J’étais chez moi. Sous peu, je partirais en mission avec mes élèves et je me devais donc de tout mettre en ordre avant le grand départ. Mes fenêtres étaient grandes ouvertes et mes planchers sentaient le détergeant. Curieux? Eh bien oui, que voulez-vous, même si on est un ninja il faut astiquer ses planchers de temps à autre. Satisfaite du résultat, je m’assis dans mon fauteuil favori, au bord de la fenêtre et je commençai à lire. C’est alors que, sans que je ne m’y attende, un petit quelque chose se faufila par ma fenêtre toute grande ouverte pour se déposer paresseusement sur mon impeccable plancher. Je fronçai les sourcils. Le village ne communiquait pas ainsi. Pourquoi mes élèves m’enverraient-ils un message de cette façon? Ils ne connaissaient pas le Futon…le Futon. Mon cœur se serra et je cessai de respirer. Je laissai le livre tomber par terre et je crois même que je marchai dessus. Je m’accroupis et ouvrit le papier de mes mains tremblantes. Il n’y avait que mon nom. Mon nom écrit d’une calligraphie que je connaissais. Je me mis à trembler. Était-ce possible? Était-ce un signe de Gaishi? J’effectuai un mudra, sentant dans l’air les résidus d’un chakra trop familier. Je n’aurais su le faire avec personne d’autre. Le sien, je l’avais côtoyé presque tout ma vie. Je sortis par la fenêtre à la poursuite de la mince piste que j’avais avant qu’elle ne finisse de se disperser dans l’air. Je faisais régulièrement des pauses, histoires de m’assurer que j’étais sur la bonne piste. Puis, une fois aux abords des murs de Konoha, je poussai ma recherche plus loin.

Et je le sentis. Il était là, à une dizaine de minutes de course de moi. Je me mis à courir. Les gardes voulurent me demander où j’allais, mais je les esquivai sans problèmes et je m’éloignai de Konoha plus vite que je ne l’avais jamais fait. Peut-être était-ce un piège, auquel cas je serais très mal. Mais je m’en fichais. Je pensais à l’illusion qu’Ato m’avait fait subir. Je ne courais plus simplement, j’étais portée par toute la force de mon cœur et de ma volonté vers l’être que j’aimais et rien au monde n’aurait pu m’arrêter. Je ne m’en étais pas rendue compte, mais j’avais commencé à pleurer. Courant dans le sol irrégulier de la forêt, je voyais au loin une clairière se dessiner. Et, là-bas, dans un rayon de lumière, je pouvais voir la silhouette d’un homme vêtu d’un kimono. À sa ceinture se côtoyaient une bouteille de saké et un katana. Je courus de plus en plus vite, quitte à trébucher sur une racine et à me retrouver face contre terre. Je me relevai, sans me soucier des branches qui lacéraient mon visage et qui barraient ma route. Puis, après cette course éternelle, je fis irruption dans la clairière. Je restai là, plantée debout sans rien dire. Je le regardais sans trop savoir quoi faire. Je pris conscience de ma nouvelle apparence, la plus sombre possible pour faire fuir les autres shinobis de Konoha. Mon épais maquillage bleu entourait mes yeux et, tout d’un coup, je me demandai si je ne devais pas avoir l’air d’un clown. Comme lorsque j’étais plus jeune, je me demandais qu’elle image je lui envoyais. Étais-je répugnante dans ces vêtements qui, pour lui, ne devaient pas me ressembler du tout?

Mais était-ce la vraie question? Pourquoi m’interroger là-dessus sinon pour me détourner de la vraie question. De mes vrais sentiments qui bouillonnaient à l’intérieur de moi. Ma rage. Finalement, j’aimais bien ma nouvelle allure, je voulais qu’il le voit. Je voulais qu’il sache tous les ravages qu’il avait causé sur ma personne. Toutes les nuits où j’étais restée éveillée et que j’avais pleuré. Je voulais qu’il s’en veuille. Qu’il souffre tout autant que j’avais souffert. Je voulais le blesser, me venger. Je ne voulais pas le tuer, non. Je voulais qu’il vive avec le remords. Avec la torture. Avec la question perpétuelle du : Est-ce que c’est à cause de moi qu’il est parti? Je fronçai les sourcils et mon regard d’azur devint agressif, violent, cruel et destructeur. Il allait souffrir autant que j’avais souffert. Ici et maintenant. C’était quelque chose que je m’assurerais de faire et au plus tôt.

