Encore une soirée à trainer dans les rues de Konoha. Hibiki trainait sa misère sans aucune classe dans le quartier des animations nocturnes. Si dans le fond tout allait bien pour lui, il était tout simplement exténué par une journée d'entrainement intensif. Les couleurs d'un soleil couchant éclatant irradiaient la Feuille de toute leur puissance, enveloppant les habitants de ses dernières chaleurs apaisantes.Les gens allaient et venaient, s'occupaient de leur petite vie, qu'ils soient civils ou Ninja. La Paix, encore cette sensation qu'Hibiki avait connu le soir de sa rencontre avec la jeune Amara. Elle et Megumi-Sempaï avaient beaucoup aidé le jeune homme.

C'était un moment d'une extrême bienfaisance, pouvoir flâner sans se préoccuper de quoique ce soit. En y réfléchissant, tout allait pour le mieux pour Hibiki: il s'engageait sur la voie du progrès, il avait trouvé une équipe et allait s'efforcer de s'y intégrer au mieux. Seule ombre au tableau, son capitaine, Megumi, lui avait paru sombre et triste à la fois. Il ne l'avait pas revue depuis. "Izuko-Taichou", c'était ainsi qu'il avait le devoir de la nommer. Eh bien... Il s'y ferait. Levant le nez de son début de mélancolie, Hibiki s'arrêta pour contempler le travail d'un teinturier. La scène était époustouflante de couleurs éclatantes semblables à de majestueux feux d'artifices. Cette vision emplit le garçon de joie.

Oui, ces feux et le soleil exprimaient bien sa nouvelle attitude face à la vie. Voilà, il avait fait le tour de ce qu'il y avait à voir... La rue était plus vide à présent... Les passants se retournaient sur son passage, comme s'ils ne l'avaient jamais vu. Il en salua quelque uns qu'il connaissait de vue, et ceux-ci semblaient vraiment surpris. Avait-il donc changé à ce point? Peut-être. Il se sentait plus grand, d'une part. Sa coiffure était moins celle d'un enfant... Ses vêtements davantage ceux d'un véritable combattant. Ces changements étaient perçus de façon étonnante par le tout Konoha.

Pas de temps à perdre. Hibiki se dirigea vers son quartier. En chemin, il voulut prendre un détour pour rejoindre une esplanade d'où il pourrait contempler les astres. Ce moment de quiétude lui ferait le plus grand bien après l'agitation de la journée et l'animation du soir... Le sort voulut alors lui jouer un nouveau tour, comme si les épreuves traversées n'avaient pas été suffisantes. En chemin, il vit apparaitre devant lui une créature d'une beauté mystérieuse, épanouie, heureuse. S'il n'avait pas conservé une mémoire exacte de ses traits d'enfant, il aurait été possible qu'il ne prête qu'une attention distraite à cette personne. Pourtant, cette vision lui coupa le souffle. Dieu, qu'elle était différente. Il resta debout, le visage absorbé par elle...

L'avait-elle remarqué? Il tergiversa un peu, dansant sur ses deux pieds. Devant lui, le souffle de toute une vie. Derrière lui, les ombres... Elle lui avait de nouveau montré un chemin de lumière, quelques jours auparavant. Il s'était depuis revêtu de blanc. Megumi-Sempaï se tenait là, bien loin de l'image morbide et obscure qu'elle lui avait donné au Mémorial. Encore une fois, elle était complètement changée. C'était perturbant... Toutefois, cette jeune femme se rapprochait tellement des souvenirs du garçon qu'il fit un pas, ouvrant à demi les lèvres pour tenter de parler, la main esquissant un geste vers l'avant. Il s'interrompit, gêné, se demandant si elle souhaitait ne serait-ce que lui adresser un regard. Leurs vies privées et professionnelles étaient peut-être deux sphères totalement dissociées, après tout... Oui, il fallait essayer de lui parler. Essayer.

Hibiki - Onee-Sama... Bonsoir.

Il esquissa un sourire sincère, et ses traits n'étaient guère plus ceux d'un enfant. Il ne s'en était pas rendu compte, mais c'était la gente féminine qui avait manifesté le plus d'intérêt à son égard dans la rue commerçante...

La journée avait été longue et j’avais besoin de repos. En fait, j’avais besoin de me faire plaisir et de m’aérer un peu. J’avais donc décidé de partir, seule, et de faire quelques courses pour me procurer des vêtements moins sombres. Je m’étais donc arrêtée dans une boutique de kimono bon marché, en quête d’un ou deux yukata. J’en trouvai finalement un, d’un pâle bleu sur lequel de nombreux papillons mauves avaient étés brodés avec soin dans le bas et au bout des manches. Avec cela venait un obi, pas un gros, on s’entend. Il était du même mauve que les papillons et de petites fleurs bleues étaient brodés. Le tout faisait ressortir mes yeux, peut-être pas autant que l’affreux maquillage que j’arborais jusqu’à tout récemment, mais assez pour me rendre plutôt jolie. De plus, j’avais changé de maquillage et ma peau, bien que mes brûlures fussent dissimulées, semblait moins pâle. La boutique m’offrit également un peigne pour les cheveux, sans doute une politique de vente pour m’encourager à revenir. J’attachai donc ma longue chevelure d’ébène avec le petit accessoire, toujours à l’effigie d’un papillon. Un peu plus et je me serais bien cru capable de m’envoler.

