Nous marchions depuis un moment maintenant. J’avais revêtu des vêtements confortables et offrant une bonne liberté de mouvement, tout en prenant le soin de dissimuler mon bandeau de Konoha et d’attacher ma longue chevelure blonde. Notre avancée était bonne et j’espérais de tout cœur que nous arriverions à sauver la princesse du feu avant qu’il ne soit trop tard. Pour moi, elle était une innocente civile qui ne méritait pas sa condition de prisonnière. J’étais donc semi sur mes gardes, réfléchissant à la meilleure façon d’approcher la base des brigands sans nous faire repérer lorsque Gaishi pris la parole. Il nous fit tous remarquer à quel point c’était louche que l’on ait rien croisé. J’allais me retourner pour lui demander de parler plus fort tant qu’il y était, mais un kunai fendit l’air entre nous deux. Je me figeai sur place un instant, surprise et effrayée. Puis, des hommes firent irruption de la végétation ambiante, nous encerclant sans attendre. L’un d’entre eux du se dire que j’étais moins forte que les deux autres et donc qu’il serait facile de se débarrasser de moi car il me fonça dessus sans attendre, seul, les bras tendus pour m’agripper fermement. Ses bras se refermèrent sur moi et j’étouffai un petit cri tout en effectuant une technique de genjutsu qui devait me libérer de cette étreinte indésirable.

Mon corps se décomposa donc en une multitude de pétales de fleur d’un doux rose sous les yeux de mon agresseur ébahi. Il relâcha donc son étreinte, soudainement effrayé par ce petit tour de passe-passe ninja. Il n’y avait pas de doutes, ces types n’étaient pas ninjas pour avoir une réaction aussi méfiante. Ainsi, j’en profitai pour réapparaître derrière lui et planter la lame de mon tento sur son flanc droit, avant de retirer la lame et de lui asséner un coup de pied tourné visant la tête, ce qui fit mouche. Il s’effondra au sol un moment, mais commençait déjà à se relever.

« Il ne faut pas qu’un seul de ses hommes reparte d’ici, sinon ils pourraient avertir leurs compagnons de notre arrivée! »

À peine eu-je terminé qu’un autre de nos attaquants décida de s’en prendre à moi puisqu’apparemment, j’étais devenue dangereuse. Cette fois je n’eus pas le temps de réagir alors qu’il s’élançait sur moi, kunai en main, et que son compagnon que j’avais déjà amoché se relevait pour mener l’assaut contre moi. Dans cette situation, c’était mal parti.

Toute cette action se passait très vite et nous étions tous si occupés de notre côté que nous n’avions pas le temps de penser à une stratégie d’équipe décente. Nous faisions ce que nous pouvions, comme nous le pouvions. Ainsi, j’étais retenue par l’un de nos assaillants alors que celui que j’avais blessé se relevai pour, sans doute, me rouer de coups histoire de me mettre hors combat. C’est alors que retentis le cri de Gaishi, me faisant prendre conscience du fait que je n’étais pas seule dans ce pétrin. Il planta sa lame dans celui que j’avais déjà blessé et la scène devint soudainement très réaliste et très amèrement en train de se passer. Je sentis l’homme qui me retenait se raidir et relâcher sa prise, j’en profitai pour me débattre et libérer mes bras. L’homme voulut tout de suite me rattraper et, en simultané, je vis notre sixième attaquant se diriger vers Gaishi qui semblait dépassé par les événements. Je tendis donc les bras devant moi alors que mon attaquant tentait de me retenir, mais il était trop tard pour lui.

Mon esprit s’élança à vive allure, prenant possession du corps du sixième assaillant. Devant moi, un Gaishi tétanisé et impuissant et, sur ma droite, mon corps qui tombait inerte dans les bras de l’autre attaquant, affichant un air surpris. Heureusement pour moi, celui que je venais de posséder tenait déjà un kunai en main, je pu donc le lancer directement sur l’homme retenant mon corps, l’atteignant au cou. Il lâcha mon corps par réflexe pour porter une main à son cou et faire ralentir le flot de sang, ce qui serait malheureusement impossible. Je me précipitai donc pour récupérer mon corps et le jeter délicatement sur Gaishi. Ce n’est qu’à ce moment que je décidai de répondre à Yusuke, d’une voix qui n’était manifestement pas la mienne.

« Oui ça va Yusuke, ne te déconcentre pas pour nous. »

J’agrippai ensuite Gaishi par le collet de son kimono pour ensuite plonger mon regard de civil d’une trentaine d’années dans le sien, tentant de le ramener sur terre.