« Ookami Gaishi… »

Ma voix n’était plus la même. Ce n’était pas la voix du temps où j’étais innocente et où je l’aimais. Ce n’était pas non plus cette voix froide et détachée qui prenait tout le monde de haut que j’avais adoptée pour renforcer mon personnage aux yeux d’autrui. C’était une voix tremblante. Une voix qui ployait sous la colère et la rage. Un ton profond et lourd, mais brûlant et enragé. Si j’avais été une louve, je serais sans doute en train de grogner et de lui montrer les dents, mes yeux injectés de sangs et mon cœur ne battant plus que pour tuer. Mais je n’étais pas une louve. J’étais une femme blessée. Profondément blessée.

Je le vis dans ses yeux. Un éclat de tristesse, d’incompréhension. Il voyait ma différence, le changement. Il semblait se résigner. Mon cœur fut écrasé et ma respiration m’échappa. Lentement, en des gestes cérémoniaux qui témoignaient en ce silence sacré de l’importance du moment, il retira le haut de son kimono. Il me révéla ainsi l’histoire de ces trois années de vagabondages. Une fois de plus, mon âme fut broyée alors que ma propre peau chauffait et que j’avais l’impression de ressentir toutes les cicatrices qu’il avait subit. Puis il prit sa gourde de saké et la vida d’un trait. Je demeurai immobile, mon expression n’était plus aussi agressive, mais je campais toujours sur mes positions. Puis, il laissa tomber sa ceinture et s’empara de son arme. Un long katana, brillant et entretenu. Il était un samourai après tout. Jamais je n’avais réussi à le battre au katana. Et il prit position. La position que prennent les hommes de sa trempe dont l’honneur a été souillé. Cette fois, ma respiration s’arrêta et mon être en entier était comme arraché à mon corps. Et il prit la parole. Me confirmant que c’était lui, que tout était réel, que mon aimé approchait sa lame de son cœur, et donc du mien.

Oui, il m’avait dit qu’il enjamberait chaque konoha-jins, pour moi. Mais, maintenant, j’étais celle qui l’empêchait de me rejoindre. Il me dit que si je voulais le voir mourir, alors que je n’avais qu’à ne pas rater mon coup. Il avait l’air si triste, si démoli. J’étais toujours incapable de parler, de bouger, de recommencer à vivre. Mais il attendait et j’avais peur, tellement peur. Je fermai les yeux un instant et me remémorai l’illusion qu’Ato m’avait fait voir, croyant me montrer un genjutsu qui, normalement, était plus pacifique qu’autre chose.

*flashback*
Lorsque j’ouvris les yeux, je portais une belle robe d’un magnifique bleu ciel. J’étais assise devant une coiffeuse, grand meuble surmonté d’un miroir. Et, si j’étais maquillé, ce l’était beaucoup moins. Les marques de brûlures avaient disparu de mon corps, me rendant ma peau lisse et douce avec un léger teint de pêche. Je tendis la main vers le miroir et le touchai, me validant que c’était vrai. Puis, un mouvement attira mon attention. Dans le miroir, je pu voir la porte de la pièce où j’étais. Il était là. Appuyé contre le cadre de la porte, il m’admirait lui aussi, en silence. Gai-kun. Lorsqu’il vu qu’il avait été repéré, il me sourit et s’approcha de moi. Je le regardai faire par l’intermédiaire du miroir. Son sourire était tellement doux, tellement amoureux. Puis, il se pencha vers moi et écarta mes cheveux de mon cou. Tendrement, il embrassa mon épaule nue, puis mon cou et il remonta ainsi jusqu’à ma mâchoire. Je me tournai vers lui et il s’assit à mes côtés sur mon large banc. Sa main était sur ma joue et je ne pus m’empêche de m’emparer du col de son kimono pour l’attirer vers moi et l’embrasser. C’était un tendre baiser, comme celui que nous avions échangé plusieurs années plus tôt alors qu’il venait me rendre visite à l’hôpital. Puis, il mit fin à notre baiser et me souris.

« Megu-chan, tu crois que tu pourrais venir m’aider? Il ne veut toujours pas s’endormir et je sais que tu y arrives mieux que moi… »

Radieuse, je lui répondis en souriant. Mon cœur était léger et mes soucis n’existaient plus.