J’allais me mettre en route pour rentrer à l’appartement, et, juste comme ça, je décidai de faire un détour. Il y avait un petit magasin de Takoyaki sur ma route et ils étaient excellents, je pourrais peut-être en rapporter pour Gai-kun? Je souris à cette idée. J’avais peur de rentrer à la maison et de me rendre compte qu’il n’était plus là, mais en même temps je savais que c’était impossible. Son odeur était encore sur ma peau et je pouvais encore goûter ses baisers. Rien n’aurait pu gâcher mon bonheur. Rien? Il ne faut jamais parler trop vite. Je me retournai lorsque j’entendis une voix familière. Il m’appela Onee-sama. Mais pourquoi donc? Mon regard azur se planta dans le sien et, à ma grande surprise, je du lever la tête.

« Bonsoir Tokai-san. Ta familiarité me déplait, je t’ai aidé cette fois-là, ce n’est pas comme si tu me devais la vie non plus. (Pause) Et sinon, comment avance l'entraînement pour la mission?»

J’avais été directe parce que j’agissais toujours ainsi et que, même si mes vêtements étaient différents, je n’en demeurais pas moins la même personne. Lui, par contre, avait beaucoup changé en peu de temps. Je ne saurais dire quoi tout de suite, mais j’étais certaine qu’il n’était plus le même, à commencer par sa grandeur.

Il détourna les yeux quelques secondes après qu'elle l'ait regardé droit dans les yeux. Ce n'étaient pas quelques courtes journées d'entrainement qui faisaient grandir un homme dans cet autre domaine. Hibiki ressentit quelque chose de bizarre, un frisson le long de sa colonne vertébrale, et le pourpre lui monta aux pommettes. Le reconnaitrait-elle dans cet accoutrement? Il espérait l'impressionner, quelque part. Elle s'était tournée vers lui, et la différence de visage fut encore plus flagrante.

Megumi - Bonsoir, Tokai-San. Ta familiarité me déplait, je t'ai aidé cette fois-là, ce n'est pas comme si tu me devais la vie non plus.

Donc elle l'avait reconnu. Il passa sa main derrière son crâne, visiblement mal à l'aise. Sortir de l'ombre de cette femme était sans doute plus difficile que prévu, maintenant qu'il la voyait sous ce nouveau jour, dans la lumière décroissante. Familier, hein? Oui, Il aimait la considérer comme une grande soeur bienveillante, il l'avait toujours fait. Il ne sut que dire, sur le coup.

Megumi - Et sinon, comment avance l'entrainement pour la mission?

Hibiki fronça les sourcils et se renfrogna un peu. Oui, la sphère professionnelle était un barrage énervant, il en avait à présent la preuve. L'entrainement? Pour lui en parler était secondaire à ce moment précis. Il choisit de répondre très sommairement.

Hibiki - Mes efforts seront récompensés, tôt ou tard. Je travaille dur, toute la journée, pour développer mon identité de combattant, comme tu me l'as suggéré. Pardon... j'ai du mal à te vouvoyer...

Et maintenant? Il soupira. Elle était là, face à lui, leur premier contact dans cette vie en dehors des barrières de l'uniforme, et elle ne trouvait rien d'autre à dire. Mince! Après toutes ces années passées à vivre loin l'un de l'autre... Mais après tout, c'était peut-être lui qui s'était fait des idées pendant tout ce temps. Il s'était imaginé beaucoup trop loin en avant. Quel était ce sentiment qui l'avait habité pendant tout ce temps? De l'admiration? De l'amitié? Une pointe de tristesse envahit alors l'humeur générale du Genin.

Hibiki - Cette rencontre fortuite, j'aurais voulu la mettre à profit pour remettre à plat ces longues années qui nous séparent de mon sauvetage.

Il sourit avec un air triste sur ce visage. Le soleil laissait entrevoir ses derniers rayons, et donnait à la scène une tonalité dramatique supplémentaire, renforçant les sentiments de Hibiki, Il voulait se confier, enfin. Mais il voulait aussi montrer sa clairvoyance quant à son avenir.

Hibiki - Sempaï, je... j'ai vécu avec cette chose en moi... toutes ces années. Je n'y connais hélas pas grand chose... C'est une sensation de honte, d'être indigne, irrécupérable.

Il fit un pas pour s'appuyer le dos contre un mur et regarder le ciel en parlant.

Hibiki - Et en deux phrases, j'ai découvert un autre chemin... Pas seulement une! Mais deux fois!! Je te dois beaucoup plus que tu ne sembles le penser, je crois.

