Je me tenais aux côtés de la boîte aux lettres, attendant patiemment le lever du soleil et le passage du facteur. Je faisais la moue, regardant les oiseaux virevolter un peu plus loin. Je poussai un profond soupir. C’est qu’il aimait se faire désirer lui. J’appuyai mon menton dans ma main, fermant les yeux. Je n’eu malheureusement toutefois pas la chance de m’endormir alors qu’un tumulte matinal inhabituel vint me déranger. Puis, des bruits de course qui se faisaient de plus en plus rapprochés avant de s’arrêter juste devant moi. J’entendis un individu respirer avec difficulté. Il avait beaucoup couru lui. Encore à bout de souffle, il réussi toutefois à articuler.

« C’est ici….les…Yamana….na…..naka? »

J’ouvris paresseusement les paupières, le détaillant. Il était en habit de combat et on semblait l’avoir tiré du lit de toute urgence vu comment son bandeau était attaché de travers. J’acquiesçai, curieuse d’apprendre ce qui se passait pour qu’un ninja dans cet état se présente si tôt dans la petite partie de la ville qui nous était réservée. Nous n’étions pas si nombreux, mais nous aimions bien être en famille. Quoi de plus normal?

« Nous avons besoin…d’un Yamanaka….n’importe lequel. Vous pouvez venir? »

J’allais manquer le facteur, mais ça avait l’air d’être de la plus haute importance. Pour une fois, mes intérêts passeraient en second. C’était le village en premier après tout. Je l’accompagnai donc, courant sur les toits vers la haute muraille protégeant le village des attaques extérieures. Un bon nombre de shinobis regardaient vers la forêt, inquiets. Une menace approchait. Mais en quoi la participation d’un membre du clan Yamanaka était elle…Au loin, je vis des volutes de fumée qui montaient dans le ciel. La forêt brûlait. Et le feu se rapprochait à une vitesse fulgurante. J’écoutai à peine le chuunin m’informer de ma mission en tant que Yamanaka. Les deux seules choses que je retins furent que je devais rediriger cette chose, et la seconde était l’endroit où je devais l’envoyer. Je ne me retournai même pas vers lui pour lui donner mes instructions.

« Vous avez intérêt à prendre soin de mon corps pendant que je détourne ce truc! »

Et je m’élançai dans la forêt, accompagnée de plusieurs autres Shinobis. L’information était transmise, le plan était clair, le village serait protégé. Nous n’eûmes pas beaucoup de chemin à faire pour voir l’immense serpent de feu. J’avalai ma salive. Il allait si vite. J’allais devoir lui foncer dessus littéralement pour que la possession atteigne ma cible. Je n’aimais pas me mettre en danger ainsi, mais c’était pour le village. Je jetai un œil aux ninjas m’accompagnants, ils m’informèrent avec un signe de tête qu’ils étaient prêts et que je pouvais leur faire confiance. Je retournai mon regard vers le serpent et commençai à courir vers lui.

Une fois à quelques mètres, je sautai pour arriver à sa hauteur. Il ouvrit son immense gueule fétide pour m’avaler et j’effectuai le mudra, espérant que le timing serait le bon. Et je me retrouvai aux commandes de cette créatures qui n’aurait jamais du exister. Je du changer de trajectoire sans attendre pour ne pas détruire mon propre corps et celui du serpent frappa de plein fouets des arbres en se jetant sur le côté. L’incendie se propagea. Vite, je devais me relever et foncer dans la direction indiquée, il n’y avait pas une seule seconde à perdre.

L’esprit du serpent était féroce et je pouvais le sentir se débattre et me brûler de l’intérieur. Sans doute que mon corps en porterais des séquelles à mon retour. Mais pas question d’abandonner. Le village de la feuille était de plus en plus loin derrière moi et ma cible se rapprochait. Je pouvais la distinguer au loin en suivant les restes calcinés du premier passage du serpent. Il ne fut donc pas très difficile de me diriger droit sur le laboratoire. Je pouvais le distinguer, un bâtiment blanc qui reposait entre les arbres. Une vingtaine de mètres, une quinzaine, une dizaine. Libération! J’avais peut-être lâché un peu tôt, mais je ne voulais pas non plus risquer trop. Le village était sain et sauf et c’était l’important. Mon esprit retomba dans mon corps d’un coup, lourdement. Ce serpent était quelque chose à contrôler et j’étais épuisée. Le chuunin m’aida à me relever, me félicitant. Il m’avait éloignée et mon corps était maintenant à l’intérieur des remparts de Konoha alors que de l’autre côté, des shinobis combattaient l’incendie. Certains me remercièrent, mais le tumulte était assez important pour que je puisse m’éclipser et me diriger vers chez moi. Je regardai la boite aux lettres. Rien sinon une annonce pour Ichiraku, le magasin de ramens le plus connu de Konoha. J’avais manqué le facteur, quelle déception.