« Peut-être que si tu sentais moins le saké notre fils dormirait mieux! »

Il me regarda avec un air coupable, bien que rieur. Je lui donnai un petit coup sur l’épaule tout en l’encourageant à se lever. Ce qu’il fit pour sortir de la pièce. Et, au moment où je m’y attendais le moins alors que je me levais pour le suivre jusqu’à notre plus belle réalisation, tout redevint noir.
*Fin flashback*

J’ouvris les yeux de nouveau. Regardant cet homme qui, la lame au cœur, attendait ma décision. Je m’approchai de lui, lentement. Mon regard azur ne croisa pas le sien, j’avais trop peur. Le moindre faux mouvement pouvait mettre un terme à ma vie et à mes rêves. Cette fois j’en étais certaine, je ne manierais plus jamais Hisshi no kyouki. Lentement, mes mains s’approchèrent du manche du katana. Puis, lentement, j’éloignai la lame du torse de mon aimé. Puis, une fois tout danger écarté, je reculai de plusieurs mètres et le plantai dans le sol, avant de me tourner vers lui. Cette fois, je n’étais plus agressive, juste désemparée et ignorant comment réagir. Je voulais parler, mais les mots ne sortaient pas.

« Gaishi… je ne veux pas… »

Ma voix était faible. Mon menton tremblait et mon regard se faisait suppliant. Après la colère, la tristesse. Je tentai de parler de nouveau et, posant mon regard sur lui et le voyant en si mauvais état, je n’en pu plus.

« Je refuse que tu meurs Gaishi! Je refuse espèce d’idiot!! Je ne veux pas que tu meurs, je ne l’ai jamais voulu, j’aurais juste voulu que…que…»

Et c’était reparti pour un tour. Je me remis à pleurer et à sangloter comme une gamine. Je ne savais pas quoi lui dire, je ne savais pas quoi faire. Il m’avait fait si peur que j’en oubliai ma rage et que ça n’importait plus. Il était là et tout le reste, tout le reste n’importait plus.

Je ne le sentis pas approcher tout de suite. Délicatement, il approcha sa main de mon visage et, de la manche de son kimono, il chassa mes pleurs. Il était tendre, protecteur. Je me souvins du toit de l’Académie. Notre toute première promesse. Nous avions fait tant de chemin depuis ce moment là et, dans ce geste si familier, je pouvais sentir toute la virilité de Gaishi qui s’était formée avec le temps. Sans parler de son torse qui, marqué par le vagabondage, semblait s’être élargi. Il était devenu plus grand que moi d’une tête et son regard avait changé. Il me semblait plus mature, plus fort. Plus rassurant. Il compléta ma phrase, trouvant tous les mots que je n’arrivais pas à lui dire comme s’il avait lu mes pensées. Il me dit avoir voulu revenir et, sans savoir pourquoi, je le croyais. Je le croyais parce que ce jour là, il avait décidé de braver la petite blonde et de se mettre la classe à dos, parce que le plus souvent possible, nous nous entraînions ensemble après les cours et qu’il m’avait présenté à sa famille. Je le croyais parce que cet autre jour, il s’était jeté dans un infernal brasier, dans les enfers eux-mêmes, pour venir récupérer mon âme égarée. Je le savais parce que lorsque je l’avais laissé venir me voir à l’hôpital, il ne m’avait pas rejeté, il ne m’avait pas jugé, il m’avait embrassé et il m’avait aimé. Je le croyais, parce qu’il m’avait promis qu’il reviendrait, même s’il devrait passer par-dessus le corps de tous les Konoha-jins. J’étais aussi certaine de cela que j’étais certaine que jamais je ne le battrais au sabre et que jamais, oh grand jamais, il ne me laisserait pleurer de nouveau. Il était revenu. Il était revenu.

Il me dit les saintes paroles. Celles dont j’avais rêvé presque chaque soir depuis son départ. Meg-chan. Il m’avait appelé Meg-chan, comme autrefois. Mon cœur se serra et les larmes perlèrent de nouveau, mais cette fois, un sourire béat s’était installé sur mon visage. Mes yeux d’azurs le détaillaient, le regardaient avec envie, l’envie de mémoriser chacun de ses traits et de les redécouvrir après tant d’absence. Le simple fait de l’entendre m’appeler ainsi. Mon abdomen était en flammes et mon cœur battait si vide que j’en avais presque des vertiges. Il me dit qu’il ne méritait sans doute pas mon pardon, mais que, et je l’interrompis. J’en avais assez de l’écouter parler, bien que sa voix grave et profonde, celle d’un homme puissant, sonnait admirablement bien à mon oreille. Je passai mes mains derrière son cou et l’attirai vers moi. Nos nez se frôlèrent, je lui laissai quelques secondes pour me repousser s’il le désirait, puis fermai les yeux. Et je m’approchai, atteignant ses lèvres d’un geste si familier. Un baiser, tout simplement. Chaste, pur. Je reculai et, moi qui m’étais mise sur la pointe des pieds, je retombai sur mes talons. Je rougis et détournai le regard. Je voulais m’excuser, je ne savais pas s’il désirait la même chose que moi. En fait, je ne savais même pas pourquoi il était revenu. J’étais troublée et, pourtant, je souriais.