Ses yeux se baissèrent et vinrent à la rencontre des deux lueurs orangées dans ceux de la jeune femme. Il était temps. L'innocence de son sourire était au niveau de l'audace dont il allait faire preuve.

Hibiki - Je te vois ce soir, et tu es aussi belle que jamais.

Le soleil acheva sa disparition, laissant Hibiki et Megumi dans l'ombre.

Hibiki - Aussi vrai que je t'ai aimée depuis longtemps déjà, je crois... Est-ce de l'amour? Je ne sais pas. Tu as tout représenté pour moi, en tout cas. Et ça m'a un peu perdu, il semblerait... Qui suis-je pour dire tout ça? Ta vie est sans doute déjà bien remplie, et je ne suis qu'un personnage secondaire dans ton cercle de relations. C'est dommage.

Un autre soupir. Il avait dit beaucoup de choses, sur ses impressions, des sensations qu'il avait connu, voire enduré. Comment réagirait-elle à tout ça? Il se sentait en décalage face à la réalité... Cette coiffe de papillons, les vêtements qu'elle portait, le raffinement dont elle faisait preuve... Oui, une femme. Les indices étaient nombreux, mais Hibiki redoutait la 'réalité' quant à ça...

Je remarquai alors les nouveaux vêtements d’Hibiki. Il avait l’air définitivement plus vieux, mais il ne faisait toujours pas son âge réel selon moi. Son allure était meilleure et j’espérais que cela venait d’une confiance nouvellement acquise. Si oui, alors j’étais une meilleure sensei que je ne l’avais cru possible. Il semblait heureux de me voir, jusqu’à ce que je lui demande comment allait son entraînement. Peut-être s’attendait-il à autre chose? Dans tous les cas, je ne le connaissais pas vraiment et il était difficile pour moi de lui parler de choses plus personnelles. Il me tutoya pour me dire qu’il s’entraînait et qu’il tentait de se forger une identité, puis il s’excusa pour la familiarité dont il avait fait preuve à nouveau.

« Pour le tutoiement ce n’est pas si grave, nous avons seulement deux ans d’écart. Mais je préfère Izuko-Taicho avec l’équipe, en dehors Megumi-san suffira. »

Il reprit la parole, la mine un peu basse. Il m’avoua qu’il aurait bien aimé mettre à profit cette rencontre fortuite et, comme si ce n’était pas assez, m’avoua que toutes ces années il avait eu l’impression d’être mauvais, de ne rien réussir. J’aurais pu répondre tout de suite, mais il en avait plus à dire et je décidai de l’écouter jusqu’au bout. Quoi qu’il en soit, j’étais triste pour lui. J’avais moi-même vécu trois longues années avec la certitude que je ne valais pas grand-chose, en tout cas pas assez pour que mon aimé décide de rester à mes côtés. Il tourna la tête vers le ciel et je l’écoutai, respectueusement. Et c’est alors que je commençai à comprendre pourquoi il avait une telle fixation sur moi. Avais-je vraiment été la seule à l’encourager, à croire en son potentiel? Moi, une inconnue? Et il me regarda dans les yeux avant de poursuivre. Il me dit que j’étais belle. Avait-il conscience que c’était la deuxième fois que l’on se voyait depuis son sauvetage qui avait eu lieu plusieurs années plus tôt? Certes, je m’étais occupée de lui environ un mois à l’hôpital dans mes temps libres, mais sans plus. Un tel intérêt de la part d’une personne que je n’avais presque pas côtoyée avait quelque chose d’étrange. J’allais le lui faire remarquer, mais il s’aventura plus loin encore dans cette voie. Il m’avait aimé alors qu’il ne me connaissait même pas? Au moins ses dernières paroles semblaient indiquer qu’il comprenait à quel point tout cela était fou. J’hésitais à la façon de l’aborder. Je ne voulais pas le blesser, simplement lui faire comprendre la réalité. Mais bon, je préférais encore rester moi-même et lui faire découvrir qui je suis vraiment, moi, cette femme qu’il semblait avoir aimé bien trop longtemps.

« Tokai-san, tu ne me connais pas. Je t’ai aidé à sortir de la rue et je crois en tes capacités, mais tu ne me connais pas et je ne te connais pas non plus. Avant de voir que tu étais attribué à mon équipe, je t’avais oublié. C’est mal de te définir comme tu le fais. Quelqu’un m’a dit, je le paraphrase, mais c’est la même idée, que j’étais la seule personne à me tenir en travers de mon bonheur et je pense que c’est aussi ton cas. Tu es en train de devenir un beau jeune homme Hibiki-san, ne gâche pas ta vie en te morfondant dans les souvenirs, tu mérite mieux. »

Puis, je baissai la tête, légèrement inconfortable avec ce qui allait suivre.

