à son avantage. Patience. Quand il ouvrit enfin, un matin, les yeux. Le soleil les lui brûla. Il eut mal. Il pleura. Il souffrait beaucoup. C'était surprenant, pour lui. Il ne s'y attendait pas. Il pleura. Son seul moyen d'extériorisation. Les larmes. Il crut en manquer. De larmes. C'était triste. Il avait peur. Il venait d'apprendre l'une des vérités incontestables de son univers. Il l'avait vu en rêve. Il la craignait, alors il pleurait. Mais il savait que ce qu'il avait compris, ce jour-là, le ferait avancer. Certes. Il souffrirait, c'était indéniable. Cependant, il était convaincu de l'utilité du murmure imaginaire. À cet instant, il se jura d'être à la hauteur de ses espérances. Il pria pour pouvoir réussir. Il réussirait. Il était devenu fort. Inépuisable. Plus de craintes à avoir. Tout irait pour le mieux. C'était ce qu'il disait. Pourtant, rien ne fonctionnait comme il le prévoyait. Au fur et à mesure, son objectif de bonheur sans faille s'éloignait. Inaccessible. Il suffoquait sans raison. S'étranglait avec son propre songe. Il s'intensifiait chaque minutes un peu plus. Un peu plus. La vieillesse. La patiente. Le manque de temps. Un peu plus. On lui avait chuchoté, le jour de son improbable cécité, que le chemin serait long et douloureux. Que rien n'était gagné d'avance. Que tout était à perdre. Il le savait, pertinemment. Il lui en fallait plus pour le freiner. Et ce plus, c'était le manque de minutes. Chaque jour, son désir s'amplifiait. Pourtant, ses habitudes ne furent en aucun cas modifiées. Il se levait tous les jours à la même heure, travaillait toujours autant, mangeait toujours aussi peu. Selon le plan. Il se levait, et allait se laver. L'eau ruisselante sur son minois poussiéreux, les mains apposées sur ses yeux gris vitreux. Un jour, une envie irrésistible de voir son rêve prendre forme. Un jour, une ride à ajouter sur son corps. Le vieillissement. La perte de la fougue. Le délit de Chronos. Sa fuite. Son hécatombe. Malheureusement. Il avait peur. Il n'était pas aussi fort qu'il ne le pensait. Tristesse d'un homme face à ce qu'il appelle le destin. C'est qu'il y tenait, en réalité. Il le voulait, son paradis. Il le souhaitait de toutes ses forces. Il le pleura. Des nuits entières. Il le pleura, n'importe quand. Jamais au travail. Toujours une fois isolé. Il perdit son emploi, il s'exila un moment. Il le pleura. Énormément. Il le hurla, cherchant par tous les moyens une solution à son inévitable chute. Icare croyant à l'aide des nuages après la fonte de son envol. Et elle lui apparut, comme de raison. Nouvelle venue ici-bas, la réponse à ses attentes. La chance du renouveau. Il la pria, la supplia à genoux. Il pleura. Enfin, elle lui accorda sa miséricorde, puis sa bénédiction. D'un charme envoûteur, elle l'affubla d'une toute autre survie. Son corps sculpté dans la roche n'avait subi de dégâts. Seul son calendrier et son miroir eurent à souffrir de ce sortilège inavouable. Le matin, pas un pli de peau à ajouter. Aucune imperfection cutanée. Les jours défilaient et se ressemblaient. Il vit son entourage se ratatiner, s'effriter, avant de disparaître. Lui, il était comme à son habitude. Plusieurs années depuis. Ils s'affaiblissaient, ils partaient, ils mourraient devant lui. Cependant, il n'évoluait point. Figé sur son pacte. Conscient de la réalité, aussi cruelle soit-elle, il s'enfuit. Humidifiant ses joues de la chaleur de ses larmes. Il se cacha, et retrouva une vie ailleurs. Puis au bout de quelques années, il recommença le même procédé d'exil. Auto-renvoi. Il n'avait plus assez d'eau dans ses glandes lacrymales pour calmer sa douleur. Malheur. Horreur. Les journées étaient uniques, à présent. Il vivait dans l'angoisse du départ imprévu. Redoutait la question de son âge. Cela faisait plus de cent ans qu'il avait atteint la trentaine plus deux. Il avait cent trente deux ans, et il n'était pas question de dévoiler ce secret. De peur du bûcher. Par crainte de l'Inquisition. Ne le dévoiler sous aucun prétexte. Il venait d'un autre temps, et il ne souffrait pas de ses effets. Il était immoral et en dehors du contexte de la normalité. Il se considérait comme un monstre. Il pleurait de son triste sort, et riait de la possibilité que lui offrait cette signature démoniaque. Il allait avoir autant de secondes qu'il lui fallait pour acquérir son idéal. Il trouverait le bonheur, quoi qu'il en coûte. Alors il décida de ne plus pleurer. Et pendant des années, des années, et plus encore, il ne pleura plus.
C'est l'histoire d'un pauvre type qui n'avait plus de larmes à verser.
Il était fatigué. Las de toutes ces horribles saisons vécues. Essoufflé de tellement de souvenirs. Claquage. Extinction. Il n'en pouvait plus. Il avait oublié son anniversaire. Ne le fêtait plus. Trop vieux. Pour expier ses péchés, il grimpa le long de cette tour d'asphalte. Pierre et onyx. Un grand escalier en spirale. Haute. Cherchant la solitude, un endroit où faire le point sur ces innombrables années de végétation synthétique. Fascination pour la durée. L'ascension fut longue, mais pas impossible. Finalement, il parvint à franchir le seuil de son monastère. Ciel gris sous nuages d'orage. Assis sur le rebord de cette construction massive, il songeait. Revisitait sa vie trop longtemps continue. Nouveau poste au sein de l'organisation. Celui de majordome. S'occupant de Sa Divine Majesté. Une gosse de quelques années qui voyait déjà le monde sous ses chaussons vernis et sertis de rubis, d'émeraudes et de saphirs. Elle n'était pas bien méchante, juste un peu capricieuse. Sinon, c'était largement supportable. Ce n'était pas comme trois cent ans de coups de fouet. Amoureux, une fois. Morte. Par sa faute. Plus d'eau dans les yeux pour brouiller sa vue. Il avait renoncé à cette marque de faiblesse. Tant pis pour lui. La vie ne s'arrête pas pour si peu. Et puis, c'était il y a un moment. C'est du passé. Les gens poussèrent à la manière d'un grand jardin. Seul le chêne du fond du champs ne s'agrandissait plus, faute d'un âge bien entamé. Il se contentait simplement de s'adapter à la météo, variant les teintes de son feuillage par pur soucis d'esthétique. Temps d'adaptation clé. Le chêne s'enfonce dans ses propres racines. Il n'est plus question de produire des glands ou non. En fait, le chêne s'accommode de son expérience et la garde avidement pour sa personne. Même le petit arbre malicieux dont il devait prendre soin n'avait le droit de savoir. Sagesse avare. Quand on possède, on en veut toujours plus. Chroniques de l'oncle Picsou. Il pouvait largement stopper sa course. L'attrape-rêves. Non. Pas tant que son but ultime n'est pas acquis. Jamais. Pas après avoir goûté à tant de luxe et de commodités. Il pouvait mettre fin à son calvaire sans regrets, si seulement il en était conscient. Penses-tu. Il ne pensait qu'à son avenir. Encore et toujours. Sa vision des choses se résumait à son dessein funeste. Il n'y avait que le rêve. Rédemption impensable. Crois-tu. Il s'en moquait bien. Il avait la vie devant lui pour atteindre son idéal, quelle chance. C'était il y a bien longtemps. Il avait changé son destin en prononçant quelques mots. Aujourd'hui, il vivait en ermite la nuit pour faire le point sur toutes ses connaissances dérobées au temps. Vivre en temps que fugitif. Rôle parfaitement assumé. Fils du vent. Un soupir, l'épée à ses côtés, la lune plein les yeux. Charme non dissimulé. Apaisant. Vivace. Il était particulièrement cultivé. Il avait du vécu. Tout vu, tout fait. Aujourd'hui, professeur. Enseignant. Ouverture d'esprit. Ce n'est pas trop tôt. Encore amoureux. De la même personne. Pourtant, un chamboulement imprévu vient le bouleverser. Une belle rousse au regard assassin. Une gentille collègue de travail qui lui fait de l'œil. Cette fille mal dans sa peau, couverte ecchymoses. La jolie fille heureuse et pleine de vie qui serait tellement plus facile à dompter. Deux vivantes, une crevée. Triangle pervers. Géométrie qu'il ne comprenait pas, plus. C'était malheureux, il le savait. Problématique incohérente. La morte était merveille dans son crâne. La mignonne si aisée à obtenir pour ses mains. Quant à l'autre, elle régnait dans son cœur et dirigeait le moindre de ses frissons. Omniprésence inculte. Fatigué, exténué par la situation. Il voulait tout. Il aimait tout. Toutefois, en procédant de la sorte, il n'aurait rien. Pas un prix. Mettre un terme à cette impasse. Détruire ce mur qui le séparait de son vœux à demi avorté. Le bonheur. Ça commençait par là. Auprès de laquelle, seulement. Amour.
Une jambe dans le vide, les yeux reflétant la pâleur des étoiles. L'arme polie sur sa droite, l'armure étirable jetée au loin. Silence régénérant. Il y avait son absence qui le dévorait. Son sourire qui le rongeait. Son souvenir diffusé par intra-veineuse. Il naviguait entre ses sentiments à leur égard. Il ne supportait plus cette douleur. Il était dans de sales draps, enfin il en tenait compte. Petit indécis. Toujours à la recherche du bonheur, s'en éloigne de plus en plus. Gourmand. Cendrillon, la Belle au bois dormant, Blanche-Neige. Épouses éventuelles. Il n'était pas prince, elles lui serait donc indisponibles. Il pouvait toujours rêver. Sucreries. Alors, il saute sur ses nénuphars et tente de ne pas tomber dans l'eau. Vide intersidéral sous ses pieds. Mmh? La Belle au bois dormant est sous terre, très profondément. Dans son vase, sur le rebord de la cheminée. Mais elle est toujours vivante, c'est indéniable. Au creux de ces viscères, elle respire bruyamment. Elle gargouille lorsqu'il lui manque. Ne pas la faire mourir de faim. Alors il la nourrit de temps en temps. Biscuit croustillant. Blanche Neige, c'est une bonne femme au foyer. Elle ne râle pas, elle obéit. Mais Blanche Neige, parfois, elle mute en monstre. C'est vrai. Du coup, elle est pas belle et elle est méchante en plus. C'est parce qu'elle a faim. Faut lui donner à manger. Sucre d'orge. Cendrillon, elle est enfermée chez elle toute seule pendant que sa famille de garces s'attribue des jeunes nobles, comme elle dit. Elle est pas contente, forcément. Du coup, elle se meurt. Allongée dans son lit, au frais. Il faut qu'elle mange, mais elle veut pas. Elle demande à ce qu'on la laisse crever de faim et jure de tous les buter dans leur rêves. Alors on la gave. Pain d'épice. Puis lui, toujours assis sur sa tour. Prônant le royaume avec dédain et vague-à-l'âme. Souffrance. Stigmates incorrigibles. Il a très faim, il en veut énormément. On lui en donne trop. Blanche Neige, Belle au bois dormant, Cendrillon.
C'était l'heure de jouer. Dans le château, les convives festoyaient en chantant et en riant. Lui n'avait guère l'envie de jouir de telle ambiance. Débutant son Am-stram-gram harmonique avec quelques cailloux. Am-stram-gram. Pic et pic et colégram. Bourre et bou... Non, c'était futile. Geste violent de l'avant bras, condamnant les joueurs autour de lui à sombrer dans les limbes mystérieuses du fond de l'abîme. Ça ne règlerait pas le problème. Ça ne montrerait pas l'évidence. Ça ne résoudrait pas cette putain d'énigme. Nerveux. Retrouve l'équilibre sur ses pieds et s'avance vers un mur. Un coup. Deux coups. Le bout de son soulier se fend. Il continue. Rage. Extase. Extériorisation de rigueur. Il n'en pouvait plus. C'en était trop. Que faire? Le bonheur. Comment l'avoir? Dieu, que c'est... Pas Dieu, mécréant! Maudit soit-il, l'immortel! Suppôt du Démon, fuyard! Toi qui cherchais le bonheur, tu ne connais que tempête et miséricorde! Sois châtié comme il se doit, hérétique. Qui sera ton bourreau. Am-stram-gram. Pic et pic et... Choix. Blanche Neige, Belle au bois dormant, ou Cendrillon.
Bande à Picsou. Picsou, Riri, Fifi, Loulou. Et puis quoi d'autre. Le bonheur? Il fallait en sacrifier deux. Seulement, Picsou avait déjà trop à se reprocher pour en plus se séparer de deux de ses apprentis afin de les offrir en guise de goûter pour le désenchantement. Gâteau au chocolat et coulis de framboises. Hänsel et Gretel donnés à la vilaine sorcière. Non. Décidément, oncle Radin ne pouvait se résoudre à les abandonner. Comment faire.
Le marbre se décomposait à vue d'œil. Assez de toutes ces énigmes de pacotille. Recule de deux pas. Essoufflé aussi bien moralement que physiquement. À bout de force. Quand elle arriva. Elle, devenue Reine, avec le temps. Sa Divine Seigneurie. Celle dont il s'occupait auparavant. Petit arbuste devint grand. Ils se mirèrent, et se reconnurent sur l'instant. Stoïcisme perturbateur. Chevalier et Princesse. Maître et Élève. Le temps faisait bien les choses, parfois. Retrouvailles silencieuses. À peine un murmure. En conséquence, il fallait prendre la parole. Ne pas avoir peur de la salle pleine, du public. Ils sont tous venus pour admirer la beauté des corps et de l'éloquence. Il n'y a rien d'autre à souligner. À eux de les faire rêver. Tenter de sauter de nénuphars en nénuphars. Se risquer près de la maison aux mille et un délices rien que pour voir jusqu'où la vieille rombière cannibale peut courir pour les rattraper. Provoquer la colère du ciel et de la terre, juste par plaisir comique. N'avoir peur de rien ni de personne. Jeux d'enfants. C'est elle qui prend son courage à deux mains. Lui demande ce qu'il fait là. Partenaire de galère, il ne lui renvoie qu'une question pour le moins abrupte. Que veux-tu savoir. C'est si grandiose que c'en est soulageant. Miracle. Le monologue bat alors son plein. Sublime performance. L'improvisation n'a jamais été aussi réussie. Lui reste septique face à ce flot de paroles. Se noie. Ne s'y attendait visiblement pas. Lové dans son cocon bien au chaud, il en est tiré de la manière la plus grossière qui soit. Retour à la réalité. Commun déplaisant. Pourquoi était-elle là. Pourquoi n'était-elle pas resté chez elle, dans son lit, avec ses dames de compagnie. Pourquoi n'était-elle pas rester à la fête entourée de ses nombreux prétendants. Pourquoi n'en avait-elle pas choisi un, ne serait ce que par soucis de couple et par orgueil vis à vis de son nouveau peuple. Reine, elle doit se mettre à accepter ses devoirs. Mais lui, Chevalier renégat, se devait de se taire pour ne pas se faire remarquer. Il n'était pas en position de parler. Il s'en rendait vite compte. Tu n'as rien à dire. Tu n'as rien à lui dire. Chut. Regarde toi. Vêtu d'un simple costume de carnaval et dépourvu de toute trace de chevalerie. Face à la Reine. Parée des plus somptueux apparats, voilée et coiffée tout en restant originale. Il l'admirait dans l'ombre. Elle était devenue belle. Il ne devait tomber amoureux d'une autre. Douleur que cela infligerait. Même. Elle n'était pas réellement venue pour être vouvoyée ni affublée de toutes sortes d'éloges venimeuses. Ce n'était pas par amour qu'elle était venue le déranger. Seulement par vengeance. Il en eut des frissons. L'une des amantes n'était autre que l'une de ses connaissances. Horreur! Enfer et damnation! Toucher à l'une des protégées de la Reine! Sacrilège! La salle n'en revenait pas, Ciel, était-ce possible? Seigneur, oui, ça l'était. La Reine ne souffla mot. Elle n'en eut guère besoin. Il la regardait, penaud. Perdu dans ses yeux labyrinthe, dans son univers stellaire sinusoïdal. C'était l'enfer qui s'écroulait sur lui. Tous les démons vinrent lui chatouiller les orteils. Maléfique. Il avait touché au bien de la Reine. Qu'on lui coupe... Non. Simplement, qu'on aille lui parler. Calmement, clairement. On ne joue pas avec les pantins de Sa Majesté. On ne fait pas de mal aux animaux de cette blonde méphistophélique qui siège merveilleusement bien sur l'accoudoir du trône. On respecte son supérieur. On écoute son supérieur. On s'écrase face à son supérieur. L'élève a dépassé le maître, on dirait. Nouvelle venue dans la bande. Une quatrième demoiselle qui n'avait rien à obtenir de cet homme qui l'avait éduqué. Parvenue jusqu'à cette tour étrange pour le revoir, et discuter. Mettre les choses au clair. Il faut être ferme avec ses troupes, notamment lorsque l'on a affaire à des hommes du combat et que soi même est une femme. Ils n'écoutent que leur petite voix sépulcrale sans tenir compte des ordres ni des remarques. Il faut les brider avant qu'ils ne s'échappent. Nécessite absolue. Leur permettre de sauter sur les lotus tout en les protégeant de l'eau glacée. Se faire écouter attentivement. Montrer qui commande. Il s'effondra. Littéralement. Un long sanglot, une plainte douloureuse. Ses jambes flanchèrent, et il se rattrapa tant bien que mal. Répartition du poids du corps maladroite. Il titubait, la tête basse. Et... oh. Nouveauté. Elle s'avança vers lui, muette et neutre. Le public s'envola suite au geste de la main de l'actrice. Ce n'était pas marqué dans le scénario.
Je veux tout voir, j'veux tout savoir, et je veux tout avoir!

