Partir, toujours partir plus loin, c'était le plaisir d'être libre, d'être un oiseau, de voler dans un monde vaste et pure, de vivre à chaque seconde, de respirer le monde, de respirer la vie à plein poumons. C'est ça, vivre. À travers le désert, le Kiri-Jin continuait son avancé seul vers un nouveau monde, se disant que c'était un peu trop chaud dans le coin. Sa cigarette toujours en train de brûler, il n'avait plus à s'en faire le moins du monde. Il avait suivit ses propres conseils, et avait déserté son village, du moins, il le faisait en ce moment même. Déserté son village, c'était probablement la meilleure preuve de liberté qu'il puisse s'offrir à lui-même, enfin libre d'un monde de haine et de mort. Il y retournerait sous peu, mais sous une nouvelle bannière. Peut-être, enfin, se sentirait-il plus libre dans ce nouveau monde qui n'était pas le sien.

L'air devenait de plus en plus frais, et il arrivait enfin aux limites de la région ensablé. Il laissa tomber sa cigarette sur le sol et l'écrasa. Toussant un peu, il repartit, ses cheveux dans le vent, ses yeux clos, avançant vers l'inconnu. Il en profitait, et en profiterait pour encore longtemps. Omei n'avait plus rien à perdre, plus rien à donner à personne, et tant et aussi longtemps qu'il serait dans cet état de pensé, personne n'arriverait à le vaincre. Il se retourna une dernière fois vers l'horizon du village de Suna, et huma l'air une dernière fois. Son voyage commençait enfin.

Il tourna sa tête pour retourner vers son chemin, mais quelque chose attira son attention. De loin ,une personne arrivait, qui exactement? Aucune idée, si c'était de Suna, alors il se retrouverait dans un combat, et si c'était de Kiri, dans une explication. Il quittait tout de même le champ de bataille. Si c'était Konoha, il aurait peut-être plus d'indications, qui sait. Tout ce qui restait à savoir, c'était qui arrivait, et pourquoi cette personne arrivait. Attendant patiemment, les mains dans les poches, Omei regarderait la personne s'arrêter, ou continuer son chemin, et l'histoire s'écrirait de cette façon...

Kiri, grand village magnifique de par la proximité de l’eau et avide de faire régner sa bannière sanguinolente sur tout le monde ninja. En tant que kunoichi de Kiri depuis peu, je me devais également de participer à cette conquête folle ayant pour cible le pays du vent. De base, risquer ma vie pour un groupe d’inconnus, ce n’est pas mon fort. Mais en plus, ils pensaient que j’allais m’aventurer dans un environnement désertique avec ma seule gourde comme source d’eau? Et au nom de quoi je vous le demande, de la renommée d’un village qui m’avait laissé errer dans les rues à mon sort? Pas question d’aller m’évaporer au soleil dans un océan de sable. Plutôt être déshonorée.

Ainsi, lorsque la petite équipe dont je faisais partie arriva aux frontières du pays du sable à la hauteur du pays du feu, histoire de bien entourer le tout, je les laissai partir d’avance. Je prétextai de rester sur place afin de servir de relais d’informations avec les bases moins avancées de Kiri. Je devais donc les rejoindre plus tard avec de nouvelles directives pour guider notre avancée dans le pays du vent. Le seul fait de me trouver aussi près de la frontière était des plus désagréables et j’étais irritée. Je m’assis donc à l’ombre d’un arbre, en profitant pour me reposer et réfléchir un peu. Si seulement l’air avait pu être un tout petit peu plus humide. Pas de beaucoup, juste un tout petit peu bon sang!