« Et puis, un autre homme possède déjà mon cœur. Avant même que tu ne me rencontres, il lui était acquis. Je suis désolée. »

Quelle était la vérité? Que se passait-il dans la tête de ce type? Comment un évènement survenu il y a si longtemps pouvait-il influencer à ce point une vie? Chaque jour après cette fameuse promesse pleine d'espoir, Hibiki avait prit le chemin de l'effort avec une seule chose à l'esprit, "revoir son amie". Elle représentait tout, la seule lumière du monde, parce que pour lui, c'était la nuit partout: personne ne semblait se soucier de lui, et son talent ne lui permettait pas de se faire une place. Un cancre reste un cancre si on ne lui montre pas d'autres voies à suivre, et Hibiki s'était développé intellectuellement dans la rue. En dehors d'elle, qui l'avait aiguillé? Personne. A vrai dire, en regardant autour de lui, Hibiki voyait très bien que son cas était différent de la globalité. Bien sûr, il y avait des orphelins de guerre... Mais il se sentait différent d'eux. C'était un souvenir très lointain dans son subconscient, et quand il revenait, la seule image à laquelle il pouvait se rattacher était ce sourire bienveillant qui l'avait libéré des ténèbres. Comment ne pas l'idéaliser?

Hibiki comprenait de lui-même le mécanisme psychique qui l'avait amené à ce présent... Megumi était... Non, cette idée était insupportable. Il ne pouvait pas le reconnaitre aussi facilement. Il avait parlé, exprimé ce qu'il pensait être juste, qui pouvait sonner comme une provocation mais reflétait la réalité de son âme. A force d'espérer la revoir, il avait fini par perdre la foi en lui-même. Ses efforts demeuraient vains, il ne progressait pas. L'élan qu'elle lui avait donné avait fini par disparaître, et il ne disposait pas de suffisamment de maturité pour se trouver un nouveau moteur. Etait-ce différent aujourd'hui? Il se préparait à prendre un nouveau coup mental, il l'appréhendai et pourtant savait parfaitement qu'il allait venir. Elle ne manquerait pas de lui faire comprendre qu'il n'avait aimé qu'une illusion. Que sa vie d'admirateur passionné était un mensonge.

Megumi - Tokai-San, tu ne me connais pas. Je t’ai aidé à sortir de la rue et je crois en tes capacités, mais tu ne me connais pas et je ne te connais pas non plus. Avant de voir que tu étais attribué à mon équipe, je t’avais oublié.

Hibiki baissa légèrement la tête, un peu attristé par ces déclarations. Il savait néanmoins que c'était vrai. Il avait eu besoin de repères pour grandir, et elle n'était pas restée dans son champ de vision après les évènements de la rue. Elle avouait même que son existence lui était sortie de l'esprit. Eh bien voilà, c'était dit, c'était acté. Hibiki n'avait jamais rien signifié pour personne... Il ne ressentit aucun remord, aucune rancune, rien. Tout était vide. La demeure de son esprit tournait au ralenti.

Megumi - C’est mal de te définir comme tu le fais. Quelqu’un m’a dit, je le paraphrase, mais c’est la même idée, que j’étais la seule personne à me tenir en travers de mon bonheur et je pense que c’est aussi ton cas.

Hibiki regarda la jeune femme. Lui-même, seul obstacle à son bonheur. Il comprenait ce concept à présent. Il pensait que ce serait difficile, avant. Mais désormais, il savait que les efforts seuls ne suffisaient pas à tout obtenir: il fallait de la longueur de temps, de la patience en somme. Quand bien même, il y avait des choses qu'il ne pourrait pas obtenir. Tout ce qui touchait à d'autres entités vivantes que lui-même, il ne pouvait pas y toucher. Du moins c'était ce qu'il pensait à cet instant précis. Qu'allait-il faire désormais? Vivre, tout simplement. Essayer d'apprendre à la connaitre était un objectif important, aussi, et, étant à son contact dans la Voie du Shinobi, il aurait sans doute l'opportunité de le faire. L'avenir ne lui était pas révélé, et tout cas, et il ignorait comment cette relation d'ignorance mutuelle allait évoluer.

Megumi - Tu es en train de devenir un beau jeune homme Hibiki-san, ne gâche pas ta vie en te morfondant dans les souvenirs, tu mérite mieux.

Il sourit, un peu mélancolique, et s'empourpra de nouveau. Toutefois, il savait que ces mots ne valaient guère mieux qu'un lot de consolation, parce qu'elle s'apprêtait visiblement à dire autre chose. Il pressentit que ce ne serait pas une chose abondant dans son sens à lui. Il hésita: devait-il l'empêcher de le dire? Non, il fallait être fort. Il prit un air neutre, et constata qu'elle aussi fuyait son regard.

Megumi - Et puis, un autre homme possède déjà mon cœur. Avant même que tu ne me rencontres, il lui était acquis. Je suis désolée.

Le silence s'installa.

