Les jours se succédaient et se ressemblaient pour la plupart. J’aurais pu accomplir des missions par dizaine, trouver des Juunchiriki et faire peur aux ninjas comme les autres membres devaient sans doute le faire, mais ce n’était pas pour moi. À la place, je faisais régulièrement la navette entre la grotte de l’Akatsuki et le village d’Ame no kuni. Comme Pein et moi nous occupions de ce village depuis un moment maintenant, j’avais du mal à le quitter plus de quelques jours. C’était mon chez moi et j’aimais m’assurer que tout s’y déroulais à merveille. Ainsi, ma chambre dans la grotte était presque toujours inutilisée. J’avais quand même pris la peine d’y mettre des fleurs, histoire d’améliorer l’odeur et tout était parfaitement à l’ordre. La poussière n’existait pas, même en cet endroit ou je passais si peu de temps.

Aujourd’hui, je revenais de trois jours intensifs à m’occuper de la gérance d’Ame no Kuni. J’avais également rendu une petite visite à Nagato et fait des rondes dans le village, histoire de prendre le pouls. Comme tout me semblait en ordre, j’avais décidé, exceptionnellement, de partir le soir même et d’aller dormir dans mon austère chambre de l’Akatsuki. Je marchais lentement dans les couloirs, m’y repérant de mieux en mieux. Je savais comment gagner ma chambre, la salle d’entraînement, la chambre de Tendô ainsi que la salle de réunion et la sortie, j’étais une femme comblée. Je l’atteignis enfin et m’y engouffrai silencieusement. La lumière était éteinte, exactement comme je l’avais laissée. Je retirai le lourd manteau de l’Akatsuki et le laissai tomber sur le sol. Je m’assis sur le bord du lit, mi endormie et je retirai mes hautes bottes, ne manquais plus qu’à laisser mes cheveux libres et je pourrais sombrer dans le sommeil. Je vous rappelle qu’il n’y a pas de fenêtres dans ces chambres et que ma lumière était éteinte, je ne remarquai donc pas la présence d’un homme dans mon lit avant d’avoir voulu tirer la couverture. Un grognement mécontent me répondit et, légèrement paniquée, je me dirigeai vers la lumière à toute hâte. Lorsque j’allumai, je pu alors voir un jeune homme, ronflant sous mes couvertures, dans mon lit. J’oubliai que j’étais en sous-vêtements noirs de dentelle, les cheveux détachés et le regard furibond et je lui envoyai en plein ventre l’une de mes techniques, le disque de papier.

« Qu’est-ce que vous faites dans ma chambre, dans mon lit?! Vous feriez bien d’avoir une excellente explication si vous ne voulez pas que je vous tue sur le champ! »

Il se réveilla, comme je l’avais espérer. En fait, il tomba du lit. Lorsqu’il se releva, le jeune était plutôt mal à l’aise et c’est à ce moment que je me souvins de ma tenue. Furieusement je mis la main sur mon manteau de l’Akatsuki et je le mis sur mes épaules, le tenant fermé d’une main. L’inconnu voleur de lit continuait à être extrêmement mal à l’aise et il tenta de se justifier. Il était fatigué, il s’était trompé de chambre et c’était endormi tout de suite et bla bla bla. J’allais le mettre à la porte, mais il le fit tout seul. Comble de malheur, il s’emmêla les jambes dans mon chandail qui était toujours sur le sol et fit une chute, vers moi. Premier réflexe, tenter de l’arrêter avec mes mains. Erreur, parce que je lâchai ainsi mon manteau qui s’ouvrit donc. Le pire dans tout ça, c’est que je me retrouvai au sol, sous lui. Durant un instant, je restai figée. Il tenta de se relever à l’aveuglette, prenant malencontreusement appuis sur ma poitrine. Ça me semblait si iréel que je restai sans réagir trois bonnes secondes. Puis, voyant que la situation était bel et ben réelle, je me fâchai de nouveau. Personne ne m’avait jamais vu en une tenue si légère, personne. Alors ça? Par un inconnu? Hors de question!

Je le poussai pour le forcer à s’éloigner et, en priorité absolue, je me dirigeai vers mon armoire pour en sortir un kimono de nuit blanc, s’arrêtant à la mis cuisse. Je l’enfilai avant de m’assurer qu’il ne s’ouvrirait pas grâce à un long ruban bleu. Je me tournai ensuite vers l’inconnu, gênée. Comme mentionné plus tôt, personne ne m’avais jamais vue si peu vêtue. Je ne manquais pas d’estime de moi, quand même. J’avais l’impression d’être une belle femme. Mais c’était une chose que j’aurais préféré choisir de vivre et, malgré moi, j’eu une pensée pour Yahiko.

