La fin de la journée était arrivée bien vite et l'ex poissonnière profita avant de rentrer, de passer à nouveau sur la place centrale ou elle aperçu les boutiques qu'elle avait repéré dans l'après-midi. Elle y acheta deux trois affaires pour l'entraînement, sa robe étant à présent inutilisable. Quel gâchis, il la lui avait déchiré sans aucun scrupule. C'était de l'argent jeter par les fenêtre inutilement, mais sûrement que lui s'en fichait vu son poste élevé. La jeune femme n'avait à présent vraiment plus d'argent du tout, ayant gaspié ce qu'il lui restait en réserve. Elle allait devoir travailler dur dans les mois à venir pour pouvoir payer son loyer et acheter ses affaires de ninja.
Sans se précipiter elle rentra chez elle sereine. S'en était enfin fini pour aujourd'hui et elle n'en était pas mécontente, commençant à ressentir les courbatures parcourir tous les muscles de ses bras.

Une fois dans son nouveau foyer, Aëla salua rapidement ses colocataires et monta à l'étage. Elle y retira sa robe et ses sous-vêtements, filant dans la douche à toute vitesse, espérant que le Mizukage n'arriverait pas avant qu'elle ait fini.
L'eau chaude détendit quelque peu ses muscles endolories et elle en profita pendant de longues minutes, restant sous le pommeau de douche sans bouger, réfléchissant à son passé et à son futur à venir. L'image de ses parents et de ses frères apparurent dans son esprit. Malgré elle, la jeune femme se surpris à ne pas regretter sa vie d'avant et remerciait son mentor de l'avoir pris sous son aile. Que serait-elle devenue s'il ne l'avait pas fait ? Aurait-elle abandonné son rêve ? Probablement.

Elle sortit de la douche, attrapant une serviette lilas pendue à une barre collée au mur puis l'enroula autour de son corps. A peine eut-elle le temps de faire cela que quelqu'un toqua à la porte. Il était là. Aëla essaya de se regarder dans le miroir mais celui-ci était rempli de buée, et elle abandonna vite l'idée.

Descendant à vive allure les escaliers, elle ouvrit timidement la porte cachant son corps derrière celle-ci. Sa colère s'était apaisée et la jeune femme semblait à nouveau frêle et timide.

- B-bonsoir sensei.

Il lui tendit un paquet ce qui l'étonna fortement.

- Pour moi ?

Elle le pris entre ses mains et se surpris à penser qu'il n'était au final peut-être pas aussi bête que ça.Elle allait refermer la porte quand elle se rendit compte qu'elle avait oublié de le faire rentrer à l'intérieur.

- Oh... je vous en prie, entrez. Je vais me changer et je reviens.

Elle se retourna pour monter les escaliers puis se tourna à nouveau dans sa direction.

- Merci...

La petite brune ne tarda pas à disparaître.



Une fois en haut, elle se dépêcha de déballer le paquet et pris entre ses mains une belle robe turquoise munie d'un noeud aux motifs argentés. Les escarpins se trouvant en dessous de la boite étaient quand à eux gris, assortit ainsi à la robe. Elle s'imaginait mal Daisuke dans une boutique entrain de choisir une robe et des chaussures. Il avait sûrement du demander à quelqu'un de le faire à sa place mais peu importait.

Quelques minutes plus tard elle descendit les escaliers avec grâce, ses cheveux joliment bouclés tombant sur sa poitrine. Elle baissa les yeux en rougissant fixant le sol.

Ils sortirent dans la rue côte à côte. Il avait totalement changé d'attitude envers elle ce qui la surpris et l'énerva un peu. Plus les heures passaient mieux elle cernait le chef de Kiri. Il était lunatique, tantôt méchant et prétentieux, tantôt gentil et amical. Que devait-elle faire ? S'adapter à ses sauts d'humeurs ? Il le faudrait bien si elle voulait tenir le coup et ne pas partir en courant, même si l'envie l'en prenait.

Les villageois et shinobis du village caché de la brume se retournaient sur le passage du Mizukage, ou en le voyant approché lui adressaient un signe respectueux de la tête. Aëla comprenait alors l'ampleur de la chose et le rôle qu'il jouait ici. Elle ignorait s'ils le respectaient par peur ou par admiration. A ses côtés elle ressentait une certaine puissance et plus la jeune femme avançait dans la rue, moins elle comprenait son comportement.
Elle était issu elle aussi d'un petit village de gens pauvres et ses parents ne l'avaient pas éduquée ainsi, mais ce changement lui faisait un bien fou.