Les souvenirs du Genin étaient clairs, son présent aussi. Il fallait faire avec. Il aurait pu sombrer dans le désespoir, voir son seul et unique repère s'effondrer, mais non. Pourquoi tout gâcher maintenant? Onee-Sama n'était pas pour lui, et il le savait depuis longtemps, bien que pour des raisons différentes. Quand bien même, devenir digne d'elle n'y changerait rien, tout simplement. Son coeur n'était pas brisé, étrangement... Il soupira, la tête basse, et l'air résigné. Pourtant, ce n'était pas de la résignation ou de la tristesse qu'il ressentait. Il était comme... libéré.

Hibiki - Je vois...

Il releva ses yeux vers elle et lui sourit.

Hibiki - On n'y peut rien.

Cette affirmation était si creuse que c’en était rageant. Mais que dire d'autre? Il ne pouvait rien exprimer d'autre, à part son souhait de la voir heureuse et épanouie comme elle l'était en cet instant, au lieu de la voir chaque jour dans le même état de froideur et d'obscurité que la dernière fois. Et pour lui-même... eh bien... il avait le temps devant lui. Il était grand temps qu'il se jette dans le bain, et ça avait commencé depuis quelques jours déjà. S'assumer en tant qu'adulte était un passage difficile à franchir, et il le savait. En fait, il ne voulait pas le franchir, ce passage. Mais qu'était-ce, être adulte? Cesser d'être un enfant? Il ne croyait pas cela. N'était-ce pas plutôt assumer les choses telles qu'elles viennent, et prendre ses responsabilités si on voulait les changer? C'était compatible avec une âme d'enfant, en tout cas.

Hibiki - Tu l'aimes. Il t'aime. Vous vous aimez.

Un geste vague du bras droit exprima le fond de sa pensée: il se sentait perdu. Quel objectif suivre désormais? Pour qui se battrait-il? Pour lui-même? Cela n'avait aucun sens. Ses projets étaient proches du néant, et tout était en train, semblait-il, de se briser avant-même d'avoir été mis en place. En attendant, il nageait entre deux eaux, sans vraiment savoir vers quoi il se dirigeait. Il lui fallait de l'action, quelque chose à quoi se raccrocher pour savoir où il en était. La mission lui ferait le plus grand bien, c'était certain. Créer des liens avec l'équipe aussi...

Mais en dehors de ça, il fallait qu'il remette de l'ordre dans son existence. Savoir d'où l'on vient, c'est peut-être apprendre à savoir où on va... Car si Megumi avait remplacé ceux dont le rôle aurait du être de le guider pour ses premiers pas, jouant ce rôle de mère qu'il détestait avoir à reconnaitre, des souvenirs lointains lui revenaient de journées entières sans vagabondages, et ce bien avant de la rencontrer. Il fut un temps où il possédait un foyer. Ce passé-là, il fallait l'exhumer, comprendre pourquoi il s'était retrouvé seul dans cette société...

Hibiki - Je crois que je vais devoir me mettre à chercher une certaine personne...

Il n'était plus aussi enclin à rentrer chez lui, maintenant. La nuit portait conseil, disait-on... Il pourrait y réfléchir aussi longtemps qu'il le souhaitait. Mais Megumi-Sempaï avait sans doute d'autres choses de prévues. Quelqu'un à retrouver, quelqu'un de précieux, "daisetsu-no hito". Hibiki se redressa et quitta son mur.

Hibiki - Je ne te retiendrai pas davantage, "Megumi-San". Je te souhaite le meilleur avec celui qui possède ton coeur.

Il s'inclina légèrement, la main sur le torse.

Hibiki - Tu prendras peut-être ça pour des paroles en l'air... Mais je ne compte pas abandonner. Nous appartenons à la même équipe, et j'ai une promesse latente à honorer.

Il se retourna et tenta d'ignorer la boule dans sa gorge. Parler devenait difficile... Pourquoi était-ce si éprouvant? Pourquoi un garçon qui perd absolument tout ce qu'il cherche à construire souffre-t-il? Quelle question idiote, direz-vous. Oui, la souffrance avait été un plat quotidien pour Hibiki pendant tout ce temps. Mais cette soirée-là était un point d'orgue dans son existence.

Dès que je commençai à parler, il fut déçu. Puis, je lâchai sur lui les mots qui blessent et qui tuent. Je craignais sa réaction et attendais, attentive. Lentement, mais sûrement, il ajouta qu’on n’y pouvait rien, que moi et Gaishi nous nous aimions. Puis, il sembla en proie à de profondes réflexions sur son avenir, sur ce qu’il allait faire maintenant que je venais de briser son rêve d’enfant. Je fus moi-même attristée, repensant à ce fameux soir près de trois ans plus tôt alors que cet homme qui possédait mon cœur était venu me voir, entrant par ma fenêtre. Et il m’avait laissé ici, à Konoha no kuni, alors qu’il aspirait à autre chose. À vivre dans un endroit où il souffrirait moins de la perte de son cher Tahei. Et maintenant, j’étais celle qui blessait un autre être pour qui le monde tournait seulement grâce à moi. Bon, d’accord, je faisais encore de la projection. Valait mieux arrêter avant de me comparer à Gaishi et de culpabiliser, la situation n’avait rien de semblable. Rien du tout même.

