Nous nous étions réunis dans le temple en cette magnifique journée. Je portais une jolie petite robe crème, sertie d’un ruban bleu à la taille. Ma longue chevelure était bouclée et elle tombait librement sur mes épaules, ce qui était assez rare. J’étais restée avec la future femme de notre sensei étant donné que je serais celle qui devrait tenir son voile et demeurer à ses côtés durant la cérémonie, étant sa demoiselle d’honneur. Tout se passa pour le mieux et nous remontâmes l’allée, Sensei à l’avant flanqué de Souji et de Kaito, mes coéquipiers. Son visage était éclairé par un grand sourire de fierté et ses yeux étaient monopolisés par sa fiancée qui venait prononcer les vœux avec lui. Je remarquai le regard que Souji me porta et, une fois de plus, je rougis, reportant mon attention sur notre avancée pour que tout se déroule pour le mieux.

La cérémonie ne fut pas très longue et, avant même que nous n’ayons vu le temps passer, nous nous réunissions dans la salle de réception pour le repas. Nous étions à la table d’honneur, assis tout près de sensei. Il y avait également les parents des mariés et la sœur de la mariée. Nous nous servîmes du saké, cognâmes sur nos verres pour que le couple s’embrasse et mangeâmes tout en discutant bruyamment. Nous passâmes ensuite à la piste de danse, nous amusant comme de vrais gamins à virevolter et à tenter de suivre les paroles de chansons que nous ne connaissions pas.

Après deux heures environ de ce petit manège, je m’excusai auprès de mes camarades, désirant aller prendre un peu d’air. Le vent commençait à être frais et ma longue chevelure se souleva légèrement, glissant contre mes épaules nues. Je m’accoudai à la rambarde et soupirai de joie. Fermant les yeux pour savourer le moment. C’est alors qu’un bruit vint me tirer de ma rêverie, me poussant à me retourner pour voir nul autre que Souji qui avait décidé de me suivre. Il me regardait avec son sourire d’ahuri, les cheveux décoiffés et la chemise hors de son pantalon.

- Je t’ai pas fait peur au moins, Meg-chan?

- Il en faut plus que ça pour m’effrayer, Souji-kun.

Je lui décochai un sourire et me rapprochai de lui. Puis, délicatement, mes mains agiles entreprirent de replacer correctement le col de sa chemise. Il était plus grand que moi, si bien que je devais lever la tête pour voir ses yeux et ce, même en portant des souliers à talon. Je ne remarquai donc pas son regard avant que l’une de ses mains vienne saisir mon poignet. Je m’arrêtai, surprise, avant de lever mon regard vers lui. Son regard verdoyant était bien plus profond qu’à l‘habitude et son sourire avait disparu. Mon cœur se serra et je sentis mes joues se teinter de rouge immédiatement. Je voulu entrouvrir les lèvres pour parler, mais aucun son ne sorti, bien évidemment. Je vis du coin de l’œil son autre main qui se levait, effleurant du bout des doigts mon autre poignet pour ensuite remonter le long de mon bras et atteindre mon épaule. Sa main dégringola ensuite le long de mon flanc, s’arrêtant à la hauteur de ma taille, tremblante, n’osant pas entrer en contact avec le tissu crème de ma robe. Son regard était encore plus intense, si c’était possible, et il attendit un signe de ma part, ne désirant sans doute pas me forcer la main. Je m’avançai vers lui d’un pas, nous rapprochant ainsi l’un de l’autre. Souji prit cela comme une autorisation et je sentis sa main se poser délicatement sur mes hanches et m’attirer vers lui. La main qu’il m’avait immobilisée se libéra d’elle-même, sans heurt, et alla se déposer timidement sur la joue de celui que je me surprenais à chercher constamment du regard. Sa main libre alla rejoindre mon autre hanche et il ne fallu pas longtemps avant que ses bras me serrent contre lui alors que je me hissais sous le bout des pieds. Je pouvais sentir son souffle se mélanger avec le mien et mon cœur battait si vite…

Finalement, nous passâmes à l’acte et nos lèvres s’unirent en un baiser court et chaste. Puis, nous rouvrîmes les yeux et je reculai, détournant les yeux, mon visage maintenant inondé de rouge. Souji recula également, soudainement embarrassé. Il se gratta la tête et posa son autre main sur sa hanche, me souriant bêtement avec un air presque désolé.

- Je m’excuse. Je ne voulais pas te…Enfin, pas te rendre mal à l’aise. Pause, suivit d’une courte hésitation. Mais bon sang, tu es tellement belle ce soir Megumi. J’ai pas pu résister cette fois.

Lorsqu’il prononça mon prénom, mon cœur se mit à battre si rapidement que je croyais bien qu’il allait imploser. C’était devenu normal qu’il m’appelle Meg-chan, je ne m’en formalisais plus. Mais Megumi. C’était…différent. Et puis, les autres paroles qu’il avait prononcées étaient tout aussi marquantes! Je balbutiai, gênée. Qu’est-on supposé faire dans ce genre de situation? Ça ne m’était jamais arrivé auparavant et, même dans mes rêves les plus fous, j’avais toujours douté de la possibilité que tout cela devienne réel. Mais ce l’était maintenant et je ne pouvais pas le nier, ou en tout cas je ne voulais pas.

- Ça va.

Il me regarda, arquant un sourcil, comme attendant la suite.

- Ça va? Megumi…je viens de t’embrasser là, tu es sure que ça va? Je ne voulais pas te bousculer, je suis vrai…

Honnêtement, je me fichais de la suite. Je me jetai donc dans ses bras, le serrant contre moi, fermant les yeux et baissant la tête pour ne pas croiser son regard. J’étais beaucoup trop gênée. Il sembla hésiter un instant et ses bras m’étreignirent de nouveau. Je sentis ensuite ses lèvres se déposer contre ma chevelure, embrassant le haut de ma tête. Puis, il appuya tout simplement sa joue sur ma tête et nous restâmes ainsi un long moment, serré l’un contre l’autre. Le premier pas était fait et il n’était plus question de reculer. Je n’avais jamais été aussi heureuse qu’en cet instant précis et je ne serais pas étonnée de ne jamais revivre un moment aussi parfait.