J’étais couchée dans mon lit. Je pourrais vous dire que j’étais belle et gracieuse, figée dans le temps et tout le tralala, mais c’eu été un mensonge. En fait, je faisais l’étoile, une jambe en dehors de mon lit, couchée en travers de ma petite couchette d’hôpital. J’étais pleine de bandages et je ronflais à un haut niveau d’intensité sonore. Bah quoi, je ne suis pas une princesse moi, je suis une Kyofu, tout simplement. Pas besoin de se compliquer la vie pour dormir. Simplement se reposer de façon confortable ça suffit amplement. Mais, malgré mon degré élevé de confort, il fallu qu’une infirmière vienne me réveiller pour assurer mon suivi médical. Je venais quand même de me faire transpercer par mon propre katana et ils ne rigolaient pas avec ça.

Je m’assis donc, docile, et saisit mes cheveux pour les écarter du chemin de l’infirmière. Elle défit prudemment mes bandages et appliqua de nouveau la paume mystique pour aider la progression de ma guérison. À ce rythme, il m’en faudrait encore pour deux bonnes journées avant de repartir pour Konoha, ce qui ma foi était impensable. Je soupirai alors qu’elle me faisait de nouveaux bandages avant de remettre mon kimono en place. Je la remerciai et lui demandai si je pouvais avoir des nouilles instantanées. J’étais devenue une vraie fan de ce plat depuis mon arrivée à Konoha. Elle grommela, mais fini par céder à ma demander et à revenir avec un immense bol de pattes. J’étais donc en train de manger voracement lorsqu’un chakra désormais familier fit irruption dans ma chambre, venant s’asseoir à côté de mon lit.

« Makgggrucah? »

Un grand *Sluurp* se fit entendre alors que j’avalai d’un coup des trombes de nouilles, terminant ma bouchée pour pouvoir parler librement. Mon regard marron était maintenant devenu plus calme, presque serein. Après un tel combat, je filais généralement plus doux pour quelques jours, comme libérée de ma rage intérieure de façon temporaire.

« Ouais, je vais bien. C’était un combat vraiment exceptionnel et la prochaine fois, je te promets de te mettre une bonne raclée! »

Je dis le tout sous le ton de la plaisanterie, heureuse de le voir en ces lieux.

« Mais dis moi, qu’est-ce qui t’amène ici? Tu veux déjà ta revanche? Ce serait gentil d’attendre que je sois remise de cette satanée blessure de katana avant! »

Il me répondit, un vague sourire sur les lèvres. Il me dit ne pas savoir et ajouta ne pas vouloir me tuer pour l’instant. Bien, car sinon c’est lui qui aurait toute une raclée! Il parla ensuite de ce qu’il avait ressenti dans notre combat et je me fis plus sérieuse, prenant même la peine de déposer mon bol de nouilles quelques instants. Il dit avoir ressenti le même besoin de tuer chez moi, sauf qu’à la différence, une part de lumière était encore présente en moi. Il poursuivit en se comparant à un insecte, fasciné par elle. Il continua en disant qu’il ne voulait pas pour autant la posséder, qu’il devait garder son cœur froid et dur tel la glace jusqu’à ce que sa vengeance soit accomplie. Il y avait des choses et des événements qu’il devait honorer et détruire. Il parla même de la destruction de son propre village et mon visage adopta un air grave. Puis, il marqua une pause et me regarda d’un regard presque doux. Comme si en me regardant, il ne me voyait pas moi. Il conclu ensuite en me demandant pourquoi je ne le haïssais pas. Je me tournai vers les infirmières, mon regard étant devenu sec. Elles protestèrent, mais acceptèrent de nous laisser seuls.

« Je ne te haïs pas, justement parce que tu as essayé de le faire. Tu m’as permis de repousser mes limites et de découvrir en moi une force plus grande que je ne le croyais. Tu m’as rendu plus forte. Tu m’aides à atteindre mes objectifs. Ce serait ridicule de t’haïr pour ça. »

Je repensai alors à tout ce qu’il avait dit avant. Prenant soigneusement la peine de peser le moindre de mes mots car je savais qu’il se rappellerait longtemps de mes paroles.

« Et si tu crois avoir trouvé de la lumière en moi, tu as tort. C’est de la passion, tout simplement. Mais je ne suis pas douce et lumineuse, je ne suis pas une charmante jeune femme, pas une princesse. Moi aussi, j’ai une vengeance à accomplir, moi aussi j’ai une tâche inavouable à accomplir. Mais ne viens surtout pas croire que je suis lumineuse. Je suis une bête, la bête. Ne te méprends pas sur mon compte. »

Sur ce, je détournai mon regard arrogant, faisant mine de l’ignorer. Je lui tournai même le dos, me disant qu’il partirait sans doute après cela. Ou du moins, dans l’instant, je l’aurais presque souhaité. Nous nous étions battus de toutes nos forces et cela nous avait liés d’une façon unique. S’il y avait vu de la lumière en moi lorsque nous nous étions battus, alors il y en avait. C’était obligé. Mais elle devait disparaitre. Le jour où l’Apocalypse me demanderait d’accomplir mon destin, pas une seule once de lumière, encore moins d’espoir, ne devait survivre dans mon cœur bouillonnant de rage.