C’est donc ainsi que je restai sous mon arbre, le plus au frais possible, espérant que l’on m’oublierait. Pour l’heure, tout se passait bien. Mais vous savez quoi? La vie est détestable, et elle fait tout pour l’être. Ainsi, une grande silhouette se dessina au loin, avançant vers moi. Je plissai les yeux pour mieux l’apercevoir. Il s’agissait d’un grand homme aux cheveux de feu. Ou peut-être étaient-ils vraiment en feu? Nan, aucune chance. Il ne marcherait pas aussi sereinement. Bon, selon toute logique, j’allais me faire passer un savon et me faire lancer contre ma volonté dans le désert pour aller donner un coup de main dans l’ambitieux projet de notre village. Je me levai donc, fourrant mes mains dans mes poches, et marchant vers l’individu les pieds trainants. J’espérais juste que ce présumé supérieur qui venait me punir pour mon indiscipline était de bonne humeur aujourd’hui. Lorsque je fus à une dizaine de mètres de lui, je levais mon regard flamboyant sur sa personne et pris la parole d’un ton las et faussement désolé.

« Je sais, j’arrive. Il faut pas m’en vouloir je déteste ce satané désert. »

Je frappai de mon pied un petit caillou, baissant le regard et attendant les réprimandes de celui qui me semblait être venu pour me rappeler à l’ordre. J’étais loin de me douter de ce que le destin venait de mettre sur ma route.

Cette fille...Elle en demandait beaucoup de la part d'une personne comme Omei. Omei n'était pas du genre à aimer les gens arrogants, de quelque façon qu'ils étaient, ils lui tapaient sur les nerfs. Il préférait rester au calme, tranquillement. Mais dans tous les cas, la personnalité de quelqu'un faisait de cette personne une personne différente, extraordinaire, c'est la raison pour laquelle Omei aimait les gens. De quelque façon que ce soit, il n'aimait pas tué. Le destin le forçait à le faire, mais jamais, ne tuerait-il quelqu'un pour le simple plaisir de le faire, même si c'était pour le acquérir le pouvoir nécessaire de libéré le monde. Le monde était si beau, si parfait, alors pourquoi ses habitants avaient-ils tant de haine... Omei ne le savait point, et il fut élevé par la haine, le transformant d'une certaine façon, en machine de mort, même si pourtant, il aurait simplement préféré vivre une vie paisible. D'un soupire, il ouvrit la bouche, laissant sortir quelques mots à son interlocutrice.

« Lorsqu'on parles du Jinchuriki de Rokubi, je ne crois pas qu'on puisse l'appeler un pion. Tu serais mieux de ne simplement pas m'appeler comme ça, petite. Et fumer c'est pas bon pour le corps ni l'esprit, gamine. »

Un arrogant pour en trouver un autre. La raison pour laquelle Omei n'aimait pas les gens arrogants, c'est que dans un certain sens, il l'était aussi, et se retrouvait toujours coincé dans une engueulade de laquelle il était impossible de sortir, et toujours, ça tournait en combat stupide qu'il gagnait en permanence de façon stupide. Il soupira une nouvelle fois, aspirant un bon coup de sa cigarette, et se retourna, la fixant droit dans les yeux.

« Et qui es-tu, au juste? Et quelle est la raison pour laquelle en quelques secondes tu semble déjà vouloir me donner des conseils sur ma façon de déserté? Je suis libre de mes actions, qu'il me croit mort ou qu'il croit que je l'ai trahis, ce n'est plus mon problème à la seconde ou je traverserai les frontières de Suna. »

Omei cracha sa cigarette au sol, et l'écrasa de son pied, avant de s'avancer plus prêt de la jeune dame. La peur n'était pas quelque chose d'envisageable pour Omei, le courage était par contre, quelque chose de bien plus que nécessaire. Il s'avancerait le plus prêt possible d'elle. Se sentirait-elle attaquer? Serait-elle sur la défensive? Ce sont ces petites actions qui montrent si elle a peur, si elle prévoit se battre, ou quoi que ce soit. C'est de là, qu'on peut prévoir tout un combat, selon la façon que quelqu'un agit, simplement. Que ce soit détourner les yeux de son adversaire, ou la position de ses jambes. Omei attendrait le bon moment, tout dépendant ce qui se passerait, pour repartir vers sa destination. Est-ce que le destin tentait de lui jouer un tour?