[Ô jouets, vous voulez ma mort, mais malgré tout, je vous adore... Syndel Vungh.]

- Sasori!
- Qui a-t-il?
- Cette nuit, je t'interdis de sortir tes putains de pantins.
- Si tu y tiens.

Il s'enroula dans la couverture, et se laissa tomber sans prévoir la chute sur le misérable drap qui remplaçait la toile de la tente. Un toit de fortune, bâti à l'aide de branches lourdes et de feuillages en fin de vie, protégeait des pluies trop intenses. En soi, le plus gros du travail restait la chaufferie. Et pour cela, les deux anatomies se servait de leur propre température ainsi que de celle apportée par les deux linceuls pour se maintenir autant que possible en vie. Deidara s'éloignait du jeune homme vermeille, occupé à changer ses bandages. Les balafres toujours présentes. Il en avait excessivement honte. Il but les dernières gorgées d'eau potable qu'il restait au fond de leur gourde. Il faudrait songer, le lendemain, à chercher une source pour la remplir. Il avait prévu, du moins pensé, à rester encore dans la zone un ou deux jours. Il n'allait tout de même pas falloir s'éterniser dans les parages, incluant le fait que les deux étaient encore recherchés par les diverses autorités et par les terroristes. Quelle vie palpitante. Trouver un village, après le départ, serait une priorité. L'homme des Roches serait sans doute heureux, puisqu'il allait s'agir de dormir dans un grand lit moelleux, au premier étage d'une auberge. Il allait pouvoir manger à sa faim, dormir tant qu'il le souhaitait. Et il faudrait repartir. Le geste le plus complexe de cette exclusion. Mais cela ne durerait qu'un temps, après tout. En s'essuyant les lèvres du revers de la main, le Scorpion remarqua la raideur de ses articulations. Son poignet se mouvait avec difficultés, son épaule le démangeait. Il n'y prêta guère attention. Extirpa de son sac une pochette qu'il ouvrit sur-le-champ. Une tablette de médicaments. Il en avala deux, loin du sommeil réparateur de l'artificier. Il ne fallait pas qu'il découvre ses secrets. Surtout pas.
Les divers accessoires furent enfouis sous une montagne d'affaires en tous genres. Il était tellement anarchique de s'y retrouver que les deux hommes ne cherchaient plus à retrouver quels vêtements appartenaient à qui, et s'habillaient avec les premiers ensembles portables qu'ils arrivaient à assimiler. Ermitage clandestin, pourtant si savoureux. L'androgyne respirait calmement, régulièrement. Il dormait déjà. Le garçon des dunes parvint à se vêtir pour la nuit. Il fallait suivre l'exemple de l'artificier. Ses genoux le lâchèrent à la gauche du jeune homme. Docilement, il s'allongea à ses côtés, admira son dos splendide. Sa tête effleura à peine le sac qui lui servait d'oreiller. Il s'était fait enlever pas les bras enchanteurs de Morphée sans même avoir prit le temps de retirer ses vêtements du jour. Effet de fatigue. Lorsque l'astre du jour serait à nouveau au pouvoir, tout irait mieux. Parce que les lendemains sont traditionnellement meilleurs. Après tout, qu'importe. Cela faisait parti du mythe. Il ferma les yeux. Il n'eut pas à chercher l'épuisement.


Un style enfantin. Craquant. Sans aucunes formalités. Fini les traditions. Ce temps est désormais révolu. À tous ceux qui vivent dans un monde merveilleux. Bienvenue sur Terre.

Trois heures. Il fait nuit. La fenêtre est ouverte, les rideaux se soulèvent, en proie à ce vent glacial qui embaume la pièce. La pièce, une chambre magnifique. Un lit pour deux entouré par des voiles blancs d'une matière inconnue. Les draps de nacre sont parfaitement étendus, les coussins sont disposés de manière à épouser parfaitement les formes du traversin. Sur le parquet en bois, un tapis pur. Pas une once de poussière, pas un pli. Chaque fil de cette couture mène à une armoire en pin. Une armoire normande, une armoire splendide, à la blancheur déconcertante. L'une de ses imposantes portes est ouverte, et quelques robes plus resplendissantes les unes que les autres laissent leurs volants virevolter au gré du zéphyr nocturne. Sur les murs polis, des tableaux. L'un d'entre eux représente une femme belle comme le Jour, parée d'une robe blanche, pure, au visage masqué d'une main décorée de bijoux aussi luxueux qu'étincelants sous un Soleil radieux. Le cadre de la peinture est en or massif, mais il n'est qu'un des nombreux cadres qui ornent les murs de cette demeure princière. Plus loin, les rideaux ondulants conduisent à une coiffeuse d'une beauté extrême. D'une blancheur laiteuse, seules les poignées des tiroirs sont en or. Le bois, la matière première, est sculpté de façon à faire renaître chaque détails sous son plus bel angle. Le miroir central quant à lui offre le plus fantastique des reflets. Un petit tabouret est posé à sa gauche, et un fauteuil de velours fait office de siège pour cette glace divine. Sur le bois est déposé une jolie petite brosse à cheveux nacrée, de multiples pinces et quelques peignes. Sur l'une des petites étagères qui orne les le miroir, une boîte à musique d'une valeur inestimable diffuse une douce mélodie inconnue, sur une autre une petite fontaine de porcelaine laisse entendre l'écoulement régulier de l'eau reflétant les peintures faites à la main du plafond. Les anges de peinture fixent de leurs grands yeux bleus la coiffeuse comme si elle était le plus magnifique des trésors. Et debout face au miroir, la jeune propriétaire des lieux saisit la brosse d'ivoire.
La jeune fille aux cheveux de feu attrape chaque mèches avec soin, et les brosse tout aussi précieusement. L'élégance et le raffinement émane de son être. Douce. Elle est vêtue d'une de ces robes de noble, brodée à la main, si délicate. Sa beauté n'a pas d'égal. La mélodie de la boîte à musique poursuit sa diffusion, la brise hivernale remplit la pièce de la fraîcheur bienfaitrice. Calme, jusqu'à ce que les portes massives de son nid aillent s'écraser contre les murs symétriques. Mère rentre, furieuse. La belle, de surprise, pivote instinctivement, laissant le peigne tomber de sa hauteur. Elle sait que Mère s'énerve facilement. Mais elle n'arrive jamais à savoir pourquoi. Mère est un être si étrange. La furie se rapproche d'elle. Tétanisée, la petite princesse recule d'un pas, tente le second avant de se cogner contre le rebord de sa coiffeuse si précieuse. Elle tourne la tête vers cette fichue pointe, respire difficilement. Lorsqu'elle redresse le visage, Mère est devant elle. Mère la saisit par le cou, elle la soulève. La princesse a peur, certes, mais n'en laisse rien paraître. Mère la traitre de garce, avant de l'envoyer contre le mur d'en face. Mère crie. Un hurlement strident, comme quand elle est très en colère. Cependant, un grand fracas stoppe sa voix cristalline. Les cadres viennent de s'écraser au sol. La princesse est à terre, sous le choc et elle a mal. Mère s'approche à nouveau, terrifiante. Princesse, tremblante, met ses bras devant sa tête comme pour se protéger. Elle implore Mère qui la prend par le bras. Elle la traine sur le sol, emportant le tapis avec elle, puis la projette au pied du lit. Le visage bas et les larmes aux yeux, la princesse se laisse prendre par la taille et jeter sur le lit. Mère pose sa main sur ses yeux, ressemblant à cette femme en peinture. Celle dans le cadre, maintenant fendu en deux. Elle dénonce la naïveté légendaire de la princesse, la traitant de conne, de peste. La jeune fille à genoux sur son lit se met à pleurer. Des larmes chaudes, qui roulent sur ses joues pâles et retombent sans bruits sur les coussins blancs. Mère hurle, puis s'arrête. Elle a les larmes aux yeux. Lorsque son regard plonge dans les yeux de la belle, Mère est happé dans son monde. Elle se croit indispensable. Elle est indispensable. Et la princesse a besoin de ses bras réconfortants. Mère s'avance vers le lit, pose un genou sur la couverture. La princesse, en pleine phase de mutation, tente un dernier moyen de s'enfuir. Quitter cet endroit. Elle le convoitait souvent. De plus en plus souvent. De fureur, elle tire sur les voiles de son lit. La tringle se défait, le tout tombe sur Mère qui est aveugle. Elle se remet à la traiter de garce, elle tombe à son tour. Princesse saute du lit, se dirige vers le balcon. Dehors, il fait froid. Elle a peur, mais elle n'en laisse rien paraître. La mélodie qui émane de la boîte à musique ralentie. Un choix se présente à elle. Attendre la mort, ou aller la chercher. Doucement, elle se penche pour apercevoir ce qui l'attendait si elle choisissait de raccourcir sa vie. Les tréfonds de ce monde, les abysses ténébreuses d'En-Bas. Elle a très peur, mais personne n'est là pour elle. Mère est corrompue par son désir d'un monde parfait. Mère craint absolument tout, sauf ses enfants et son monde parfait. Grave erreur. Les enfants sont beaucoup trop naïfs, et ils ne comprennent pas ce qui est bien ou mal. Rien, non rien, n'est bien ou mal. Tout est neutre. On peut bien penser ce qu'on veut. La princesse pensait que s'enfuir était l'unique solution, Mère pensait que demeurer à son chevet pendant toutes ces années était bénéfique. En réalité, toutes les deux avaient à la fois tort et raison. Mais c'est une autre histoire. La jeune fille se tourne vers Mère, toujours aveugle. Elle se débat tant bien que mal, sans succès. La belle sourit alors, murmure quelques paroles d'adieu. Elle n'a plus peur, mais sa naïveté la perdra. Sur la coiffeuse silencieuse, le précieux coffre crachote, la mélodie cesse. Le saut de l'ange peut commencer.
Au loin, Mère hurle sa douleur. Elle pleure toutes les larmes de son corps, tombe dans cette chambre détruite. La princesse est fière d'elle. En tombant, elle s'est libérée des chaînes qui l'emprisonnaient depuis tout ce temps. Quelques instants de liberté avant de replonger. Elle profite, ignorant ce qui l'attend. Elle s'est enfuit dans les bois sombres de la forêt. Au bout du chemin se trouve les barrières du monde de Mère. Ce qu'elle ne pourra jamais franchir sans aide. Cependant, elle est bien loin de Mère, et elle savoure sa demi-victoire de façon royale. La princesse court entre les arbres, elle s'est arrêté de pleurer. Elle ne pourra plus jamais verser de larmes. Et cela ne lui manquera point.
Au cœur de la forêt, Princesse au cheveux rouges s'arrête, s'appuie à un arbre, reprend son souffle. Sa robe de soie sertie de pierres précieuses n'est plus que haillons, sa chevelure pourtant si bien maintenue laisse de longues mèches rousses cerner son visage pâle couvert de sueur. Courir, ce n'était pas son fort. Néanmoins, elle avait semé Mère, l'abandonnant dans son royaume merveilleux et féerique. De fatigue, elle s'effondre au sol, adossée à l'arbre. Respiration haletante. La belle s'apprête à s'endormir, à oublier Mère, pour toujours. Plus de désespoir, solitude pesante. Elle entend un bruit. Demie léthargie traître, aucun bruit similaire ne lui revient à l'esprit. Lorsqu'une ombre enduit son corps à demi nu et bloque les rayons de la lune, Princesse lève la tête. Un Apollon digne de ses rêves les plus fous lui sourit, lui tend la main. La belle sent son corps frêle sortir de ce cauchemar. Elle lui agrippe le bras, enfonce ses ongles cassés dans sa chair tendre. Elle en demande, de l'amour. Et ça n'existe pas. L'homme la sert contre lui. Ils ne s'aiment pas. Et s'aident mutuellement. La belle ignore tout de la vie, lui l'use jusqu'à la moelle. Il lui susurre ces mots qu'elle voulait entendre. Son charme est irrésistible. Princesse est naïve, il est cruel et sadique. Il lui offre ces paroles qu'elle aime. Il vante son corps, son courage. Elle s'effondre dans ses bras musclés et protecteurs. Elle a confiance, lui n'attend que ça. Lorsqu'elle s'offre à lui, il la frappe. Elle est assommée, elle ne se rend compte de rien. Le rêve n'existe pas, le cauchemar non plus. Il n'y a que la vérité. Et personne ne la connait. Certains pensent la deviner. Princesse n'avait rien vu venir.
Quand elle revient à elle, l'homme s'est enfuit, lui aussi. Elle se rend compte que ce monde n'est qu'un cercle vicieux. Elle est allongée, et croit rêver. Quand une branche craque devant elle. Ses yeux sont mal en point, elle voit trouble. Parvenant tout de même à observer son entourage, elle voit deux pattes blanches devant elle. Elle a peur, mais elle ne laisse rien paraître. La bête s'approche, la charmant à son tour. Elle ne veut plus se faire avoir. Mais, il lui fait tellement penser à Lui... Toujours cette voix suave, sournoise. Et si bienfaitrice. Rassurée, la belle s'endort. La bête sourit. À la façon de Lui tout à l'heure. Sourire satisfait trahissant le bonheur de voir sa proie fondre devant soi. Il s'approche d'elle, sensuel. Il ouvre la gueule, laissant deux crocs canins pénétrer la chair de la pauvre fille.