Il m’appela par mon prénom. Il qualifia notre passe d’armes d’intéressante et me dis que deux possibilités s’offraient à nous. Soit nous serions des ennemis, soit nous serions des alliés. Il me dit également que le choix me reviendrait à notre prochaine rencontre tout en allant chercher ses effets. Je me tournai vers lui, comme soudainement incertaine de vouloir le laisser partir. Notre combat avait été si exceptionnel. Je lui souris, un sourire serein et doux malgré mon caractère habituellement explosif.

« Si la décision n’appartient qu’à moi, alors le choix ne sera pas difficile, Makmak. »

Il continua ensuite en me disant que l’on devrait me trouver quelque chose de mieux que ces katanas pour me battre un jour. La formulation de sa phrase me fit sourire. « On ». Ouais, il le faudrait si je ne voulais pas les casser à l’ouvrage. Nos regards se croisèrent de nouveau et je remarquai que ses pupilles avaient changées. Elles étaient rouges, aussi écarlates que ma chevelure. Pourquoi est-ce que tous les hommes que je rencontrais se devaient tous d’avoir des regards les plus uniques les uns que les autres?

« Oui, à bientôt, Uchiha Makkura. »

J’avais envie de discuter encore un peu avec lui, mais je ne trouvais pas les mots pour le retenir et prolonger la conversation, malheureusement. J’entrouvris mes lèvres pulpeuses pour les refermer presque aussitôt. Mon regard marron devait avoir l’air un peu triste, ce qui était le cas. Je venais à peine de rencontrer un individu si fort que je venais de vivre le combat le plus excitant de toute ma vie. Et déjà, je devais le regarder partir…

Il se retourna, furieux, la main sur son pendentif. À bien y repenser, tout au long du combat il avait accordé une importance toute particulière à ce collier. Il n’avait cessé de le porter à ses lèvres et à son nez comme pour s’en imprégner. Il y avait quelque chose d’assurément malsain derrière tout ça. Puis, il ragea, me demandant qui j’étais pour oser l’affubler d’un sobriquet alors que nous ne nous connaissions qu’à peine, que nous venions de nous battre. Je lui souris de nouveau. Il ne comprenait décidément rien à rien, mais c’était un humain alors bon, on ne doit jamais attendre trop d’eux.

« Oui, je t’ai combattu. Nous avons combattu jusqu’à nous écrouler tout deux, y donnant chacun le maximum de notre être. J’ai vu toute la noirceur que tu portes en toi, toute la folie qui t’habite. J’y ai vu une destinée semblable à la mienne. Si je ne te connais pas, alors personne au monde ne te connaîtra jamais, Mak-mak. »

J’avais fait exprès. J’aimais provoquer un peu les gens, surtout lui j’avais bien l’impression. Après le combat qu’il venait de m’offrir, je me languissais presque déjà de notre prochaine passe d’arme. Ses yeux écarlates me fusillaient et cela me donnait une envie plus forte encore de rire. Un sourire de défi et de moquerie, un sourire de gamine. Il sembla toutefois se calmer, me posant une question qui me désarçonna quelque peu. Je lui répondis sans réfléchir.

« De la nature, de la forêt. »

Puis, je me dis que s’il avait le droit de me poser une question du genre, alors pourquoi n’aurais-je pas ce droit?

« Et le clan Uchiha, ils viennent de Konoha, non? Pourquoi es-tu ici à Kiri? Et puis…(pause) As-tu déjà entendu parlé d’un certain Itachi? »

Il me répondit être un orphelin qui avait été abandonné. Des moines du temple de l’eau l’auraient éduqué, notamment un dont j’oubliai presque immédiatement le nom. Il conclut ensuite en me disant qu’il ne connaissait aucun Itachi. En même temps, il fallait s’y attendre s’il n’était qu’un orphelin. Bon, ce n’était pas plus grave que ça. Mon destin croiserait celui d’Itachi-san lorsque le destin le voudrait bien. Pas la peine de m’acharner là-dessus. Il enchaîna finalement avec une autre question, question qui semblait assez importante. La franchise était pour moi la meilleure option, je lui répondis donc dans cette optique.