Il continua ensuite à réfléchir et mentionna qu’il voulait trouver une certaine personne. Je souris. Hibiki n’était pas un idiot, contrairement à ce que beaucoup aimaient penser, et il s’en relèverait rapidement. Déjà, il mettait ses priorités à un meilleur endroit, je le savais et ce, même si j’ignorais complètement qui il devait chercher. En fait, c’était probablement pour ça que je le savais, parce que ses plans ne m’étaient plus liés. Puis, il s’inclina devant moi et me dit que, même si je prenais ses mots pour des paroles en l’air, il continuerait à progresser. Je lui fis un doux sourire et lui fit signe de se relever.

« Ce n’est pas moi que tu dois convaincre Hibiki-san. J’ai toujours cru en tes capacités, je sais que si tu t’en donnes la chance, tu deviendras un très bon ninja. Tu te sous-estimes trop et ce, depuis trop longtemps. Et étant ta sensei, je me ferai une joie de te forcer à t’épanouir. Après tout ce temps, tu le mérite bien. Et il me fait plaisir de prendre un peu de temps pour discuter avec un élève et ami, Gai-kun comprendra. »

Et je lui souris, sourire accentué par le nom que je venais de prononcer. Gai-kun. Le fait de le savoir à mes côtés de nouveau m’emplissait d’une telle joie que j’en oubliai que cela pouvait peut-être être blessant pour Hibiki. Je tentai donc de diminuer mon sourire béat devant la pensée de rentrer chez moi pour retrouver Gaishi. Il m’avait fait attendre trois ans, je pouvais bien le faire attendre une heure ou deux, non?

Il fallait faire preuve de solidité face à cette situation. Hibiki s'élançait encore davantage dans cette nouvelle étape de vie, laissant derrière lui la jeune Megumi et celle qui semblait si maléfique quelques jours auparavant. Si celui qu'elle aimait la rendait heureuse, il n'avait pas le droit de s'imposer à elle. Il n'avait pas non plus le droit d'être égoïste. Il avala sa salive, tête basse, et reprit un certain contrôle sur ses émotions, pour qu'elle ne se doute pas à quel point il était bouleversé. Dorénavant, il arborerait ce masque mensonger devant elle, jusqu'au jour où il réussirait à aller de l'avant en dehors de son ombre. Il n'avait pas le droit de gâcher ce bonheur. Se reconstruire sur de nouvelles bases, voilà ce qui lui incombait. Pour l'instant c'était difficile, mais il y arriverait, avec ou sans soutien.

Megumi - Ce n'est pas moi que tu dois convaincre, Hibiki-San. J’ai toujours cru en tes capacités, je sais que si tu t’en donnes la chance, tu deviendras un très bon ninja.

Des capacités? Hibiki n'avait pourtant rien montré d'extraordinaire niveau talent, depuis qu'il était Genin. C'était la stricte vérité. Après, c'était vrai, le talent ne venait pas tout seul pour tout le monde. Certains naissaient avec une capacité hors du commun, d'autres devaient galérer pour atteindre un niveau correct. Hibiki devait galérer pour atteindre un niveau en-dessous de correct, pour l'instant. Même pour un Genin on le considérait comme faible. Mais ça, c'était avant.

Megumi - Tu te sous-estimes trop et ce, depuis trop longtemps. Et étant ta sensei, je me ferai une joie de te forcer à t’épanouir. Après tout ce temps, tu le mérites bien.

Il ne savait pas trop ce que le mérite avait à voir là-dedans, mais il avait acquis assez d'intelligence pour savoir identifier ses forces et ses faiblesses afin d'en tirer profit. C'était ce plan qu'il était en train de mettre à exécution avant d'entamer les véritables hostilités en compagnie du reste de l'équipe. Megumi-Sempaï... s'entrainer à ses côtés le ferait indéniablement progresser, et cette perspective était très intéressante. Ils allaient passer du temps ensemble, s'entraider. Et lui aurait l'opportunité de la rattraper, d'atteindre les sommets, afin de prouver à tout le monde que, même sans talents-nés, il est possible de devenir assez fort pour tenir sa parole.

Megumi - Et il me fait plaisir de prendre un peu de temps pour discuter avec un élève et ami, Gai-kun comprendra.

Le paradoxe était frappant. Megumi de ce soir et Megumi de l'entrainement matinal étaient deux personnes différentes, l'une dure en paroles, l'autre visiblement plus proche et à l'écoute. Il fallait qu'il en sache plus à ce sujet. Elle semblait prête à passer du temps avec lui, ce qui était une perspective agréable. Bien sûr, ça n'effaçait pas le reste, et elle ne se rendait pas vraiment compte que le sourire bienheureux qu'elle avait eu en évoquant ce simple nom le bouleversait. Un jour peut-être, il serait lui aussi capable de provoquer le bien-être de quelqu'un d'aussi belle façon. Est-ce que, au moins une fois dans sa vie, c'était arrivé? En tout cas, il renonça à fuir dans les rues en méditant sur son triste sort: parler était un baume au coeur, et après tout, elle lui avait maintes fois montré de nouvelles directions à explorer. Peut-être pourrait-il encore bénéficier de ses lumières...