Comment la bête tua la belle...

[Comme un souvenir tendre. Syndel Vungh.]
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MessageSujet: Re: Progression. [Entraînement I, Terminé.]   Progression. [Entraînement I, Terminé.] Icon_minitime1Dim 15 Mai - 20:50

[Veuillez remonter... Il n'est que le second poste...]

Se redresse brutalement. Les yeux grand ouverts. Un regard à droite. L'hermaphrodite dormait à poings fermés. Soupir. Il se détend petit à petit. Pense à la prochaine naissance. Hiruko. Il fallait le dessiner. Le dessiner, puis trouver la mécanique la mieux fondée pour sa coque. Prendre les mesures nécessaires à l'élaboration de la coquille principale, de sorte à ce qu'elle englobe et épouse parfaitement les formes de son porteur. En faire une seconde peau, ni trop épaisse, ni trop lourde. Être capable de se mouvoir à l'intérieur comme si elle était sa propre échine. Ne pas remettre en cause les principes fondamentaux de l'échelle. Non, non. Arrêter d'y penser. La nuit, encore pleine. La lune régente pour des siècles encore. Ne pas oublier sa compagnie. Ne pas oublier la Belle endormie. Lui faisait face, dormait comme un enfant. Juvénile. Paisible. Changer d'apparence. Il lui fallait son avis. Maintenant.
Tend le bras en sa direction. Espérance. L'atteindre, le brusquer. Murmurer à son oreille les quatre syllabes qui faisaient de ce mot son identité. Le réveiller. Hésite, le repli. Liés-déliés. Frôle sa chair du bout des doigts. Pose finalement sa main sur son épaule. Chuchotement.


- Deidara...?

Pas de réponse. Il le secoue légèrement.

- Deidara...
- Huuuuuuuuumm...

Un pli de bouche, il ne se réveilla pourtant pas. Cependant, il était un nouveau problème auquel le marionnettiste n'avait guère pensé. Les langues n'étaient enfermées. Sa salive inondait les draps. Haut-le-cœur maladif. L'ardent contint un gémissement de dégoût. Tout le courage du monde. Double l'intensité de ses brutalités.

- Deidara...!
- Non.. pas les scorpions... pas les... 'plose pas... bien ça... hum...

Il lui donna un coup de pied dans la jambe. Le jeune homme du Sable plissa les yeux sous la douleur de courte durée. Il dormait sur le côté, position fœtale. Gage d'attention et d'intérêt, sans escompter l'amour porté sur les arts. Il était pré-destiné à dormir de cette manière. Quand il perdit son masque de joie, de peur, il sombra à nouveau. Le Scorpion perdait patience. Il n'était plus de mise d'y aller avec tact et douceur. Son oreille était sensible. Cela serait si aisé. Son tympan à la merci de ses lèvres. Il faudrait s'esquiver rapidement.

- DEIDARA!

Se retire quand lui balance tout le haut de son corps vers l'avant pour le relever. Son cœur battait vite, à en croire la main divine qu'il apposa sur sa poitrine.

- OÙ EST PASSÉ L'SAKÉ?!

Un temps. Le jeune blond calma sa respiration catastrophée. C'en devenait comique tellement lamentable. L'air navré de l'illusionniste n'en démordit point, même lorsqu'il fut porté sur lui un œil plus critique que l'Inquisition.

- Quoi?
- Tu... Non, oublions. Puis-je te poser une question?
- ... Non, jt'en ai pas laissé. Maint'nant, bonne nuit.

L'androgyne esquisse un mouvement de pivot. Un sentiment inconnu et trop puissant pour être maîtrisé submergea l'impatient. Et sans même qui s'en soit rendu compte, il avait saisi violemment le poignet de l'artiste. Les yeux dans les yeux. Langage oculaire.

- C'n'est pas cela. C'est plus... personnel.
- Accouches, le rouge. Hum.

Tension. Il libère son bras, permet à ses joues cadavériques de prendre une légère teinte rosée. Il n'avait strictement aucune idée de ce qu'il faisait. Pulsion loin d'être si désagréable.

- Est... Tss... Trouves-tu mon corps beau...?

L'homme d'argile écarquille ses paupières, n'en croit pas ses yeux. Il les ferme, les rouvre. Décrypte le marionnettiste de haut en bas, de bas en haut. Leur gêne est palpable. Il mettait un temps fou à répondre. Il ne répondait tout simplement pas. Les iris de braise et ceux de glace en conflit. Aucun n'osait parler. Ce fut le shinobi des Roches qui brisa le silence. Toussota.

- Hum... On y cracherait pas dessus...
- ... Tu veux dire...

Si l'un ne semble pas réagir, l'autre se cache sous ses couvertures. Étrangement, il ne salive plus. Le Scorpion analyse la réponse. Insatisfaisante. Progressivement, le front, puis les doigts du jeune homme sont à nouveau visibles. Quand l'illusionniste finit sa phrase, on lui découvre deux billes d'un turquoise envoûtant.

- Enfin... Cela te poserait-il un problème de me voir affublé d'un nouveau corps...?
- Tu peux changer de corps comme ça, toi, hum?
- Je... C'est une idée, pour conserver l'anonymat. Mon corps ne changerait pas, mais... je serai caché dans un autre cadavre de ma création.
- T'es encore plus crade que c'que j'pensais... Mah... disons que... Tant que tu restes plus p’tit qu’moi...
- S... Sans doute, oui. Tu... n'y... Y vois-tu un inconvénient pour toi...?
- Eh bien... Si tu l'enlèves pour dormir, ça m'va. J'dors pas à coté d'une arme prête au combat, hum.
- D'accord...

Il lui tourne le dos, perplexe. Sa réponse était pourtant celle qu'il avait espéré. La pompe à sang accélérait ses mouvements. Son corps ne lui obéissait plus. Conscient du danger qui le menaçait en voulant en changer.

- N'auras-tu pas honte...?
- Pas plus que maintenant.
- Tes lèvres...?
- Ouais.
- Elles te déplaisent à ce point?
- Mais tu vas m'laisser dormir oui?!!

Silence. Il l'entend se retourner, se recoucher. Ils ne se mirent plus. Le Scorpion trouve un sourire tout à fait à son goût. Puis, il n'est pus observé.

- ... Navré. Tu peux te rendormir.
- T'es chiant.

I sense there's something in the wind,
That feels like tragedy's at hand ...
And though I'd like to stand by him,
Can't shake this feeling that I have.

Ta collection était impressionnante. Certains vénéraient les traditionnels kimonos, d'autres le mobilier fleuris. Toi, tu les idolâtrais eux. Tu en possédais des centaines. Que dis-tu, des milliers. Ton amour pour leur forme demi cercle ne comportait aucune limite. Les rainures propres à leur espèce te faisaient sourire. Il t'en fallait peu. C'était ce qui faisait de toi une prêtresse formidable. Ta démarche gracile te donnait des ailes. Tes manches, trop longues pour toi, dissimulaient tes mains. Il faisait froid, dehors. Pourtant, tu te baladais sous la pluie de pétales roses comme s'il s'agissait d'une nuit d'été caniculaire. Tu étais trop déshabillée pour une chamane. Trop libertine pour une religieuse. Papillon de nuit, tes ailes brillaient sous les étoiles voilées. La journée n'était que le reflet d'une âme en proie au désir de vengeance le plus cruel qui soit. Ta beauté d'asphalte gâchée par le vin. Tous tes membres tremblaient sous l'effet de la drogue liquide injecté dans ton sang. Devant l'autel, tu t'effondras, stoïque. La plus grande honte que tu ais eu à essuyer jusqu'à lors. L'encens se consumait sans que tu ais eu besoin de t'en charger. La fumée enrôlait tes narines dans une chorégraphie sensuelle et parfumée. Fleurs de cerisiers. Les stèles d'ardoises, luisantes, te montraient les balances suspendues de la chapelle ouverte. Le sentier derrière toi, dénué de vie. Tu étais la seule âme errante du temple. Les bouteilles ne t'avaient pas échappé. Hérétique. Ta folie meurtrie devenue satyre de tes déboires miraculées. Les papillons n'osaient approcher la veuve noire que tu demeurais. Ce soir, il n'y avait personne. Les festivités des cerisiers réunissaient les saints apôtres et les illuminés au bord de la rivière la plus proche, soit à plusieurs heures de marche d'ici. Tu étais seule, seule avec lui, enfermé dans son vestiaire. Tes cheveux noués par les baguettes de coutume, tu déposes devant les yeux ébahis des dieux et de la Lune ton précieux. Celui qui te faisait rêver. De tous, il était ton favori. Noir et or, aux motifs simples. Quelques fresques aux reliures dorées, et un cercle d'une géométrie irréprochable au centre. Une fois plié, sa dimension astrale était réduite à néant. Sur ton présentoir, il était toujours grand ouvert. Aux yeux de tous. Tu venais de le refermer. Ainsi. Au lieu de cela, tes manches furent dénouées par tes ongles longs, les cordelettes étrangleuses abandonnées, et entre leurs coutures se distinguait une nouvelle bouteille. Aucun respect, tu attaquas l'ouverture avec les crocs. Ta puissance fut sans équivoque. Une coupe était déposée au sol, près des mémoriels. Tu t'en entichas, versa le nectar à la surface, sur tes doigts, le long de tes formes. Tu étais trempée. Tu sentais l'alcool à en avoir le vertige. Sans attendre, tes yeux versèrent une dernière larme. Le reflet lunaire au creux des mains. Elle le bu sans plus attendre, le jeta contre le mur du fond. Il se brisa en un millier d'éclats tranchants. Sur le socle, une lame, deux. Sans hésiter, elle s'en empara, les accrocha à sa ceinture. L'éventail de la Lune Dorée, trésor d'une valeur inestimable, héritage d'une famille trop aisée pour se détourner du pouvoir, troqué contre deux vulgaires couteaux ninja. Ce soir, sa mort allait sonner. L'oubli, le déchirement du désespoir, le tout serait à lui. Uniquement à lui.