« Je ne me soucie pas beaucoup de Konoha, mais j’aime la forêt du pays du feu, c’est là que j’ai vécu toute ma vie. Alors je veux la protéger comme je le peux, même si cela signifie que je dois m’allier avec des humains. La nature mérite que je souffre un peu pour elle après tout. »

Je me fis songeuse. Oui, la forêt le méritait. Mais est-ce que de vivre à Konoha était la meilleure façon de la protéger? J’eu une nouvelle pensée pour Itachi-san qui désirait protéger son fils. Je compris soudainement ses façons d’agir. Je lui avais demandé s’il ne valait pas mieux, pour le protéger, de rester à ses côtés. Mais, aujourd’hui, je prenais le même chemin qu’Itachi. M’éloignant de ceux que j’aimais pour les protéger. Et encore une fois, était-ce la meilleure solution?

« Et toi, qu’est-ce que représente Kiri pour toi? N’est-ce pas affreux de grandir en compagnie…d’eux? »

Au final, il n’avait pas du tout répondu à ma question, presque comme s’il ne l’avait pas entendu. Tout ce qui importait pour lui, c’était qu’ils allaient mourir. Mon regard s’alluma et je me redressai en le regardant, soudainement curieuse d’en entendre plus. Il y existait donc des gens autres que nous, les Kyofus, qui désiraient détruire les villages? Il y existerait donc des gens auxquels je pourrais m’attacher sans jamais être déchirée entre mon affection pour eux et le devoir de mon clan? De tels individus existaient? J’allais lui demander plus de précision, curieuse d’en apprendre plus sur ses projets, mais il enchaîna sur autre chose, me laissant sur ma faim. Son visage se durcit et il sortit un kunai. Devais-je me préparer à être attaquée suite à sa petite déclaration? Mais non, à la place, il s’entailla la main avant de la brandir vers moi, bien sanglante. Mes pupilles se dilatèrent et j’humai l’air. Mon regard marron c’était fait plus vif, fixant la petite perle de sang qui se formait. Mes muscles s’étaient tendus malgré moi et j’aurais presque été prête à bondir. Mes instincts de Kyofu prenaient le dessus dès que je repérais le sang. Lorsque je pris conscience de mon changement d’attitude, je fus soudainement gênée et je détournai le regard, me fâchant.

« Mais oh! Tu t’attends à quoi? Tu crois que je vais enfiler une belle petite robe blanche et jouer à l’infirmière. T’avais qu’à pas te coupé la main pauv’ con… »

Et pourquoi avait-il tenu à me montrer ça? Il voulait calculer mon degré de bestialité? Ça lui donnait quoi hein?! Appars m’énerver car mes réactions bestiales s’enclenchaient malgré moi, je ne comprenais pas tellement le but de l’opération. Je décidai de passer outre ce petit passage et de le questionner de nouveau sur son plan de destruction.

« Et puis…Tu ne vises que Kiri? Ou il y a d’autres endroits sur ta liste? »

Il me répondit à brûle pour point, sans attendre. Sans réfléchir à la réponse qu’il allait me donner. J’avais bien fait de chasser les infirmières. Son regard devint haineux et il ragea, déballant qu’il désirait tout détruire. Les villages, tous. Il me partagea sa rage pour le monde qui les avait maltraités toute leur vie, lui et les autres porteurs de démons. Le même phénomène que durant l’examen se produisit et la tension dans l’air se modifia. Une queue de chakra fit son apparition et son regard devint dangereux. Mon sourire s’étira et je sentis une chaleur se répandre dans mon abdomen. De l’excitation. Je me levai, lentement, dans une démarche féline et digne, pour aller me planter droit devant lui. Mon regard était puissant et profond, mais nullement effrayé. Je savais qu’il ne pouvait pas me tuer. Nous l’avions testé dans l’arène, nous étions battus jusqu’au bout de nos forces et le match s’était terminé en égalité. Et, pour ça, j’étais incapable de le craindre, démon ou pas. Je lui répondis d’une voix au ton égal et contrôlé. Il me donnait envie de me battre avec lui, là, maintenant, jusqu’à ce que nous soyons maculés de sang et que plus rien au monde n’importe. Mais je devais me contrôler.

« Es-tu un homme, ou un Kyofu? »

Sur ce, j’approchai ma main de la joue de Makkura, frôlant le chakra démoniaque qui y évoluait, y brûlant légèrement ma peau. Je retirai ma main par réflexe, mais mon sourire était devenu fasciné, mon regard témoignait sans doute de mon envie d’y toucher de nouveau, de ressentir la douleur de nouveau. J’étais comme ça. J’aimais défier des choses plus fortes que moi pour ensuite gagner. Le combat avait cette importance là pour moi. Je devais toujours devenir plus forte et, ainsi, le jour où l’apocalypse reviendrait sur la terre, je serais suffisamment forte pour le suivre et l’épauler dans sa tâche difficile, mais oh combien sacrée.

