Je venais tout juste d’arriver et d’intégrer le village de la feuille. Mon périple serait long, mais il fallait bien commencer quelque part. C’est donc ainsi que je me ramassai coincée tout en bas de l’échelle, condamnée à réaliser des missions pour prouver ma force. Ça je pouvais comprendre. C’était un processus long et fastidieux, mais nous avions notre version de ça dans la forêt. Nous nous battions entre nous pour jauger la force des autres et, selon le résultat, nous savions si c’était une bonne idée ou pas de compter un individu comme faisant partie des nôtres. Enfin, je voyais mal ce que cette mission avait à voir avec ma force, mais bon. Oh oui, je ne vous l’ai pas dit? Ma mission en ce jour était d’aller donner un coup de main dans un restaurant, un endroit où les gens pouvaient acheter des mets préparés pour eux au lieu de chasser. Je me demandais d’ailleurs si ce processus était fait dans le respect dans la nature, bien qu’au fond je savais que non. Les humains se fichaient pas mal de ce qui ne les touchait pas directement.

J’étais donc arrivée avec l’aube, prête pour une bonne journée de travail. Suite à l’attaque, il fallait reconstruire une bonne partie du centre-ville de Konoha et les travailleurs avaient besoin de se remplir la pense sur leurs heures de pause. C’était donc chez Ichiraku que ce flot d’hommes affamés se dirigeait à la course, ignorant ce qu’était la réelle famine. Je remontai mes manches et le patron m’obligea à attacher ma longue chevelure en un haut chignon pour éviter que mes cheveux ne se retrouvent dans les bols de soupe. Il me demanda de préparer des légumes, tâche donc je su à peu près m’acquitter, armée de mon couteau de cuisine. Je tranchai une bonne partie de l’avant midi à côté d’une autre jeune femme qui ne cessait de parler, me racontant comment un tel avait perdu sa maison et comment un autre avait même faillit perdre son fils dans l’incident. Elle me parla ensuite d’un homme qui aurait déserté le village après en avoir fait exploser une partie, sans compter la disparition mystérieuse du précédent Hokage. Décidément, il s’en passait des choses ici, et pas qu’un peu.

L’heure du diner arriva enfin et c’est là que je pu mettre à profit mes talents naturels. Il nous fallait constamment changer les chaudrons lourds et pleins d’eau, aller chercher plus de pâtes, aller porter de lourds plateaux pleins de bols aux tables sans se laisser happer par un travailleur pressé de faire un tout au petit coin. Tout devait tourner au quart de tour alors que les hommes s’impatientaient, tapant du pied et parlant énergiquement des raisons qui les poussaient à rester à Konoha quand même, malgré ces récents événements. Comparé aux animaux de la forêt, ces humains n’avaient pas un très bon instinct de survie. Quand la maison n’était plus sûre, il fallait en changer, pas se faire croire que tout irait mieux. C’est ce que nous avions fait quand les premiers hommes étaient venus s’installer ici et nous avions eu tort. Quoi qu’il en soit, j’arrivai à faire du bon boulot et, alors que les travailleurs retournèrent bosser, le patron me gratifia d’une amicale tape sur l’épaule. L’autre jeune femme vint nous rejoindre, tout sourire, attendant apparemment une déclaration du patron.

« Bon! On a un peu de temps pour manger on dirait, vos bols sont prêts! »

« Des…des bols de ramen? »

Ils se retournèrent vers moi, intrigués. J’haussai les épaules et détournai le regard, soudainement gênée.

« J’en ai jamais mangé… »

Tous deux se regardèrent avant d’éclater de rire à l’unisson. Malgré moi, je me mis à sourire également et me dis que ces gens là n’étaient peut-être pas comme les autres, qu’ils étaient sympathiques et qu’ils étaient simplement coincés dans ce système malgré eux, attendant d’être sauvés par quelqu’un comme moi.

« Ce n’est pas grave, tu vas voir, c’est excellent! »

Nous nous mîmes à table et discutâmes presque une heure, soit le temps qu’il fallu pour qu’un autre petit groupe de travailleurs vienne demander sa part du festin. Et, je dois bien l’admettre, ce n’était pas mauvais. Comment ils appellent ça déjà? Des ramons? Rémons? Rémens…Ramens! Oui voilà. C’était pas mauvais.