The worst is just around the bend...
And does he notice my feelings for him?
And will he see how much he means to me?
I think it's not to be...

Boire la Lune dans une coupe de saké. L'ombre de la Belle dans son antre, sur son visage. Aucune bougie à l'horizon, seule ses éclairs doux et apaisants enveloppait le sanctuaire désert. Le katana à sa ceinture, il but une gorgée de la liqueur sucrée, la déposa à ses genoux, et s'éventa grâce au Soleil Sacré. Le papier habituel avait été recouvert de feuilles d'or. Son éventail, en plus d'être le plus remarquable par sa couleur solaire, était à lui seul le symbole d'un pouvoir sans limite. Il l'avait volé, certes, à un cadavre. Durant une des nombreuses batailles, croisade pour Sainte Lune, il tua un prêtre à la maîtrise des éventails exceptionnelle. En gage de respect, après lui avoir crevé le cœur, il le lui ravit pour l'honorer. Qu'à cela ne tienne. Le mieux avait été de voir s'afficher sur le visage du mourant un dernier rictus d'adieu, avant de s'enfoncer entièrement la lame du samouraï dans la poitrine. La lui retirant, une jeune femme étrangement ressemblante s'était jeté sur lui pour le pleurer. Ses cris de douleurs et ses regards de haine qui lui étaient portés lui apportaient une jouissance maximale. L'assassinat, son lot. Il lui sourit nerveusement. La jouvencelle n'osa paraître belliqueuse. Tant mieux pour elle. Un si joli minois ne pouvait être souillé par son propre délice carmin. C'aurait été regrettable. Ce soir-là, toute la forêt avait été teinte du rouge de ces imbéciles. Comme s'ils pouvaient défendre leur territoires avec si peu de moyens. Le temple était le seul bâtiment de cette ère encore vivable. Le reste avait été pillé, brûlé, détruit, réduit en cendres. Extase précoce. À la perpétuelle recherche de divertissement. Qu'est-ce que la vie pouvait être rude. Il laissa échapper un soupir à fendre l'âme des cœurs de pierre. Ce qu'il aimait par-dessus tout, les femmes. Leurs émotions étaient les plus douces et les plus belles jamais attribuées. Elles étaient une source d'inspiration inépuisables. Les charmer, les droguer, abuser d'elles, les laisser à leur sort. Les charmer, les envoûter, les escroquer, et les abandonner. Tout était, chez la femme, sujet à plaisance virile. Elles étaient créées pour répondre aux besoins masculins, pour procréer. Une femme n'a ni caractère ni possibilité de s'imposer. Les femelles ne sont rien de plus que des pions sur l'échiquier. Pas trop lourdes, faciles à manier. Elles étaient la perfection incarnée. La Lune était là pour en témoigner. Il leva son verre à sa gloire, mira sa clarté journalière. Une nouvelle gorgée. L'art du saké se consommait avec patience et souplesse. Les ondulations parsemées du reflet sur la Lune le firent sourire. Puis, les tremblements cessèrent. Quelques pétales se répandirent autour de lui. Il leva les yeux. Gauche, droite. Léger courant d'air, frisson. Ses yeux se rivèrent sur le liquide fort. L'image de l'astre était brouillée. Une ombre. La pièce la plus puissante de l'échiquier était la Reine. Les deux lames s'approchèrent à une vitesse fulgurante de sa nuque nue. Il laissa le calice se briser contre le sol, dégaina son sabre instantanément, bloqua l'assaut. Son visage angélique était crispé par la haine. Elle lui offrait un tel délice qu'il en fit naître un sourire malsain. La pièce la plus puissante de l'échiquier était une femme.

What will become of my dear friend?
Where will his actions lead us then?
Although I'd like to join the crowd,
In their enthusiastic cloud.

Un mouvement svelte du poignet et la garde fut brisée. Elle, repoussée, voltigea en l'air avant de se placer en position d'attaque, patientant jusqu'à ce qu'il daigne répliquer. C'était plaisant. C'était distrayant. Le peu de rouge qu'elle avait su lui soutirer composait un dû miraculeusement attendu. Légère entaille au niveau d'un doigt. Bénin. Calmement, tu le vois se lever. Un genou après l'autre, il déguste ton visage empli de rage, de colère. Tu sais qu'il n'aime que ce genre de choses. Toutefois, tu ne sais te maîtriser, et lui offres un spectacle bénévole pour lequel il aurait payer volontiers. Tu enrages de lui plaire. Il porte son katana lustré face à lui, entame une course. Tu le suis, les deux lames brandies. C'est l'homme qui a tué ton frère sous tes yeux. C'est l'homme qui a volé Soleil Sacré. C'est le démon de la contrée, le samouraï maudit. Il faut l'éliminer. Il le faut. Tu vises le cœur, explose sa garde à lui faire lâcher son arme. Tu ne le rates pas. Une large fleur se dessine sur son vêtement lilial. Tu veux tellement être recouverte de son hémoglobine que tu enfonces encore davantage ta lame et ne la lâches sous aucun prétexte. Sauf. Tu sens quelque instrument humide s'emparer de ton menton. Un temps. Il te redresse le visage, plonge ses pupilles dans les tiennes. Osmose. Hypnose. Et toi, sotte, tu ne décroches pas ton attention de celui envers qui tu entretiens une haine amorphe. Il t'offre son rictus le plus merveilleux. Tu ne lui renvois pas, mais tes traits s'adoucissent. Tu tombes dans son piège, que tu le veuilles ou non. Il sent le goût âpre du sang dans sa bouche, laisse un mince filet ternir ses lèvres délicates. Ses iris deviennent turquoise l'espace d'un instant. Comme un éclair. Et tes yeux, noirs de suie, noirs de rage, bleuissent. Tu te défais du manche de ton arme, disparait. Il sait que le sortilège a marché. Leurs yeux étaient à présent simillaires. Une vive douleur vint lui ravager la poitrine. Il s'écroula, laissa son buste se pencher vers l'avant. Deux bras vinrent s'enrouler autour de sa taille. Deux bras, et une voix.

- Sakasuki no naka no mangetsu wo nomu. Tsuki wo torareba ouki ga tsuki ni.

Comme par magie, tu le métamorphosas en pluie de pétales rosés. Tu gardes ses vêtements contre ta poitrine, en oublie jusqu'à Soleil Sacré. Cet homme n'était autre qu'un maudit, hérétique de Kami-sama. Il n'avait pu que signer un pacte avec les démons. Envoûtant, manipulant les femmes à sa guise selon la volonté d'un de ces regards venimeux. L'ombre venait de t'engloutir. Tu étais sous son joug, et allait entrer dans son harem. Feu ton âme, bénie soit la Lune.

Try as I may, it doesn't last,
And will we ever end up together?
No, I think not, it's never to become,
For I am not the one...


- Kaze ga sasayaita, higeki no makuake wo...

Une voix qui lui était partiellement inconnue. Il regarda furtivement autour de lui. À sa gauche, nul autre que le néant. Les draps défaits avaient été répandus sur une surface plus grande que celle du campement improvisé. Au mieux, l'illusionniste y voyait flou. À travers les feuilles du toit, il distingua un timide rayon de soleil. Il faisait donc jour. Le ciel, pourtant, était empli de lourds nuages noirs qui venaient noyer la parcelle de terre sur laquelle les deux artistes avaient élus domicile. Rapidement, le dernier souffle audible des cieux rendit l'âme. Les cumulus avaient ravagé l'intégralité de la zone. La nuit venait d'établir son règne dès le début de matinée. Le monde entier courait à sa perte. Ses pupilles dilatées le trompaient. L'univers semblait gigantesque. Des larmes neutres virent englober l'œil. Il tenta de les dissimuler, y parvint. Effets secondaires des médicaments pris la veille au soir. Triste sacrifice. Ses bras, au-dessus de son crâne, s'étirèrent avec difficultés. Il n'était pas de son habitude de se porter aussi mal dès le matin. Courbatures, probable. Fatigue, impossible. Cette nuit avait été d'un calme rare. Il en ignorait la raison. Les cycles du sommeil ne l'apprécient guère, et lui jouent souvent de mauvais tours. Il fallait vivre avec. Dès l'émergence, l'angoisse. Malgré sa courte cécité, il ne sentait plus la chaleur du second corps auprès de lui. Il se serait levé avant lui? Quel exploit.

- Tasukete agetai, fukitsuna kiri no naka...

C'était une voix très douce, apaisée. Des sonorités que seule la plus pure des nymphes pouvait se voir attribuée. L'absence de visage à mettre sur cette chanson était frustrante. Le Scorpion voulut se redresser. Les nuages combinés à une force de gravité au-delà des normes l'en empêcha. Son corps était étrangement lourd. Comme retenu par des chaînes aux maillons invisibles reliées au cœur, au centre de cette galaxie. Une pression si forte que son crâne en prit les dimensions de l'univers. Il vit une jeune femme de chiffon pleurer son amant secret, loin d'elle. Accrochée aux barreaux du portail donnant l'accès dans le jardins aux citrouilles. Aux citrouilles...

- Chikadzuiteiru no yo. Ano hito wa kidzukanai, setsunai kono kimochi ni, kanawanu koi...

Une ombre voila le champ de vision. Secousse. Son visage tomba du ciel, s'écroula devant son front sans prévenir. Il possédait un sourire radieux, précieux.

- Coucou, toi. T'es debout?

Une syllabe nasale bien plus prononcée que chez la damoiselle en peine. Pourtant, les intonnations étaient jumelles. Il chantait à en soigner les plaies béantes. À en apaiser les esprits ravagés par la douleur. Il était son médicament, naturel.

- Aller, Sasori, lève toi! J'ai même fait le petit déjeuner!
- Quelle... Quelle heure est-t-il?
- Aucune idée. Mais c'est l'matin, dans le village où je suis allé la plupart des volets étaient clos. Les gens pas fous, ils dorment à cette heure-là, hum.

Il repartit. Comme de raison. C'était une journée spirituellement intrigante.

- Que fais-tu?
- Je finis mon déjeuner. Quoi, t'as la flemme de te lever? Peuh!
- Tu t'es rendu dans un village, afin d'acheter le petit déjeuner...?
- Non mais t'es bouché ce matin? C'est si incroyable de me voir bouger?

L'androgyne revint vers le Scorpion en chantonnant. Il est amer et doux, pendant l'aurore naissante, de le voir ainsi joyeux. Il était... ravi. Tout simplement conquis. Nul besoin de chercher la raison de cette allégresse, il n'était même pas garanti qu'il le sache lui-même. Il tenait dans ses mains deux tasses visiblement chaudes, puisqu'il ponctuait chacune de ses avancées par une interjection douloureuse. Arrivé devant le lit de fortune, il tendit un des calices au marionnettiste. Il fallait se redresser. À peine eut-il prit appui sur le sol que, soudain, il se retrouva avec la tasse contre les lèvres. Avant de la lui donner, il lui fit goûter.

- C'est du lait chaud. J'espère que y'a pas trop de terre dedans, le bois était tellement humide que j'ai pas réussi à allumer un feu avec. Alors j'ai fait exploser les araignées en dessous pendant deux heures. Il se redressa, lui tourna le dos. Ouais, et après tu diras que je fous rien, hum!
- Restes, Deidara.
- Hum? Pourquoi?
- S'il te plait.

Le sculpteur se réinstalla en silence. L'illusionniste resta de marbre. Le lait était à peine tiède. Il le porta à ses lèvres, en but quelques gorgées, perplexe. Une seconde. Les artistes se mirèrent sans osciller. Une violente douleur. Le rouge porta l'une de ses paumes contre son front, jeta la tasse pleine sur son coéquipier. Les deux mains sur les tempes. Un tonnerre effroyable dans son crâne. Ses yeux s'embrumèrent, il gémit de souffrance. Son champ de vision n'existait plus, tout était flou. Deidara n'osait s'approcher et n'avait pas réagi face à ses vêtements lactés. L'état le plus bas d'un être qui ne serait plus jamais humain. L'effet s'accentuait, et il laissa un cri s'échapper d'entre ses lèvres. Les battements du cœur s'amplifiaient. Plus fort, plus bruyants. L'artiste, l'appelant. Il criait son nom. Écho. Sa tête en train d'exploser. Les dimensions de l'univers créées par un artificier des Roches. Son échine percuta l'herbe tranchante. Sa nuque se craquela. Bruitage funeste, auquel il ne prit aucune attention. La tête, les bruits, tout était amplifié. Il se projeta au-dessus de lui, le prit par les épaules, le secoua. Son prénom, dernier mot de vocabulaire. Ils restaient là, ensemble. Jusqu'à ce que le jeune homme d'argile le serre contre lui. Attente. Le pantin, inerte, n'esquissait qu'un râle continu et faible. Il ouvrait petit à petit ses yeux aveugles. La chaleur de son sauveur le maintenait quelque peu en vie.

- Sasori! Sasori! Hé, ça va?! Sasori!

Fonctions vitales assurées, il le repoussa doucement. Assis, il se hissa sur son sac devenu oreiller. L'artiste voulut l'aider, mais il hocha la tête négativement et repoussa ses bras tendus. Plusieurs fois, il ne parvint pas à saisir la fermeture. Lorsqu'il l'eut en main, il ne s'en sépara plus. Extirpa de là un cahier, un pinceau, de l'encre. Ouvrit une page au hasard, vierge. Et après avoir préparé son artillerie, il ne chercha pas à écrire droit. Le jeune homme aux yeux lagon crut avoir affaire à un genjutsu redoutable.