Ils s'approchaient à grands pas vers le centre du village et Daisuke la guida vers un restaurant ou rien qu'à l'entrée on pouvait apercevoir à quel point l'endroit était luxueux et pas permis à n'importe qui. Aëla garda le silence et attendit que son maître gère la suite des événements.

L'homme posté à l'entrée leur indiqua une table à côté de la fenêtre, un endroit des mieux situés de tous les restaurants. Bien qu'elle n'y comprenne rien à tout cela, c'était évident. Ils eurent à peine le temps de s'asseoir qu'un serveur arriva à toute vitesse pour les servir semblant heureux mais stresser que le Mizukage soit dans la pièce.
Daisuke commanda pour eux deux et Aëla ne rechigna pas, elle fixa l'extérieur regardant les gens passer. Ils avaient l'air d'être heureux et de mener une vie simple et sans trop de problèmes.

Le serveur revint assez vite servant le saké dans les deux verres posés sur la table et repartit en s'inclinant. C'était quoi ça ? Elle l'ignorait. Cependant elle pris une gorgée de la boisson et reposa presque aussitôt son verre un rictus se dessina sur son visage.

- Bof... j'ai connu mieux. Et j'ai connu meilleur dirigeant.

Elle le provoquait c'était certain, mais il l'avait bien cherché.

Insupportable était le mot parfait pour décrire le dirigeant de Kiri. Non seulement il la traitait comme un vulgaire objet mais en plus il se permettait de l'ignorer ouvertement. La jeune femme soupira bruyamment voulant le faire comprendre son exaspération et roula des yeux l'air blasée. Elle était plus que certaine que cette robe avait été choisie par quelqu'un d'autre et presque aussi sûre que c'était l'oeuvre d'une femme pour avoir des goûts aussi délicats et accorder des chaussures au vêtement.

Etait-ce ça le prix à payer pour devenir un ninja ? Etre énervée et avoir envie de tuer ? Aëla avait toujours penser que les shinobis faisaient tout pour faire régner la paix, mais apparemment le Mizukage n'avait pas les même projets en tête que les autres chef de village. Elle ignora tout simplement sa remarque comme il avait fait pour la sienne quelques secondes plus tôt.

Aëla ne pu s'empêcher de rire. Un rire qui s'entendit dans presque tout le restaurant, effectivement elle avait un fou-rire dû à ses propos. Puis elle le fixa méchamment dans les yeux.

- Je n'ai pas besoin de vous pour quoi que ce soit, je ne suis et ne deviendrait jamais quelqu'un de méchant. Si j'ai décidé de devenir shinobi c'est pour aider les personnes innocentes et non pas pour les punir et les tuer inutilement. Et de ce que j'ai compris nous ne sommes pas du tout sur la même longueur d'ondes.

Quelle piètre menteuse. La jeune femme avait toujours ressentit le besoin de se venger de la vie que ses parents avaient choisi pour elle. Etre femme chez les pauvres signifiait se marier jeune, s'occuper de la maison, des enfants et rien d'autre. Ce n'était de loin pas la vie qu'elle avait voulu et maintenant qu'elle pouvait changer son avenir, elle n'hésiterait pas. Daisuke était dur avec elle certes, mais la kunoichi savait très bien que c'était pour son bien et pour devenir un bon soldat.

Il lui avait fait peur. Elle avait dépassé les limites du raisonnable et ne s'en était même pas rendu compte. Etait-elle devenue folle ? Qu'est-ce qui lui prenait de le défier ainsi ?
Complètement perdue et perturbée Aëla baissa les yeux fixant ses doigts sous la table, s'entremêlant entre eux encore une fois. Ca y est, elle était redevenu nerveuse et si elle l'avait pu, celle-ci se serrait enfuie à grandes enjambées et serait retournée dans sa maison là ou elle était sûr qu'il ne viendrait pas la chercher.
Quelques secondes passèrent, la jeune femme ne leva pas les yeux, honteuse, puis elle repris la parole timidement.

- Excusez-moi Daisuke senseï...

Il était clair qu'elle ne connaissait rien à l'économie et au fait de diriger un pays entier, et au fond d'elle, Aëla admirait profondément son mentor, et cela depuis qu'il avait été au pouvoir du village caché de la brume, car grâce à lui, ses parents ne vivaient plus dans la misère.

Il s'était calmé bien vite pour son plus grand bonheur. On allait éviter les conflits dès le premier soir ce serait l'idéal.