« Je…je suis désolée, je ne sais pas si tu… »

Et je relevai mon regard d’azur vers lui, croisant le sien. Je le sus, tout simplement comme je savais qu’à partir de maintenant, il ne laisserait plus rien se mettre en travers de nous.

« Je t’aime Gai-kun. Je ne sais pas si je te pardonnerai, mais je sais que je t’aime, et pour moi ce n’est pas seulement suffisant, c’est tout ce que j’ai toujours désiré, depuis de le début sur le toit de l’Académie. Si tu savais à quel point…(je du me retenir pour ne pas recommencer à pleurer sous le coup de l’émotion)…Je t’aime Gai-kun. C’est fou, je pensais que ça serait si difficile de te pardonner et de te regarder en face mais….mais au final c’est si naturel, c’est si….réconfortant, que tu sois là.»

Il m’embrassa à son tour. Mais, cette fois, il enfoui sa main dans ma chevelure d’ébène. Ma main parcouru son torse, la douceur de ma peau côtoyant les profondes marques de sa désertion. Je ne voulais plus que cette étreinte cesse, mais j’écoutai tout de même Gaishi parler. Il me dit que rien n’avait su égaler ma beauté et, je dois l’avouer, j’en doutai. Je n’avais plus qu’une hâte, retirer cet affreux maquillage et me faire jolie, vraiment jolie. Pas belle ni sexy, juste jolie. Il me dit également que ça lui était égal que je le pardonne ou pas, que le simple fait d’enfin pouvoir être avec moi suffisait. Poussant toujours plus loin la flatterie, il m’avoua que, durant ces trois années, il ne vivait pas vraiment. Il était comme mort à l’intérieur. Je voulu lui parler, lui sourire. Et je le vis. Il pleurait. Gaishi pleurait, si simplement. Je m’empressai d’essuyer ses larmes et, presque automatiquement, mon petit doigt trouva le sien.

« J’ai toujours voulu avoir mon Gaishi pour faire une promesse comme celle-là.(Dis-je en lui souriant, réplique paraphrasée de ce que je lui avais dit sur le toit des années plus tôt.) Donc, disons, je te promets de rester à tes côtés si tu me promets de ne plus jamais pleurer? »

Et je lui souris de nouveau, encore et encore. C’était si naturel, tellement normal. Et pourtant cela faisait près de trois ans que je n’avais pas souris de cette façon. Un sourire incontrôlable qui s’impose sur notre visage sans que nous le contrôlions. J’avais une main sur sa joue et l’autre sur son flanc, sous son kimono et en contact avec sa peau, chaude. Je l’attirai vers moi et, d’un sourire autre cette fois, murmurai à son oreille.

« Tu m’as manqué, tu le sais ça? »

Je l’embrassai dans le cou, tendrement, alors que mes mains s’affairaient à retirer le haut de son kimono, en entier cette fois. Je parcouru son abdomen avec avidité et mes lèvres trouvèrent les siennes comme elles l’avaient fait tant de fois auparavant. Sans attendre son autorisation, je le tirai à ma suite vers le sol de la clairière qui semblait, tout à coup, bien accueillant.

**Timeskip** (Et non, pas de hentai, désolé les gens x) )

J’avais réenfilé mes pantalons et ma chemise, encore ouverte à moitié, laissant voir mon soutien-gorge et une partie de ma blanche peau encore marquée par les brûlures du passé. Mes pieds étaient nus dans l'herbe fraîche et le soleil qui passait entre les feuilles me réchauffait. Nous étions maintenant assis ensemble sous un arbre, lui appuyé à l’arbre, moi appuyé à lui. Je respirais librement maintenant, comme libérée d’un poids qui m’accablait depuis trop longtemps. Il resterait, maintenant c’était certain. Ma main trouva la sienne et nos doigts s’enlacèrent. La joue appuyée sur son épaule, je me tournai vers lui en souriant.