Hibiki - Gai-kun, c'est cela?

Hibiki se demandait qui était cet homme. Elle le connaissait depuis plus longtemps que lui... Faisait-il partie de cette équipe qui l'avait secouru à l'époque? Si tel était le cas, il lui était également redevable... Le garçon se fit alors la promesse de retourner sur les lieux où, à l'époque, il avait bien failli y passer. Ce serait la première étape de cette introspection dans le passé qu'il venait de décider.

Hibiki - Je ne voudrais pas t'empêcher de le rejoindre. Mais si tu veux rester un peu... Il y a une chose que je voudrais comprendre.

Il marqua une pause, sérieux, et entreprit d'expliquer ses interrogations.

Hibiki - L'autre jour, tu portais un maquillage macabre, et j'ai ressenti de la peur en t'affrontant. Ton arme aussi était impressionnante... Et ce soir, c'est une toute autre toi qui fait son apparition.

S'il avait été hésitant pour les premiers mots, l'assurance venait à mesure qu'il en prononçait davantage. Son ton se fit plus ferme, plus confiant.

Hibiki - Je veux dire... ce n'est pas que l'apparence. Tu as complètement changé. Tu ressembles à présent beaucoup plus à l'idée que je m'étais faite de toi... Bon, pas exactement non plus... Mais c'est beaucoup mieux, à présent. Pourquoi?

Il s'interrompit un peu, conscient que c'était peut-être un peu trop demander... Une transformation si brusque ne semblait pas "normale". Qu'est-ce qui s'était passé dans la vie de cette femme? Etait-ce une lubie? Se maquiller pour faire peur pendant les missions? Hibiki n'y croyait pas. Aussi vrai que sa nouvelle apparence avait été soulevée par Megumi - et il en était fier - il s'était passé quelque chose dans la vie de sa Sempaï.

Hibiki répéta après moi, Gai-kun. Bonjour le tact Meg, vraiment, super. Et, au même moment, j’eu une pensée pour ma faux qui ne m’avait plus parlée depuis cette rencontre avec Ato alors que mon désir de vivre s’était manifesté, fort et puissant. Elle me manquait de plus en plus, mais si c’était le prix à payer car j’étais avec Gai-kun, alors soit. J’avais trop à perdre maintenant et j’étais plus heureuse que jamais. D’ailleurs, mon élève, si observateur, avait remarqué ce changement radical entre la moi du mémorial et la moi présente. Il était vrai que le timing pouvait lui faire croire à une personnalité très changeante, bien qu’en fait j’eu été asociale pour plusieurs années maintenant. C’était une question tout à fait légitime à laquelle je n’avais pas du tout envie de répondre. Devrais-je vraiment tourner le kunai dans la plaie et lui dire à quel point la présence de Gaishi était un baume sur mes plaies et que sa seule évocation réchauffait mon cœur et me donnait envie de sourire? Un peu trop fleur bleue pour moi, sans doute, mais je devais en profiter pendant que ça passait. Je me raclai la gorge. Je me devais d’être réaliste et, surtout, de tout mettre en œuvre pour mettre fin aux sentiments qu’Hibiki entretenait envers moi, sinon je serais mal à l’aise à chaque fois que je le reverrais.

« Il était parti, il y a trois ans. Je ne l’avais pas revu depuis et ma vie a changé, mon arme a fait son apparition et beaucoup d’autres choses ont changé dans ma vie. Entre autres mon père adoptif est mort l’année dernière. Et puis, Gaishi est revenu. Les choses ne sont plus pareilles maintenant, et j’espère que je n’aurai plus jamais à remettre ce maquillage. Plus besoin d’éloigner les gens de moi. C’est cet effet là qu’il a sur moi, il me rend heureuse, énormément. »

Je baissai les yeux, je savais que j’y étais sans doute allée un peu fort et qu’il n’aurait pas envie d’entendre ça, mais je n’avais pas le choix. C’était comme ça. C’était un dur moment à passer et, ensuite, nous pourrions débuter notre relation amicale sur de meilleures bases. D’ailleurs, la mission à Kusa approchait à grands pas et je devais m’assurer que la cohésion de l’équipe soit à son meilleur. Peut-être pourrais-je la repousser un peu? Qui sait.

Elle sembla hésiter , réfléchir à comment elle allait répondre au garçon. Il en prit note, sans trop savoir à quoi s'attendre. Pour lui, c'était une question importante: elle incarnait sa volonté de faire attention à la vie de cette Sempaï trop longtemps éloignée de lui, à ses joies, aux raisons de ses peurs, à son bonheur. Peu importait au fond s'il ne pouvait pas rester à ses côtés en tant que... Ses pensées s'interrompirent, car le mot qu'il allait formuler lui semblait interdit de cité. Il resta aux lisières de sa conscience, danger omniprésent qu'il fallait progressivement détruire. Mais pour elle? C'était difficile à dire. Elle ne s'était, selon ses dires, pas inquiétée de son existence jusqu'à peu de temps auparavant. Savoir cela le mit un peu plus mal à l'aise qu'il ne l'était déjà. Loin des yeux, loin du coeur...?