« C’est au sein du clan Kyofu que naîtra l’Apocalypse. C’est notre destin. Détruire les humains et purifier cette terre, protéger la nature elle-même. Si je suis à Konoha, c’est seulement pour devenir plus forte, et ça a marché jusqu’à présent. Mais je sens que, bientôt, ils ne pourront plus rien pour moi. »

Il me répondit de façon évasive, mais poétique. Il n’était ni l’un ni l’autre, mais bien un monstre. Je lui répondis au moment où ma main fut blessée par son aura de chakra, un air toujours aussi curieux sur le visage.

« Non, pas un monstre…Une créature divine qui aurait du voir le jour dans notre clan, pas dans l’un des misérables clans des hommes. Ce sont eux les monstres, eux qui sont si cruels et mesquins. (Pause) Dire que je ne croyais jamais pouvoir trouver un autre être qui partagerait mes convictions…pas hors du clan en tout cas... »

Puis, il me dit que lorsque Konoha ne me suffirait plus dans ma recherche de la puissance, je n’aurais qu’à venir à lui et, ensemble, nous pourrions détruire le monde. Sa main vint frôler ma longue chevelure écarlate qui, à cause de son chakra, se mit à danser comme une flamme vive dans l’air oppressé de chakra démoniaque. Je le sentis jusque dans mon être lorsque la seconde queue démoniaque apparu, se glissant aux côtés de la première. Un frisson me parcouru, un frisson très semblable à celui que j’avais ressenti lors de ce combat mémorable. Sans que j’y fisse attention, mon sourire s’allongea et devint carnassier. Mon regard était devenu brulant et je ne pouvais m’empêcher de regarder le chakra fluctuer à sa nuque, le long de sa jugulaire. J’avais envie de le mordre, de me brûler contre cette force pure et de la lui arracher. Puis, je reportai mon attention sur lui, plongeant mes yeux dans les siens, me rapprochant encore un peu pour m’adresser à lui d’une voix tranchante, trahissant les pulsions qui me tenaillaient.

« Et où te trouverai-je ce jour là, Makmak? »

Le simple fait de l’avoir appelé ainsi me fit sourire de plus belle, un sourire de défi bestial et légèrement disjoncté. Le défier ainsi, le tirailler juste un peu plus afin de le pousser à l’énervement, afin de voir jusqu’où il pouvait bien aller. Et, poussant l’audace un peu plus loin, je redéposai ma main contre sa joue, l’y laissant là cette fois. Le chakra démoniaque me brûla la main et je souffris légèrement, mais cela ne fit qu’accentuer mon sourire et la démence dans mes yeux. Jusqu’où irions-nous comme ça avant que nous ne craquions? Que ce passerait-il si nous franchissions la limite?

Il me dit que ce jour là, il me trouverait. Confiant, cet Uchiha. Puis, je me permis de déposer ma main contre sa joue et je vis la rage dans ses yeux. Une rage qui me fit sourire de plus belle alors qu’il m’agrippa par la gorge et me propulsa contre le mur. Je me mis à rire, à rire aux éclats comme une folle alors que sa prise se resserrait et que ma peau se brûlait. Je sentais ma plaie au ventre qui s’était ré-ouverte et le sang avait recommencé à couler contre moi, faisant briller mes yeux d’une lueur folle, une fois de plus. Et il serra plus fort, me coupant le souffle et m’empêchant de continuer à rire. Mon regard tomba sur lui, un regard qui était toujours aussi amusé, mais également fasciné, une fois de plus. Puis, je fermai les yeux, me laissant envahir par toute cette puissance, laissant mon corps frémir et mes lèvres s’entrouvrir pour tenter d’humer l’air. C’est le moment qu’il choisi pour me libérer de son étreinte et que je retombai au sol, un sourire un peu moins arrogant sur le visage.

Je levai mon regard vers lui, un regard joueur qui désirait le provoquer de nouveau. Sauf que cette fois, je ne me laisserais pas faire et que cette fois, ce pourrais peut-être bien être moi qui le prendrait à la gorge. Mais non, il se contenta de m’adresser la parole, me tournant le dos alors que je me relevai en m’appuyant contre le mur, respirant autant que je le pouvais. Il me dit de ne jamais refaire ça, que je n’étais rien pour lui sinon une collaboratrice potentielle. À ces mots, je ris de nouveau, mais un rire plus contrôlé, me moquant simplement de ses paroles plus que je ne voulais le provoquer.

« Tu as touché mes cheveux le premier. Ce qui te fâche, ce n’est pas que je l’aie fait, c’est que tu sais très bien que tu voulais que je le fasse. Et la prochaine fois, souviens toi que je suis ton égale, je ne m’inclinerai pas devant toi, Makmak. C’est sans doute justement pour ça que tu me veux avec toi. Parce que je n’ai pas peur et que tu le sais très bien.»