« Alors, tu me fais le récit de tes trois années de vagabondage? Tu me dois au moins ça, non? »

Malgré moi, je craignais la réponse parce que, au final, je savais qu’il était un homme et que je n’étais pas si jolie que ce qu’il se plaisait à dire. Mais il était revenu pour moi et ça, aucune autres de celles qu’il avait sans doute croisées n’aurait cela, n’est-ce pas?

Nous venions de passer un excellent moment ensemble et le reste du monde n’importait plus. Après trois ans d’attente, j’étais finalement dans ses bras. Je poussai un soupir libérateur et attendis sa réponse. Cela pouvait tout changer, j’apprendrais enfin si oui ou non mon amour était un criminel. Apparemment, il avait surtout été un mercenaire. Un homme tel que lui, se contenter d’obéir à d’autres pour une poignée de ryos? Il semblerait qu’Hibiki n’était pas le seul à avoir besoin de ma guidance. Il aurait ensuite décidé devenir un simple samourai itinérant et il aurait découvert le monde. Pour ça, je l’enviais un peu. J’aurais aimé, moi aussi, parcourir les terres du monde ninja et découvrir des paysages que je n’arriverais sans doute jamais à m’imaginer. Il parla ensuite d’un groupe de mercenaires avec qui il avait des projets, ce qui m’intrigua. Pourquoi partir s’il avait des projets? Mais au fond, voulais-je le savoir? Il était là et c’était l’important. Il parla ensuite de Kami, sa petite sœur que j’avais croisée à plusieurs reprises lorsque nous étions plus jeunes. Il y avait longtemps que je n’avais pas entendue parler d’elle d’ailleurs. Puis, il me demanda ce que moi, j’avais bien pu faire durant ces trois années passées à l’attendre. Mon cœur se serra et je baissai le regard. Il s’était passé tant de choses entre temps. Et il m’en avait dit si peu.

« J’ai changé. Après ton départ, les gens voulaient me consoler, me rendre le sourire. Et je détestais ça. Je me sentais si faible, si pathétique. Je me suis longtemps demandé si j’étais une partie du problème, si je n’étais pas assez bien pour te retenir à mes côtés. Et plus je déprimais, plus mes parents adoptifs voulaient m’aider et plus je me suis assombrie. J’ai voulu en finir une fois, mais Hisshi-chan, ma faux, m’en a dissuadée. J’ai donc continué à vivre, prenant bien la peine de repousser tous ceux qui semblaient vouloir me montrer un peu de sympathie et à quel point je n’arrivais pas à être heureuse sans toi. J’ai pris tous les souvenirs que j’avais de toi et je les ai mis dans une boite, quelque part. Je n’ai pas pu les brûler et, au final, notre photo d’équipe est la seule que j’ai réussi à remettre sur mon bureau. »

Je pris une pause pour respirer. Je me doutais qu’il allait vouloir intervenir tout de suite, mais je n’avais pas fini et le lui fit savoir d’un petit signe de la main. Je respirai profondément, et continuai sur ma lancée.

« Mon père adoptif est mort l’année dernière, une maladie que je n’ai pas su guérir. On a fini par me mettre en charge d’une équipe de Genins, les hauts placés devaient croire que ça m’aiderais à passer à autre chose. Nous partons pour une mission à Kusa no kuni la semaine prochaine. Cela mis appart, j’ai rencontré une cousine à moi, une vraie cousine. J’en ai appris un peu plus sur l’incendie qui a tué mes parents. Je sais comment mon clan a été détruit. Car oui, tu n’es plus le seul de nous deux à appartenir à un clan maintenant. Enfin, j’ai perdu le mien, comme tout ce qui semble me tenir à cœur me fut arraché. Même toi Gai-kun, tu es parti. Es-tu certain que tu n’as rien d’autre à me dire concernant ces trois dernières années? »

Mes mots ne tombèrent pas dans l’oreille d’un sourd, c’était certain. Je pouvais le sentir aussi bien que je sentais le chakra. Il prit ensuite la parole et j’eu un peu peur de ce qui allait suivre. Mais ce qu’il me dit dépassa de loin mes inquiétudes. Il ne pouvait rien me dire d’autre car cela pourrait être dangereux pour moi? Et pour lui alors? Si le simple fait de savoir ce qu’il avait fait pouvait me mettre en danger, alors lui qui avait accompli ces choses, sa vie ne tenait-t-elle donc qu’à un fil? Il enchaîna tout de suite en me disant qu’il était de retour pour de bon et que la seule chose qui nous séparerait serait la mort. Je voulais bien le croire, mais j’avais peur, maintenant, de la mort. Il me fit ensuite un baisemain avant d’attaquer mes côtes en traitre. Je me mis à rire aux éclats et donnai une petite tape sur sa main pour la repousser tout en disant d’au ton plus rieur que de reproches.