« Je crois que tu es aussi mal à l’aise que moi et je suis prête à croire que c’est un accident. »

Maintenant, j’avais bien peur qu’à chaque fois que je le croiserais dans les couloirs ou en mission, je me sentirais vraiment très mal et que je voudrais disparaître. Je savais que si je lui demandais de partir comme ça, il y aurait toujours un malaise. Il fallait que l’on se représente et que l’on recommence du début, normalement. Comme ça, on passerait à autre chose et cet événement ne serait qu’un mauvais souvenir.

« Écoute, nous faisons partie d’une organisation très importante et il ne faut pas qu’il y ait un malaise persistant entre nous. Peut-être un jour ma vie dépendra de toi ou vice versa. Donc reviens demain et l’on prendra la peine de se présenter comme il faut et d’oublier cet accident. J’aimerais que tu quittes ma chambre et que tu n’y remettes pas les pieds dès à présent. Merci. »

Je ne savais pas trop où le retrouver, mais je finis par opter pour la salle de réunion. C’était un endroit éloigné de ma chambre que tout le monde ici était capable d’atteindre très, très facilement. C’est donc la destination que je lui donnai avant de le mettre à la porte et de changer ma literie avant le sommeil. Le lendemain, je me maquillai et m’habillai comme à la coûtumée, tout en pensant aux événements de la veille. Étais-je vraiment obligée d’aller le voir? Ne pourrais-je pas tout simplement retourner à Ame et oublier toute cette histoire? J’y pensai sérieusement, mais pour l’instant, je resterais avec Tendô. Je me mis en route pour le trouver quelques minutes plus tard devant la porte. Il me salua avant de s’excuser de nouveau. Et il demeura silencieux, attendant ma réponse. Que devais-je lui dire? Comment faire disparaître le malaise?

« Écoute, arrête de t’excuser. J’ai l’intention d’oublier cet événement et tu devras en faire de même. »

Et je marquai une pause, lui tournant le dos pour mieux réfléchir à ce que j’allais lui dire ensuite. Que faire pour faire disparaître le malaise? Et si nous recommencions du début, comme il le fallait. C’est donc avec cette résolution que je me tournai vers lui avant de lui tendre la main.

« Je me nomme Konan et je suis, tout comme Pein, originaire d’Ame no kuni. J’ai rejoins cette organisation pour aider à rétablir la paix. J’utilise les origamis. Enchantée. »

Et j’attendis sa réaction, ce n’était pas comme si je pouvais faire grand choses de plus de toutes façons.

Il se présenta à son tour. Yumi Matsu, originaire d’un clan de nomades. C’était plutôt rare selon ce qu’il m’avait été donné de voir. Ce ne devait pas être un très gros clan pour qu’ils puissent se le permettre. Il me dit être ici pour que plus personne ne perde un être cher à ses yeux. Ça, c’était idéaliste. Nous allions commencer une guerre pour la paix, il y aurait beaucoup de morts, c’était inévitable. Il termina en mentionnant qu’il parlait aux morts. Je côtoyais un cadavre tous les jours et donc, pour moi, ce n’était pas si étrange que cela comme capacité. J’eu un moment l’envie de lui demander de contacter Yahiko pour moi, mais c’eut été dangereux pour les secrets de Pain. Après tout, ce serait plutôt étrange de parler avec une âme identique à celle d’un de nos camarades. Puis, il sembla hésiter un moment et il me demanda comment mes techniques d’origami fonctionnaient. Il était vrai que mes techniques étaient uniques et que c’était sans doute un peu embêtant de visualiser ce que l’on pouvait faire avec du papier. Selon l’avis général, du papier ce n’est pas très menaçant. Devais-je les lui révéler? Je ne pensais pas. De toute façon, il finirait bien par les voir en combat non?

« Ne trouve tu pas que tu en sais assez comme ça? »

Et je lui tournai le dos. Je n’aimais pas la tournure des événements. On n’allait pas faire ami-ami non plus, ce serait bien trop dangereux pour Pein. Ça commence avec des : montres moi tes techniques! Et ça fini avec : et tu penses que tu pourrais me parler un peu plus de ce qu’il fait? Et c’était hors de question.

« Je suis désolé, peut-être nous recroiserons-nous un jour en d’autres circonstances. »

Et je partis, tout simplement. Marchant dans les corridors toute seule en me questionnant. Pouvait-il vraiment parler avec les morts? Si c’était le cas, pourrait-il trouver celle de Yahiko et me permettre d’échanger avec lui quelques mots? Je ne devais plus y penser. Je devais me tourner vers l’avenir. Je devais penser au village d’Ame qui avait encore besoin de nous, à Nagato qui comptait sur moi et à la paix que nous souhaitions mettre en place. Mais il me manquait tellement…