- Le lait tiède et les pilules donnent vertiges, vue défaillante et troublée, spasmes, amplification de tous les sons environnant... Si je l'ajoute à l'extrait de chrysanthèmes...
- Mais qu'est-ce que tu fais, idiot?!
- Je compose mes poisons.

Un long silence. Le Scorpion n'avait même pas redressé la tête pour lui répondre. Sentiment étrange s'emparant de l'être compagnon, il se releva, ramassa les plus gros éclats de poterie jonchant le sol, et partit se cacher loin de lui.

- Fais attention, il y a encore des morceaux d'argile au sol. Kodoku yo, kotaete, futari no unmei...
- Deidara.
- Wa... Quoi?
- Continue de chanter.
- Et pour quelle raison?
- Ta voix est un don des anges.

Une explosion. Puis un cri.

C'est ce par quoi ça débute. La vie. Enfin, les emmerdements.

L'un est lové quelque part au creux du bas ventre, l'autre se distingue par son physique corporellement présent. L'un se nomme l'individu X, l'autre l'individu Z. Tirage au sort alphabétique, ne pas chercher de rapport.
L'individu X est petit, tandis que l'individu Z est massif. Tous ont été un jour un individu du type X, indéterminé, puis de plus en plus définissable. Le cas de l'individu Z est facultatif, mais de plus en plus recensé.
Les caractéristiques de l'individu X sont les suivantes. Fruit d'un contact inconnu. Tendance parasitaire. Accroissement variable, généralement lent. Épuisement du porteur pour s'accaparer ses ressources. Naissance dans le monde tridimensionnel dans une enveloppe à apparence humaine. Cette définition s'applique sur deux temps, correspondantes à deux phases de mutations clés chez l'individu X. La phase larvaire, et la phase de mise en route. Les caractéristiques citées plus haut sont propres à la phase larvaire, période évolutive de l'individu X ainsi réellement considéré comme tel, la phase de mise en route plutôt réservée à l'individu E, évolution directe de l'individu X. Le stade larvaire de l'individu X est sans doute le plus fascinant. L'individu X, dans son stade primaire, est inconscient. Il ne pense pas. Il entend par contre très bien, et identifie les sons aux intonations, à la fréquence, au débit, et ainsi de suite. Les autres sens n'étant pas encore éveillés, il se guide à son ouïe. L'individu X dans son état premier ne peut survivre en dehors de cette sorte de poche, emplie d'un liquide s'apparentant à de l'urine, située dans le corps une personnalité porteuse (Nous rappelons qu'une personnalité dite "porteuse" est un type fondamental de personnalité qui permet la reproduction chez l'espèce dans laquelle elle est assignée. Certaines de ses personnalités porteuses peuvent aussi assurer une descendance chez une autre espèce, et donc peut lier un pacte charnel avec une personnalité d'une race différente. Ce n'est malheureusement pas le cas de nombreuses espèces.). Ses capacités de vie en dehors de cette poche sont nulles, et il en est de même en ce qui concerne la survie dans une reproduction de cette dite poche. L'individu X a pour seule nécessité d'assurer son entier fonctionnement une fois le stade larvaire dépassé. Il doit être opérationnel dès la rupture de la poche, et dès son entrée dans le monde tridimensionnel. Les mutations optionnelles et les moins utiles lors de sa pénétration au sein du nouvel univers s'ajouteront au fur et à mesure de sa progression, et lui permettront de gagner son autonomie. Le calendrier de l'individu X en phase larvaire, en résumé, se compose de trois parties essentielles. La création, la croissance, et la percée. La création marque le lien des deux personnalités fondatrices, la personnalité fertile (Personnalité fertile : type de personnalité indispensable se chargeant de l'acte reproductif chez l'espèce à laquelle il appartient, en fournissant le code nécessaire à la création de l'individu X) et la personnalité porteuse, ainsi que l'installation de l'individu X en la personnalité porteuse. La croissance représente la condition du stade larvaire chez l'individu X dans son intégralité, et ses évolutions comprises dans ce même stade. Enfin, la percée est typiquement l'acte de déchirement de la poche dans laquelle l'individu X grandit, mais c'est en réalité le terme désignant le passage de la poche de la personnalité porteuse au monde tridimensionnel et donc l'arrivée de l'individu X à l'apogée du stade larvaire.
La synthèse : L'individu X possède deux phases primordiales. La phase larvaire qui consiste à sa création, à son accroissement, et à son arrivée dans le nouveau monde, puis de la phase de mise en route cherchant à le faire évoluer au stade d'individu E.
L'individu Z est un résultat de retour aux sources (Le retour aux sources est une marque de soins thérapeutiques de plus en plus courante consistant à retrouver ses origines par divers moyens, physiques (mise en situation) ou mentaux (hypnose).) divisant l'individu en deux parties définissables. L'une reste dans le monde tridimensionnel dans un état léthargique, sans vie, tandis que l'autre, montrée comme l'âme consciente et réactive, vagabonde dans un univers encore inconnu. Le retour aux sources cherchant à retrouver les racines de la personnalité concernée, l'âme réactive de cette dite personnalité se trouverait probablement plongée dans un état subconscient du souvenir du sujet. L'individu Z correspond exactement à cet état-ci : la découverte du souvenir par le retour aux sources, soit la division du corps et de l'esprit grâce à un procédé externe et pour une raison divergente. L'individu Z n'est donc qu'à moitié conscient de ses faits et gestes, l'une des parties concrétisant son être demeurant inactive durant la durée de la transe. En effet, l'individu Z n'est qu'une entité indéfinie symbolisant l'âme de la personnalité victime. C'est une action de recherches qui la maintient en éveil constant. L'individu Z peut être apparenté à un chercheur : du moment qu'il ne trouve rien, il n'y a rien à comprendre ni à connaitre. Dès l'instant où quelque chose de correspondant à ses critères de recherches se manifeste, son gène se met en marche et développe tout son intérêt. Les réactions de l'individu Z varient selon la personnalité à laquelle elles appartiennent, et selon ce qui est visé comme trésor. Généralement, l'individu Z n'est pas un cas à problèmes, et ne réagit pas de manière excessive. L'individu Z, par définition, n'a pas de réels sentiments, humeurs, goûts, envies. L'individu Z est à la fois mort et vivant, et c'est ce détail qui fait de cet individu un sujet d'étude absolument fascinant. Le corps n'est plus contrôlé. La chair chez l'individu Z n'existe pas, il n'y a que l'esprit. Et cet esprit, bien que véritablement actif, ne peut être considéré comme vivant, étant donné qu'il n'y a aucune preuve matérielle de son existence. Sans doute en partie pour cette raison, l'esprit ne se manifeste jamais dans le monde tridimensionnel et reste toute la durée du procédé employé lors de la cérémonie de retour aux sources dans un univers parallèle encore inconnu. L'individu Z n'existe que dans son propre délire, et ce pour répondre aux délires de son auteur. L'individu Z est reconnaissable à ce type de réactions physiques. Le corps s'écroule inerte au sol. En pleine action, le corps se fige. Absence de réactions aux paroles, inattention, perte de mémoire et autres symptômes de ce type. Difficultés à se réveiller. L'individu Z est caractérisé à différentes reprises comme une âme virevoltante, voyageuse, dénuée de sentiments propres à la personnalité. Pour clore, le retour de l'individu Z à l'individu T (Individu de base dans l'évolution.), donc la fin de la transe conduisant à la création de l'individu Z à partir de l'individu T, se marque par un réveil brutal dans le corps de la personnalité concernée. Une explosion (dans l'espace, dans le système nerveux du sujet...), suivi ou ponctué d'un cri ou d'un quelconque autre signes sonores et audibles (cris, rires, injures, râles...). Ce réveil est dangereux pour l'entourage physique présent dans le monde tridimensionnel au côtés du sujet exposé à de telles réactions. Mise en garde face aux risques encourus.
La synthèse : L'individu Z est généré par le procédé de retour aux sources, et est encore trop peu connu pour être précisément défini.

Une explosion, et un cri. Ça lui tombe dessus au mauvais moment, on dirait.

[Conception. Syndel Vungh.]


Dernière édition par Akasuna No Sasori le Mer 18 Mai - 15:23, édité 3 fois
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Progression. [Entraînement I, Terminé.] Empty
MessageSujet: Re: Progression. [Entraînement I, Terminé.]   Progression. [Entraînement I, Terminé.] Icon_minitime1Dim 15 Mai - 20:51

[Plus haut, bien plus haut... Le début se trouve deux postes plus haut...]

- Deidara? Deidara!

Il avait disparu depuis un moment. Liés-déliés. Quand il eut fini de rédiger ses découvertes venimeuses, il voulut le retrouver. S'empara du cahier, de ses objets utiles à la calligraphie, s'en alla. Retrouver ce chant si merveilleux. Il était parti dans les bambous. Les oiseaux n'étaient plus dans leur nid. Les araignées en voie de disparition. Espèces rares. Il avait décidé de se couper de l'extérieur, de se laisser aller au spleen le plus total. La mélancolie. Il devait s'ennuyer. Il ne faisait rien exploser. Près de l'étang, il ne vit personne. La forêt de bambous était dépourvue de son empreinte. Il avait comme disparu. Le Scorpion s'inquiéta un temps soit peu. L'angoisse passée, il du se résoudre à lui faire confiance. Il fallait le laisser seul un instant. Instinct de protection. Un membre de la famille, un consanguin. Quelque part, même s'il le niait, le guerrier du Sable tenait à ce sculpteur. À cette découverte précieuse qu'était sa voix. Pars-tu pour la foire de Scarborough? Persil, sauge, romarin, et thym. Rappelle moi au bon souvenir de quelqu'un qui vit là, elle fut autrefois mon véritable amour. Un monde tout en musique. Folklore agréable. Sa comptine lui semblait familière. Un temps inné trop. Demande-lui une chemise en batiste, sans coutures ni délicat travail d'aiguille. Là, elle sera mon amour. Situé entre l'eau et la grève, un lopin de terre, alors elle sera mon véritable amour. Dis-lui de moissonner avec une faucille en cuir persil, sauge, romarin, et thym, et de tout assembler en un bouquet de bruyère. Là, elle sera mon véritable amour. Il faut qu'il soit doux pour apaiser l'amertume entre eux deux. Il faut qu'il soit fort pour résister à la distance entre eux. IL faut qui lui soit fidèle pendant cette période de solitude, qu'il soit très courageux pour surmonter toutes les épreuves qui l'attendent. Il s'éloigna de l'étang, retourna quelque part dans la forêt de bambous. S'assit, à même l'herbe. Sortit ses feuilles vierges, son encre, son pinceau le plus fin. Et il esquissa les lignes d'Hiruko.

- Non...

La dix-huitième feuille arrachée, roulée en boule, et abandonnée. Hiruko ne pouvait être une seconde peau. Il fallait une surface bien plus large pour optimiser la défense. L'homme des dunes y renonça. Il fallait trouver un autre moyen. Et finalement. Un arc de cercle, comme une coque. Un gigantesque masque, une bouche grande ouverte sur le dessus, pour laisser passer une queue de scorpion empoisonnée. La queue serait en fer brut. Les jointures retiendraient le liquide et la surface légèrement râpeuse sur l'extérieur causerait davantage de souffrance. Elle serait articulée, permettant ainsi un maximum de mouvement. À la fois basée sur l'attaque et la défense, la queue d'Hiruko serait son principal atout. Le masque principal, relié par des câbles au parties secondaires, comme le masque facial. Une peau plus mat, imbibé de venin. Pas besoin d'orifices oculaire si le chakra est assez puissant. En soit, le Scorpion n'aurait guère besoin de chakra une fois à l'intérieur, et les orifices auraient été une ouverture clef pour percer la défense. La marionnette doit être imperméable, ne pas rouiller ni pourrir. L'élaboration d'un poison exerçant ces fonctions serait de rigueur. L'on peut aussi rajouter une bouche avec un double fond -comme pour la bouche de la carapace principale- pour y stocker plusieurs câbles ou senbons, le tout empoisonné. Des membres, quatre. Hiruko se déplacerait à quatre pattes. Les deux membres avants devaient être séparés de la structure principale, du tronc, pour pouvoir être utilisés comme armes. Ils seraient des canons. Non. Rature. Le bras droit seulement serait un canon, et un projectil. Structure de bois massif pour plus de résistance et augmentation des dégâts causés à l'adversaire. Les canons, apparents pour plus de précision lors des tirs, seraient en métal. L'acier conviendrait. Le bras gauche serait un réservoir à kunai. Tous humidifiés par le même nectar. Les deux pattes arrières, piliers de la structure, seraient fardées de lames défensives. Par-dessus cette confection, une très fine couche de cuivre pour protéger le bois de l'excès de projectiles. La queue devait recouvrir la surface la plus large possible. Hiruko ne devra par être touché de front. Une choc trop puissant le briserait. Il ne pouvait pas non plus excéder quatre cent kilogrammes. En tout, il pourrait être capable de contrer, immobile, un poids de trois cent kilogrammes, envoyé à deux cents kilomètres par heure. La marionnette serait enduite d'un poison assez puissant pour être mortel, et constituerait une évidente boule "hérisson", recouverte d'instruments coupants, pour le répandre dans l'organisme des ennemis. Essentiellement fait pour rester à distance, servir de protection indirecte et cacher son identité. Voilà. Maintenant, il fallait passer à la réalisation le plus vite possible, avant qu'il ne faille quitt...

- Sasori? Sasori!

