Il n’y avait pas si longtemps que je venais d’emménager au village caché de la feuille avec Yukio. C’était pour nous le début d’une nouvelle vie et j’avais même eu la chance de retrouver ma petite sœur bien aimée. Nous avions trouvé un bel endroit où habiter et les recherches avait été longues. Mon aimé ne voulait pas n’importe quel logis, il voulait que tout soit parfait pour nous deux. Je ne dirai jamais assez à quel point je suis heureuse de l’avoir à mes côtés, il est ma source de joie, mon phare lorsque les jours sont plus sombres. Mais, aujourd’hui, c’est moi qui devrait commencer à briller pour guider les autres, et ce ne serait pas une mince affaire. L’Hokage précédente était en effet partie à la recherche de sa sœur, quelque part dans les contrées du pays de la Foudre. Les jours avaient passés et au final, plus personne n’avait de nouvelles d’elle. Akemi Aburame avait tout simplement disparu de la surface de la terre. Certains disaient qu’elle était morte, d’autres qu’après toutes ces attaques et ces désertions, elle avait décidé de quitter le pays. Pour moi, les deux hypothèses étaient ridicules. De ce que j’avais entendu dire, cette femme était forte et puissante et n’aurait jamais abandonné un être cher. Pour moi, elle était encore quelque part, à chercher sa sœur quitte à risquer sa vie, parce que c’est le genre de choses que l’on fait pour sa famille. Toutefois, je ne m’explique toujours pas tout à fait ce qui s’est passé ensuite. Pourquoi est-on venu me voir moi? Une nouvelle arrivante au village? Était-ce à cause de la réputation d’Oerba, notre ancien village? De mon appartenance à la branche des Len? De mes habilités particulières au Shôton? De mon visage sympathique et de mon attitude franche et sincère? Tant de questions qui demeureraient sans réponses au final.

J’étais allée voir ma petite sœur pour lui en parler, elle qui faisait une bien meilleure diplomate que moi. Son regard s’était tout de suite éclairé et elle m’avait serrée dans ses bras, pleurant de joie. Ce fut un moment assez particulier que je chérirais sans doute encore longtemps comme étant l’un des plus grands tournants de ma vie. Je lui exprimai mes doutes, mes peurs et mes craintes et elle me sourit. Selon ma sœur, c’était une occasion fabuleuse et elle était convaincue que j’y arriverais. Après tout, j’étais une Len. J’étais née pour devenir une figure politique, ou à tout le moins diplomatique. Que ce soit ici ou à Oerba, elle me dit avoir toujours su qu’un jour, j’occuperais un poste comme celui-ci. Également, Utako ajouta qu’elle serait toujours là pour moi et que je pouvais lui demander de l’aide en tout temps, ce qui me réjoui et me rassura. Et puis, il n’y avait pas qu’elle qui serait là pour moi, il y avait aussi Yukio. J’aurais sans doute du lui en parler, mais je n’avais pas osé. J’avais un peu peur de sa réaction à dire vrai. C’était lui le Dia, lui qui serait sans doute toujours le plus fort des deux, celui qui avait fait serment de me protéger. Et pourtant, ce serait moi qui porterais le chapeau et qui serait son supérieur hiérarchique. Assez dépaysant tout cela, sans compter que les conséquences que ça aurait sur notre nouvelle vie étaient non-négligeables.

J’étais donc partie dormir chez ma sœur pour la nuit, incapable de passer une seconde de plus en la présence de mon aimé sans lui parler de cette grande nouvelle qui bouleverserait nos vies. J’avais tenté de dormir un peu, mais sans succès. Je passai plutôt la majeure partie de la nuit assise à la table de la cuisine, griffonnant des notes pour mon discours du lendemain. Je pensai beaucoup à l’ancienne Hokage, à la prestance dont elle aurait fait preuve lors de sa première sortie. Je ne remplacerais pas n’importe qui et j’en étais consciente, le défi serait de taille. Étais-je vraiment à la hauteur? Et puis, je souris en me demandant si Akemi n’avait pas pensé la même chose en préparant son propre discours. Avait-elle été aussi effrayée que moi? Avait-elle douté autant que moi? Dans tous les cas, mon discours n’avançait plus et la fatigue prenait de plus en plus de place. Au final, je m’endormis sur ma feuille, incapable de tenir plus longtemps.

Le lendemain, ma sœur me réveilla de bonne heure. J’avais encore beaucoup à faire avant de pouvoir me présenter à tout le village, comme prendre une bonne douche par exemple. Une fois bien propre, je sortis de la salle de bain pour trouver quelque chose de totalement inattendu sur la table de la cuisine. Ma sœur m’invita à m’avancer, le sourire aux lèvres. Il s’agissait d’une grande boite blanche avec mon nom écrit dessus. N’aimait pas le suspense, je l’ouvris pour y découvrir un chapeau rouge et une tunique blanche. Les vêtements officiels de l’Hokage. Je déglutis difficilement devant la concrétisation de ma nomination. Oui, je savais ce que j’avais accepté. Mais au début je n’y croyais pas. En même temps c’était tellement facile de ne pas y croire. Mais l’évidence était là et dans moins d’une heure, tout Konoha connaitrait l’identité de la nouvelle Hokage.