La carte qu'il lui tendit était juste incroyable à ses yeux, tellement de choix variés autant en boisson qu'en repas. C'était quoi ça une entrée ? Et un dessert ? Aëla loucha sur la carte du menu et lu tous les plats et leur composés. Une fois que le serveur soit apparu à nouveau, elle décida de prendre la même chose que son mentor ne savant pas vraiment quoi choisir, la jeune femme fit confiance aux goûts gustatifs du Mizukage en espérant qu'il n'avait pas le même que pour les boissons.
Quand le serveur repartit elle reprit enfin la parole.

- C-c'est quoi une entrée ? Et... un dessert ?

Elle savait qu'elle allait passer pour une idiote mais tant pis, au moins elle saurait à l'avenir quels étaient ces trucs.

Il était encore revenu sur ce sujet, ne s'en lasserait-il jamais ?

- Je ne me suis jamais sentie puissante mais complètement mal et terrorisée ! Je n'aimerais pas avoir à recommencer.

Aëla souhaitait tellement qu'il ne remette pas cela constamment sur le tapis, cette histoire la déstabilisait au plus haut point...

Qu'il était têtu. Horriblement têtu. Et en plus de ça il était bête. Mais que faisait un tel homme au pouvoir ? Le conseil qui l'avait élu devait avoir bu considérablement beaucoup d'alcool et ne savaient sûrement pas ce qu'ils faisaient.
La jeune femme commençait à être exaspérée de son discours, malgré que ce ne soit que le début.

Passant une main dans ses cheveux nerveusement, Aëla réfléchissait par ou commencer. Son nom de famille ne lui disait rien ? Pourtant la famille Nuzvaël était celle qui fournissait le mieux le village de Kiri.

- Non, je viens d'un village situé aux alentours de Kiri. Mes parents sont ceux qui vous fournissent le plus de poisson de toute la région Mizukage-sama.

Ce n'était probablement pas lui qui devait s'occuper de tout cela vu qu'il avait l'air de l'ignorer.

Mais qu'il était drôle ce Mizukage. Aëla le fixa complètement blasée par ses remarques désobligeantes. Puis quand elle regarda le plat, elle écarquilla les yeux, c'était drôlement bien présenté et n'osait pas y toucher. La jeune femme pris tout de même sa fourchette et planta dans le tartare de saumon qui se défit tout aussi vite. Elle porta le poisson à sa bouche et savoura le plat.

- Pour sûr que vous pouvez l'augmenter c'est le meilleur poisson de toute la région.

Puis elle continua de manger, pensant à ses parents qui eux étaient encore dans leur petite maison, mais à présent sans aucun enfant à leur charge. La kunoichi était ravie qu'ils puissent mieux s'en sortir ainsi, alors qu'elle était coincée ici avec un malade au pouvoir. Soudain une question lui passa par la tête.

- Mizukage-sama vous avez déjà eut une copine ? Ou une femme ? Parce que vu votre caractère c'est une question que je pouvais m'empêcher de vous posez.

Sa fourchette tomba sur le sol, elle avait ouvert grand la bouche choquée.

- Q-quoi ?!!

Puis reprenant ses esprit la jeune femme se leva et s'accroupit pour ramasser ce qu'elle avait tenu dans sa main quelques secondes auparavant. Il se foutait encore royalement de sa poire et elle comme une parfaite innocente ne le remarqua pas. Cependant elle commençait à tout juste le cerner. Aëla se demandait par ou le prendre, car à chaque fois il changeait d'humeur.

La kunoichi se releva passant sa main sur sa robe pour ne pas la froisser et se rassied gracieusement sur sa chaise.

- Ahm.

Puis elle baissa la tête fixant son assiette.

Oh non... il se dirigeait vers elle, qu'est-ce qu'il avait encore derrière la tête ? Quand il l'empoigna et qu'il l'obligea à tenir son propre couteau pointé sur le front du Mizukage, Aëla perdit pendant quelques instants tous ses moyens fermant ensuite les yeux et lâcha le couteau.

Furieuse elle se leva et poussa Daisuke, quittant leur table et se dirigeant vers la sortie. Elle ne resterait pas une minute de plus avec ce malade. Les larmes étaient montées dans ses yeux et ce n'en était pas de tristesse mais de rage. Oui il la mettait hors d'elle.

Une fois hors du restaurant la jeune femme enleva les escarpins et les balança derrière elle pour fermer ensuite ses poings et se diriger vers sa maison provisoire. Toute seule, Aëla murmurait des choses imperceptible et les gens qui la croisaient la regardaient avec de gros yeux.