« Gai-kun! Arrête! »

Et je le regardai d’un regard joyeux avant de l’embrasser, tout simplement parce que j’en avais envie et que j’étais heureuse. Nous reprîmes ensuite notre sérieux et il continua sur sa lancée un poil pessimiste. Moi je disais ça? C’est que je changeais rapidement ma parole! Il me répéta une fois de plus qu’il m’aimait et que, dans mon intérêt, je devais accepter de ne pas tout savoir. Je lui souris avec légèreté. Mon cœur se pressait à l’intérieur devant la menace éventuelle, mais je voulais le rassurer et, surtout, je voulais que nous profitions au maximum du temps que nous avions ensemble.

« La question qui m’inquiète le plus mon aimé, c’est surtout ce que nous allons faire maintenant. Accepterais-tu de venir habiter à Konoha avec moi malgré ce qui est arrivé à Tahei? Et, surtout, Hokage-sama acceptera-t-il ton retour? Enfin, si tu veux effectivement rester… »

La question était plutôt risquée, mais il fallait bien y arriver un jour. Nous n’étions quand même pas pour passer tout notre temps dans cette clairière quand même. Il fallait continuer à avancer, non? Durant un instant, je pensai à l’avenir et je fus inquiète. Devrais-je déserter pour demeurer auprès de l’homme que j’aimais? Devrais-je sacrifier tout ce que j’avais construit à Konoha no kuni pour combler son absence? Je pensai à mes élèves et mon cœur se serra un peu plus. J’espérais ne pas être confrontée à pareil choix.

J’avais très peur de la réponse de Gai-kun. C’était le moment crucial de nos retrouvailles et c’est ce qui allait déterminer notre avenir. Et ses paroles me déçurent, mais elles étaient réalistes. Il s’établirait aux alentours de Konoha et je pourrais le voir lorsque je sortirais du village. Je baissai les yeux, l’écoutant à peine me rassurer en me disant qu’il ne m’obligerait pas à déserter. Il passa ensuite sa main dans mes cheveux et je me blottis contre lui pour écouter la suite de ce qu’il avait à me dire. Il me qualifia d’ange noir et j’ignorais si je devais en être flattée ou pas, je décidai de l’être. Il dit également que si le Kage acceptait, il y avait une chance qu’il revienne. Je soupirai. La réalité venait de me rattraper de plein fouet apparemment. Je soupirai de nouveau, les gardes n’allaient pas tarder à se demander où j’étais ainsi partie en coup de vent. Je me relevai et m’éloignai de Gaishi pour finir de refermer ma chemise et remettre mes bottes. Je passai ensuite la main dans mes cheveux pour les démêler et me retournai vers mon samourai favori.

« Les gardes doivent se demander où je suis passée. Je vais devoir repartir bientôt. Ce serait bien que tu décides de revenir à Konoha. Mais en même temps, je comprendrais que tu ne désires pas y habiter. Il semblerait que je n’ais pas été suffisamment réaliste, les choses ne seront plus jamais comme avant après tout. Tu as déserté, ça ne s’efface pas comme ça. »

Je respirai profondément. J’étais heureuse qu’il soit revenu, mais au fond de moi, je ne pouvais oublier le fait qu’il soit bel et bien parti. Pourquoi était-il revenu, sans doute parce qu’il m’aimait toujours non? Mais cela faisait trois ans que j’étais sortie de sa vie et lui de la mienne. Pourrions-nous réellement recoller les morceaux? Vu ce qu’il refusait de me dire, il avait du tremper dans des affaires peu nettes et, maintenant, cela aurait sans doute des répercussions irréversibles sur notre couple. Si nous étions encore un couple. Qu’est-ce qui me dirait qu’il ne repartirait pas au loin dès que j’aurais le dos tournée, ou voir une autre femme? Peut-être avait-il même une famille et que j’avais aujourd’hui joué le simple rôle d’une amante un peu naïve qui croyait son Roméo acquis. J’étais une femme plus sombre, changée. Et je ne voulais plus retomber dans le panneau, aussi somptueux et invitant soit-il.