Il se mit à chantonner. Puis, il se montra enfin. Le cahier fut déposé une minute.

- Deidara!
- Ah, ben te voilà! T'étais où?!
- Je te renvois la question. Puis, où étaient passées toutes tes sculptures?
- Je les ai enterré pour les planquer, idiot! Effet de surprise, tu connais?
- Si tu veux. Que fais-tu?
- J'vais me baigner dans le petit lac en face du campement. Toi, qu'est-ce que tu fous? C'est quoi ce dessin?
- Ah... Ce n'est rien.
- Ouais ouais... Tu sais quoi, je ne bouge pas tant que je ne sais pas ce que tu fais.

Et il s'assit devant lui, entre deux branches de bambous, une moue navrée peinte sur le visage.

- Tu crois quand même pas qu'avec le malaise que tu nous as fait tout à l'heure je vais te laisser seul, quand même? Qui va me faire la bouffe si tu crèves?

Son regard s'affaissa. Le Scorpion replongea son attention sur Hiruko. Deidara s'avança, curieux. Il reprit le pinceau, repassa quelques traits.

- Il va falloir l'habiller, aussi...
- Machi no zawamekini tokete shimaetara? Watashi ni wa dekinai, yume mite mo kanau hi wa...
- Deidara, ne serait-il pas amusant de voir ses dessins prendre vie devant soi?
- De... De quoi?
- Ah... Non, rien. Désolé.
- ...
- ...
- Konai no, todokanu hito...
- Sou watashi ni wa...

Le potier ouvrit des yeux ronds.

- Sa... Sasori?!
- J'en ai rêvé, cette nuit. De cette chanson.

Le maître marionnettiste apposa ses deux mains aux sol après avoir fermé son livre. Il invoqua trois pantins, qui se chargèrent de casser les bambous environnants.

- Ils suivront le modèle si je le regarde.
- Esclavagiste, bourreau. J'vais me laver, moi!
- Mmh...

Debout, il se dirigea vers le campement.

- Hé, Sasori...
- Je t'écoute.
- Bon courage.
- ... Merci...

Mais il était parti.

Il se déshabilla durant le chemin. Il commença par son haut, son armure résille, puis il dénoua des cheveux et déboutonna son pantalon. Arrivé au bivouac, il déposa le tout sur le pseudo-lit, et retira ses chaussures en chantant.


- T’es dans ton bateau qui tangueeee. T’as mal dans tes tongueeees! Tu vois des orang-outaaaans. Ta tête fait ping-pong. Ping! Chang boit du théééé... Et du sakéééé...

Entièrement nu et après s'être emparé du savon, il entra dans l'eau tiède. Il était heureux. Il ne pensait plus. Sa tête plongea sous l'eau, et ressortit quelques secondes plus tard. Le jeune homme se complaisait dans un élément qui découle directement de son affinité. Par plaisir, il se servit d'un peu d'argile qu'il lui restait dans les mains pour créer un canard et le déposer à la surface. Un rire cristallin et allègre éclata. Il voulait le reprendre, jouer avec. Il avait déjà coulé, trop lourd pour flotter. Navrant. Son sourire se brisa en mille morceaux. Le bellâtre ne su comment réagir. Alors il ne réagit pas. Le gel douche avec lui, il s'en aspergea. Quelques minutes lui suffirent. Il entra sous la surface, une seconde. Ses cheveux dansèrent dès sa sortie. Ils allèrent fouetter son dos opalin. Puis, un bruit. Il regarda derrière lui. Rien. Retourna à son nettoyage, peu enclin à sortir de là. Jusqu'à ce que les rois du cache-cache se trahissent.

- Excusez-nous, mademoiselle...

Tiercé quarté quinté plus. Ils n'étaient vraiment pas des flèches. Il ne fit pivoter que son visage. Ils étaient trois. Ils n'avaient pas de bandeaux, ou s'ils en possédaient un, l'artiste ne pu les distinguer. Leur visages étaient découverts. Ainsi, ils ne faisaient pas non plus parti de l'élite. C'était mignon. Cependant, s'ils étaient dans le coin, c'était pour eux. Pour les traquer. Danger. Pour finir, il était une femme, c'est bien. Rentrer dans leur jeu, en vitesse.

- Oui?
- Auriez-vous vu ces d...
- Excusez-moi, j'n'entends rien!
- Nous vous demandons si...
- Parlez plus fort!
- AURIEZ-VOUS VU...
- Non, non, ça ne va pas du tout. Il faut que je sorte de l'eau, mais j'ai oublié ma serviette! Elle est à côté de vous, messieux, sur... par terre...!

L'un d'eux s'emparra de la serviette, entra dans l'eau.

- Non, non! Lancez-la moi!
- Comme vous le voulez....

Il la lui envoya... dans l'eau. D'accord. L'androgyne s'en empara, s'enroula du mieux qu'il pu à l'intérieur, regagna la rive. Devant eux, sa beauté diaphane, séraphine. Elle leur sourit, mesquine.

- Bonjour, messieurs.

Une voix masculine jusqu'à lors tûe. Quelques animaux sortirent des bois, vinrent aux pieds des shinobis, obnubilés par sa suprêmatie confuse.

- Katsu!

Ils explosèrent.