« Tu dois protéger mon corps pendant que je m’occupe d’eux, je n’ai pas le temps d’y retourner maintenant! T’es un ninja ou un gamin? Aller debout! »

Et je l’abandonnai pour aller prêter main forte à Yusuke et Tahei qui devaient s’occuper de nos trois autres assaillants.

Gaishi semblait avoir bien compris, je pouvais donc espérer bénéficier d’une protection minimale pour mon corps. Et maintenant, je devais aller aider Yusuke au plus vite. Je récupérai donc mon tentô et me préparai à l’attaque. Je vis Yusuke lancer sa technique katon à un bon mètre de sa cible et me mordit la lèvre, réprimant un juron. Fort heureusement, le loup de Gaishi prit la relève pour s’occuper sans attendre de cet adversaire. Je reportai donc mon attention sur Yusuke qui tombait à genou alors que le dernier civil allait se faire un plaisir de l’embrocher. Mais qu’est-ce qu’ils avaient ces gars à figer devant un peu de sang alors que leur vie était en jeu? Une chance que le canidé était là pour me filer un coup de patte.

L’assaillant de Yusuke allait donc abattre sa lame et je fis la seule chose qui me passa par l’esprit. Je me jetai sur l’homme, le plaquant du mieux que je le pouvais contre le sol. Il jura et planta sa lame dans mon bras, je ne pu réprimer un cri de douleur alors que, je le devinais, une profonde entaille venait d’apparaître sur mon véritable corps. Il retira son arme et s’apprêtait à le planter de nouveau quelque part dans la chair de mon possédé. Je l’agrippai par le collet et lui assénai un puissant coup de tête sur le nez, nous étions donc au sol, luttant pour la victoire. Fort heureusement, l’homme que je possédais n’avait pas de mauvaises capacités physiques et la lutte en était donc plus égale. Je frappai de nouveau de mon poing cette fois et, désespérément, il planta son arme à l’aveuglette, dans ma cuisse. Cette fois, s’en était trop. Il fallait finir ce combat avant que je ne sois sérieusement blessée. Il tira sur son kunai, entaillant ma jambe d’avantage. Je ne devais pas le laisser continuer son petit manège si je voulais avoir une chance de pouvoir marcher ensuite. J’étirai donc mon bras vers mon tento qui était tombé plus loin et le plantai dans le ventre du bandit que je maîtrisais. Ses yeux s’agrandirent et il tenta de porter un ultime assaut en dégageant sa lame de ma cuisse pour atteindre mon visage. Fort heureusement je réussi à attraper son poignet et à bloquer le coup pour ensuite retourner ma propre lame dans son abdomen et regarder la vie quitter son regard.

Une fois cela fait, j’abandonnai ma lame et reculai vivement, trébuchant pour atterrir auprès de Yusuke sur le sol, la respiration haletante et les larmes ruisselantes sur mes joues. Le danger était écarté et maintenant je pouvais me permettre de respirer un peu. Je n’avais qu’une envie, regagner mon corps et soigner mes blessures. Je regardai donc Gaishi, lui transmettant des indications claires.

« Je vais regagner mon corps, immobilise donc cet adversaire quand je l’aurai quitté, mon retour dans mon corps devrait prendre une vingtaine de secondes, nous l’interrogerons ensuite. Libération! »

J’effectuai le mudra de libération et mon âme quitta le corps que je possédais pour retourner dans le mien. Un corps souffrant et meurtri par cette petite lutte au sol. Espérons que la prochaine fois mes coéquipiers réagiraient plus vite.

Mon âme quitta le corps de mon possédé sans attendre, aspirée vers l’extérieure à toute vitesse. Je flottai ensuite durant quelques instants, me repérant dans le monde des esprits avec un petit délai. Il faudrait que je travaille là-dessus, pour que mon retour se fasse plus rapidement. Mon âme retrouva finalement son point d’attache physique et s’y colla, puis y pénétra avec douceur. Je recommençai à sentir le poids de mon corps, graduellement. Et, soudainement, la douleur apparue elle aussi. Je poussai un grognement sourd et ouvris mes yeux. J’étais au sol et, juste à côté de moi, je vis Gaishi. Deux hommes venaient de le délaisser pour foncer vers Yusuke avant de passer au chalumeau. Je ne comprenais pas ce qui se passait, trop engourdie par la douleur. Il me fallu plusieurs secondes pour voir que mon équipier semblait souffrir. Mes yeux s’agrandirent et je me jetai sur lui, le retournant sur le dos pour voir sa blessure, dans le ventre. J’appliquai mes mains sur celle-ci, tentant de ralentir le flot de sang. Mes longs cheveux blonds et sales, maculés de sang, tombaient devant mon visage. Des larmes coulaient maintenant sur mon visage et je paniquais pour de bon.