Il s’arrêta, me considérant un instant. Puis, il reprit la parole, m’informant que vu son statut de jinchuu machin de Rokubi, c’qui ça?, il n’était pas un simple pion. Puis, il me dit que ce n’était pas bien de fumer pour une gamine. Mouais, merci de me rappeler que je ne fais pas mes vingt-et-un ans, très gentil de ta part. Au moins, à cinquante ans, j’en aurais peut-être l’air de vingt. Je restai donc les bras croisés, mon regard faussement boudeur.

« Hey oh! J’en ai pas l’air, mais j’ai vingt-et-un ans moi, j’ai le droit de fumer si ça me chante quand même hein! Et c’est quoi un Rokubi ?»

Il tira de nouveau sur sa cigarette et me demanda qui j’étais et, surtout, pourquoi j’acceptais aussi vite de lui donner des conseils sur la façon à employer pour déserter. Il répéta être libre de ses actions et bla bla. Alors pourquoi ne me laissait-il pas libre des miennes en me donnant une fichue cigarette, je n’en avais pas eu une seule depuis mon départ de Kiri. M’enfin. Il n’avait pas tort, c’était mauvais pour la santé. Nous verrons ça un autre jour d’accord? Ainsi, il voulait savoir qui j’étais, alors autant lui dire.

« Hôzuki Tohatsu. J’ai passé la majorité de ma vie à voler dans les rues de Kiri pour manger. Lorsqu’ils se sont rendu compte que j’avais une capacité intéressante, ils ont décidé de faire de moi une ninja et de m’exploiter. Et maintenant ils pensent qu’ils peuvent me demander d’aller me tuer à combattre des gens que je ne connais même pas car ils ont eu la gentillesse de faire de moi une shinobi. Alors pour moi, pas question d’y aller. Et puis, si je peux me distraire un peu en t’aidant, pourquoi pas? Dans le pire des cas je n’ai qu’à faire semblant de t’attaquer ou de te traquer et dire ensuite que j’ai fait du mieux que j’ai pu. Et quand ils verront que je suis inutile, peut-être ils me laisseront partir. Et tu ne m’as toujours pas dit ce que c’était un Rokubi! »

J’étais impatiente. Pour lui, ça avait l’air de signifier beaucoup ce nom. Mais pour moi, ce n’était qu’un nom parmi les autres qui ne voulait rien dire de particulier. Étais-je en train de me faire faire une blague pour tester mon degré de dévouement envers mon village? Si c’était le cas, ils allaient être déçus.

Un démon à queues, très intéressant. Il faudrait que je fasse de plus amples recherches sur la question. Dans tous les cas, il mentionna que pour certain, ils s’agissaient d’armes. Il avait donc été utilisé comme moi je l’étais et décidais de s’offrir sa liberté en utilisant la guerre comme moyen de diversion. Pas mal comme idée. Mais je ne pouvais pas me permettre de faire pareil parce que, quelque part à Kiri, il y avait un gamin avec ses deux katanas en haut de la porte qui y passait toutes ses nuits dans l’espoir de revoir un jour son frère. Et cette simple pensée m’empêchait de suivre cet individu. Il pausa de nouveau sa main sur ma tête et se dirigea vers le pays du feu tout en ajoutant autre chose. Il me dit que mon village m’attendait, ce qui n’était pas tout à fait vrai de mon point de vue. Il dit également que nous nous reverrions et que, d’ici là, il espérait que j’aurais arrêté de fumer. On peut toujours rêver. Je le laissai partir, le laissant me distancer amplement. Je n’avais pas envie de m’enfoncer dans les profondeurs du désert, mais on dirait que je n’avais plus trop le choix. Je tournai donc les talons, m’aventurant seule dans cette étendue désertique à l’allure infinie, laissant le bandeau du Kiri-jin déserteur dans le sable.