Les yeux clos. Ses yeux. Qui ont perdu leur éclat. Miroir flou. Cadre vide. Un battement. Ses cils remuent vaguement. Embués. Clignements brumeux, peu concernés. Puis, ils s'ouvrent enfin. Ses pupilles dilatées comblent ses iris translucides. Une respiration calme. Une sérénité retrouvée. Ses yeux se referment. Un soupir. La vérité éclate. Elle est vivante.
Quand elle trouve la force de recouvrer la vue, bien que partiellement, ses paupières lourdes se redressent. Son souffle chaud vient caresser ses lèvres bleutées par le froid. Tout va bien, maintenant. Enfin, à quelques éléments près. Des détails insignifiants pour la plupart. Ses narines se dilatèrent. L'odeur de brûlé était encore présente, mais elle n'avait rien senti. Sûrement l'un des effets positifs d'une injection aussi importante. Qu'avait-on usé afin de la placer dans cet état second. Quelque produit dur, certainement. En dose suffisante pour lui permettre d'oublier la douleur durant un temps limité. Fantastique. Les génies derrière cette créativité devait être félicité. Elle y tiendrait. Néanmoins, la sensation enivrante de la chaleur l'enveloppant se faisait de plus en plus désirable. Seigneur. Quelle extase. Quelle jouissance. Terreur excitante qui la submergeait. Son gémissement ne se traduit point. Elle baissa la tête. Ses poignets liés la faisait souffrir le martyr.
Les doigts fins tressaillirent. Le bleu les prit en otage. Ils s'entremêlent, cherche un lien, quel qu'il soit. Chaleur si sensuelle. Disparue. Ils la cherchent. En vain. Son désir ne se fait qu'impatient davantage. La cordelette qui lit ses poignets ne cède pas. Ne cèdera pas. Même sous la pression la plus tentante. Sa respiration percute sa peau nue. Devenue glace. Elle en tremble. Rien de parait la gêner outre mesure. Neutralité plus que surprenante. Peu commune. L'effet des cachets ne s'est pas encore entièrement estompé. Ou peut-être était-ce celui des seringues. Qu'en savait-elle. Ne cherchant pas à découvrir la vérité. Pas en état pour cela. De plus, confortée dans l'idée que le détenteur du savoir absolu n'existait que dans les rêves de la nouvelle Inquisition. Chienne d'Inquisition. Elle tente d'esquisser un sourire. Ses forces ne lui permettent pas. À moitié recouvrées, encore assoupies. Elle se promet de ne pas trop abuser pour l'instant, et se contentera d'un rictus plus ou moins bien senti. Pourtant, lors qu'elle cherche à l'afficher, un champs magnétique l'empêche de bouger ses lèvres, mutilées et gelées par la température ambiante. Elle tente plusieurs fois. Retombe toujours sur le même schéma final. Elle abandonne. Cela ne la gène plus tant que cela. Elle reprendra ses vaines tentatives plus tard. Ses globes oculaires reprennent du service. Poussée par l'envie de découvrir sa position. Malgré la dilatation surnaturelle de ses pupilles, et le flou ambiant qu'elle ne parvient pas à maîtriser. Encore un effet second indésirable.
La folie prend possession de ses iris décolorés. Le blanc de la pièce lui retourne l'estomac. Les carreaux frappent son système nerveux. La pièce est d'un naturel immaculé. Le blanc n'a jamais été aussi macabre. Le froid ambiant ne fait que la rendre plus fatiguée. Ses yeux luttent pour ne pas avoir à soulever ses paupières. Sa pâleur est renforcée. Retour à la source. L'appel de la nature. Nature bien agressive sous sa paresse. Instinct. Sa tête pivote vers la gauche avec brutalité. N'a jamais vu tant de blanc. Encore du blanc. Toujours. Une table. Elle ne peut voir ce qu'il y a dessus. Elle lève les yeux. Une grille d'aération. De la fumée. De la fumée. C'est glacé. À droite, plus calmement. Une porte. Une porte en relief. Un réfrigérateur? Certes. Le blanc en est barbare. Elle a mal aux yeux. Sa vue se trouble. Le brouillard se repend dans la pièce. Elle n'y avait pas prit d'attention. Ses sens lui revenaient. Progressivement. Inexplicablement. Sans justificatif. Fugue. Le regard fixe. Soutenu face à une porte. Droit devant elle. La poignée est cadenassée. Un soupir. Elle baisse la tête. Aperçoit à côté d'elle, à même le sol, un plateau. Dedans, plusieurs boîtes et seringues. Vides. Elle se souvient alors du pourquoi de sa présence ici. Il faut fuir. Au plus vite.
Tout va pour le mieux. La transe s'effectue sans grande perturbation. Aucune inquiétude. Elle prend conscience de son devoir avec zèle. Son calme lui sera favorable. Ses ongles percutent ses paumes insensibles. Ses plaies doivent être désinfectées. Elle devra y penser une fois sortie. Pour l'aider, la fumée s'épaissit. Se réchauffe. Elle ferme les yeux. Sensation de bien-être absolu. Candeur spécifique. Tout va bien. Parfaitement bien. Sa langue baigne dans du liquide froid. Aucun soucis. Jusqu'à ce qu'un liquide différent vienne s'infiltrer. Différent. Indésirable. À la consistance épaisse. Au goût âcre. Inhabituel. Gênant. Elle veut le cracher. Elle s'en empêche. Se force à avaler. Ce n'est qu'une mauvaise blague. Sa langue rencontre un solide. Appuie dessus. Joue avec. Ses lèvres bougent. Elle découvre les coutures qui les gardent closes.
Calme feint. Ses cheveux lui collent au visage. Sa sueur s'écoule. Sa peau n'est plus aussi douce. Ses lèvres sont sèches. De ses yeux perlent des gouttes inconnues. Ils s'embrument. Le brouillard n'y est pour rien. Ses doigts sont immobiles. Elle ne sait plus quoi leur faire faire. Elle fait glisser ses poignets de haut en bas. Attachée. Le fer glacé. Une chaise. Elle est assise. Elle s'en rend compte. Elle reste paralysée. Ses yeux exorbités témoignent de son état. Ne sait plus comment réagir. Elle n'est plus aussi calme qu'auparavant. Sa beauté est différente. Elle est décolorée. Grise. Parmi le blanc. La présence dans la neige. L'ombre ne bouge plus. Pétrifiée. La lumière du néon au dessus d'elle lui apporte le peu de chaleur dont elle dépend. À nouveau sur le fil du miroir. Elle s'éveille. Frappe ses genoux l'un contre l'autre. Ses pieds sont également noués. Elle ne le constate qu'après un certain temps. Ce qui l'attire particulièrement, c'est le toucher. Ses doigts se frottent collectivement. Lui désobéissent. Sentent la sueur de ses mains mélangée à cette pâte visqueuse. Ses cuisses se rencontrent, ses genoux s'entrechoquent. Barrière contre le froid. Friction. Instinct. Bestial. Question de survie. Se préserver à tout prix. Comme un ver prisonnier de l'antre de la bête, elle s'entortille autour de ses liens. De son nez s'écoule la même eau salée. Elle secoue la tête. Il change de direction, se dirigeant alors vers le coin de ses lèvres nouées. Elle n'y prête plus attention. Son sens du toucher est aux aguets. Rien ne passera entre les mailles du filet. Prisonnière. Sa danse sensuelle lui fait prendre conscience de sa nudité.
Ses battements cardiaques s'accélèrent. Le sang afflue dans ses veines et vient repaître les organes vitaux de son corps. Charognards. Ses cheveux volent autour d'elle, s'accrochant à son minois vierge dès que l'occasion se fait trop tentante. Son cerveau analyse chaque donnée qui lui parvient. Décrypte, cherche, trouve. Programme simple. Indispensable. Elle ne pourra s'en sortir qu'en faisant confiance à cette fonction. Elle entreprend de retrouver son calme. Elle y parvient. Longuement. La fatigue la pousse à s'arrêter. Sa honte la fait rougir. L'humiliation est sans doute le pire des fléaux. Ses paupières tombent lourdement sur ses iris éteints. La transpiration due à la chaleur sèche avec l'aide du froid ambiant. Elle repense à la grille d'aération. Au réfrigérateur. À la chaise. À la table. Autant d'éléments susceptibles de lui être utile par la suite. S'enfuir. Courir, loin d'ici. Il faut se libérer de ces liens. Ne pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Gémissement sourd. Muette. Fil magique drainant le don de parole. Complément de seringues. Des larmes s'écoulent de ses joues humides. Personne ne l'entend pleurer.
L'humiliation qu'elle subit est la plus terrible de toutes. Qu'avait-elle fait pour mériter tel châtiment, elle-même l'ignorait. Le pire était sans doute ce sentiment d'oppression, de surveillance, que cette salle lui offrait. Se sentir espionner dans sa honte n'avait rien de plaisant. Nue, liée, et à la portée de n'importe qui. Ses cuisses se chevauchent volontairement, et elle cache sa poitrine à l'aide de ses cheveux. Elle baisse les yeux. Elle n'avait pas vu cela avant. Ses seins étaient ornés d'une parure bien étrange. On lui avait tatoué un code-barre. Elle sentait le contact malsain des mains d'autrui sur sa chair. Sans défense. Présence mauvaise, perverse. Elle en eu un haut le cœur. Ne plus pouvoir fuir. Coincée entre son bourreau et la réalité. Prendre conscience de fait que nous ne sommes que des produits. Attendre d'être vendu au plus offrant. S'abandonner à la triste vérité. Peut-être était-ce pour cela que l'Oracle n'était pas né. Connaître ses atrocités de naissance devait être bien douloureux à porter. Empêcher sa naissance. Envers et contre tout. Ou ne se soucier que de soi et de sa liberté. S'enlever jalousement des mains du geôlier. Cette solution était sans doute la meilleure. Cachant avec honte ses côtes ressortissantes et sa poitrine divine avec ses cheveux ébouriffés, la seule idée de sortir d'ici se faisait alléchante. Trouver un moyen de sortir. Rapidement.
Système le plus simple qu'elle ait trouvé. Secouant la chaise selon le mouvement d'une balance. Une puissance et un cœur honorable. Tangue comme une barque dans la tempête, avant de tomber lourdement sur le côté. Le sol était gelé, et sa peau frigorifiée tremblait. La joue contre le carrelage ivoire, ses yeux fixant les jointures avec haine. Sa chute lui cassa quelques chose. Elle en était certaine. Mais ses os n'étaient pas les seuls à souffrir. Suite à une telle chute, ses liens n'en étaient que fragilisés. Elle tirait comme une furie. Terreur grise parmi le peuple pur. Elle se débattait comme un beau diable, gémissant, se tordant de douleur. Humiliée de sa position, souffrant le martyr. Le fer tenait bon, la corde moins. Décrypter, chercher, trouver. Le programme avait l'air de fonctionner. Un éclair dans son esprit. Friction. Ses poignets glissaient sur le chemin du barreau de haut en bas. De plus en plus vite. Ils allaient céder. Bien sûr que oui. Concentrée sur les cordelettes qui maintenaient ses chevilles contre les pieds de la chaise, mais lui permettant de croiser les jambes. Punition exemplaire. Pouvoir se couvrir, et se rendre compte que cela n'était pas suffisant. Elle apparenta cette découverte avec un exemple concordant. Comme si l'on souffrait du froid, et que l'on nous donnait une couverture trop juste. Mauvaise blague. Ses chevilles fines ne pouvaient pas s'infiltrer au travers du court espace que les liens étaient contraint d'admettre. Qu'importe. Elle tirerait, si c'était là ce qu'il fallait faire.
S'écartelant comme un animal fou. Honte oubliée, instinct de survie. Souhaitant hurler de toutes ses forces. Jusqu'à la mort. Et miracle. Elle réussit à dénouer ses poignets. Les ramenant contre elle et constatant leur marques. Autant torturés que son esprit, ils affichaient des traces de luttes, des plaies, du sang sec et des égratignures en plus des marques de strangulation veineuse. Tant pis, il faudra faire avec. Elle chercha à se soulever de ce marbre de glace. Offrant son corps de muse aux yeux vicieux du plafond. Blanc. S'appuyant avec ses paumes blessées, tentant en vain de se redresser. Échouant à chaque tentatives. Une énième, et elle abandonna. Cherchant plutôt à se retourner. Elle pivote avec courage, et se retrouve face au plateau. Elle le saisit pas le bord, le vide. Des seringues, des cachets, des boîtes vides, et un scalpel. Décrypter, chercher, trouver. N'obéissant qu'à cette réalité. Elle ne se voit pas prendre la lame, ni se redresser. Un cri étouffé envahit la salle close. Des lamentations surviennent de sa gorge nouée. Tout redevient flou. Mais ses chevilles sont à nouveau sous son contrôle, et ça, elle ne le doit qu'à elle.
Elle parvient à la conclusion que plusieurs de ses côtes sont fracturées. Elle s'allonge sur le sol après avoir propulser la chaise contre le mur avec son pied. Étoile se livrant au regard langoureux de chacun. Ces efforts ne lui seront pas favorables par la suite, pourtant elle ne regrette rien. Pas le temps de regretter quoi que ce soit. Réveil brutal. Elle roule en arrière et se relève. S'abaisse et remet le plateau dans sa forme initiale. Puis relève la tête. Observe chaque coin, chaque parcelle de la cellule avec attention. Mise en place du programme. Puis elle se jette sur le réfrigérateur, l'ouvre, et regarde ce qu'il contient. Des fioles de sang. Par vingtaines, sûrement plus. Des glaces à l'eau. Grises et rouges. Au font, des vêtements et sur la porte un miroir. Sans réfléchir, elle attrape la pile de linges et l'étale sur le sol. Elle s'agenouille, et regarde son trésor. Le froid lui glace le cœur. Il lui faut de la chaleur, vite. Elle découvre un débardeur et une jupe. Grisâtre. Elle se rend compte de la perversité de son bourreau. En premier lieu, pas de sous-vêtements, enfin, il les a placés dans le frigo. Ils sont plus froid que le mot. Malgré les coutures qui maintiennent ses lèvres, elle hurle. Folie. Pauvre idiote qui aurait cru trouver ne serait-ce qu'une part de bonté chez son maître désigné. Néanmoins poussée par la douleur, elle ne s'offre point à cette compassion malsaine. Pitié négociable, offre égoïste.
Tout en cette pièce est fait pour la faire craquer. Les vêtements, symbole de chaleur et de pudeur, offert par celui qui l'a mise nue. Sadisme. Le miroir, reflet de ses ecchymoses, de ses brûlures et des autres coups qu'elle a reçu. Honte. Les glaces, témoins des couleurs distinctes, rappel de température et solution à ces maux de ventre dont elle tuait l'existence depuis son réveil. Sournoiserie. Les fioles de sang, preuve que son corps fut violé sous une des coutures du terme. Culpabilité. Enfin, les seringues et autres médicaments, ou allusion à son état de soumission, de dépendance. Prise de conscience. Coup de pied violent dans le réfrigérateur. Il vomi son contenu sur le sol, elle l'écrase. Le contact des morceaux de verre sous ses pieds la fait tressaillir. Elle va chercher la chaise, la lance à l'opposé. Nerveuse. Colère. Agonie sonore. Le silence la pèse, sa solitude l'attaque. Faire du bruit, hurler, pleurer sa peine. Solution radicale, essentielle. Elle craque progressivement. Et se calme. Doucement. Petit à petit. Analyse de tension. Son cœur s'adoucit. Elle s'assoit quelques secondes à même le sol. Son corps déjà dévoilé ne lui offre plus aucune peine. Elle s'y est fait, finalement. Elle n'est atteinte que de son silence. Que quelqu'un daigne te trouver, s'ouvrir à toi.
Son tourmenteur se plaisait à la voir tourner en rond et s'abandonner à ses cadeaux empoisonnés, et c'est pour cela qu'elle refusait toutes ses avances. Ne pas céder à tout ces balivernes, ne pas lui accorder la jouissance de la voir supplier son aide. Sortir d'ici. Voilà ce qu'elle devait faire, à présent. Son martyr touche à sa fin, elle le sent. Elle se relève. Son calme s'envole, et la colère redevient omniprésente dans ses yeux. Elle court vers la table, la retourne, ne prend pas le temps d'observer les dossiers qui s'effondrent et s'éparpillent sur les carreaux. Son sang s'infiltre dans les jointures du sol, le recouvre, tache le mur le plus proche. Elle y marche dedans pour récupérer la chaise, la ramène sous la grille d'aération. La grille d'aération. Exit. Sa sortie. Elle colle la chaise au mur, puis y monte dessus. Trop court. Elle saute, tente de l'atteindre. Impossible. Nouvel essai. Descend de la chaise, l'envoie valser un peu plus loi, et elle va chercher la table renversée en prenant garde à ne pas glisser sur son liquide intra-veineux ou sur les dossiers inconnus. Elle traîne la table contre le mur, grimpe dessus. La taille est parfaite. Un semblant de sourire, un soupir non moins feint.
Elle dépose ses mains meurtries sur le quadrillage de la grille. Une chaleur s'en dégage. Une chaleur subtile, intrigante. Osmose entre le matériel et son contraire. Elle y jette un coup d'œil, mais rien ne se laisse apercevoir. Quelques éléments indésirables doivent résider à l'intérieur de ce conduit. Pas grand chose de perturbant après cette journée. Ou cette nuit. Aucun repère chronologique. Endormie jusqu'à la moelle, passé trouble, avenir incertain. Tracé inconnu, déclin proche. Elle sort ces idées de son crâne en secouant la tête, veut commencer à ouvrir la porte de sortie. Aux extrémités, une vis. Un total de quatre vis. Décrypter, chercher, trouver. Ne pouvant ouvrir la porte avec ses ongles, encore moins avec sa propre force. Elle se retourne. Chercher. Trouver. Le scalpel. Descente en trombe, course vers le mur d'en face. Où est-il. Recherche, inattention. Glissade, chute. Un craquement qui ne laissait présager rien de bon. Dans la flaque de sang, sur le ventre, les mains sur les côtés, elle se relève. Hurlement muet. Intense cassure. Tout va pour le mieux, c'est ce qu'elle tente de se dire. Cela doit être plus grave qu'une simple côte, son humérus commence à la faire pleurer. Tout va bien. Elle est presque sortie d'affaire. Elle en est convaincue.
Un coup de tête à droite, à gauche. Son excitation n'a de cesse de croiser. Elle maintient son bras avec la pression de sa main moite. Attelle d'urgence. Ne peut faire mieux pour le moment. Elle cherche l'outil. Trouve enfin le plateau chirurgical. Elle s'en approche sauvagement, attrape le scalpel et poursuit sa course vers la table sans prêter attention à la chute de la boîte. Bruit cristallin face à son son agile. Elle tâte le mur précautionneusement. Pas de mauvaise blague. Et s'attaque à l'ouverture. Enfonce la lame dans la vis, et tourne. Rotation qui lui sauvera la vie. Son souffle rebondit contre la paroi rappeuse. Son buste s'égratigne contre le mur. Une vis saute. Suivante. Gémissement traître. De l'eau roule sur ses joues sales. Son bras ne va pas mieux, et elle le pose sur la jambe qu'elle retire pour lui servir d'appui. Tout ira bien. La sortie se trouve deux vis et quelques mètres plus loin. Réconfortée. L'idée de retrouver la lumière naturelle la ravie. En fait, quel que soit l'accueil qu'elle trouvera une fois à l'extérieur, rien ne pourra être pire qu'ici. Consciente de la chance qu'elle aura. Elle projette son avenir sans grand intérêt. Retrouver celui qui lui a fait ça reviendrait à chercher une aiguille dans un botte de foin. À moins que les documents posés sur la table avant qu'elle ne la renverse détiennent une information à son sujet. Non. Ce serait absurde. Pourquoi le geôlier se serait condamné alors que sa technique était parfaite. Peut-être avait-il dans l'idée de se faire arrêter pour la célébrité. Cependant, elle ne parvint pas à comprendre comment il pourrait vivre avec un tel acte sur la conscience. D'ailleurs, qui cela pouvait-il être. Une vis, quelques mètres. Elle sent déjà la chaleur de l'extérieur contre son corps.
N'importe qui n'aurait pas pu lui faire subir un tel calvaire. Un membre de son entourage, qui. Elle n'avait pas d'entourage. Son environnement était avant tout constitué de connaissances. Des gens qui n'étaient que des figurants dans sa vie. Personne en particulier. Des jaloux ou des ennemis, elle s'arrangeait pour en avoir le moins possible, voir n'en avoir aucun. Son regard s'affaiblit. Fatigue. Le froid à son apogée. Ne pas céder. Pas maintenant. Pas si près du but. Non. Sûrement pas à cet instant. Paupières lourdes, corps inanimé, faible. Criant son désespoir en se brisant de part et d'autres. Fleur dont les pétales se sacrifient pour qu'une nouvelle fleur puisse naître. Mais cette fois-ci, le dernier pétale de la fleur s'accrochait. Un gémissement puissant malgré ses lèvres closes. Elle jette le scalpel derrière elle. La grille aussi. Elle saute de son perchoir, agrippe le dossier sans prendre part de son contenu. Confortée dans l'idée qu'il lui serait utile par la suite. Elle remonte sur le bois, en pleurs. Plus rien ne sera comme avant. Jamais. Heureuse, sûrement. Elle regarde ce qui l'attend. Quelques mètres, pas plus, avant de tomber à nouveau sur une grille à fracturer. Pour celle-là, pas de scalpel requit, pense-elle. Dehors, la lumière de la lune s'étend à perte de vue. Jouissance exquise que d'apercevoir l'extérieur. Tout va bien, cette fois. Elle le sait.
Elle s'engouffre à l'intérieur. C'est étroit, mais elle peut y arriver. Son corps hurle à travers ses os. Elle ne s'y attarde pas. Le plus important, c'est de sortir. Elle est si proche du but. Et si... Si quelque chose venait lui barrer la route. Non. Impossible. Dehors, c'est le calme plat, il n'y a personne. Pas de voitures, c'est à peine si les animaux vivent à cette heure-ci. Le goudron reflètent les rayons de la lune, et elle déguste cette lumière sur son visage parsemé de griffures. Synonyme de liberté. Le prisonnier s'évade toujours. Quoi qu'il arrive. La fin de ce calvaire. Il était temps. Depuis son entrée dans le convoi, elle pousse le dossier devant elle. Elle n'a donc pas besoin de revenir dans la salle une fois la seconde grille crochetée. Et elle y arrive. Après tout. Elle y est parvenue. Soupir. Soulagement extrême. L'air du dehors est doux. Rien de tel pour rentrer à la maison. Elle a envie de sourire. Mais c'est vrai, il faudra lui découdre les lèvres, et pour cela, il faudra faire un saut à l'hôpital. Forcément, la question du "où avez-vous fait ça" sera de mise. Merde. Cela ne pouvait-il pas rester un mauvais souvenir?
Un clic. Étrange. Elle lève la tête par dessus son épaule. Un détecteur, sûrement. L'idée que son corps soit ennemi ne la gêne plus. Elle a passé ce stade de frayeur. C'est lorsque la sirène d'alerte retentit qu'elle s'inquiète. La lumière de l'extérieur s'échappe progressivement. Elle se retourne. Une plaque métallique vient se dresser entre l'extérieur et elle. Brutalement. Elle recule. Rampe vers l'intérieur. C'est impossible, non, ce n'est pas vrai. Elle se cogne contre la paroi. Son affolement est incomparable. Elle n'y comprend plus rien. L'air du dehors était si près. Quelques minutes auraient suffit! Pourquoi? Qu'était-il en train de se passer? L'agonie de ses membres martyr était un vrai enfer. L'os de son bras n'allait pas en s'arrangeant, et ce n'était pas le cas de ses multiples côtés fêlées. Elle reprit quand même le dossier. Ne pas le laisser là. Elle était presque de retour à l'intérieur. Malgré elle. Ne comprenant plus rien. Ses mains l'aidaient à rentrer, en la poussant vers l'arrière. Elle leva à nouveau les yeux vers ce détecteur de malheur. Un viseur rouge entre les deux yeux. Qu'est ce que c'est, ce délire?
De la fumée. Bouillante. Le froid était vaincu à plates coutures. Surprise. Ses jambes pendaient, cherchaient la table qui l'avait aidé à atteindre sa dite sortie. Elle cherchait à se protéger, mais ses mains étaient déjà occupées à la faire sortir de cet enfer. La pression du brouillard l'aida malgré elle. Elle tomba sur la table, celle-ci se renversa sur le sol. Elle se retrouva allongée, son corps hurlant davantage, baignant dans son propre sang, les papiers plus loin derrière elle. La fumée envahit la pièce en un instant. Elle roula sur le ventre, prenant appui sur ses avant-bras frêles. Une toux abominable. Ses yeux piquaient et pleuraient. Rien n'allait plus. Son nez se remit à saigner. Sa lèvre fendue suivit le mouvement. Son corps entier était fichu. Elle se redressa avec mal. Robuste et brave. Ses mains sur le visage, essuyant ses yeux, son nez, sa bouche, tandis que l'autre servait d'attelle. Elle se dit que la réponse à ces questions résidait dans le dossier, atterrit plus loin. Elle alla le chercher en boitant. Elle se penche difficilement, réussit à l'attraper. L'ouvre avec calme, sans précipitation, la toux l'envahissant peu à peu. Elle en sort un papier. Des caractères trop petit pour être lu. Elle le jette au sol, détourne la tête pour tousser, revient à la pochette. En sort un nouveau papier, recommence l'action. Un troisième, puis un quatrième. Ils sont tous pareils, de toute façon. Désespoir. Elle le vide sur le carrelage. Jette la pochette contre le mur d'en face. Baisse la tête. Une photo. Couleur. Jaune et noir. Un symbole qu'elle reconnut immédiatement. La chaleur s'engouffre avec puissance dans la salle. Radioactivité.
Colère. Haine. Hystérie. À s'en découdre les lèvres, à s'en arracher les coutures. Le sang coule. Elle saisit la chaise, la projette contre le mur. Tousse, s'essuie du revers de la main. La bouche toujours maintenue. Un grognement rauque en guise de cri. Elle court vers la paroi blanche, la martelle de ses poings faibles. Ses cris se mêlent à ses larmes. Désespoir le plus total. Mourir. C'était impensable. Elle n'avait pas prévu ça. Quoi qu'elle faisait avant de s'endormir, elle ne pensait pas à sa mort. Pas aussi vite, pas aussi soudainement. C'est trop cruel. Un rire nerveux, crispé. Un coup de pied violent, un bruit sinistre. Pas mourir. Peut pas mourir. Elle se repousse. Folie nerveuse. Coups de tête de tous côtés, course, lancer. Bloquer l'accès. Décrypter, chercher, trouver. Ses oreilles sifflent, elle réfléchit. Ses mains tremblent. La brume stagne au plafond et lorsqu'elle lève le regard tout devient flou. Sa tête qui tourne. Une irrésistible envie de vomir. L'odeur du sang parvient à ses narines. C'est ça, mourir?
Mécanisme. Sonorité métallique. Elle tourne la tête vers un coin. Relief pâle. Caméra. Haine. Elle retient un sanglot et reprend la chaise, le seul élément qu'elle pouvait porter dans son état. Plus puissante que jamais. L'envoi réussi à la faire tomber. Elle se brise au contact du gel. Soupir. Bascule en arrière, mais se maintient debout malgré la fatigue. Mourir. Ici et maintenant. Était-ce vraiment le moment d'abandonner, ou y avait-il un dernier espoir. Suicide. Trop lâche. Pas de ça chez elle. Trop digne. Bien que les appels à répétition du scalpel furent enivrants une fois arrivé à ce stade. Non. Un autre piège de Cerbère. Poussé à l'extrême. Jusque au bout, ne pas tomber dans ses filets. Psychose. Quitte à le faire pleurer derrière son écran de télévision. À la guerre comme à la guerre. Un sourire. Elle se calme, bien que la boule coincée dans sa gorge ne soit pas prête de partir. Elle va chercher les papiers froissés et essaye de lire. Contamination. C'était suffisant pour lui faire comprendre qu'elle se trouvait dans un bac à déversement.
Explication inopinée du pourquoi de la bassesse de la route lorsqu'elle s'était trouvée à proximité. Le réservoir devait être souterrain, et cette salle n'était pas nécessairement une zone à rejets. Le vrais bacs étaient situés à plus de profondeur, selon elle. Histoire de ne pas contaminer la ville et sa population. La plaque d'acier qui lui était tombé dessus devait servir à la fois à boucher l'unique contact avec l'extérieur, mais aussi et surtout à dévier les déchets radioactifs afin de les diriger vers un autre bac. Malchance. Ironie du sort. Parfaite manigance. Comme quoi tout peut basculer en très peu de temps. Amnésique, elle ne se souvenait pas même de ce qu'elle faisait avant d'atterrir ici. La drogue devait être dure. Crack, dérivé de la cocaïne, héroïne, hallucinogènes. Quoi il en soit, on lui avait administré un joli jackpot, et en quantité largement suffisante. Elle se félicita d'être toujours en vie, et pas trop mal. Une moue étrange. Quelque part entre le dégout et l'indifférence. Elle froisse à nouveau la feuille. Pas assez. Elle le déchire. Le jette en l'air. Plus rien ne la retient prisonnière, elle sera donc libre dans ses derniers mouvements. Son optimisme lui valut un culte sur l'instant.
Un déversement sordide. Elle s'assoit avec langueur. Le sol est toujours aussi gelé. Tant pis. Ses souffrances se sont atténuées. Elles finiraient par disparaître dans ce qu'elle estimait être des minutes. Voir quelques secondes. Elle ne s'attendait pas à mourir si tôt. Enfin, si ça ne tenait qu'à elle. À choisir entre une séquestration à durée indéterminée et au contenu louche et entre le décès rapide, certes un peu douloureux mais rapide, la réponse était facile. C'était son avis. Soumission ou liberté. Certains n'auraient pas été prêt, dans ce cas à eux de trouver une solution à leur problème. Elle avait fait son choix. Et quitte à mourir, autant le faire en ayant dans l'esprit que le contenu positif. Optimisme incroyable. Elle se voyait parler à quelqu'un en lui disant "J'vais mourir, j'suis contente". Elle sourit sous ses lèvres arrachées. Jusqu'à la fin, elle aura été elle. Elle s'en félicite. Le gargarisme inquiétant du liquide acide se faisait de plus en plus menaçant. Elle ferma les yeux. La fin. Et comment c'était, derrière. Elle allait le découvrir. Libre. Plus de chaînes à ses poignets. Des nouvelles têtes, d'autres connues. Enfer, ou Paradis. À elle de voir. Tendance neutre, le verdict tomberait lourdement, soudainement. Comme ceci, elle serait fixée. Pas besoin de cérémonie. La mort ne se fête pas, surtout lorsqu'on ne retrouve pas de corps. Enfin, une révélation. Elle rouvre les yeux brutalement. Comment ça, mourir assise là, sans rien faire, et qui plus est en tournant le dos à l'instrument qui causera sa perte?
Se redresse d'un bond. Hurler silencieusement son nom. Honorer son être, jusqu'à son dernier souffle. Adresser un ultime salut à ses connaissances. Ne partir qu'en laissant derrière soi un signe, un témoignage de sa présence, de son calvaire, quelque chose en représentant une autre. Tant de notions, de valeurs à respecter. À mettre à profil. En fait, pas du tout. Simplement pour pas crever la bouche ouverte comme un clébard à moitié estropié. Pour bouger. Rester soi. Tout bonnement se conserver. Partir la conscience tranquille, se rassurant en se disant qu'on a toujours été soi. Alors, elle s'honora en chercher un moyen de boucher le conduit, en sachant très bien que rien n'arrêterait le flux meurtrier. Elle songea à déplacer le réfrigérateur devant la bouche d'aération. Pourquoi pas, après tout. Elle s'en rapprocha, et après l'avoir redresser non sans mal, commença à la pousser le long du mur. La fumée lui embrumait la vue, l'étouffait. Asphyxie. Elle y arriva. D'ailleurs étonnée de ne pas sentir l'acide lui lécher les pieds. Baissant la tête par précautions. La redressa, cherchant pourquoi une telle idée, et où elle avait pu la trouver.
Attente longue. Fixation sur le blanc immaculé de la pièce qui ne cesserait jamais de la tourmenter. En réalité, ne pas connaître la vérité s'avérait bénéfique. Elle n'avait pas dans l'idée d'enquêter sur son bourreau, et mourir ainsi, sans laisser de traces, lui était agréable. Personne ne pleurerait sa disparition, à l'exception peut-être de ces quelques gens qu'elle avait croisé une ou deux fois. Sans grande importance. Le sort en était jeté. Que la Faucheuse vienne l'enlever. Mais toujours rien. Décidément, la centrale devait avoir un blocus au niveau des déchets. C'est pas possible d'être aussi long pour achever quelqu'un déjà mourant. Avait-il pitié. Elle n'en voulait pas, de sa pitié à la con. Envoie la sauce. Toujours rien. Déblocage. Décéder, c'était une chose. Laisser quelqu'un dans le besoin, c'était contre nature. Elle frémit. N'avait pas idée de l'erreur qu'elle allait commettre. Ne pas mourir. Pas tout de suite. Il ne fallait pas la laisser seule. Pas pour le moment, non. Quelqu'un avait besoin d'elle. Sa douleur étant aussi la sienne, elle devait la retrouver. Ne pas mourir, pas encore. Elle s'énerve. Cherche un moyen d'arrêter tout ça. Non, non. Pas maintenant. Le gaz s'échappe, il pique. Le gloussement des bulles se rapproche. Sortir d'ici, arrêter tout. Rapidement. Ne pouvant pas l'abandonner. C'était contraire à ses idéaux!
Mourir. En ayant sur la conscience l'absence d'une aide qu'elle aurait pu apporter.