« Gaishi! Reste avec moi Gaishi! Ça va aller, on va te prendre en charge, tout va bien aller. Accroches toi d’accord? Je suis là pour toi, tout va bien aller. Yusuke et Tahei vont aller chercher de l’aide et moi je vais veiller sur toi et tout va bien se passer. On va tous s’en sortir je te le promets, mais reste avec moi. Reste avec moi! »

D’une main j’appliquai une pression plus forte sur sa blessure et, de l’autre, je serrai sa main dans la mienne pour le garder à mes côtés. Son regard était planté dans le miens et je voyais qu’il s’efforçait de rester là, de rester fort. De survivre. Je me calmai, tentant de cesser mes pleurs qui m’embrouillaient la vision. Je devais être forte pour lui. Mon regard restait planté dans le sien et mes mains bien en places alors que je m’adressai à Yusuke et Tahei.

« Apporte moi un linge et mouille le, pour sa plaie. Tahei va rester avec nous pour nous protéger et toi Yusuke, tu dois aller chercher de l’assistance au plus vite. Tout va bien se passer et on va rentrer tous ensemble à Konoha. Ils enverront d’autres gens pour la mission, nous en avons sous-estimé le niveau. Elle devra être reclassée au rang B et effectuée au plus vite car la princesse…La récupération de la cible n’a pas été possible.(Pause, puis voix forte, tremblante et paniquée) Dépêches toi Yusuke je t’en supplie! Apporte-moi ce satané linge humide!!»

Yusuke me tendit le chandail d’un bandit trempé avec l’eau de sa gourde. Je l’appliquai sur la plaie de Gaishi qui poussa un gémissement. Je sentis sa main se serrer dans la mienne et je tentai de le rassurer. À côté de nous, Yusuke dans un élan de rage décida d’exécuter le prisonnier et je du me retenir pour ne pas fondre en larmes devant Gaishi. Il avait besoin de ma force, je n’avais pas le droit de pleurer devant lui en cet instant, je ne me le pardonnerais pas. J’entendis à peine Yusuke me dire que ça allait bien se terminer avant de partir au pas de course, j’étais aux côtés de Gaishi et rien d’autre n’existait. Tahei vint se coucher aux côtés de son frère et donc tout près de moi également, transmettant sans doute sa propre force à son compagnon blessé. Au final, le loup avait été le seul à s’en tirer indemne.

Je serrai la main de Gaishi dans le mienne et tentai de lui parler, mais il ne répondait pas beaucoup, donc, au final, je me retrouvais à monologuer. Je parlais de mes inquiétudes pour l’examen Chuunin, de ce que j’aurais aimé faire pour le village, des missions que nous allions encore pouvoir faire, avec notre équipe. Finalement, je le déplaçai, appuyant sa tête sur mes cuisses. D’une main je lui jouais dans les cheveux et, de l’autre je comprimais toujours la plaie. Tahei gardait l’œil ouvert pour surveiller les alentours et allait parfois faire une petite ronde de garde avant de revenir se blottir contre son coéquipier souffrant. Je commençais à avoir bien hâte que Yusuke revienne avec de l’aide. J’avais peur et j’avais mal, mais ce n’était rien comparé à toute la douleur que je voyais dans le regard de Gaishi.

« Tiens bon Gaishi. Nous allons tout rentrer au village bientôt. Tout va bien se passer. Tout va aller pour le mieux. »

Et je continuai ainsi, le forçant à rester réveiller et à lutter, lui parlant d’une voix réconfortante. Le temps passait et toujours aucun signe de Yusuke. Le chandail du criminel était plein de sang depuis un moment maintenant, j’aurais du changer de compresse, même ma main baignait presque dans son sang. Quelle pensée immonde et atroce qui me donna le haut le cœur. Au moins si ça avait été le mien. Si seulement ce kunai c’était enfoncé dans ma chair au lieu de la sienne. Je n’avais pas été assez forte, je n’avais pas réussi à le protéger et, maintenant, peut-être bien que Yusuke ne reviendrait jamais. Qu’elle idée d’envoyer un aveugle blessé chercher du secours, je vous le demande? La panique me gagnait. Et plus elle me gagnait, plus je la sentais s’insinuer dans Gaishi qui semblait avoir un peu plus de mal à se tenir réveillé. Alors je paniquais encore plus et, bientôt, je pleurais silencieusement tout en murmurant des mots de réconfort. Finalement, lorsque des bruits de pas se firent entendre au loin, j’envoyai Tahei en reconnaissance, tous les sens en alerte. S’il s’agissait d’un autre bandit, ça en serait fini de nous deux, je ne pourrais sans doute pas me battre non plus après tout. Je tremblais, tentant de dissimuler ma peur à Gaishi, ce qui s’avérait une tâche délicate, pour ne pas dire impossible.