Megumi - Il était parti, il y a trois ans.

"Il" devait être ce 'Gai-Kun', du moins elle le lui laissait supposer. Pourtant, n'était-ce pas son grand "amour"?

Megumi - Je ne l’avais pas revu depuis et ma vie a changé, mon arme a fait son apparition et beaucoup d’autres choses ont changé dans ma vie.

Elle restait vague, et Hibiki n'avait aucune idée de comment les choses s'étaient passées avant-même cela. Après tout, ils auraient le temps d'approfondir bien plus leurs passés respectifs par la suite... Encore que, le passé de Hibiki n'était pas forcément des plus passionnants et reluisants. Il y avait bien une ou deux anecdotes qui valaient la peine qu'on s'en souvienne, mais sans plus. Non, la partie la plus intéressante, même lui n'en avait pas un souvenir clair. Il fallait qu'il enquête... Ce qui intriguait le Genin, c'était ces mots: "je ne l'avais pas revu depuis". 'Gai-Kun' était donc parti pendant trois ans, et de retour récemment. Qui était-il, cet amoureux mystère? Effectivement, pour qu'une femme reste ainsi fidèle à l'esprit de l'être aimé pendant tout ce temps, il fallait que les sentiments les unissant soient forts... Lutter contre ça était perdu d'avance, quand bien même le garçon aurait eu l'idée de le faire. Mais non, ça ne lui ressemblait pas.

Megumi - Entre autres mon père adoptif est mort l’année dernière. Et puis, Gaishi est revenu. Les choses ne sont plus pareilles maintenant, et j’espère que je n’aurai plus jamais à remettre ce maquillage.

Cette succession d'évènements s'apparentait à une malédiction caractérisée. Hibiki comprenait un peu à présent le pourquoi de cette image altérée et effrayante. Il avait du mal à se mettre à la place de sa Sempaï, mais il comprenait ses sentiments difficiles à contrôler. Qu'aurait-il fait dans sa situation? Il ne pouvait pas le savoir. Mais ça avait dû être douloureux pour elle. Ainsi ce maquillage destiné à intimider autrui était le résultat de ses malheurs. Et son apparence renouvelée était le résultat du retour de cet homme. Hibiki sourit. Au moins, quelqu'un d'autre veillait désormais sur elle. Hibiki ne doutait pas qu'il soit fort, au moins en esprit, pour mériter cette place auprès d'elle.

Megumi - Plus besoin d’éloigner les gens de moi. C’est cet effet-là qu’il a sur moi, il me rend heureuse, énormément.

Un coup dans le ventre, un. Le visage légèrement figé dans un sourire crispé, Hibiki fit signe qu'il avait compris en battant l'air de sa main gauche. Ce geste devait avoir l'air comique du point de vue de la jeune femme.

Hibiki - Yare Yare! Ne t'inquiète pas, j'n'ai pas l'intention d'interférer. De toute façon, tu as raison, on ne se connait pas vraiment.

Il reprit de la contenance et du sérieux.

Hibiki - Le fait d'être dans la même équipe... c'est déjà vraiment bien. Je suis heureux que ce soit bel et bien arrangé pour toi.

La nuit était définitivement tombée, et on ne voyait plus grand chose. Hibiki soupira. Il avait progressé, c'était indéniable, mais de là à partir en mission de façon aussi rapide, il y avait encore besoin de travailler. Il ignorait que tout allait basculer le lendemain-même pour le village... Mais, intuition ou non, il estima qu'il était temps de mettre un terme à leur court mais instructif échange. Il voulait encore parler à Megumi, bien sûr, mais il fallait qu'ils prennent leur temps. Presser les choses ne servirait à rien. Bien sûr, il y avait la tristesse d'avoir été éconduit. Mais il y avait aussi la possibilité de faire quelque chose de sa vie à la clé.

Hibiki - Je crois que ça m'a fait du bien de faire cette mise au point... A vrai dire, j'étais très frustré après notre matinée de rencontre... Tu n'y es pas allée de main morte, mais je pense aussi que ça m'a réveillé. Tu vois, j'ai commencé à changer à l'intérieur. Et ça se remarque à l'extérieur, apparemment.

Mieux valait en arrêter là avec les mots. La nuit ferait du bien au moral du garçon. Il était légèrement atteint, mais il s'en remettrait. Après tout, il ne fallait pas rester sur une note négative: les choses évoluaient au quotidien, et il lui fallait se trouver des objectifs. Encore une fois, Sempaï lui en avait présenté quelques uns, indirectement. Dans tous les cas... Il allait la revoir. Cette pensée positive lui arracha un dernier sourire.

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