Non, ça, jamais!

[Souffrance. Syndel Vungh.]


Il est revenu en courant, essoufflé, vêtu d'une simple serviette. Dos à lui, le Scorpion l'avait entendu arriver et s'était retourné. Il ne manquait que quelques pièces, et Hiruko serait fonctionnel. Seulement, il n'était pas encore empoisonné. Ce n'était qu'un détail. Le plus important, c'était Deidara.

- Sasori! Ils... Nous ont retrouvé...
- Entre à l'intérieur.

Et Hiruko souleva sa carapace.

- Au moins, personne ne te verra nu.

Il y avait un siège. Une seule place. Il suffisait de s'y asseoir, et le maître prenait posséssion d'un second corps. Deidara ne pouvant le manipuler, c'est le natif du Sable qui le dirigeait de l'extérieur. Tout était bon à prendre. Ils marchèrent un court moment. Le campement, par miracle, n'avait subi aucun dégâts. Aucune aura divergente de celle du marionnettiste et du potier aux alentours. Les cadavres jonchant le sol en étaient bel et bien. Il donna un coup sur le crâne du pantin.

- Deidara, tu les as tué.
- Et alors?! J'aurai pu faire quoi d'autre à poil?!
- Y aller finement.
- Et comment, abruti?!
- En rusant, te cachant...
- Peuh!
- Il faut partir d'ici. Sors de là, habille-toi. Nous n'avons pas de temps à perdre.

Les bagages furent complétées en un rien de temps. L'artiste se vêtit simplement. Hiruko scellé, ils prirent la route sans plus tarder.

****

- D'accord, fais-la exploser.

Révélations.

[1086 lignes. Pardon.]
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